Nouveau sport olympique national à Anjouan: l’inceste politique contre Ahmed Sambi
Nouveau sport olympique national à Anjouan: l’inceste politique contre Ahmed Sambi
Aux Comores, les voies des urnes sont insondables. Cela ne signifie pas qu’on ne sait pas qui glisse son bulletin dans l’urne pour qui, mais qui sera l’allié politique et électoraliste de qui de manière sincère, qui s’opposera à qui et jusqu’à quel point les alliances politiques sont viables et sincères. À l’heure où les Comores sembleraient s’acheminer vers les élections, on découvre avec effarement qu’il n’y a pas d’interdit électoraliste puisque même l’inceste politique est dans l’ordre des choses.
Comme l’a dit le putschiste multirécidiviste Azali Assoumani au regard d’Ahmed Sambi, le feu vert qu’il y a entre eux signifie que tout peut être envisagé, même une alliance politique et électoraliste basée sur la honte et l’opprobre. À Anjouan, justement, le Gouverneur Anissi Chamssidine est en train de pratiquer le nouveau sport olympique national devant constituer le pendant de la consanguinité politique d’Ahmed Sambi: l’inceste politique. Il y a inceste à partir du moment où la relation amoureuse ou sexuelle a concerné deux ou plusieurs personnes consanguines qui ne peuvent s’aimer pour des raisons morales et éthiques.
De la même manière, il y a inceste politique quand se crée une alliance politique entre deux ou plusieurs organisations politiques qui ne devraient pas se retrouver dans la même mouvance politique. Or, depuis février 2013, le Gouverneur Anissi Chamssidine d’Anjouan regarde avec gourmandise les bacaristes, ces partisans du Colonel Mohamed Bacar, ancien chef de la junte militaro-séparatiste de l’île d’Anjouan, où ils n’ont pas laissé que des bons souvenirs, à en croire la Fondation comorienne des Droits de l’Homme (FCDH) et des témoignages poignants d’Anjouanais et d’Anjouanaises qui se disent victimes d’exactions sous l’ère mouvementée de Mohamed Bacar. Naturellement, Djaanfar Salim Allaoui, emblématique ministre de l’Intérieur de Mohamed Bacar, est dans son rôle quand il rejette en bloc ces accusations de violation des droits de l’Homme, les mettant sur le compte de la propagande malveillante et mensongère de son meilleur ennemi intime: Ahmed Sambi. Cependant, il n’en demeure pas moins vrai que le régime de Mohamed Bacar, qu’il a fallu renverser par une coalition militaire panafricaine, n’était pas une démocratie scandinave. Pourtant, depuis février 2013 donc, le Gouverneur Anissi Chamssidine d’Anjouan n’a jamais cherché à cacher qu’il a le béguin pour les bacaristes et qu’il est prêt à tout pour en faire des alliés politiques, passé répressif et sanglant ou pas: «Les démocraties ne sont pas glorieuses», avait l’habitude de dire dans un soupir ce grand diplomate français du début du XXème siècle.
En période électorale, le Gouverneur Anissi Chamssidine, qui continue à jouer les ingénues et les naïfs, a fait de l’alliance avec les bacaristes une question de vie ou de mort. Dès lors, pour se décomplexer et donner de lui-même l’image de la transparence, il les reçoit dans une transparence totale, au vu et au su du Tout-Anjouan, pour que ça se sache justement. Et alors? Depuis sa rupture d’avec Ahmed Sambi, Anissi Chamssidine a trouvé un nouveau prétexte politique pour embrasser les bacaristes par la bouche, sans même se boucher le nez: ils ont un ennemi commun en la personne d’Ahmed Sambi. Au surplus, dans ses calculs, le Gouverneur Anissi Chamssidine sait que les bacaristes ont une grande capacité de nuisance à Anjouan, où ils ont des fidèles, sur cette île qui ne tourne toujours pas le dos au séparatisme incarné par Mohamed Bacar et les bacaristes. Il s’agit donc d’une solidarité objective, qui se résume par le syllogisme: «L’ennemi de mon ennemi est mon ami». Ce n’est pas de l’amour, mais de la pure solidarité objective. On s’allie parce qu’on a un ennemi commun. Le Gouverneur Anissi Chamssidine et les bacaristes parlent le même langage quand il s’agit de dire: «Nous n’aimons pas Ahmed Sambi. Nous le détestons et le combattons de toutes nos forces».
Sur le terrain politique à Anjouan, en cette période qu’on dit «électorale» jusqu’à preuve du contraire, les bacaristes n’ont pas présenté des candidatures, et quand ils disent attendre le retour de leurs exilés, ils mentent car la réalité est ailleurs: ils veulent aider le Gouverneur Anissi Chamssidine à barrer la route à Ahmed Sambi, l’acteur politique comorien le plus trahi et le plus poignardé sur le dos sans qu’il ne daigne se poser des questions sur ces coups de Jarnac. Il n’en a pas le temps et n’en a pas le loisir, lui qui dit sans modestie: «Je suis beau et tellement beau que même Saïd-Ali Kemal est avec moi maintenant». Vanité et vantardise! Mais, attendons et nous verrons où conduira cette «beauté» de Miss Monde. D’ailleurs, nous devons espérer que le «beau» Ahmed Sambi n’a pas l’intention de se présenter au Concours de Miss Monde, même si on sait qu’il a toutes les chances de le remporter.
De toute manière, personne n’est obligé de prendre au sérieux ce chantre du bacarisme quand il déclare: «Nous n’avons présenté aucun candidat. On ne pourrait pas trahir nos frères expulsés chez eux. Si le dossier de leur retour avait abouti avant la date limite du dépôts des candidatures, on en aurait envoyé plusieurs». Tout ça, c’est de la démagogie. La vérité, c’est que les bacaristes veulent aider le Gouverneur Anissi Chamssidine à en découdre avec Ahmed Sambi, l’ennemi commun.
Le Gouverneur Anissi Chamssidine lui-même prend son air le plus penaud pour dire que ses rencontres avec les bacaristes sont des rencontres normales entre le chef de l’exécutif de l’île d’Anjouan et tous les Anjouanais du monde. La parade est belle mais elle ne trompe personne. Anissi Chamssidine étouffait sous la férule écrasante et humiliante d’Ahmed Sambi. Envers lui, Ahmed Sambi n’avait pas été d’une grande intelligence, lui qui n’a jamais su ménager ses susceptibilités et sa sensibilité. Aujourd’hui, le Gouverneur Anissi Chamssidine est prêt à s’allier à Satan s’il le faut pour laver les humiliations subies du fait des agissements stupides et des paroles malheureuses d’Ahmed Sambi. Ça s’appelle «la revanche des gueux» et ça peut être terrible.
Par ARM
© lemohelien – Mercredi 3 décembre 2014.