L’hypocrisie de la formation en un jour des journalistes en neutralité électorale Les journalistes comoriens, en période électorale, doiven...
L’hypocrisie de la formation en un jour des journalistes en neutralité électorale
Les journalistes comoriens, en période électorale, doivent «relater sans partialité aucune, ce qui se passe dans les institutions chargées des élections, je veux dire la CÉNI et ses démembrements insulaires et communaux, mais aussi, entre autres, lors des meetings et des tournées électorales, de sorte qu’aucun candidat ne se sente lésé par vos prestations journalistiques». D’ailleurs, «c’est connu, le journalisme est une arme on ne plus tranchante, qui peut, avec la moindre erreur, qu’il s’agisse d’une description ou d’un commentaire, mettre en péril la paix et la stabilité à laquelle nous aspirons tous, notamment en période électorale». Mais, qui est le gai luron qui tient un discours aussi noble et aussi responsable? Cette question! Cette question inutile! Il s’agit de notre bon et brave Houssen Hassan Ibrahim dit «Jeannot», «l’ami Jean», l’incomparable, l’inégalable, le plus que trop riche (une très belle façon de devenir très riche) et l’inimitable ministre de l’Intérieur, de l’Information, de la Décentralisation, chargé des Relations avec les Institutions (Allah! Allah! Enfin, nous en avons fini avec la fameuse liste de ses fonctions et nous pouvons passer à autre chose).
L’inimitable «Jeannot» a débité son petit discours sur l’objectivité et la neutralité des médias lors de ces facéties dont le gouvernement comorien, avec «l’aide» de la communauté internationale, a le secret: enfermer des gens à l’Hôtel Retaj en un jour ou deux jours, comme cela a été le cas avec la Commission électorale nationale «indépendante» (CÉNI) et la Cour constitutionnelle, en faire des professionnels dans tel domaine ou dans tel autre, et leur décerner un Doctorat en Droit constitutionnel, Section «Contentieux électoral». Dieu en soit loué! Cette fois, ce sont l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO) qui ont mis la main à la pâte, mais pour des futilités. Il s’agit bien de «futilités» parce que le lundi 10 novembre 2014, l’Hôtel Retaj a abrité une petite plaisanterie malsaine consistant à former les journalistes en déontologie en période électorale, mais en un jour! Les gens qui étaient invités à cette joyeuseté sont censés être des journalistes professionnels et non des blogueurs amateurs. Or, les journalistes professionnels sont censés avoir été formés dans des Écoles de Journalisme et sont également censés connaître cette déontologie, vecteur d’impartialité, objectivité et neutralité. Quand on est journaliste professionnel et qu’on ne connaît pas cette déontologie, c’est qu’on s’est trompé de métier. Ceux qui ont été formés à l’Institut supérieur de Journalisme (ISJ) de Rabat, au Maroc, devenu Institut supérieur de l’Information et de la Communication, comprennent tout en lisant la belle citation de feu Sa Majesté le Roi Mohammed V inscrite sur le fronton de l’institution: «L’information est sacrée, le commentaire libre».
Mohamed Jaffar Abbas, Président du Conseil national de la Presse et de l’Audiovisuel (CNPA), qui ergotait, pérorait et dissertait dans le vide à l’Hôtel Retaj lors du fameux séminaire, a été formé et diplômé dans des conditions poussives et hilarantes à l’ISJ de Rabat, et on n’a pas entendu de sa part des propositions révolutionnaires pour faire avancer la cause de la déontologie de l’information aux Comores. C’est la joie. C’est la fête au village. D’ailleurs, il fallu que les Comores soient entrées dans une phase d’illusions électorales pour entendre parler de la nécessité d’élaborer une «Charte sur la conduite des organes de presse en période électorale» et de «Charte du journaliste comorien en période électorale». Ce qui signifie que le métier de journaliste aux Comores repose sur le néant et non sur des textes juridiques. Faut-il rire ou pleurer après avoir appris tout ça? Naturellement, tout ceci crée un malaise et un sentiment de confusion.
