« Ce qui constitue une nation, ce n’est pas de parler la même langue, ou d’appartenir à un groupe ethnographique commun; c’est d’avoir fait...
«Ce qui constitue une nation, ce n’est pas de parler la même langue, ou d’appartenir à un groupe ethnographique commun; c’est d’avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir le faire encore dans l’avenir»: Ernest Renan dans «Qu’est ce qu’une nation?». Après l’année 2014, qui a marqué beaucoup des difficultés économiques et sociales pour les Comoriens de l’intérieur et de la diaspora, l’année 2015 doit leur donner l’espoir. Après les fêtes et vacances de fin d’année, les Comoriens ont repris avec leur misère, qui est devenue leur quotidien: pas d’eau, ni électricité, ni routes, ni santé. On doute sur les élections que le gouvernement du Président Ikililou Dhoinine veut organiser d’une manière ou d’une autre. Les Comoriens ont-ils vraiment besoin d’élections aux rabais? La situation économique du pays se dégrade de jour au jour, malgré l’image joyeuse de nos dirigeants sur l’ORTC, la Télévision nationale, et dans différents lieux publics. L’organisation d’élections dans les cafouillages et les désordres n’augure rien de bon pour la démocratie sous l’égide de nos dirigeants actuels.
Les piliers d’une société ou d’une nation sont au nombre de trois: la famille, l’École et l’administration. Si ceux trois piliers sont détruits ou corrompus, la société risque de sombrer dans l’anarchie et la barbarie. Le régulateur de ces trois piliers est l’homme ou la femme politique qui s’émerge et choisi par la société. Si ces trois piliers sont détruits ou corrompus, les citoyens ne peuvent espérer avoir un dirigeant honnête ou bien formé. Cependant, seule la démocratie permet de choisir une équipe à la tête de laquelle sera placé un chef pour assurer le bon fonctionnement des institutions nationales. Les Comores sont dans une impasse absolue. La famille est disloquée, l’École n’éduque pas et l’administration est inexistante. Le seul recours que le pays peut espérer doit venir des hommes et femmes politiques pour redresser les trois piliers de la société. Or, depuis l’avènement du régime politique du Président Saïd Mohamed Djohar, dont les mauvaises méthodes ont été reprises d’une manière ostentatoire par celui d’Ahmed Abdallah Sambi, certains responsables de l’administration publique ont exploité la faille de la Justice pour détourner des deniers de l’État de manière scandaleuse et faire une arme de conquête du pouvoir politique. C’est ce que j’appelle «la criminalisation de la politique aux Comores».
Ceci consiste à terroriser ceux ou celles qui osent dénoncer les détournements des deniers publics par des chefs des certains cercles politiques en vue aux Comores. Dans cette ambiance mafieuse, on ne peut pas faire des élections démocratiques et transparentes. Les Comoriens veulent des élections: 1.- qui font voter tous les Comores en âge de 18 ans révolus, inscrits sur les listes électorales; 2.- qui respectent un découpage équitable par rapport au nombre des électeurs, comme à l’époque d’Ahmed Abdallah Abderemane, quand on fixait le chiffre de 7.000 à 11.000 électeurs pour un Député. Or, depuis le régime politique d’Ahmed Abdallah Sambi, le nombre des Députés de la Grande Comore a été réduit malgré le nombre d’électeurs. Le Bambao-Centre, avec 51.000 électeurs, a un Député, contre 10.000 électeurs à Ouani, à Anjouan, et 22.000 électeurs pour 4 Députés à Mohéli. C’est un découpage inique, et nous continuons à demander que la justice soit rétablie. Le chef de l’État doit agir vite; c’est son rôle et il est temps qu’il agisse. 3.- des élection qui n’empêchent toute personne suspectée ou accusée de délit des détournements des deniers publics d’être candidat à une élection publique.
Les Comoriens demandent des élections transparentes et démocratiques et non des élections au rabais. Notre parti politique, le Parti Comores Alternatives (PCA) partage cet avis et propose la suspension des processus électoraux pour la stabilité et la paix sociale de notre jeune nation. Nous sommes en face d’une mascarade électorale, avec des candidats issus de la corruption et cela conduira le pays à de troubles imprévisibles et à des législateurs pires que ceux qu’on a connus précédemment. Nous demandons au chef d’État de ne pas marquer son mandat par l’organisation des élections le plus éhontées des Comores. Il ne sera pas un malheur de stopper cette mascarade électorale et d’organiser des élections sérieuses d’une manière sereine, à une date ultérieure.
