Malédiction et damnation des fainéants baptisés «les intellectuels comoriens»

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Malédiction et damnation des fainéants baptisés «les intellectuels comoriens»

Inutiles, rouillés, improductifs et stériles, ils ne font rien pour se faire respecter

Les Comores ont-elles des diplômés? Oui, et par milliers par an, des diplômés formés dans toutes disciplines, dans plusieurs pays du monde. Mais, ces Comores-là, ont-elles des vrais intellectuels? Cette question! Où a-t-on vu des «intellectuels comoriens»? Où sont-ils d’ailleurs, ces «intellectuels comoriens»? Nulle part. Il n’y en a pas. En réalité, chaque année, l’Université renvoie vers les Comores, des milliers de Comoriens. Ces Comoriens sont des diplômés, même si on peut déplorer des centaines de cas de déscolarisation et d’échec. Des diplômés, les Comores en ont donc, mais des intellectuels, point. Pourquoi? Parce que le mot «intellectuel» renvoie à celui qui prend position sur la sphère publique pour livrer différentes analyses et des positions personnelles sur un certain nombre de sujets. Son but n’est pas de se faire aimer, mais d’éveiller les consciences. C’est un Homme engagé. C’est un Homme qui prend position sur des sujets de société, quitte à heurter la sensibilité des bien-pensants, connus pour leur aversion envers tout ce qui peut provoquer un électrochoc susceptible de faire évoluer les mentalités.

 Or, dans la sphère publique comorienne, il est interdit de mener une réflexion sur la société comorienne car cette réflexion peut mener à des dénonciations. Et, dénoncer une pratique sociale ou politique aux Comores est considéré comme un vecteur de haine et de mépris envers l’autre. Ceux qui sont considérés comme des «intellectuels» aux Comores non seulement ne se livrent à aucune réflexion sur la société comorienne, mais en plus, se livrent entre eux à une jalousie haineuse. 

La jalousie des «intellectuels» des Comores est particulièrement virulente même envers les chercheurs français, dont certains sont tout simplement accusés d’«apologie du colonialisme et du néocolonialisme». Les plus critiqués sont les plus prolifiques sur les Comores: Jean Martin et Pierre Vérin. D’ailleurs, Pierre Vérin a pu écrire, sans doute, à juste titre: «À celui qui s’intéresse au passé des Comores, de 1798 à 1912, il est indispensable d’avoir recours à l’admirable Thèse de Jean Martin, Quatre îles entre pirates et planteurs, dont les 1085 pages contiennent un dépouillement et une présentation de toutes les sources écrites connues. Mais, l’auteur a, aussi, contrairement à certaines assertions de chercheurs qui l’ont beaucoup critiqué mais ont fort peu écrit, fait usage de sources orales dont il a bien perçu l’intérêt, notamment pour la Grande-Comore»: Pierre Vérin: Les Comores, Karthala, Collection «Méridiens», Paris, 1994, p. 7.
  
L’accusation de Pierre Vérin est entièrement fondée: ceux qui «ont fort peu écrit» ou rien écrit sont toujours prompts à dénigrer le travail des autres. Si les «intellectuels comoriens» n’écrivent rien, rien n’empêche les chercheurs français de faire le travail à leur place. En effet, la science n’a pas de frontière. Les Marocains ne vont pas reprocher au chercheur comorien d’avoir publié en 2014 deux livres sur le Maroc, l’un sur la «Sociologie de la diplomatie marocaine», et l’autre sur «Ce que le Maroc doit au Roi Hassan II». Le problème avec «les intellectuels comoriens», c’est qu’ils voudraient que personne en dehors d’eux n’écrive sur les Comores. Or, «l’intellectuel comorien» n’écrit rien. Il se contente d’exhiber des diplômes et de s’endormir sur ses lauriers universitaires. Dès lors, gare à l’universitaire comorien qui prendra position et qui choisira d’émettre des opinions sur les «ressorts intimes» de la société de son pays. Les premiers à s’insurger contre lui sont ceux qui «ont fort peu écrit» et qui n’ont rien écrit d’intéressant. Et quand l’un d’entre eux écrit une phrase qui n’est pas admise par «l’idéologie littéraire et politique dominante», il s’expose à la vindicte des bien-pensants.
  
L’analyste politique Saïd-Omar Allaoui suit ces luttes fratricides d’un œil courroucé, voire scandalisé. Son courroux est d’autant plus grand qu’il constate: «J’aimerais bien voir les historiens mohéliens s’intéresser à l’Histoire de Mohéli. Personne n’écrira celle-ci à leur place et de manière convaincante. Les événements politiques aujourd’hui entrés dans l’Histoire n’ont fait l’objet d’aucune étude historique. L’étranger qui en parlera un jour ne fera pas le travail avec un regard endogène, pourtant nécessaire pour savoir d’abord ce qui s’est passé. 

