Ahmed Waadane Mahamoud est entré dans le vif du sujet et dévoile son projet sociétal. Tentez une expérience fort enrichissante: abordez un ...
Ahmed Waadane Mahamoud est entré dans le vif du sujet et dévoile son projet sociétal.
Tentez une expérience fort enrichissante: abordez un des fameux présidentiables pour 2016 et demandez-lui de communiquer sur son programme présidentiel. Imperturbable, il vous dira simplement: «Il est encore très tôt pour parler de ces choses. Si je commence à communiquer dès maintenant sur mon programme électoral, je vais me faire voler mes belles idées par des concurrents sans imagination, ni vision d’État, et ne comprenant rien sur les enjeux de l’élection présidentielle de 2016. Donc, pour l’instant, je garde mes brillantes idées pour moi. Le reste viendra après». L’expérience a déjà été tentée et chaque fois, la réponse a été celle-là. Or, par un extraordinaire sens du défi, Ahmed Wadaane Mahamoud, Président du Parti des Réformateurs des Îles face aux Impératifs du Développement des Comores (RIFAID Comores), n’a pas peur voir les autres plagier ses idées politiques et son dessein comorien. Il a déjà entrepris de communiquer et de faire savoir aux Comoriens comment il voit le pays et ce qu’il compte faire pour lui. Son credo ne manque pas de panache: «Je ne réagirai jamais face à une injure.
Chacun est libre de voir ma candidature comme il veut, et de la critiquer. Par contre, en ce qui me concerne, je m’interdis strictement de revenir sur le bilan des anciens Présidents. Chacun a fait ce qu’il a pu ou voulu faire. Moi, ce qui m’intéresse, c’est le sort des Comores demain, ce que je compte faire pour mon pays, et non ce que les autres n’ont pas fait». Pour l’enfant de Mbéni, ce qui compte le plus, c’est la réforme des institutions comoriennes, à un moment où ces dernières ont donné des signes d’essoufflement. Il exprime toutes ces idées dans le n°1 du journal Espérance, l’organe de presse de son parti politique. D’ailleurs, sa Première Proposition s’intitule «Restaurer la République» et part de l’idée selon laquelle «les Comores ont connu plusieurs séismes politiques et institutionnels depuis leur accession à l’indépendance, le 6 juillet 1975. En plus des séries de coups d’État réussis et des tentatives répétitives de coups de force échoués, qui ont constamment déstabilisé les îles, le peuple tout entier a vu un basculement spectaculaire des luttes d’influence internes à une crise séparatiste internationalisée avec un rejet des fondements de la République». Pour le chef de RIFAID Comores, «la République est carrément supprimée», et «l’unité du pays est brisée». Le résultat de tout ça étant connu, il suffirait de le rappeler: «Les Comoriens ont perdu espoir. Ils ne croient à rien et ils continuent à se nourrir de lassitude. Seul le désespoir s’introduit très vite dans les conversations dominées par le désintérêt de la politique».
Le constat que l’homme de RIFAID Comores fait des institutions publiques comoriennes est très sévère, et c’est la raison pour laquelle il préconise une refondation de celles-ci: «Quatre Constitutions (chaque île dispose de sa propre Constitution, qui définit ses propres citoyens, et à laquelle se greffe la Constitution de l’Union des Comores). Cela signifie qu’on est citoyen d’une île et citoyen de l’Union et vice versa. Quatre Parlements (un Parlement au sein de chaque île et un Parlement de l’Union). Quatre têtes dirigeantes (chaque île est dirigée par un Gouverneur en plus du Président de l’Union des Comores). Quatre gouvernements (chaque île a son propre gouvernement, auquel s’imbrique le gouvernement de l’Union). Quatre drapeaux (chaque île est dotée de son propre drapeau, auquel s’ajoute le drapeau de l’Union des Comores). C’en est trop pour les îles Comores, d’une superficie totale de 2.172 km², peuplées de près de 800.000 habitants, aux maigres ressources, fonctionnant avec cette superstructure politico-institutionnelle budgétivore». Ah! Que faire alors? Ahmed Wadaane Mahmoud a sa petite idée sur le sujet: «Pour remettre le pays sur les rails du développement, un système d’État décentralisé à autonomie locale renforcée et accordée à chaque île, qui doit être dirigée par un Vice-président, pour gérer les secteurs d’activités, sauf l’économie et les finances, la diplomatie et les Affaires étrangères, la sécurité et la Défense, les libertés et la Justice, l’Éducation nationale et l’enseignement supérieur. Ce sont les cinq ministères régaliens qui doivent être sous l’autorité du chef de l’État». De fait, l’enfant de Mbéni, dans le Hamahamet, n’hésite pas à déclarer que «nos réformes se fondent sur la transformation et la simplification du mode de fonctionnement de l’État».
