Vous avez dit femme plaidant pour la représentation féminine et la parité en politique? Le combat pour la parité des hommes et des femmes d...
Vous avez dit femme plaidant pour la représentation féminine et la parité en politique?
Le combat pour la parité des hommes et des femmes dans les instances de représentations politiques est une des étapes décisives de la lutte pour l’émancipation des femmes. La liberté, l’égalité et la dignité des femmes constituent une cause universelle. Elles sont parmi les grandes causes qui font que nous sommes une République au sein de laquelle les droits des hommes et ceux des femmes sont garantis par la Constitution. Pourtant dans les faits, aujourd’hui, la femme qui selon la Loi, est l’égale des hommesdans sa vie familiale et sa vie professionnelle, ne l’est pas. Dans la vie quotidienne, le combatpour l’égalité entre hommes et femmes dans la société est loin d’être achevé.Dans le domaine économique et social, la lutte est étouffée dans l’œuf. Dans de nombreux pays, on cantonnera la femme dans le rôle de mère, d’épouse et d’éternelle mineure soumise à son père ou son mari. En Arabie Saoudite par exemple, la femme n’a pas encore acquis le droit de conduire et en France jusqu’en 1965 une femme n’avait pas le droit d’ouvrir un compte bancaire, gérer ses biens propres et exercer une activité professionnelle sans le consentement de son mari! Dans le monde du travail, elles ont en majorité des métiers peu qualifiéset sont plus frappées par le chômage. Dans la vie familiale,les lois mêmes qui se veulent protectrices, tels les congés de maternité, mais surtout les mentalités continuent de confiner les femmesdans leur rôle de mères près des enfants, pendant que le père est passe sa vie à jouer aux cartes, au domino, au «Mraha» ou tout autre jeu de société, pendant que la femme «se tue à la tâche». Même quand elles réussissent mieux à l’École, elles négligent souvent leur carrièrepour se consacrer à leurs enfants. Et que dire qu’aujourd’hui, des pères qui, une fois divorcés, abandonnent aussi ses propres enfants et ne s’en occupent pas du tout, en laissant toute la charge à la femme, souvent sans ressources!
Certes le tableau n’est pas complètement noir puisque dans le cas des Comores, nous revenons de loin. Il fut un temps où les parents refusaient de scolariser les petites filles! Aujourd’hui, la situation a changé mais cela reste encore largement insuffisant. Il n’y a qu’à se poser la question du nombre de sièges de l’Assemblée de l’Union des Comores réservés aux femmes, sur le nombre de femmes sont investies par leurs partis politiques pour être candidates aux différentes élections locales ou nationales, etc. La réalité, celle des chiffres comme celle ressentie par la majorité des Comoriens et Comoriennes, est tout autre. Celle-ci atteste en effet qu’en dépit des progrès accomplis, en dépit des Conventions internationales, des modifications successives de la Constitution et de la législation consacrant l’égalité dans le champ professionnel, dans le champ de la représentation de la femme dans la vie politique ou sociale, l’égalité reste un champ de conquête. Cette conquête ne pourra se faire que si elle implique la société comorienne dans son ensemble, aussi bien les hommes que les femmes de bonne volonté.
La représentativité des femmes et la parité en politique reposent sur un effort sans précédent pour assurer l’effectivité des droits à acquérir, d’une part, mais aussi sur un travail d’éducation et de changement des comportements pour agir sur la racine des inégalités, d’autre part. Ce n’est pas l’engagement d’une journée, ce n’est pas le combat d’une année ou d’une mandature; ce travail qui commence dès l’École maternelle, doit se faire également dans les institutions, dans les administrations, au sein de la famille, dans l’entreprise, dans les médias et les associations. En effet, les inégalités, les discriminations et les injustices dont la femme est victime sont présentes partout, et nous devons agir partout et sur tous les leviers qui fabriquent ces inégalités homme-femme.
