La CÉNI, entre le culot et le strabisme divergeant sur la démission des candidats Que faire de la Commission électorale nationale « in...
La CÉNI, entre le culot et le strabisme divergeant sur la démission des candidats
Que faire de la Commission électorale nationale «indépendante» (CÉNI), depuis qu'elle a fait de la honte et l'opprobre son pagne et son soutien-gorge? La brûler? Ça n'aurait servi à rien. On en nommerait une autre qui serait plus cauchemardesque encore. Renvoyer auprès de leurs mamans tous ces bambochards et paltoquets qui ont terni à jamais son image et sa réputation? À quoi bon? D'autres bambochards et paltoquets viendraient faire pire. On ne guérit pas du SIDA en attrapant la peste et Ébola en même temps, la syphilis et la bilharziose en plus. Comme disait ce bon William Shakespeare, «les maux sans remède doivent être traités avec mépris». Traiter la CÉNI par le mépris serait mépriser son substrat humain, et on ne méprise pas un être humain. Laissons les autorités nous mépriser, de toute manière, c'est notre seul droit. Ces gens-là croient que même leur mépris envers le peuple est un insigne honneur pour lui. Tout ceci se vérifie et prend de l'ampleur à un moment où les Comoriens étaient curieux de découvrir les causes officielles d'invalidation de certaines candidatures aux prochaines élections «de 2015».
Depuis que ces causes ont été affichées sur le site Internet de la CÉNI ce dimanche 7 décembre 2014, les Comoriens ne savent pas s'ils doivent être en colère ou rire de dépit. En fait, parmi ces causes, il y a celle dite «N'a pas démissionné». Or, les ministres El-Anrif Saïd Hassane et Abdoulkarim Mohamed sont bien autorisés à rester candidats sans démissionner de leurs fonctions au sein du gouvernement. Tous ceux qui s'interrogent sur cette politique d'allaitement par un seul sein ne sont pas des juristes mais sont unanimes pour reconnaître qu'on se moque d'eux, comme si le Droit n'était pas le même pour tous aux Comores. Les juristes parmi eux se demandent si, depuis qu'ils ne sont plus à l'Université, il y a eu des craquements majeurs en matière de Droit qui ont fait perdre à la Loi son caractère général et impersonnel. Dans un État institutionnellement civilisé, une telle violation de la Loi aurait provoqué un tel scandale et un tel séisme politique que le ministre de l'Intérieur et le Président de la CÉNI auraient démissionné derechef, pendant que le chef de l'État aurait été appelé à présenter des excuses publiques au peuple souverain.
Mais, aux Comores, le mot «scandale» n'existe pas dans le lexique politique et dans le langage personnel des dirigeants. Malgré les actes que réprouvent la Loi et la foi, la honte n'a poussé aucune autorité comorienne au suicide. Les démissions pour divergences politiques n'existent pas. Le Président de la République laisse faire et se fait dénigrer et honnir par le peuple. Les ministres El-Anrif Saïd Hassane et Abdoulkarim Mohamed ont jeté le discrédit sur leurs Doctorats en acceptant d'être les bénéficiaires d'un passe-droit aussi flagrant et grossier. Un vrai Docteur même en foutaises et bêtises aurait refusé d'affronter la malédiction populaire d'une façon aussi révoltante et écœurante. Les Comores ont cessé d'être une «Républiquette» bananière de fait pour devenir une «Républiquette» bananière de Droit. Ceux qui sont censés donner le bon exemple par leur prétendu capital culturel font injure à tous les Doctorats obtenus par des Comoriens. Il n'y a pas un seul Doctorat obtenu par un Comorien de par le vaste monde qui ne soit pas rempli de boue par ces deux ministres, pour qui les intérêts personnels passent avant le primat du Droit. Ces deux ministres donnent du grain à moudre à tous ces Comoriens désabusés qui passent leur temps à dire qu'«aux Comores, il n'a pas un moyen pour distinguer le dirigeant instruit de l'inculte homme de la rue». Ces champions du fait du Prince sortiraient grandis de cette histoire si, dans un geste à la fois républicain et de Grand Seigneur remettaient leur démission au Président Ikililou Dhoinine.
Naturellement, la CÉNI a dévoilé d'autres faiblesses, en affichant sur son site Internet des causes d'invalidation de candidatures par des abréviations complètement inconnues du grand public et qui n'ont pas fait l'objet d'explication par une légende appropriée: «CD». Et que signifie «Alternance non respecté» (sic), sans le «e» à «respecté», qui doit s'accorder avec «alternance», un mot féminin, pour faire «respectée»? C'est quoi, tout ce cirque? Quelle belle façon d'exprimer et d'étaler son incompétence et sa corruption! Peut-on et doit-on faire confiance à des gens qui ne savent pas que le mot «alternance», répétée plus de 70 fois, et toujours avec la même erreur, est féminin? Et que signifient «manque de numéro d'électeur» et «manque d'identification»? Et là, nous ne parlons même pas des candidats qui ont été attribués à des partis autres que les leurs. Si la CÉNI n'existait pas, il aurait fallu l'inventer de toutes pièces. Juste pour avoir un motif de rigolade, moquerie et quolibets.
De toute façon, même avec la complaisance démagogique de la CÉNI, à Mitsamiouli, on ne se gêne pas pour exprimer détestation et mépris à El-Anrif Saïd Hassane, en lui disant qu'il va se faire humilier comme du poisson pourri au cours de cette élection. L'autre jour, toute honte bue, il était à Wella-Mitsamiouli pour faire ami-ami avec les notables à la grande mosquée, avait sorti son téléphone portable et avait appelé un étudiant de la ville se trouvant au Maroc et connu pour son courage et sa persévérance, alors que ledit étudiant, orphelin de père et de mère, un garçon très sympathique, lui avait demandé sans succès un billet de retour aux Comores, après s'être battu de toutes ses forces pour préparer son Doctorat et obtenir le diplôme d'une célèbre Académie qui n'est ouverte qu'aux Marocains. Le ministre n'a rien fait pour aider cet étudiant. Comme il est engagé dans une campagne électorale très difficile, il voulait appeler au téléphone le jeune étudiant devant les gens de sa ville et montrer qu'il le connaît, pour qu'on vote pour lui, alors qu'il a refusé d'aider un étudiant aussi brillant et aussi persévérant. Le moment venu, chacun sera rattrapé par ses crimes, même s'il bénéficie d'une CÉNI aux ordres.
ARM
© www.lemohelien.com – Lundi 8 décembre 2014.
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