« Mal instruits des ressources infinies d’un peuple resté beaucoup plus sain que de leçons empoisonnées ne les avaient inclinés à le croire...
«Mal instruits des ressources infinies d’un peuple resté beaucoup plus sain que de leçons empoisonnées ne les avaient inclinés à le croire, incapable, par dédain comme par routine, d’en appeler à temps à ses réserves profondes, nos chefs ne sont pas seulement laissé battre, ils ont estimé très naturel d’être battus». Cette phrase est de Marc Bloch, historien français, et on la retrouve dans son ouvrage «Étrange Défaite». Cette phrase nous interpelle à un moment où, le dimanche 25 janvier 2015, les Comoriens de trois îles indépendantes et libres sont appelés à aller choisir leurs représentants à l’Assemblée de l’Union des Comores et aux Conseils de ces îles. Notre parti politique, Parti Comores Alternatives (PCA), n’a pas envoyé des candidats à cette mascarade électorale, tout en condamnant l’inique découpage électoral et les modes obscures et inadmissibles de l’organisation des scrutins. Cette décision n’a pas empêché certains militants du PCA de se porter candidats à titre individuel. Nous leur souhaitons bonne chance. De fait, l’évolution de la situation électorale et politique de notre pays nous pousse à appeler les Comoriens à partager notre décision, celle de boycotter ces élections. Chacun est libre de choisir la voie et la manière qu’il compte exprimer ses idées et options politiques. Mais, notre vie collective, celle de notre pays, de notre Histoire et surtout de notre avenir et de nos ascendants, mérite notre total engagement, un engagement citoyen, républicain et démocratique sans failles. Nous ne pouvons pas accepter qu’une minorité de gens, usant des moyens étatiques et de nos maigres ressources publiques puissent détruire notre pays en toute impunité.
Chaque Comorien a vu et compris que ceux qui concourent à ses élections ne se posent même pas la question du découpage électoral, de l’organisation des scrutins et de leur mode de fonctionnement, qui proviennent de l’ancien régime politique, celui d’Ahmed Sambi, qui a enfanté le pouvoir actuel et ses partisans. Comment peut-on renier ses rejetons sauf en les qualifiant de traîtres. Mais, au fond et en réalité, un éléphant ne procrée qu’un éléphanteau, et du chien, ne naîtra jamais des chatons. C’est pourquoi nous appelons au boycott de ces élections afin de contester les méthodes et manières de ceux qui les organisent et de ceux qui, hier, nous ont donné ces fruits dont certains se sont détachés de l’arbre en se donnant de couleur mais tout en gardant le même goût, un goût amer. Nous appelons au boycott de ces élections afin d’empêcher ceux qui détruisent notre pays de se donner une quelconque légitimité populaire ou onction de notre part. Le boycott est une arme démocratique, sans violence même si c’est le moindre de réaction d’un Musulman comme nous sommes.
Car notre Prophète Muhammad, paix et bénédiction d’Allah sur lui et sa famille nous dit: «Celui qui voit des actes répréhensibles (condamnables) qu’il les change par sa main, s’il ne peut pas, par sa bouche (dire ou écrire) et s’il ne peut pas encore par le silence (abstention ou boycott)». Nous appelons au boycott de ces élections car nous ne reconnaîtrons jamais ceux qui en seront élus suite aux mascarades de leur organisation. Nous ne leur conférons aucune légitimité, et dès notre arrivé au pouvoir en 2016 avec votre soutien, nous organiserons de nouvelles élections législatives et municipales, dont les découpages refléteront le nombre d’électeurs pour que chaque ville ou village puisse être constitué en commune. Nous appelons au boycott de ces élections afin de faire comprendre à l’État que celles-ci se fassent sur la base d’une liste électorale transparente qui n’exclut pas d’office plus de la moitié de la population en âge de voter, sur la base de cartes d’électeurs distribuées trois mois au moins avant le scrutin.
Ces élections devront se feront avec des candidats dont leurs casiers judiciaires ne sont pas entachés de peines ou des soupçons de détournement des deniers publics. Nous appelons aux boycotts de ces élections afin qu’autres soient organisées d’une manière transparente, avec un changement total des membres de la Cour constitutionnelle et de la Commission électorale nationale indépendante (CÉNI), toutes institutions publiques dont les membres seront désignés avec le consentement des partis politiques, sans exclusion. La société civile sera également concernée par la démarche.
Nous appelons au boycott de ces élections pour dire à nos dirigeants d’aujourd’hui et d’hier qu’ils ont échoué et qu’il nous faut un sursaut national pour sortir le pays du gouffre et de la misère. Le pays a besoin d’un changement qui ne doit épargner les vendeurs de rêves, ni exclure ceux qui prophétisent dans le désert. Ensemble, nous pouvons sauver les Comores de leurs vautours et de la misère. Chacun de nous est responsable de l’avenir de notre pays, et c’est en nous rassemblant que nous pourrons aller loin et réaliser le changement attendu par le peuple comorien.
Que Dieu bénisse les Comores et les Comoriens éloigne notre beau pays de ses ennemis.
Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed
Président du Parti Comores Alternatives (PCA)
Candidat aux élections présidentielles de 2016