La faible présence des femmes dans les institutions élues n’a absolument rien à voir avec un manque de mérites. Des dizaines d’études ont mis à jour les vrais obstacles à la présence des femmes dans les institutions et les organes de décisions. Les raisons pour lesquelles les femmes n’accèdent pas facilement aux postes de responsabilité sont bien connues: ce sont tous les obstacles à leur candidature à un mandat politique exprimés souvent par les femmes en termes de «manque»:
Le manque de temps à consacrer aux activités publiques: la vie quotidienne des femmes dans des pays comme les Comores est souvent si difficile, pour seulement assurer la survie que la question de leur participation à la vie politique ne se pose même pas. La question du manque de temps est évidemment liée aux responsabilités familiales que les femmes assument plus que les hommes. Les femmes manquent de temps à consacrer à la vie publique, au militantisme politique, à l’exercice d’un mandat, à cause des responsabilités familiales: nourrir la famille, éduquer les enfants, s’occuper d’eux lorsqu’ils sont malades, etc. C’est un obstacle très important, surtout aux Comores, où les hommes ne prennent presque aucune part dans les tâches ménagères. Malheureusement, ces schémas habituels sur les rôles dévolus à l’un et l’autre sexe sont encore souvent intériorisés et transmis par les femmes elles-mêmes.
Le manque de formation à la vie politique et le manque d’information constituent d’autres obstacles. Existe aussi, le manque de confiance en soi, lié à la peur d’être incompétente, à l’absence d’encouragement familial ou à la crainte de conflits avec l’entourage familial. S’en ajoute le manque de moyens matériels,d’argent tout particulièrement mais aussi de soutien de tous ordres. Citons aussi le manque d’intérêt ou de motivation, souvent lié à une image assez négative que les femmes ont de la vie politique.Cette mauvaise image de la politique est relayée par les médias, et dans les mots utilisés pour décrire la vie politique: «Combat, campagne électorale, lutte, arène, affrontement, gagner, perdre, victoire et défaite». Ce sont des mots guerriers, qui sont plus familiers à la culture et à l’éducation masculine que féminine. D’où chez beaucoup de femmes, le sentiment qu’elles feront un travail plus efficaces dans un autre milieu que la politique. L’autre cause principale de l’absencedes femmes dans les institutions et dans les organes de décisions, ce sont aussi tous ces préjugés, les coutumes rétrogrades, les stéréotypes traditionnels sur les rôles sociaux masculins et féminins du genre: «Les femmes ne doivent pas participer à la vie politique; elles n’ont qu’à s’occuper des enfants et de la cuisine…». Ce sont principalement toutes ces causes là, qui sont les obstacles à l’accès à la vie politique pour les femmes, et ce n’est certainement pas le manque de mérites.
Le meilleur moyen que l’on a trouvé dans de très nombreux pays pour enlever ces barrières, c’est le système des quotas électoraux de femmes, un système auquel je souscris pleinement. Que sont les quotas électoraux en faveur des femmes? Le terme de «quota électoral» fait référence à des proportions obligatoires ou contraignantes de femmes candidates aux élections. Le quota électoral peut s’appliquer au nombre de femmes candidates présentées par un parti politique aux élections, ou prendre la forme de sièges qui leur sont réservés à l’Assemblée parlementaire. Les sièges réservésréglementent le nombre de femmes élues, tandis que les quotas de candidats fixent un pourcentage de femmes (par exemple 30%) figurant sur les listes de candidats aux élections, assortie le plus souvent d’un système d’alternance des noms de femmes et des noms d’hommes sur les listes et de l’obligation de placer les femmes en position d’éligibilité. Il est, en effet, important de préciser le rang des candidats sur la liste, afin que les candidates ne soient pas tout simplement reléguées tout en bas de celle-ci. Les sanctions en cas de non respect revêtent aussi de l’importance. La législation ou la réglementation appliquée dans le cadre de la mise en œuvre des quotas doit évidemment prévoir des sanctions en cas de non-respect des dispositions relatives aux quotas.