On n’empêchera pas d’autres d’écrire cette Histoire, mais avec des risques d’oubli et de travestissement de certaines réalités historiques, sans parler des oublis. Il va sans dire que si un historien comme Mourtadhoi Abdallah se mettait au travail tout de suite, il serait d’un grand apport, et cela nous éviterait d’avoir Djabir Salim comme seule référence sur l’Histoire de Mohéli». Féru d’Histoire, le diplomate Mirhane Bourhane n’a pas manqué de dire à l’écrivain SAST que dans son dernier roman historique, on ne situe pas très bien la ligne de démarcation entre l’Histoire et le Roman, notamment quand il parle de vassalisation de Mohéli par Anjouan, que Mirhane Bourhane conteste entièrement et totalement, préférant parler d’«invasions anjouanaises sur Mohéli», comme il y avait eu des invasions malgaches sur les Comores, sans aller jusqu’à la vassalisation des Comores par Madagascar.
  
Certains Comoriens écrivent épisodiquement. La plupart ont choisi le Roman et l’Histoire. Ici et là, quelques économistes émergent. La Science politique fait office de parent pauvre. Toujours est-il qu’à un moment où le pays est englué dans de graves problèmes de gouvernance, on n’entend pas des «intellectuels comoriens» des propositions révolutionnaires pour sortir les Comores de l’ornière. Et quand tel écrivain exprime sa petite colère sur la manière dont le pays est très mal gouverné, il s’expose au risque de voir ses prises de position analysées à l’aune de petites mesquineries personnelles. À ce rythme-là, il faudra des siècles pour assister à l’apparition d’une «intelligentzia comorienne». Cela fait des années que Moncef Saïd Ibrahim fait tout pour attirer l’attention des uns et des autres sur la nécessité de lancer une Revue d’Études comoriennes. Il prêche dans le désert, mais il ne perd pas espoir car il sait qu’il défend un projet très noble, que les pouvoirs publics comoriens gagneraient à soutenir pour essayer de donner un sens à la recherche aux Comores.
  
Aujourd’hui, le spécialiste déplore la disparition de la grande référence qu’était l’Annuaire des Pays de l’océan Indien, naguère publié par l’Université d’Aix. Tout chercheur comorien sérieux connaît cette référence. Pourquoi les Comores ne cherchent-elles pas à mettre en place une équipe interdisciplinaire pour essayer de combler cette lacune? Il n’est un secret pour personne que l’écriture ne nourrit aucun Comorien. Pourquoi donc les Comores ne se penchent-elles pas sur cette Revue d’Études comoriennes? Il s’agit d’aller au-delà des petites complaisances entre copains du CNDRS. L’Université des Comores ne produit rien. «Oui, mais comment produirait-elle alors que les scientifiques comoriens se sont tous expatriés?», seraient tentés de rétorquer certains. Ils ont raison, d’ailleurs. Cependant, aux Comores, on personnalise tout et on politise tout. Déjà entre professeurs de l’Université des Comores, le climat n’est pas à la franche camaraderie. Comment alors pouvoir faire de la recherche scientifique aux Comores? En plus, si l’État veut soutenir la recherche universitaire aux Comores, il y a un prix à payer, et celui-ci commence par la définition des conditions de travail. Un scientifique qui va développer un axe de travail n’est pas un fonctionnaire qui doit être soumis aux caprices, humeurs et hormones des gens, mais à une discipline rigoureuse.
  
Aucun «intellectuel comorien» ne travaille avec un autre «intellectuel comorien». Chacun fait ses petites affaires loin des autres. Il n’y a aucun travail d’équipe. Cet isolement ne facilite pas la production scientifique et littéraire. Personne ne croit avoir intérêt à collaborer avec l’autre, et les résultats sont là: «l’intellectuel comorien» est vermoulu et improductif. Même l’encadrement des étudiants à l’Université des Comores relève de l’Incha Allah, du probable et de l’improbable. Le ministère du Docteur Abdoulkarim Mohamed pourrait faire beaucoup, mais les Comores sont dans un état intellectuel végétatif. Elles n’ont et ne favorisent aucune culture de production de sens. Comme dit Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed, Président du Parti Comores Alternatives et candidat à l’élection présidentielle de 2016, «nous sommes appelés à développer une culture de l’intelligence si nous voulons progresser. Nous devons valoriser le savoir au lieu de dénigrer, craindre et minimiser les hommes et femmes de savoir».

Par ARM
© lemohelien– Mardi 25 novembre 2014.
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