La Deuxième Proposition de RIFAID Comores porte sur le vieux serpent de mer comorien: la présidence tournante: «La présidence tournante pour préserver l’unité à tout prix. L’Union des Comores tue l’unité des Comoriens. L’archipel des Comores vit une crise à la fois économique et politique, qui engendre aussi bien la misère au sein de la population et le dysfonctionnement des institutions de l’Union et des Gouvernorats des îles». La proposition surprend parce que de nombreux acteurs politiques ne cachent plus leur volonté de supprimer la présidence tournante, au risque de réveiller les vieux démons du séparatisme à Anjouan et à Mohéli. Bonne ou mauvaise, efficace ou inefficace, la présidence tournante ne doit, en tout cas, être supprimée qu’à la suite d’un consensus national, afin d’éviter les craquements d’un pays à la recherche d’un dessein national unitaire réel, à la place de la féodalité insulaire.
La Troisième Proposition répond à un impératif démocratique: «Limiter et placer sous contrôle les pouvoirs du Président de la République» car «le changement des mentalités dans la façon de gérer les affaires de l’État demeure un impératif à résoudre. Cela est possible, à condition que les pouvoirs du Président de la République soient limités pour sortir de l’impasse dans laquelle notre société est engagée».
Pour ce qui est de la Quatrième Proposition, elle est tout simplement révolutionnaire, et se résume ainsi: «Supprimer les fonctions des Gouverneurs et confier l’autorité dirigeante des îles aux Vice-présidents», étant entendu que «cette nouvelle dynamique permettrait de mieux redéfinir le rôle et la place du Vice-président en tant que premier magistrat de l’État dans une île. Les missions du Vice-président seraient bien clarifiées dans le sens du renforcement de la stabilité et du contrôle des mesures d’accompagnement pour le développement de l’île».
Partant de l’idée selon laquelle «s’engager dans cette voie des réformes, c’est d’abord croire en la nécessité de poser les bases d’édification d’un État de Droit», RIFAID Comores fait sa Cinquième Proposition: «Instituer une Assemblée nationale élargie, avec un nouveau découpage des circonscriptions et des compétences renforcées». Il s’agit de favoriser le principe selon lequel «l’institution d’une Assemblée nationale élargie, suivant un nouveau découpage des circonscriptions, tient compte des évolutions qui s’opèrent dans les villes et les villages, les régions et les îles». Mais, comment opérer une telle évolution si le niveau des Députés est très bas, comme celui constaté au cours de la législature qui vient de s’achever? Il serait sans doute temps de se pencher sur le capital culturel des Députés et d’être plus exigeant sur cet aspect essentiel car, à quoi servirait un Parlement aux «compétences élargies» si c’est pour le mettre entre les mains de Députés ne comprenant rien à leur mission?
S’agissant, enfin, de la Sixième Proposition, elle se situe au cœur de la vie quotidienne des Comoriens: «Réorganiser les communes sur la base d’un nouveau découpage, et supprimer les fonctions de Préfet». RIFAID Comores fait cette proposition parce que, selon ses dirigeants, «structures de base pour la démocratie à la base du développement de base, les communes doivent être dirigées par des Maires élus, avec des compétences renforcées de gestion administrative locale». On connaît l’opinion d’Alexis de Tocqueville sur le sujet…
Ahmed Wadaane Mahamoud dit que ces Six Propositions sont les premières et qu’elles seront suivies d’une série d’autres suggestions. On le constate, les idées ne manquent pas, et les Comores ne sont plus en panne d’idées. En même temps, il y a un impératif de mise en œuvre de ces propositions parce que les acteurs politiques comoriens sont très prolixes pour faire des propositions. Mais, une fois élus, ils oublient tout et plongent dans la routine et dans le conformisme. Ils plongent dans la naphtaline et se font injecter du formol politique, en attendant la prochaine élection. En tout état de cause, Ahmed Wadaane Mahamoud a eu l’intelligence de suggérer des réformes qui n’exigent pas la mobilisation des fonds de l’État.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Vendredi 26 décembre 2014.