Les règles de quotas peuvent être d’origine différente. Tout d’abord, les quotas sont imposés par la Constitution. Un article plaidant dans ce sens impose par la force de la Loi la représentativité et la parité en politique. Ensuite, les quotas sont imposés par la législation nationale du pays, et le Parlement vote une loi contraignante, en imposant la parité. Enfin, les quotas pour les listes électorales peuvent figurer dans les statuts des partis politiques ou simplement mis en œuvre volontairement par les partis lors de la confection de leurs listes de candidats aux différentes élections. Dans ce cas, il s’agit de règles ou d’objectifs que se fixent les partis politiques eux-mêmes pour intégrer un certain pourcentage de femmes sur leurs listes de candidats aux élections. Cette solution permet de demander aux partis politiques de faire de la place aux femmes sur leurs listes de candidats non seulement lors des élections législatives nationales, mais aussi lors des élections régionales et locales.
Les quotas font-ils réellement progresser la parité? La participation minoritaire des femmes à la vie politique est un phénomène planétaire, à l’exception des pays scandinaves. La France par exemple, et fait partie des lanternes rouges à l’avant dernier rang en Union européenne. L’expérience d’autres pays a démontré que les quotas sont le moyen le plus efficace pour faire progresser la parité. En Belgique par exemple, suite à l’application des lois de parité, l’évolution du nombre des femmes élues dans les Assemblées a connu une avancée significative. Une première loi de 1994 et imposant un quota de 2/3 de personnes de même sexe au maximum sur les listes électorales n’a pas permis une réelle ascension des femmes candidates, malgré leur présence plus importante sur les listes. C’est une deuxième loi, de 2002, qui a imposé des listes paritaires couplée au principe de «la tirette», c’est-à-dire des listes de candidats avec une obligation d’alternance homme-femme, qui a enfin permis une réelle représentativité des femmes, atteignant les 40%.
Mais, c’est aussi vrai pour des pays africains, qui sont nos voisins immédiats. L’expérience d’autres pays a montré que des formules de quotas précises et contraignantes sont susceptibles de faire progresser effectivement la parité dans les institutions élues. Dans le classement des pays par ordre décroissant du pourcentage de femmes dans le Parlement, le «hit parade de la parité» des pays africains, le Rwanda, l’Angola, la Tanzanie et le Burundi sont bien classés par l’Observatoire international de l’Équilibre homme-femme.
En définitive, le principe des quotas est un système censé rééquilibrer par force de Loi, ce qui ne se fait pas naturellement. Les mentalités, les conceptions rétrogrades et les pesanteurs de la société sont un frein pour cette marche vers plus de démocratie et plus de justice sociale, puisqu’il est inadmissible que les femmes, représentant plus de 51% de la population soient écartées des hautes sphères de décisions sociales et économiques et des choix de société. Par conséquent, il faudra la nécessité d’une politique volontariste en faveur des femmes pour établir l’égalité dans les faits. Il faut introduire des discriminations positives envers les femmes, pratiquer des nominations volontaires de femmes à des hauts postes, traiter le sexisme comme le racisme. Des lois sont nécessaires pour pousser encore plus haut et encore plus loin la parité homme-femme.
Quelle est la formule de quotas la mieux adaptée pour installer la parité aux Comores? Pour répondre à la question posée, il est important de savoir que Mme Hidayat Salim Madi lance un appel solennel pour que les organisations de défense des droits des femmes ainsi que toutes celles et tous ceux qui militent pour l’égalité Homme/Femme se concertent, se fixent une stratégie et se mobilisent activement pour qu’un maximum de femmes se portent candidates aux prochaines élections nationales, régionales et locales, et se fassent inscrire, en ordre utile, sur les listes des partis politiques. Mme Hidayat Salim Madi souhaite également que les partis politiques introduisent volontairement sur leurs listes une formule de quotas (la liste avec alternance homme-femme) qui garantisse effectivement l’élection d’au moins 30% de femmes. Pour cette candidate aux élections législatives à Mohéli, l’application d’une telle formule a de grandes chances d’amener près de 30% de femmes dans les Assemblées élues. Elle estime qu’il est nécessaire de mettre en œuvre une stratégie de plaidoirie et de pression, pour que les partis politiques établissent des «listes paritaires». On pourrait, si nécessaire, s’appuyer sur une campagne «Je vote pour une liste paritaire», qui appellerait les électrices et les électeurs à n’apporter leur voix qu’aux partis politiques qui auront fait une place honorable aux femmes sur leurs listes de candidats.
