La farce sinistre continue: décernement du Doctorat en Conflits électoraux en 4 jours Une charmante mentalité. Bientôt, aux Comores, les po...
La farce sinistre continue: décernement du Doctorat en Conflits électoraux en 4 jours
Une charmante mentalité. Bientôt, aux Comores, les pouvoirs publics vont organiser un gros séminaire sur la manière de donner naissance à terme à un enfant, sain et sauf, au bout de quatre jours de grossesse. N’est-ce pas le nouveau truc à la mode à Moroni que de continuer la grande farce sinistre consistant à enfermer les gens dans un hôtel et à leur décerner un Doctorat d’État en Droit constitutionnel spécial sur les différentes branches concernant les élections? Chaque fois que les autorités comoriennes sont saisies de démangeaisons cérébrales et qu’elles se lancent dans cette nouvelle facétie, la fameuse «communauté internationale», bien désireuse de justifier l’octroi d’une «aide au développement qui n’en est pas une» (selon la belle formule de la Tanzanienne Annar Kassam), finance ces lubies dépensières à l’utilité plus que douteuse. Cette nouvelle plaisanterie des autorités comoriennes est à rattacher cette fois au Projet d’Appui à la Crédibilité et à la Transparence du Processus électoral (PACTÉ), entièrement pris en charge et organisé par le Centre européen d’Appui aux Processus électoraux (ECES) et financé par l’Union européenne. Quel gaspillage, surtout en période de crise! Chaque fois qu’une telle comédie est organisée par les pouvoirs publics, les membres de la «société civile», de la presse, des Forces de sécurité, de la Cour constitutionnelle honnie, et de la Commission électorale nationale «indépendante» (CÉNI) sont associés à la démarche, puisque ce sont eux qui sont censés bénéficier de la «formation doctorale en 4 jours».
C’est la version encore raccourcie du plus que fameux Doctorat en Philosophie que vient d’obtenir Grace Mugabe, la femme de son mari présidentiel qui, deux mois après son inscription en Thèse à l’Université du Zimbabwe, a été déclarée Docteure, étant entendu que le Président Robert Mugabe, sa «douce» moitié, est également le Chancelier de l’Université du Zimbabwe. Cherchez l’erreur. C’est ainsi que jeudi 20 novembre 2014, après 4 jours de «formation doctorale», les Comores s’enorgueillirent d’accueillir la première promotion de leurs Docteurs d’État en «Leadership et Gestion de Conflits pour les Acteurs électoraux». Quelle belle réussite pour les Comores alors! Bien évidemment, y on pris part, les membres de la Cour constitutionnelle et leurs homologues de la CÉNI, qui n’a d’«électorale» que le nom, puisque tout se décide ailleurs, surtout au bureau de Son Excellence Monsieur Houssen Hassan Ibrahim, qu’on ne présente plus, lui qui est le ministre de l’Intérieur, de l’Information, de la Décentralisation, chargé des Relations avec les Institutions (Tralala!) et sur qui se fondent tous les espoirs du gouvernement en matière de fraude électorale. Aujourd’hui, ce qui compte le plus quand sont organisés les célèbres séminaires sans fin, ni finalité, c’est le «Tahlil», littéralement l’argent remis à ceux qui psalmodient le Coran lors d’un décès, et après un glissement sémantique, l’indemnité qui est remise aux personnes participant à des travaux de type séminaire, journée d’études, etc.
Une fois de plus, on est donc sidéré quand on constate que la matière électorale, connue pour son extrême sensibilité, est expédiée dans des chambres et salles d’hôtel comme s’il était question d’un simple bifteck à manger entre deux réunions insipides. Alors que les processus électoraux ont dévoilé de nombreux dysfonctionnements dans les pays d’Afrique, au point de générer des conflits postélectoraux durables et d’une grande intensité, les pouvoirs publics comoriens ne semblent pas comprendre la gravité d’une élection contestée. Et, au lieu de choisir des juristes déjà formés et à qui il faudra rappeler les fondamentaux des élections, ils continuent à opter pour des bambochards qui n’ont aucune notion de Droit constitutionnel et qui font la honte des institutions comoriennes chargées des élections. Bien évidemment, Saïd Mzé Dafiné, l’enfant chéri de Salimani-Hambou et membre de la CÉNI nommé par le Président Ikililou Dhoinine en personne, est un homme de bonne foi, et il est de bonne foi quand il déclare que la fameuse «formation doctorale de 4 jours» est «bénéfique généralement, et spécialement en période électorale», avant d’ajouter: «Heureusement que nous ne connaissons pas de violence électorale aux Comores. Mais, c’est l’occasion pour nous de renforcer la prévention des conflits et s’apprêter à se parer à l’éventualité». Ce que l’homme de Salimani-Hambou (qui se fait très discret ces derniers temps) ne dit pas, c’est que, s’il n’y a pas de «violence électorale aux Comores», ce n’est pas parce qu’il n’existe pas de motifs légitimes pour les Comoriens de s’énerver, mais parce qu’il n’y a pas de vrais leaders pouvant conduire des frondes populaires en cas de fraudes électorale, dans un pays sans véritable opposition.
