Son livre publié, Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed se fixe comme cap les Comores « Quand je serai élu Président de l’Union des Comores en 2016,...
Son livre publié, Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed se fixe comme cap les Comores
«Quand je serai élu Président de l’Union des Comores en 2016, je nommerai un ministre des Affaires étrangères originaire de Mohéli. Pourquoi? Parce qu’à Mohéli, nous aurons les spécialistes qu’il faut aux Comores pour diriger la diplomatie comorienne. Mohéli a de très bons diplomates. En plus, même si on fait tout pour ne pas le dire, c’est de Mohéli qu’est originaire le premier bachelier comorien, le premier Docteur comorien, le premier Docteur en Médecine des Comores, le premier Comorien qui a obtenu deux Doctorats. Alors peut-on me dire pourquoi il ne faut pas valoriser une telle île? J’irai plus loin en signalant que les relations entre les Malgaches et les Mohéliens au XIXème siècle ont renforcé chez les Mohéliens le sentiment patriotique et la sacralisation de la terre des ancêtres. Regardez Hamada Madi Boléro et sa capacité de travail mais aussi son amour pour les pays, même si les haineux qui ne l’aiment pas font tout pour le discréditer, uniquement par jalousie et par méchanceté. Aucun des spécialistes de la détestation facile n’est capable de faire le quart de son travail». Ce petit discours a été tenu par Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed, le pétillant, bouillant et bouillonnant Président du Parti Comores Alternatives (PCA) et candidat déclaré à l’élection présidentielle comorienne de 2016. Il a tenu son petit discours devant des notables grands-comoriens vivant à Valence, dans sa voiture roulant de Valence vers Marseille, ce samedi 13 décembre 2014. Passé le premier moment d’étonnement, les notables ont fini par acquiescer et par demander au
«Président» de persevérer dans sa façon de sortir des sentiers battus pour faire des propositions concrètes afin de faire sortir les Comores de la situation très difficile dans laquelle elles se trouvent depuis quelques années. Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed profita de la belle occasion pour pérorer devant son auditoire: «Nous allons à Marseille pour parler des Comores à d’autres Comoriens. Nous devons même assister au meeting du Parti UDZIMA à Marseille, comme l’exige l’esprit républicain et démocratique. Nous devons parler à tout le monde de manière responsable et courtoise. Soyons ouverts à tout le monde. Mercredi 17 décembre 2014, j’ai rendez-vous avec mon éditeur à Paris pour récupérer mon deuxième livre. Après ça, plus rien ne me retiendra en France. Maintenant, cap sur les Comores, où doivent commencer les choses sérieuses. N’oubliez pas qu’une partie de mon programme économique et financier se retrouve dans ce livre consacré à la sortie des Comores de la Zone franc, mais aussi à la manière de gérer nos finances publiques avec intelligence et responsabilité».
Le «Président» Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed prend au sérieux tout ce qui touche l’élection présidentielle de 2016, et quand il a eu à en débattre avec les dirigeants du parti UDZIMA à Marseille, il a tout juste regretté que des débats d’un tel niveau et d’un tel intérêt ne puissent être organisés aux Comores pour être suivis par tout le monde: «À Marseille, j’ai eu l’honneur de débattre avec mes aînés Omar Tamou, Saïd-Ahmed Saïd-Ali Charif, Mme Hidayat Salim Madi, Ali Saandi, ancien Directeur du journal Al Watwan, sous la supervision de Youssouf Ali Ibouroi, ancien Directeur de l’ORTC-TNC, actuel Directeur de Radio Comores-Marseille, et du journaliste Youssouf Attoumane. Ça fait tout de même très drôle d’entendre l’ancien ministre Omar Tamou expliquer que sous la présidence d’Ahmed Abdallah, les caisses de la Société d’État Eau et Électricité des Comores (EÉDC) avaient de l’argent en excédent, pour une Société en faillite aujourd’hui. Il a failli me faire pleurer en disant que la Société nationale des Hydrocarbures avait 650 millions de francs comoriens dans les caisses, pour une Société en faillite aujourd’hui. L’ONICOR avait dans ses caisses 480 millions de francs comoriens, contre 300 millions de francs chez Air Comores, une entreprise d’État incendiée par la famille du Président Saïd Mohamed Djohar. J’ai littéralement sursauté quand j’ai entendu l’ancien ministre Omar Tamou dire qu’il n’y a plus de Justice aux Comores aujourd’hui, où un criminel emprisonné le matin fait le beau dans les cérémonies de Madjliss le soir. Quand il cite le cas d’Abou Achirafi Ali Bacar, l’homme des trafics parallèles de passeports comoriens au Moyen-Orient, c’est pour signaler que la génération post-Ahmed Abdallah n’aime pas son pays et a échoué là où les anciens faisaient nettement mieux, uniquement parce qu’ils étaient soucieux de réussir quelque chose pour leur pays. Aujourd’hui, la plupart des candidats à l’élection présidentielle de 2016 n’ont aucune motivation pour le pays».