Par Nassub Mohamed Rachad
© www.lemohelien.com – Dimanche 18 janvier 2015.
Le combat pour la parité des hommes et des femmes dans les instances de représentations politiques est une des étapes décisives de la lutte pour l’émancipation des femmes. La liberté, l’égalité et la dignité des femmes constituent une cause universelle. Elles sont parmi les grandes causes qui font que nous sommes une République au sein de laquelle les droits des hommes et ceux des femmes sont garantis par la Constitution. Pourtant dans les faits, aujourd’hui, la femme qui selon la Loi, est l’égale des hommesdans sa vie familiale et sa vie professionnelle, ne l’est pas. Dans la vie quotidienne, le combatpour l’égalité entre hommes et femmes dans la société est loin d’être achevé.Dans le domaine économique et social, la lutte est étouffée dans l’œuf. Dans de nombreux pays, on cantonnera la femme dans le rôle de mère, d’épouse et d’éternelle mineure soumise à son père ou son mari. En Arabie Saoudite par exemple, la femme n’a pas encore acquis le droit de conduire et en France jusqu’en 1965 une femme n’avait pas le droit d’ouvrir un compte bancaire, gérer ses biens propres et exercer une activité professionnelle sans le consentement de son mari! Dans le monde du travail, elles ont en majorité des métiers peu qualifiéset sont plus frappées par le chômage. Dans la vie familiale,les lois mêmes qui se veulent protectrices, tels les congés de maternité, mais surtout les mentalités continuent de confiner les femmesdans leur rôle de mères près des enfants, pendant que le père est passe sa vie à jouer aux cartes, au domino, au «Mraha» ou tout autre jeu de société, pendant que la femme «se tue à la tâche». Même quand elles réussissent mieux à l’École, elles négligent souvent leur carrièrepour se consacrer à leurs enfants. Et que dire qu’aujourd’hui, des pères qui, une fois divorcés, abandonnent aussi ses propres enfants et ne s’en occupent pas du tout, en laissant toute la charge à la femme, souvent sans ressources!
Certes le tableau n’est pas complètement noir puisque dans le cas des Comores, nous revenons de loin. Il fut un temps où les parents refusaient de scolariser les petites filles! Aujourd’hui, la situation a changé mais cela reste encore largement insuffisant. Il n’y a qu’à se poser la question du nombre de sièges de l’Assemblée de l’Union des Comores réservés aux femmes, sur le nombre de femmes sont investies par leurs partis politiques pour être candidates aux différentes élections locales ou nationales, etc. La réalité, celle des chiffres comme celle ressentie par la majorité des Comoriens et Comoriennes, est tout autre. Celle-ci atteste en effet qu’en dépit des progrès accomplis, en dépit des Conventions internationales, des modifications successives de la Constitution et de la législation consacrant l’égalité dans le champ professionnel, dans le champ de la représentation de la femme dans la vie politique ou sociale, l’égalité reste un champ de conquête. Cette conquête ne pourra se faire que si elle implique la société comorienne dans son ensemble, aussi bien les hommes que les femmes de bonne volonté.
La représentativité des femmes et la parité en politique reposent sur un effort sans précédent pour assurer l’effectivité des droits à acquérir, d’une part, mais aussi sur un travail d’éducation et de changement des comportements pour agir sur la racine des inégalités, d’autre part. Ce n’est pas l’engagement d’une journée, ce n’est pas le combat d’une année ou d’une mandature; ce travail qui commence dès l’École maternelle, doit se faire également dans les institutions, dans les administrations, au sein de la famille, dans l’entreprise, dans les médias et les associations. En effet, les inégalités, les discriminations et les injustices dont la femme est victime sont présentes partout, et nous devons agir partout et sur tous les leviers qui fabriquent ces inégalités homme-femme.
