Le «Il ne faut rien exclure» du Général Salimou Mohamed Amiri inquiète le sérail Les militaires de la Grande Époque, dont le Général Sa...
Le «Il ne faut rien exclure» du Général Salimou Mohamed Amiri inquiète le sérail
Les militaires de la Grande Époque, dont le Général Salimou Mohamed Amiri est l’héritier le plus digne et le plus direct, ont le sens de la formule. Ils parlent peu mais chaque mot qu’ils prononcent vaut son pesant d’or et de diamant. Qu’on pense au «Je vous ai compris» lancé le 4 juin 1958 du balcon du Palais du Gouvernement à Alger par le Général de Gaulle, une phrase que toutes les parties impliquées dans la Guerre d’Indépendance d’Algérie avaient reprise chacune à son compte: Musulmans, Juifs, Chrétiens, Pieds-Noirs, Européens, tout le monde s’y retrouvait, parce que la phrase était porteuse d’une forte charge d’amphibologie et d’ambiguïté. Plus loin, aux Comores, les Comoriens ne détestent pas ces exercices de «sodoku politique», et l’interview accordée par le Général Salimou Mohamed Amiri à Radio France Internationale (RFI) le dimanche 7 décembre 2014 est venue donner du grain à moudre aux Comoriens, mais aussi des migraines et des cauchemars indescriptibles à ces gens qui prétendent diriger les Comores en 2016-2021. En homme qui maîtrise ses sujets relatifs à la Défense et la sécurité en Afrique, le Général Salimou Mohamed Amiri n’a dit que des choses intéressantes au cours de cette belle interview. Or, dans une démarche mécaniste typiquement comorienne, les Comoriens ont trouvé le moyen de l’écouter ou de la lire de la fin vers le début. Pourquoi une telle incongruité? La raison en est très simple: parce que c’est à la fin de l’interview que le Général Salimou Mohamed Amiri parle de son parcours politique, mais pour l’avenir, lâchant ce qu’on appelle en France de «petites phrases», mais qui en disent toujours plus long que les plus longs des plus longs discours dans lesquels un Ahmed Sambi se serait noyé et aurait noyé le monde entier sans lui donner le moyen d’en tirer un seul enseignement. Quand le journaliste Olivier Rogez demande au Général «2016, c’est l’élection présidentielle. Vous envisageriez de vous présenter? C’est une question qui vous trotte dans la tête?», le probable prochain Président des Comores a dit de la manière la plus sobre: «Il ne faut rien exclure», là où un médiocre comme Ahmed Sambi aurait fait un discours d’une heure sans rien dire de sérieux. Et quand Olivier Rogez revient à la charge par la question «vous n’y pensez pas en vous rasant comme un Président français en son temps?», le Général fit dans la même sobriété d’officier général connaissant la valeur d’une parole intelligente bien prononcée: «Pas seulement en me rasant. Peut-être plusieurs fois». Cela s’appelle «du grand art». Nous n’y trouvons aucun mot inutile.
Seulement, cette belle interview, tout en réjouissant ceux qui, nombreux, aux Comores, en France et ailleurs, souhaiteraient voir le Général Salimou Mohamed Amiri se déclarer candidat à cette élection présidentielle comorienne de 2016 et diriger le pays de 2016 à 2021, a également plongé dans le deuil certains prétendants au même scrutin, qui voudraient se retrouver uniquement en gnangnans sans relief à cette élection. Après avoir pris connaissance de l’interview du Général, les prétendants sont devenus, dans le cas de certains, tout simplement hystériques et malheureux. Ils veulent tous savoir ce que signifient les paroles du Général. Les questions les plus récurrentes qu’ils posent ou qu’ils font poser par l’intermédiaire de leur entourage sont: «Toi qui connais très bien le Général, tu crois qu’il sera vraiment candidat à l’élection présidentielle de 2016?», «Que signifient vraiment les déclarations du Général Salimou Mohamed Amiri? Est-il ou pas candidat à la prochaine élection présidentielle des Comores, celle de 2016?», «En disant ne rien exclure, le Général dit implicitement tout pouvoir envisager. Mais, pourquoi ne se déclare-t-il pas ouvertement candidat dès à présent pour qu’on sache comment faire?». Saïd Mzé Dafiné, flamboyant et efficace Président du Comité de Soutien du Général quand Ahmed Sambi complotait contre lui, ne dit pas autre chose: «Il faudra que notre frère nous en dise un peu plus sur ce qu’il compte faire en 2016. Comme il n’a pas l’habitude de parler inutilement, on ne peut pas lui arracher mot à mot de sa bouche sa déclaration de candidature. Qu’est-ce qu’il attend pour nous délivrer de ce long suspens? Il faudra que quelqu’un comme toi, ayant la possibilité de communiquer avec aisance avec lui, nous délivre de cet insoutenable suspens, qui n’a que trop duré. Il y a des gens qui attendent un signal de sa part pour prendre des dispositions pour 2016». Saïd Mzé Dafiné, l’enfant chéri de Salimani-Hambou, lui-même pourrait être candidat à l’élection présidentielle de 2016, mais ne le sera pas si le Général Salimou Mohamed Amiri le devient car il n’a pas l’intention d’aller se chamailler dans le Hambou et ailleurs avec un voisin de Dzahadjou-Hambou.
Certains n’ont pas encore compris. On ne se lève pas le matin pour aller dans un coin de la rue en disant aux gens: «Votez pour moi». Irchad Abdallah, «Le Pape de Facebook», le fait avec un vrai bonheur, mais uniquement parce que c’est pour rire en se moquant des politiciens comoriens. Dans un premier temps, on affiche ce qu’on appelle des «velléités», correspondant à une façon de dire les choses mais sans aller jusqu’à afficher les ambitions de manière aussi ouverte. Ça s’appelle de la prétérition, une façon de parler d’une chose tout en évitant d’en parler. On laisse planer le flou pour susciter de la curiosité et de l’intérêt autour de soi. Ce n’est que par la suite qu’on parlera d’ambitions, quand les choses commenceront à prendre forme dans la tête. Mais, tout ça est calculé, dans le cadre d’une belle stratégie et d’une tactique bien militaires. Ceux qui connaissent à fond les subtilités de la politique vivent de telles péripéties avec un réel bonheur.
En même temps, il faut penser aux pauvres prétendants qui comptent se refaire une santé financière en tuant une première fois ou une deuxième fois père, mère et enfants, voire en vendant épouses et sœurs, juste pour exister politiquement en 2016, et qui considèrent que les velléités présidentielles du Général Salimou Mohamed Amiri sonnent le glas de leurs petites ambitions présidentielles de souk. N’oublions pas que l’homme public en qui s’identifient le plus de cadres valables comoriens en ce moment est le Général Salimou Mohamed Amiri, alors que les chefs de partis et autres gagas et radoteurs de villages créent le vide autour d’eux. Fatigués de mener une vie rendue insupportable par des politiciens corrompus et incompétents, les Comoriens voudraient se tourner vers un homme qui symbolise la rigueur, l’honnêteté et la compétence. Cela, les politiciens comoriens qui craignent la candidature du Général ne le savent que trop bien. Ils savent aussi que progressivement, les Comoriens sortent de leur torpeur psychologique au regard de la politique. Ce réveil aura des effets dévastateurs sur les ambitions présidentielles des candidats d’opérette et de pacotille. Il se passera beaucoup de choses en 2016.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Mardi 16 décembre 2014.
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