Aux Comores, la bataille des bilans entre les anciens et les nouveaux est un sujet récurrent dans les discussions. Cependant, il faudra avoir la probité de reconnaître que les anciens, avec un capital culturel d’un faible niveau, mais avec le sens de l’honneur chevillé au corps, malgré les erreurs, avaient plus de soucis pour les Comoriens que les jeunes inconscients et les viveurs insouciants d’aujourd’hui. Comment ça se fait que sous Ahmed Abdallah et sous Saïd Mohamed Djohar, «même» à Mohéli, il y avait de l’électricité 24 heures sur 24, alors que les dirigeants de l’époque n’étaient Docteurs en rien? Le Président Ahmed Abdallah lui-même n’avait même pas fait des études secondaires, mais avait une autorité naturelle qui forçait le respect. Il faisait des choses que les Docteurs qui sont actuellement à la tête des Comores sont incapables de réaliser. Qu’est-ce qui s’est passé pour que ça soit sous le régime politique de Mohamed Taki Abdoulkarim, «le premier ingénieur civil des Comores, formé à l’École nationale des Ponts et Chaussées de Paris», soit celui qui plongea les Comores dans les ténèbres et l’obscurité? Forcément, il y a quelque chose qui ne va pas dans ce pays joliment appelé les Comores.
Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed a sa petite idée sur la question: «Au cours de mon débat radiodiffusé avec les dirigeants de l’UDZIMA à Marseille, et surtout après, j’ai eu un immense sentiment de vide et de honte. J’ai honte quand j’ai entendu ces dirigeants que nos aînés du Front démocratique (FD) vilipendaient et traitaient de tous les noms, nous expliquer le peu qu’ils ont pu faire pour le pays. Je suis obligé de reconnaître que dans leur discours, il n’y a pas que de l’autosatisfaction et de l’autoglorification. Il y a un défi que les anciens nous lancent et que nous ne sommes pas arrivés à relever par manque de patriotisme, par un inacceptable déficit de conviction et par un manque de volontarisme. À titre personnel, j’ai honte car notre génération est en train de conduire les Comores dans un échec que nos pères et nos oncles ont su éviter, surtout parce qu’ils avaient plus de sincérité dans leur engagement politique. Les remontrances d’Omar Tamou me poussent vers plus d’action en faveur de mon pays parce que nous ne pouvons pas nous payer le luxe de continuer à échouer. L’échec nous est interdit en 2016. Si nous ratons le rendez-vous historique de 2016, nous aurons à rendre des comptes à nos consciences. Quand je lève mon regard, je vois de nombreux Comoriens sans dessein politique qui veulent diriger les Comores pendant 5 ans. Ces gens-là refusent d’admettre que les anciens se moquent de notre génération, qu’ils considèrent comme celle de dirigeants pressés d’accéder aux postes, mais pour ne rien faire. Cette situation me donne envie d’accéder au pouvoir, de recruter 50 volontaires civiques et de tout régenter dans ce pays. Nous le pouvons, mais à condition de laisser dans les vestiaires nos vantardises, nos tendances mégalomaniaques, nos pulsions de dirigeants kleptocrates et insouciants. Je jure par Dieu que si les Comoriens m’accordent majoritairement leurs suffrages, je vais mettre fin à la honte que constitue le défi que nous lancent nos aînés, que nous devons cesser de traiter de “dinosaures”, car ils ont mieux réussi que nous. Je suis déjà en train de réfléchir sur ma petite liste de Comoriens qui seront appelés à effacer la honte des échecs de notre génération».
En tout état de cause, nous présentons nos sincères félicitations à Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed pour la sortie en librairie de son livre ce mercredi 17 décembre 2014. Nos réserves et critiques sur la sortie des Comores de la Zone franc ne nous empêcheront pas de saluer son courage et ses idées iconoclastes, à un moment où la plupart des acteurs politiques comoriens ne proposent même pas des idées simples, à la portée des Comoriens les plus ordinaires.
Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Les Comores. Pour une indépendance financière et monétaire de l’archipel, Préface de Mamadou Koulibaly, L’Harmattan, Collection «Océan Indien/Études», Paris, décembre 2014, 183 p. (19 euros).
Par ARM
©lemohelien – Mercredi 17 décembre 2014.