La faible présence des femmes dans les institutions élues n’a absolument rien à voir avec un manque de mérites. Des dizaines d’études ont mis à jour les vrais obstacles à la présence des femmes dans les institutions et les organes de décisions. Les raisons pour lesquelles les femmes n’accèdent pas facilement aux postes de responsabilité sont bien connues: ce sont tous les obstacles à leur candidature à un mandat politique exprimés souvent par les femmes en termes de «manque»:
Le manque de temps à consacrer aux activités publiques: la vie quotidienne des femmes dans des pays comme les Comores est souvent si difficile, pour seulement assurer la survie que la question de leur participation à la vie politique ne se pose même pas. La question du manque de temps est évidemment liée aux responsabilités familiales que les femmes assument plus que les hommes. Les femmes manquent de temps à consacrer à la vie publique, au militantisme politique, à l’exercice d’un mandat, à cause des responsabilités familiales: nourrir la famille, éduquer les enfants, s’occuper d’eux lorsqu’ils sont malades, etc. C’est un obstacle très important, surtout aux Comores, où les hommes ne prennent presque aucune part dans les tâches ménagères. Malheureusement, ces schémas habituels sur les rôles dévolus à l’un et l’autre sexe sont encore souvent intériorisés et transmis par les femmes elles-mêmes.
Le manque de formation à la vie politique et le manque d’information constituent d’autres obstacles. Existe aussi, le manque de confiance en soi, lié à la peur d’être incompétente, à l’absence d’encouragement familial ou à la crainte de conflits avec l’entourage familial. S’en ajoute le manque de moyens matériels,d’argent tout particulièrement mais aussi de soutien de tous ordres. Citons aussi le manque d’intérêt ou de motivation, souvent lié à une image assez négative que les femmes ont de la vie politique.Cette mauvaise image de la politique est relayée par les médias, et dans les mots utilisés pour décrire la vie politique: «Combat, campagne électorale, lutte, arène, affrontement, gagner, perdre, victoire et défaite». Ce sont des mots guerriers, qui sont plus familiers à la culture et à l’éducation masculine que féminine. D’où chez beaucoup de femmes, le sentiment qu’elles feront un travail plus efficaces dans un autre milieu que la politique. L’autre cause principale de l’absencedes femmes dans les institutions et dans les organes de décisions, ce sont aussi tous ces préjugés, les coutumes rétrogrades, les stéréotypes traditionnels sur les rôles sociaux masculins et féminins du genre: «Les femmes ne doivent pas participer à la vie politique; elles n’ont qu’à s’occuper des enfants et de la cuisine…». Ce sont principalement toutes ces causes là, qui sont les obstacles à l’accès à la vie politique pour les femmes, et ce n’est certainement pas le manque de mérites.
Le meilleur moyen que l’on a trouvé dans de très nombreux pays pour enlever ces barrières, c’est le système des quotas électoraux de femmes, un système auquel je souscris pleinement. Que sont les quotas électoraux en faveur des femmes? Le terme de «quota électoral» fait référence à des proportions obligatoires ou contraignantes de femmes candidates aux élections. Le quota électoral peut s’appliquer au nombre de femmes candidates présentées par un parti politique aux élections, ou prendre la forme de sièges qui leur sont réservés à l’Assemblée parlementaire. Les sièges réservésréglementent le nombre de femmes élues, tandis que les quotas de candidats fixent un pourcentage de femmes (par exemple 30%) figurant sur les listes de candidats aux élections, assortie le plus souvent d’un système d’alternance des noms de femmes et des noms d’hommes sur les listes et de l’obligation de placer les femmes en position d’éligibilité. Il est, en effet, important de préciser le rang des candidats sur la liste, afin que les candidates ne soient pas tout simplement reléguées tout en bas de celle-ci. Les sanctions en cas de non respect revêtent aussi de l’importance. La législation ou la réglementation appliquée dans le cadre de la mise en œuvre des quotas doit évidemment prévoir des sanctions en cas de non-respect des dispositions relatives aux quotas.
Les règles de quotas peuvent être d’origine différente. Tout d’abord, les quotas sont imposés par la Constitution. Un article plaidant dans ce sens impose par la force de la Loi la représentativité et la parité en politique. Ensuite, les quotas sont imposés par la législation nationale du pays, et le Parlement vote une loi contraignante, en imposant la parité. Enfin, les quotas pour les listes électorales peuvent figurer dans les statuts des partis politiques ou simplement mis en œuvre volontairement par les partis lors de la confection de leurs listes de candidats aux différentes élections. Dans ce cas, il s’agit de règles ou d’objectifs que se fixent les partis politiques eux-mêmes pour intégrer un certain pourcentage de femmes sur leurs listes de candidats aux élections. Cette solution permet de demander aux partis politiques de faire de la place aux femmes sur leurs listes de candidats non seulement lors des élections législatives nationales, mais aussi lors des élections régionales et locales.
