Bonjour Nadhufa Mohamed et merci de nous accorder cet entretien. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots et nous décrire votre parcou...
Bonjour Nadhufa Mohamed et merci de nous
accorder cet entretien. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots et
nous décrire votre parcours scolaire et professionnel ?
Bonjour ! merci à vous de cet honneur. J’ai 25 ans et je vis à Mutsamudu. Après avoir décroché mon bac littéraire à 16 ans, je suis partie pour le Maroc mener mes études supérieures. J’y ai d’abord obtenu une licence en études françaises, puis un master en médiation culturelle.
J’ai eu la chance d’intégrer très tôt le milieu associatif, notamment l’association des Jeunes du Patrimoine des Comores, le mouvement Ngo’shawo, l’association Agir pour Anjouan, et récemment la Fédération Comorienne des Consommateurs. Ceci m’a permis de m’insérer rapidement dans monde du travail.
J’ai également été responsable de structures culturelles à la Direction de la Culture d’Anjouan et je suis actuellement la chargée de communication de Ndzuwani- Gold, une agence publique qui est au service du développement local.
Quels sont les 3 mots qui vous caractérisent le mieux ?
Détermination, autonomie, persévérance
Quelles sont les ambitions de l’Agence Ndzuwani - Gold dont vous êtes la chargée de communication ?
L’Agence Ndzuwani - Gold poursuit l’objectif majeur d’appui aux autorités insulaires et communales pour instaurer une gouvernance démocratique effective et bâtir une administration publique locale capable de conduire le leadership dans le chantier du développement de l’île. Elle souhaite également appuyer les collectivités locales dans le développement de leurs communes respectives.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur l’association « Jeunes du Patrimoine des Comores » que vous présidez ?
Les Jeunes du Patrimoine des Comores est une association créée en 2012 par des jeunes de Mutsamudu dans le but est de mener des actions de sensibilisation et de valorisation du patrimoine culturel national. L’association compte un peu plus de 70 jeunes éparpillés dans plusieurs pays dont une trentaine à Anjouan.
Elle bénéficie du soutien du Commissariat chargé de la Culture, de la Mairie de Mutsamudu, de la Direction du Tourisme, du Collectif et du Patrimoine ainsi que de partenaires associatifs.
Ses projets phares sont la gestion de la Citadelle de Mutsamudu et l’organisation du week-end du Patrimoine dont l’objectif s’apparente à celui des journées du Patrimoine où le but est de faire découvrir le patrimoine matériel, immatériel et naturel de la région choisie.
L’association organise également des visites de découverte, des soirées contes, des projets d’aménagement, etc. Nous avons d’ailleurs récemment reçu une subvention de l’Ambassade de France aux Comores pour un projet de mise en place de panneaux d’affichage sur les sites historiques.
Le fait que vous soyez une femme a-t-il eu une incidence sur votre carrière ? Quelle est votre perception de la parité hommes-femmes aux Comores ?
Je pense que si l’on compare les Comores à d’autres pays arabes nous serons sans doute les plus avancés en matière de parité homme-femme mais que si l’on prend le pays en lui-même, il y a encore du chemin à faire. Les femmes s’impliquent de plus en plus mais restent encore à l’écart quand il s’agit des décisions importantes et elles n’ont en retour pas assez de reconnaissance.
Dans certaines situations, le fait que je sois une femme a encouragé et appuyé mon parcours car les Comores et le contexte mondial actuel appuie l’émancipation de la femme mais dans d’autres circonstances ça a été l’inverse parce que je vis tout de même dans un pays encore profondément attaché aux traditions où la femme obtient davantage de considération en accomplissant ses devoirs familiaux plutôt qu’en poursuivant une carrière professionnelle ambitieuse.
Comment faites-vous pour concilier votre vie professionnelle et votre vie de famille ?
Ce n’est pas la tâche la plus facile. J’ai surtout eu la chance de naître dans une famille plus ouverte que d’autres et qui m’encourage aussi souvent que possible. Je connais des jeunes femmes de mon âge qui ont les compétences et l’envie de contribuer au développement des Comores mais le contexte social, donc familial ne les encourage pas. Plus elles sont jeunes moins elles sont libres.
Quels conseils donneriez-vous aujourd’hui aux jeunes Comoriens, hommes et femmes, qui souhaitent contribuer au développement de leur pays ?
Je m’adresserais d’abord à ceux qui ont choisi de rester à l’étranger pour leur dire que les Comores sont ces îles qui nous ont mis au monde, aujourd’hui elles ont besoin de nous jeunes et nous nous devons d’être là pour elles car nous avons en main leur avenir.
Je dirai ensuite à tous les jeunes Comoriens qu’aujourd’hui aux Comores la Société Civile est la plus active en matière de développement et que cette force vient de la jeunesse de ses membres. Il peut arriver des moments où on a envie d’abandonner vu les obstacles rencontrés sur le terrain mais il ne faut pas pour autant lâcher prise ou se décourager, ni emprunter comme les autres l’ont fait, le chemin de la facilité parce que c’est là que la plupart ont échoué.
Tout est dit dans l’adage : « Montre-moi ta jeunesse et je te dirai l’avenir de ton pays ».
Par AmbaFrance à Moroni