On pourrait même parler de bidonnage et de moquerie parce que l’objectivité journalistique n’est pas un machin à géométrie variable qu’on applique en période électorale ou hors période électorale. L’objectivité journalistique est une et indivisible. En plus, on s’interroge sur la sincérité des autorités comoriennes quand on sait que ce sont elles qui bafouent la liberté de la presse aux Comores, quand on sait que ce sont elles qui faussent les règles de la neutralité de la presse aux Comores. «L’opposition» n’a même pas accès aux médias publics, devenus la voix de leur maître. Et puis, avant même son investiture, le Docteur Ikililou Dhoinine avait reçu par écrit d’un certain Djoiezien la suggestion de ne pas commettre l’erreur de faire du ministre de la Défense celui de l’Intérieur car c’est très dangereux pour lui-même et pour son régime politique, et de ne pas faire du ministre de l’Intérieur celui de l’Information ou de la Communication car cela conduit à de graves restrictions en matière de liberté de la presse à cause de la vision sécuritaire que revêt alors la communication. Or, «Jeannot» est ministre de l’Intérieur mais également celui de l’Information. Cherchez l’erreur. Cherchez l’erreur, Mesdames, Messieurs. Qui, dans les Comores d’aujourd’hui croit une seconde que l’ami Houssen Hassan Ibrahim va devenir le parangon de la liberté de la presse, lui qui interdit les meetings des partis politiques? Qu’a-t-il fait pour promouvoir la modernité du secteur aux Comores, alors qu’un article du journal gouvernemental Al Watwan peut faire l’objet d’une censure décidée par le joyeux gouvernement comorien? Soyons sérieux!
D’ailleurs, on va beaucoup rigoler quand le gouvernement se décidera enfin à organiser les fameuses élections, parce que pour couvrir celles-ci, il faudra une accréditation spéciale. Ce qui veut dire que les trublions seront écartés des événements électoraux. On a envie de rire parce que cela suppose que les autorités se contredisent elles-mêmes sur le lieu même où elles enseignent la vertu journalistique. Quelle grandeur d’âme! Quelle intelligence! Est-ce à dire que le ministre Houssen Hassan Ibrahim va placer des policiers devant tous les lieux où doivent se tenir tous les meetings et poser la question aux gens pour savoir s’ils sont des spectateurs ou des journalistes, et interdire la salle à ceux des journalistes qui n’ont pas d’accréditation? Et que faire des blogueurs, alors que les Comores ne délivrent pas de carte de presse à cette nouvelle catégorie de journalistes, ceux qui travaillent vraiment sur l’actualité, nonobstant leurs erreurs de jeunesse? Faut-il avoir une autorisation spéciale pour assurer la couverture médiatique d’un meeting du frère Mohamed Abdouloihabi ou à l’autre frère qu’est le Général Salimou Mohamed Amiri? Est-ce que, quand on est un homme pacifique et responsable, on a besoin d’une autorisation spéciale du ministre Houssen Hassan Ibrahim pour couvrir un meeting d’Ahmed Sambi, Maître Fahmi Saïd Ibrahim, Maître Saïd Larifou et bien d’autres? E tout cas, on tue la politique aux Comores.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Jeudi 13 novembre 2014.
Les journalistes comoriens, en période électorale, doivent «relater sans partialité aucune, ce qui se passe dans les institutions chargées des élections, je veux dire la CÉNI et ses démembrements insulaires et communaux, mais aussi, entre autres, lors des meetings et des tournées électorales, de sorte qu’aucun candidat ne se sente lésé par vos prestations journalistiques». D’ailleurs, «c’est connu, le journalisme est une arme on ne plus tranchante, qui peut, avec la moindre erreur, qu’il s’agisse d’une description ou d’un commentaire, mettre en péril la paix et la stabilité à laquelle nous aspirons tous, notamment en période électorale». Mais, qui est le gai luron qui tient un discours aussi noble et aussi responsable? Cette question! Cette question inutile! Il s’agit de notre bon et brave Houssen Hassan Ibrahim dit «Jeannot», «l’ami Jean», l’incomparable, l’inégalable, le plus que trop riche (une très belle façon de devenir très riche) et l’inimitable ministre de l’Intérieur, de l’Information, de la Décentralisation, chargé des Relations avec les Institutions (Allah! Allah! Enfin, nous en avons fini avec la fameuse liste de ses fonctions et nous pouvons passer à autre chose).
L’inimitable «Jeannot» a débité son petit discours sur l’objectivité et la neutralité des médias lors de ces facéties dont le gouvernement comorien, avec «l’aide» de la communauté internationale, a le secret: enfermer des gens à l’Hôtel Retaj en un jour ou deux jours, comme cela a été le cas avec la Commission électorale nationale «indépendante» (CÉNI) et la Cour constitutionnelle, en faire des professionnels dans tel domaine ou dans tel autre, et leur décerner un Doctorat en Droit constitutionnel, Section «Contentieux électoral». Dieu en soit loué! Cette fois, ce sont l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO) qui ont mis la main à la pâte, mais pour des futilités. Il s’agit bien de «futilités» parce que le lundi 10 novembre 2014, l’Hôtel Retaj a abrité une petite plaisanterie malsaine consistant à former les journalistes en déontologie en période électorale, mais en un jour! Les gens qui étaient invités à cette joyeuseté sont censés être des journalistes professionnels et non des blogueurs amateurs. Or, les journalistes professionnels sont censés avoir été formés dans des Écoles de Journalisme et sont également censés connaître cette déontologie, vecteur d’impartialité, objectivité et neutralité. Quand on est journaliste professionnel et qu’on ne connaît pas cette déontologie, c’est qu’on s’est trompé de métier. Ceux qui ont été formés à l’Institut supérieur de Journalisme (ISJ) de Rabat, au Maroc, devenu Institut supérieur de l’Information et de la Communication, comprennent tout en lisant la belle citation de feu Sa Majesté le Roi Mohammed V inscrite sur le fronton de l’institution: «L’information est sacrée, le commentaire libre».