Les quotas font-ils réellement progresser la parité? La participation minoritaire des femmes à la vie politique est un phénomène planétaire, à l’exception des pays scandinaves. La France par exemple, et fait partie des lanternes rouges à l’avant dernier rang en Union européenne. L’expérience d’autres pays a démontré que les quotas sont le moyen le plus efficace pour faire progresser la parité. En Belgique par exemple, suite à l’application des lois de parité, l’évolution du nombre des femmes élues dans les Assemblées a connu une avancée significative. Une première loi de 1994 et imposant un quota de 2/3 de personnes de même sexe au maximum sur les listes électorales n’a pas permis une réelle ascension des femmes candidates, malgré leur présence plus importante sur les listes. C’est une deuxième loi, de 2002, qui a imposé des listes paritaires couplée au principe de «la tirette», c’est-à-dire des listes de candidats avec une obligation d’alternance homme-femme, qui a enfin permis une réelle représentativité des femmes, atteignant les 40%.
Mais, c’est aussi vrai pour des pays africains, qui sont nos voisins immédiats. L’expérience d’autres pays a montré que des formules de quotas précises et contraignantes sont susceptibles de faire progresser effectivement la parité dans les institutions élues. Dans le classement des pays par ordre décroissant du pourcentage de femmes dans le Parlement, le «hit parade de la parité» des pays africains, le Rwanda, l’Angola, la Tanzanie et le Burundi sont bien classés par l’Observatoire international de l’Équilibre homme-femme.
En définitive, le principe des quotas est un système censé rééquilibrer par force de Loi, ce qui ne se fait pas naturellement. Les mentalités, les conceptions rétrogrades et les pesanteurs de la société sont un frein pour cette marche vers plus de démocratie et plus de justice sociale, puisqu’il est inadmissible que les femmes, représentant plus de 51% de la population soient écartées des hautes sphères de décisions sociales et économiques et des choix de société. Par conséquent, il faudra la nécessité d’une politique volontariste en faveur des femmes pour établir l’égalité dans les faits. Il faut introduire des discriminations positives envers les femmes, pratiquer des nominations volontaires de femmes à des hauts postes, traiter le sexisme comme le racisme. Des lois sont nécessaires pour pousser encore plus haut et encore plus loin la parité homme-femme.
Quelle est la formule de quotas la mieux adaptée pour installer la parité aux Comores? Pour répondre à la question posée, il est important de savoir que Mme Hidayat Salim Madi lance un appel solennel pour que les organisations de défense des droits des femmes ainsi que toutes celles et tous ceux qui militent pour l’égalité Homme/Femme se concertent, se fixent une stratégie et se mobilisent activement pour qu’un maximum de femmes se portent candidates aux prochaines élections nationales, régionales et locales, et se fassent inscrire, en ordre utile, sur les listes des partis politiques. Mme Hidayat Salim Madi souhaite également que les partis politiques introduisent volontairement sur leurs listes une formule de quotas (la liste avec alternance homme-femme) qui garantisse effectivement l’élection d’au moins 30% de femmes. Pour cette candidate aux élections législatives à Mohéli, l’application d’une telle formule a de grandes chances d’amener près de 30% de femmes dans les Assemblées élues. Elle estime qu’il est nécessaire de mettre en œuvre une stratégie de plaidoirie et de pression, pour que les partis politiques établissent des «listes paritaires». On pourrait, si nécessaire, s’appuyer sur une campagne «Je vote pour une liste paritaire», qui appellerait les électrices et les électeurs à n’apporter leur voix qu’aux partis politiques qui auront fait une place honorable aux femmes sur leurs listes de candidats.
Par Nassub Mohamed Rachad
© www.lemohelien.com – Dimanche 18 janvier 2015.