Tentez une expérience fort enrichissante: abordez un des fameux présidentiables pour 2016 et demandez-lui de communiquer sur son programme présidentiel. Imperturbable, il vous dira simplement: «Il est encore très tôt pour parler de ces choses. Si je commence à communiquer dès maintenant sur mon programme électoral, je vais me faire voler mes belles idées par des concurrents sans imagination, ni vision d’État, et ne comprenant rien sur les enjeux de l’élection présidentielle de 2016. Donc, pour l’instant, je garde mes brillantes idées pour moi. Le reste viendra après». L’expérience a déjà été tentée et chaque fois, la réponse a été celle-là. Or, par un extraordinaire sens du défi, Ahmed Wadaane Mahamoud, Président du Parti des Réformateurs des Îles face aux Impératifs du Développement des Comores (RIFAID Comores), n’a pas peur voir les autres plagier ses idées politiques et son dessein comorien. Il a déjà entrepris de communiquer et de faire savoir aux Comoriens comment il voit le pays et ce qu’il compte faire pour lui. Son credo ne manque pas de panache: «Je ne réagirai jamais face à une injure.
Chacun est libre de voir ma candidature comme il veut, et de la critiquer. Par contre, en ce qui me concerne, je m’interdis strictement de revenir sur le bilan des anciens Présidents. Chacun a fait ce qu’il a pu ou voulu faire. Moi, ce qui m’intéresse, c’est le sort des Comores demain, ce que je compte faire pour mon pays, et non ce que les autres n’ont pas fait». Pour l’enfant de Mbéni, ce qui compte le plus, c’est la réforme des institutions comoriennes, à un moment où ces dernières ont donné des signes d’essoufflement. Il exprime toutes ces idées dans le n°1 du journal Espérance, l’organe de presse de son parti politique. D’ailleurs, sa Première Proposition s’intitule «Restaurer la République» et part de l’idée selon laquelle «les Comores ont connu plusieurs séismes politiques et institutionnels depuis leur accession à l’indépendance, le 6 juillet 1975. En plus des séries de coups d’État réussis et des tentatives répétitives de coups de force échoués, qui ont constamment déstabilisé les îles, le peuple tout entier a vu un basculement spectaculaire des luttes d’influence internes à une crise séparatiste internationalisée avec un rejet des fondements de la République». Pour le chef de RIFAID Comores, «la République est carrément supprimée», et «l’unité du pays est brisée». Le résultat de tout ça étant connu, il suffirait de le rappeler: «Les Comoriens ont perdu espoir. Ils ne croient à rien et ils continuent à se nourrir de lassitude. Seul le désespoir s’introduit très vite dans les conversations dominées par le désintérêt de la politique».
Le constat que l’homme de RIFAID Comores fait des institutions publiques comoriennes est très sévère, et c’est la raison pour laquelle il préconise une refondation de celles-ci: «Quatre Constitutions (chaque île dispose de sa propre Constitution, qui définit ses propres citoyens, et à laquelle se greffe la Constitution de l’Union des Comores). Cela signifie qu’on est citoyen d’une île et citoyen de l’Union et vice versa. Quatre Parlements (un Parlement au sein de chaque île et un Parlement de l’Union). Quatre têtes dirigeantes (chaque île est dirigée par un Gouverneur en plus du Président de l’Union des Comores). Quatre gouvernements (chaque île a son propre gouvernement, auquel s’imbrique le gouvernement de l’Union). Quatre drapeaux (chaque île est dotée de son propre drapeau, auquel s’ajoute le drapeau de l’Union des Comores). C’en est trop pour les îles Comores, d’une superficie totale de 2.172 km², peuplées de près de 800.000 habitants, aux maigres ressources, fonctionnant avec cette superstructure politico-institutionnelle budgétivore». Ah! Que faire alors? Ahmed Wadaane Mahmoud a sa petite idée sur le sujet: «Pour remettre le pays sur les rails du développement, un système d’État décentralisé à autonomie locale renforcée et accordée à chaque île, qui doit être dirigée par un Vice-président, pour gérer les secteurs d’activités, sauf l’économie et les finances, la diplomatie et les Affaires étrangères, la sécurité et la Défense, les libertés et la Justice, l’Éducation nationale et l’enseignement supérieur. Ce sont les cinq ministères régaliens qui doivent être sous l’autorité du chef de l’État». De fait, l’enfant de Mbéni, dans le Hamahamet, n’hésite pas à déclarer que «nos réformes se fondent sur la transformation et la simplification du mode de fonctionnement de l’État».