Mohamed Jaffar Abbas, Président du Conseil national de la Presse et de l’Audiovisuel (CNPA), qui ergotait, pérorait et dissertait dans le vide à l’Hôtel Retaj lors du fameux séminaire, a été formé et diplômé dans des conditions poussives et hilarantes à l’ISJ de Rabat, et on n’a pas entendu de sa part des propositions révolutionnaires pour faire avancer la cause de la déontologie de l’information aux Comores. C’est la joie. C’est la fête au village. D’ailleurs, il fallu que les Comores soient entrées dans une phase d’illusions électorales pour entendre parler de la nécessité d’élaborer une «Charte sur la conduite des organes de presse en période électorale» et de «Charte du journaliste comorien en période électorale». Ce qui signifie que le métier de journaliste aux Comores repose sur le néant et non sur des textes juridiques. Faut-il rire ou pleurer après avoir appris tout ça? Naturellement, tout ceci crée un malaise et un sentiment de confusion.
On pourrait même parler de bidonnage et de moquerie parce que l’objectivité journalistique n’est pas un machin à géométrie variable qu’on applique en période électorale ou hors période électorale. L’objectivité journalistique est une et indivisible. En plus, on s’interroge sur la sincérité des autorités comoriennes quand on sait que ce sont elles qui bafouent la liberté de la presse aux Comores, quand on sait que ce sont elles qui faussent les règles de la neutralité de la presse aux Comores. «L’opposition» n’a même pas accès aux médias publics, devenus la voix de leur maître. Et puis, avant même son investiture, le Docteur Ikililou Dhoinine avait reçu par écrit d’un certain Djoiezien la suggestion de ne pas commettre l’erreur de faire du ministre de la Défense celui de l’Intérieur car c’est très dangereux pour lui-même et pour son régime politique, et de ne pas faire du ministre de l’Intérieur celui de l’Information ou de la Communication car cela conduit à de graves restrictions en matière de liberté de la presse à cause de la vision sécuritaire que revêt alors la communication. Or, «Jeannot» est ministre de l’Intérieur mais également celui de l’Information. Cherchez l’erreur. Cherchez l’erreur, Mesdames, Messieurs. Qui, dans les Comores d’aujourd’hui croit une seconde que l’ami Houssen Hassan Ibrahim va devenir le parangon de la liberté de la presse, lui qui interdit les meetings des partis politiques? Qu’a-t-il fait pour promouvoir la modernité du secteur aux Comores, alors qu’un article du journal gouvernemental Al Watwan peut faire l’objet d’une censure décidée par le joyeux gouvernement comorien? Soyons sérieux!
D’ailleurs, on va beaucoup rigoler quand le gouvernement se décidera enfin à organiser les fameuses élections, parce que pour couvrir celles-ci, il faudra une accréditation spéciale. Ce qui veut dire que les trublions seront écartés des événements électoraux. On a envie de rire parce que cela suppose que les autorités se contredisent elles-mêmes sur le lieu même où elles enseignent la vertu journalistique. Quelle grandeur d’âme! Quelle intelligence! Est-ce à dire que le ministre Houssen Hassan Ibrahim va placer des policiers devant tous les lieux où doivent se tenir tous les meetings et poser la question aux gens pour savoir s’ils sont des spectateurs ou des journalistes, et interdire la salle à ceux des journalistes qui n’ont pas d’accréditation? Et que faire des blogueurs, alors que les Comores ne délivrent pas de carte de presse à cette nouvelle catégorie de journalistes, ceux qui travaillent vraiment sur l’actualité, nonobstant leurs erreurs de jeunesse? Faut-il avoir une autorisation spéciale pour assurer la couverture médiatique d’un meeting du frère Mohamed Abdouloihabi ou à l’autre frère qu’est le Général Salimou Mohamed Amiri? Est-ce que, quand on est un homme pacifique et responsable, on a besoin d’une autorisation spéciale du ministre Houssen Hassan Ibrahim pour couvrir un meeting d’Ahmed Sambi, Maître Fahmi Saïd Ibrahim, Maître Saïd Larifou et bien d’autres? E tout cas, on tue la politique aux Comores.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Jeudi 13 novembre 2014.