Les Comores doivent affronter le chômage, surtout celui des jeunes cadres. «La politique et l’économie sont liées l’une à l’autre comme le sont l’action et la vie»: Charles de Gaulle:Mémoires d’espoir, p. 139. L’économie est la base de toute politique et doit permettre à la population une vie meilleure. Toute action d’un homme ou femme politique doit l’orienter vers cet objectif. Le peuple comorien ne mérite pas d’être dupé par ceux qui hier et encore aujourd’hui l’ont ruiné en pillant les deniers publics. Il est surprenant que dans notre pays en phase de construction qu’il y ait des gens qui chôment. Or, il y a des routes à construire, des champs à cultiver, de la mer où pêcher, des hôtels et des logements à bâtir et de petites et moyennes entreprises à créer et à faire prospérer. Cette montée de chômage est due, d’abord au manque de vision et de courage de la part de nos dirigeants d’hier et d’aujourd’hui. Elle est aussi le fruit de l’anarchie qui règne dans notre pays, où la politique est devenue une loterie nationale pour l’enrichissement individuel, clanique et familiale. Or, l’un des objectifs de l’homme ou femme politique est de servir le peuple en lui donnant du travail, de l’éducation, de la santé et une vie meilleure. Comme l’a bien dit Voltaire dans Candide ou l’optimisme: «Le travail éloigne de nous trois grands maux: l’ennuie, le vice et le besoin». Pour lutter contre une implosion des crises sociales, nous devons agir vite pour donner du travail aux Chômeurs surtout ceux qui sortent de l’Université, et encadrer au sein de notre Armée nationale de Développement (AND) tous ceux ou celles rejetés par nos écoles.
Les élections présidentielles de 2016. «Agis avec tes amis comme s’ils devaient devenir un jour tes ennemis», nous apprend Mazarin dans Bréviaire des politiciens. Les élections que le gouvernement du Président Ikililou Dhoinine veut à tout prix organiser sont le prélude à celles de 2016. Tout homme politique ou parti politique doit se mobiliser dès maintenant afin que les règles du jeu soient claires. Chaque Comorien a constaté les failles de la Cour constitutionnelle et de la Commission électorale nationale indépendante (CÉNI). Il faudra changer totalement ces deux institutions avant la fin de cette année. Le Président de l’Union des Comores ne doit ruiner totalement son image en espérant tout désorganiser pour favoriser le retour de son mentor d’hier ou l’installation d’un probable poulain qui le protégera comme il a fait à ses anciens amis du régime d’Ahmed Abdallah Sambi. L’un et l’autre ne lui feront pas une faveur que celui de favoriser une élection démocratique et transparente, au cours de laquelle le peuple s’exprimera librement. Il est temps pour nos dirigeants, d’abord, et le peuple comorien ensuite, sachent que demain ne se fera pas de lui-même mais avec la volonté de chacun d’entre nous. Il n’y pas des miracles sur cette terre et nous récolterons que ce que nous aurons semé.
Faisons de cette année 2015 celle de l’amorce du changement dans notre façon de voir, d’observer et d’agir. Seule l’action donne de la valeur à nos engagements. La présidence tournante, si elle est maintenue en 2016, reviendra à l’île de la Grande-Comore. Elle va permettre de choisir un enfant de la Grande-Comore (et non de Mohéli, Anjouan ou Mayotte) pour diriger la destinée de notre nation pendant cinq ans. En effet, nous sommes tous des Comoriens, issus de quatre îles différentes, Mayotte, Anjouan, Mohéli et Grande-Comore. Il n’y a pas de honte d’affirmer son insularité dans l’unité de l’archipel et pour l’intérêt de notre jeune nation. Nos différences font notre force, mais sont souvent exploitées pour nous détruire. Les critiques et les aspects négatifs de cette présidence tournante ne sont pas rares. Mais, cette présidence particulière nous a permis d’avoir une stabilité politique qui, en principe, devrait favoriser le développement économique et social. Elle reste donc le meilleur système pour permettre une alternance sans coup d’État aux Comores. Elle permet aussi de lutter contre la corruption sauf que le régime du Président Ikililou Dhoinine s’est abstenu de juger ses alliés d’hier. Ces derniers utilisent aujourd’hui des fonds inestimables pour conquérir le pouvoir afin d’éviter totalement la Justice. Notre parti politique, Parti Comores Alternatives (PCA) milite pour le maintien de la présidence tournante. Notre parti politique en appelle aussi à la sagesse de nos dirigeants insulaires, surtout à la Grande Comore et à Mohéli, où les découpages des communes ont été faite au pantographe et à l’aveuglette. Nous leur demandons de regarder Anjouan, où chaque ville ou village constitue une commune. Il est encore temps de rectifier et d’agir de la bonne manière. On ne peut pas associer plusieurs villes ou villages pour faire une commune. Nous avons crié depuis longtemps et nous ne cesserons de le faire, car nous comptons rétablir la normalité dès notre arrivée au pouvoir.
Nos baptisons cette année 2015, celle de l’amorce du changement pour le développement. Ce changement doit venir de nous tous afin de l’impulser à nos dirigeants. L’avenir de notre pays ne dépend que de nous-mêmes et il n’y aura aucun miracle. Ce ne sont pas ceux qui ont échoué hier, en promettant rêves et mille merveilles, qui nous sauveront demain. Comme un proverbe africain le dit, «le chemin le plus court pour aller d’un point à l’autre n’est pas la ligne droite, mais le rêve». Pour sauver notre pays du marasme économique, de la corruption, et de l’absence totale du minimum de survie, nous devons tous agir pour un changement et non rêver. Que Dieu bénisse les Comores, les Comoriens et les Comoriennes.
Par Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed
Président du Parti Comores Alternatives (PCA)
Candidat à l’élection présidentielle de 2016
© www.lemohelien.com – Samedi 17 janvier 2015.