Le syndrome de Mohéli-2010 pourra-t-il donc se répéter à la Grande-Comore en 2016? En bonne Djoiezienne de son époque, follement amoure...
Le syndrome de Mohéli-2010 pourra-t-il donc se répéter à la Grande-Comore en 2016?
En bonne Djoiezienne de son époque, follement amoureuse, fidèle et entièrement dévouée, cette femme écouta attentivement son mari, qu’elle n’avait jamais vu avant le jour du mariage, lui énumérer ses goûts culinaires: «Pour mon repas quotidien, les choses sont très simples. Chaque fois, ça sera du riz au coco, des feuilles de manioc au coco et de la sauce au coco». Comme la brave femme était vieille fille à 17 ans, elle accepta tout. Au bout de 5 jours, elle dit à son chéri: «Je suis à bout avec tes histoires de coco. Prends tes affaires et dégage d’ici». Et ce fut la fin d’une belle histoire d’amour. Cette affaire n’est pas sans rappeler la fin tragique des relations de confiance entre les Comoriens et leur fameuse «opposition». Celle-ci se présente devant le peuple en promettant monts et merveilles et surtout en montant en épingle les faiblesses somme toute réelles du gouvernement. Ce qui est la chose la plus facile dans un pays dont le gouvernement relève de la farce criminelle.
Mais, au bout d’un certain temps, le peuple dit que ces «opposants» fades, tièdes et insipides qui critiquent occasionnellement et hypocritement le gouvernement ne valent pas mieux que ledit gouvernement, pourtant fort critiquable, étant donné qu’il n’a ni vision sociétale globale, ni perspectives socioéconomiques même à très court terme, mais juste une folle envie de passer le temps en s’en mettant plein les poches. En d’autres termes, la fameuse «opposition», complètement constipée, ne s’étouffe pas par sa crédibilité et son sérieux. Cette «opposition» a le tort de ne même pas exister. Elle n’existe pas. Bien pire, quand elle remue dans sa gesticulation dramatique, elle n’a aucune stratégie sectorielle, ni d’ensemble. Cette «opposition» comorienne s’achemine tout droit vers le syndrome Mohéli-2010: une unité de façade contre le gouvernement avant les élections, et la débandade calamiteuse et honteuse au moment des élections, ouvrant au candidat du pouvoir un large boulevard vers la présidence de la République. N’est-ce pas ce qui a permis à Ikililou Dhoinine d’être élu Président en 2010?
Aujourd’hui, cet opposant farouche au régime politique actuel, bien attablé dans un restaurant parisien, dit: «Personne n’a été plus vache envers le Vice-président Mohamed Ali Soilihi que moi. Longtemps, par pure vengeance politique, par haine politicienne, je l’avoue, je l’ai traîné dans la boue et je me suis associé à ceux qui l’ont traîné dans la boue par pure haine. Il m’a fallu le regarder dans le traitement de deux dossiers stratégiques qui me tenaient à cœur à titre personnel. Et là, à ma grande honte, j’ai découvert un grand homme d’État, un homme d’État responsable et conscient des enjeux économiques et sociaux actuels aux Comores. Je ne vais pas répéter en public ce que je viens de dire ici, parce qu’il est un concurrent politique, et en politique, on ne se fait pas de cadeau. Il n’empêche que je reconnais en lui un homme d’État qui, s’il arrive à valoriser son œuvre par un marketing politique habile, sera inéluctablement le favori au cours de l’élection présidentielle de 2016».
Quand on connaît l’acharnement de l’auteur de ces mots envers le Vice-président Mohamed Ali Soilihi, on ne peut qu’être surpris, tant il a vilipendé et dénigré jusqu’à un passé récent le Vice-président, l’accusant de tous les maux de la terre, le calomniant et le dénigrant avec une hargne proverbiale. Aujourd’hui, le discours a complètement changé et la chose a son importance en politique. Car, ce n’est pas le Gouverneur Mouigni Baraka de la Grande-Comore, dauphin putatif du Président Ikililou Dhoinine, qui pourra bénéficier d’une nouvelle donne politique, mais le très expérimenté Mohamed Ali Soilihi, à condition d’être à la hauteur en termes de marketing politique. Mouigni Baraka n’a pas de bilan à défendre. Il n’a rien fait de bien pour le pays, mais développé une corruption indécente. Et il a encore fallu qu’il aille faire son match de boxe et de catch à Aubervilliers comme un mauvais garçon de quartier mal famé, après avoir failli tuer de jeunes Comoriens et Comoriennes. La seule question qui se pose alors est celle de savoir si l’équipe de stratégie politique et de communication du Vice-président Mohamed Ali Soilihi saura profiter de cette situation qui pourra être très favorable à son champion. Le principal atout de l’entourage du Vice-président en la matière repose sur l’absence totale d’image chez nombre d’«opposants», qui n’existent même pas sur le plan médiatique, ne serait-ce que de manière négative. Et puis, quand viendra le temps des divisions, les petites solidarités objectives actuelles voleront en éclats.
Ces divisions sont inévitables car les candidatures sont multiples et donc antagoniques. Chacun pense à sa propre survie politique et cela va immanquablement favoriser le Vice-président Mohamed Ali Soilihi, pour peu qu’il se politise davantage et oublie son côté technocratique froid. En attendant, certains «opposants» renforcent sa position de premier de la classe, en lui demandant ouvertement de les prendre pour colistier à la Grande-Comore. Voir donc un concurrent demander à se mettre derrière un candidat est un signal politique très fort. Au surplus, il se murmure et se chuchote même que Hamada Madi Boléro ne serait pas fâché de devenir le colistier du Vice-président à Mohéli, mais «on ne prête qu’aux riches».
Par ARM
©lemohelien Dimanche 16 novembre 2014.