La Deuxième Proposition de RIFAID Comores porte sur le vieux serpent de mer comorien: la présidence tournante: «La présidence tournante pour préserver l’unité à tout prix. L’Union des Comores tue l’unité des Comoriens. L’archipel des Comores vit une crise à la fois économique et politique, qui engendre aussi bien la misère au sein de la population et le dysfonctionnement des institutions de l’Union et des Gouvernorats des îles». La proposition surprend parce que de nombreux acteurs politiques ne cachent plus leur volonté de supprimer la présidence tournante, au risque de réveiller les vieux démons du séparatisme à Anjouan et à Mohéli. Bonne ou mauvaise, efficace ou inefficace, la présidence tournante ne doit, en tout cas, être supprimée qu’à la suite d’un consensus national, afin d’éviter les craquements d’un pays à la recherche d’un dessein national unitaire réel, à la place de la féodalité insulaire.
La Troisième Proposition répond à un impératif démocratique: «Limiter et placer sous contrôle les pouvoirs du Président de la République» car «le changement des mentalités dans la façon de gérer les affaires de l’État demeure un impératif à résoudre. Cela est possible, à condition que les pouvoirs du Président de la République soient limités pour sortir de l’impasse dans laquelle notre société est engagée».
Pour ce qui est de la Quatrième Proposition, elle est tout simplement révolutionnaire, et se résume ainsi: «Supprimer les fonctions des Gouverneurs et confier l’autorité dirigeante des îles aux Vice-présidents», étant entendu que «cette nouvelle dynamique permettrait de mieux redéfinir le rôle et la place du Vice-président en tant que premier magistrat de l’État dans une île. Les missions du Vice-président seraient bien clarifiées dans le sens du renforcement de la stabilité et du contrôle des mesures d’accompagnement pour le développement de l’île».
Partant de l’idée selon laquelle «s’engager dans cette voie des réformes, c’est d’abord croire en la nécessité de poser les bases d’édification d’un État de Droit», RIFAID Comores fait sa Cinquième Proposition: «Instituer une Assemblée nationale élargie, avec un nouveau découpage des circonscriptions et des compétences renforcées». Il s’agit de favoriser le principe selon lequel «l’institution d’une Assemblée nationale élargie, suivant un nouveau découpage des circonscriptions, tient compte des évolutions qui s’opèrent dans les villes et les villages, les régions et les îles». Mais, comment opérer une telle évolution si le niveau des Députés est très bas, comme celui constaté au cours de la législature qui vient de s’achever? Il serait sans doute temps de se pencher sur le capital culturel des Députés et d’être plus exigeant sur cet aspect essentiel car, à quoi servirait un Parlement aux «compétences élargies» si c’est pour le mettre entre les mains de Députés ne comprenant rien à leur mission?
S’agissant, enfin, de la Sixième Proposition, elle se situe au cœur de la vie quotidienne des Comoriens: «Réorganiser les communes sur la base d’un nouveau découpage, et supprimer les fonctions de Préfet». RIFAID Comores fait cette proposition parce que, selon ses dirigeants, «structures de base pour la démocratie à la base du développement de base, les communes doivent être dirigées par des Maires élus, avec des compétences renforcées de gestion administrative locale». On connaît l’opinion d’Alexis de Tocqueville sur le sujet…
Ahmed Wadaane Mahamoud dit que ces Six Propositions sont les premières et qu’elles seront suivies d’une série d’autres suggestions. On le constate, les idées ne manquent pas, et les Comores ne sont plus en panne d’idées. En même temps, il y a un impératif de mise en œuvre de ces propositions parce que les acteurs politiques comoriens sont très prolixes pour faire des propositions. Mais, une fois élus, ils oublient tout et plongent dans la routine et dans le conformisme. Ils plongent dans la naphtaline et se font injecter du formol politique, en attendant la prochaine élection. En tout état de cause, Ahmed Wadaane Mahamoud a eu l’intelligence de suggérer des réformes qui n’exigent pas la mobilisation des fonds de l’État.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Vendredi 26 décembre 2014.
