Les présidents chinois et russe forment un tandem de choc au sommet Asie-Pacifique. Kouzia, le tigre de Sibérie réintroduit dans son milieu...
Les présidents chinois et russe forment un tandem de choc au sommet Asie-Pacifique.
Kouzia, le tigre de Sibérie réintroduit dans son milieu naturel par Vladimir Poutine, court toujours quelque part dans les steppes de Mongolie. Mais le félin du numéro un russe est devenu une source d'intérêt national en République populaire depuis qu'il a traversé le fleuve Amour. Et Pékin le suit à la trace. Infréquentable pour une partie du monde depuis le conflit ukrainien, Vladimir Poutine suscite l'admiration en République populaire, où tout ce qui l'entoure provoque la curiosité. Arrivé dimanche à Pékin pour le sommet de l'Apec, le Forum de coopération Asie-Pacifique, il forme un duo de choc avec le président chinois.
Le président russe a rencontré le numéro un chinois pour la dixième fois depuis que ce dernier a pris ses fonctions début 2013. Soit bien davantage qu'aucun autre chef d'État. De son côté, Xi Jinping avait choisi Moscou l'an dernier pour son premier déplacement à l'étranger comme président. Et c'est à nouveau la Russie qui a eu l'honneur de son premier voyage en 2014. Sa relation avec le chef du Kremlin est une priorité. «J'ai l'impression que nous nous traitons toujours en amis, pleinement et le cœur ouvert, aurait confié Xi à Poutine lors d'une rencontre. Nos caractères sont semblables.»
Les biographies consacrées à «Poutine le grand», comme on l'y surnomme, sont des best-sellers en Chine. Selon le centre de recherche Pew, la République populaire est l'un des rares pays où le soutien à la Russie est monté depuis la confrontation de Moscou avec l'Occident à propos de l'Ukraine, passant de 47 à 66 %. Selon un sondage réalisé par Touch Today, un site d'information appartenant au groupe Tencent, la cote de popularité de Poutine a plafonné à 92 % en Chine après l'annexion de la Crimée en mars. «La personnalité de Poutine est impressionnante, en tant qu'homme comme en tant que dirigeant, souligne Zhao Huasheng, expert de relations sino-russes à l'université Fudan de Shanghaï. Il défend les intérêts de la Russie. Les Chinois sont attirés par cela.»
Peut-être les Chinois sont-ils rassurés de voir que «Xi Dada», le «grand Xi», n'est pas le seul dirigeant d'une grande puissance à inquiéter le monde. Comme Poutine, il est adepte du culte de la personnalité et cultive l'autoritarisme pour gouverner d'une main de fer. Tous deux entretiennent la nostalgie de la «grandeur» passée de leur nation pour fonder le renouveau. Ils sont unis dans le rejet des valeurs occidentales prônant la démocratie, les libertés et les droits de l'homme et s'épaulent face aux critiques d'un monde qui se braque contre les transgressions provoquées par leurs ambitions.
Chine et Russie se sont rapprochées à mesure que se creusait le fossé entre Moscou et les nations occidentales. En s'adjugeant la Crimée, en soutenant les rebelles séparatistes en Ukraine, en réprimant la «propagande» homosexuelle ou en traquant ses opposants, le régime de Poutine a hérissé les États-Unis et les pays de l'Union européenne, mais pas la Chine. Régulièrement mis en cause par les Occidentaux sur les droits de l'homme, Pékin, de son côté, est en délicatesse avec ses voisins en raison de ses ambitions maritimes et s'est retrouvé à nouveau sous le feu des critiques pour avoir adopté des règles tuant dans l'œuf toute candidature de l'opposition hongkongaise à l'élection de 2017.
Par Patrick Saint-Paul | lefigaro
Kouzia, le tigre de Sibérie réintroduit dans son milieu naturel par Vladimir Poutine, court toujours quelque part dans les steppes de Mongolie. Mais le félin du numéro un russe est devenu une source d'intérêt national en République populaire depuis qu'il a traversé le fleuve Amour. Et Pékin le suit à la trace. Infréquentable pour une partie du monde depuis le conflit ukrainien, Vladimir Poutine suscite l'admiration en République populaire, où tout ce qui l'entoure provoque la curiosité. Arrivé dimanche à Pékin pour le sommet de l'Apec, le Forum de coopération Asie-Pacifique, il forme un duo de choc avec le président chinois.
Le président russe a rencontré le numéro un chinois pour la dixième fois depuis que ce dernier a pris ses fonctions début 2013. Soit bien davantage qu'aucun autre chef d'État. De son côté, Xi Jinping avait choisi Moscou l'an dernier pour son premier déplacement à l'étranger comme président. Et c'est à nouveau la Russie qui a eu l'honneur de son premier voyage en 2014. Sa relation avec le chef du Kremlin est une priorité. «J'ai l'impression que nous nous traitons toujours en amis, pleinement et le cœur ouvert, aurait confié Xi à Poutine lors d'une rencontre. Nos caractères sont semblables.»
Solidaires face aux critiques
Les biographies consacrées à «Poutine le grand», comme on l'y surnomme, sont des best-sellers en Chine. Selon le centre de recherche Pew, la République populaire est l'un des rares pays où le soutien à la Russie est monté depuis la confrontation de Moscou avec l'Occident à propos de l'Ukraine, passant de 47 à 66 %. Selon un sondage réalisé par Touch Today, un site d'information appartenant au groupe Tencent, la cote de popularité de Poutine a plafonné à 92 % en Chine après l'annexion de la Crimée en mars. «La personnalité de Poutine est impressionnante, en tant qu'homme comme en tant que dirigeant, souligne Zhao Huasheng, expert de relations sino-russes à l'université Fudan de Shanghaï. Il défend les intérêts de la Russie. Les Chinois sont attirés par cela.»
Peut-être les Chinois sont-ils rassurés de voir que «Xi Dada», le «grand Xi», n'est pas le seul dirigeant d'une grande puissance à inquiéter le monde. Comme Poutine, il est adepte du culte de la personnalité et cultive l'autoritarisme pour gouverner d'une main de fer. Tous deux entretiennent la nostalgie de la «grandeur» passée de leur nation pour fonder le renouveau. Ils sont unis dans le rejet des valeurs occidentales prônant la démocratie, les libertés et les droits de l'homme et s'épaulent face aux critiques d'un monde qui se braque contre les transgressions provoquées par leurs ambitions.
Chine et Russie se sont rapprochées à mesure que se creusait le fossé entre Moscou et les nations occidentales. En s'adjugeant la Crimée, en soutenant les rebelles séparatistes en Ukraine, en réprimant la «propagande» homosexuelle ou en traquant ses opposants, le régime de Poutine a hérissé les États-Unis et les pays de l'Union européenne, mais pas la Chine. Régulièrement mis en cause par les Occidentaux sur les droits de l'homme, Pékin, de son côté, est en délicatesse avec ses voisins en raison de ses ambitions maritimes et s'est retrouvé à nouveau sous le feu des critiques pour avoir adopté des règles tuant dans l'œuf toute candidature de l'opposition hongkongaise à l'élection de 2017.
Par Patrick Saint-Paul | lefigaro