Pour les besoins de «la cause sacrée», Mme Zaharia Saïd Ahmed de l’ONG Réseau Femmes et Développement fait dans la langue de bois, estimant que «les bénéficiaires étaient très réceptifs et ont apporté le soutien qui se doit pour permettre aux formateurs de travailler dans de bonnes conditions et ont été satisfaits de leurs prestations». Les «bénéficiaires» ont «bénéficié» de quoi? D’argent oui, puisqu’il y a le fameux «Tahlil». Mais, pour le reste, il faut s’empêcher de sombrer dans le ridicule. Excessivement optimiste et fermant un peu trop facilement les yeux sur les magouilles électorales comoriennes, la même Zaharia Saïd Ahmed estime que les nouveaux Docteurs en Droit électoral sont «bien outillés de manière à pouvoir toucher du doigt la réalité de notre pays pendant tout le long du processus». Ce n’est pas sûr mais il ne faut pas gâcher la fête.
On l’aura compris: pendant que la Cour constitutionnelle et la CÉNI amusent le tapis dans des séminaires ridicules et deviennent de la crème Chantilly, les vraies décisions se prennent ailleurs, là où on pourra dire qui devra être élu frauduleusement et qui doit être recalé frauduleusement. À partir du moment où ces gens-là ont reçu leur «Tahlil», ils se moquent de tout. Le jour des élections, ils se laissent tous corrompre, préférant regarder ailleurs quand les gens du pouvoir procèdent aux tripatouillages des listes électorales et des procès-verbaux des élections. En 2002 et en 2010, l’infamie avait atteint des sommets, et les pouvoirs publics avaient fait comme si de rien n’était dans la souriante Union des Comores.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Dimanche 23 novembre 2014.
Une charmante mentalité. Bientôt, aux Comores, les pouvoirs publics vont organiser un gros séminaire sur la manière de donner naissance à terme à un enfant, sain et sauf, au bout de quatre jours de grossesse. N’est-ce pas le nouveau truc à la mode à Moroni que de continuer la grande farce sinistre consistant à enfermer les gens dans un hôtel et à leur décerner un Doctorat d’État en Droit constitutionnel spécial sur les différentes branches concernant les élections? Chaque fois que les autorités comoriennes sont saisies de démangeaisons cérébrales et qu’elles se lancent dans cette nouvelle facétie, la fameuse «communauté internationale», bien désireuse de justifier l’octroi d’une «aide au développement qui n’en est pas une» (selon la belle formule de la Tanzanienne Annar Kassam), finance ces lubies dépensières à l’utilité plus que douteuse. Cette nouvelle plaisanterie des autorités comoriennes est à rattacher cette fois au Projet d’Appui à la Crédibilité et à la Transparence du Processus électoral (PACTÉ), entièrement pris en charge et organisé par le Centre européen d’Appui aux Processus électoraux (ECES) et financé par l’Union européenne. Quel gaspillage, surtout en période de crise! Chaque fois qu’une telle comédie est organisée par les pouvoirs publics, les membres de la «société civile», de la presse, des Forces de sécurité, de la Cour constitutionnelle honnie, et de la Commission électorale nationale «indépendante» (CÉNI) sont associés à la démarche, puisque ce sont eux qui sont censés bénéficier de la «formation doctorale en 4 jours».
C’est la version encore raccourcie du plus que fameux Doctorat en Philosophie que vient d’obtenir Grace Mugabe, la femme de son mari présidentiel qui, deux mois après son inscription en Thèse à l’Université du Zimbabwe, a été déclarée Docteure, étant entendu que le Président Robert Mugabe, sa «douce» moitié, est également le Chancelier de l’Université du Zimbabwe. Cherchez l’erreur. C’est ainsi que jeudi 20 novembre 2014, après 4 jours de «formation doctorale», les Comores s’enorgueillirent d’accueillir la première promotion de leurs Docteurs d’État en «Leadership et Gestion de Conflits pour les Acteurs électoraux». Quelle belle réussite pour les Comores alors! Bien évidemment, y on pris part, les membres de la Cour constitutionnelle et leurs homologues de la CÉNI, qui n’a d’«électorale» que le nom, puisque tout se décide ailleurs, surtout au bureau de Son Excellence Monsieur Houssen Hassan Ibrahim, qu’on ne présente plus, lui qui est le ministre de l’Intérieur, de l’Information, de la Décentralisation, chargé des Relations avec les Institutions (Tralala!) et sur qui se fondent tous les espoirs du gouvernement en matière de fraude électorale. Aujourd’hui, ce qui compte le plus quand sont organisés les célèbres séminaires sans fin, ni finalité, c’est le «Tahlil», littéralement l’argent remis à ceux qui psalmodient le Coran lors d’un décès, et après un glissement sémantique, l’indemnité qui est remise aux personnes participant à des travaux de type séminaire, journée d’études, etc.
Une fois de plus, on est donc sidéré quand on constate que la matière électorale, connue pour son extrême sensibilité, est expédiée dans des chambres et salles d’hôtel comme s’il était question d’un simple bifteck à manger entre deux réunions insipides. Alors que les processus électoraux ont dévoilé de nombreux dysfonctionnements dans les pays d’Afrique, au point de générer des conflits postélectoraux durables et d’une grande intensité, les pouvoirs publics comoriens ne semblent pas comprendre la gravité d’une élection contestée. Et, au lieu de choisir des juristes déjà formés et à qui il faudra rappeler les fondamentaux des élections, ils continuent à opter pour des bambochards qui n’ont aucune notion de Droit constitutionnel et qui font la honte des institutions comoriennes chargées des élections. Bien évidemment, Saïd Mzé Dafiné, l’enfant chéri de Salimani-Hambou et membre de la CÉNI nommé par le Président Ikililou Dhoinine en personne, est un homme de bonne foi, et il est de bonne foi quand il déclare que la fameuse «formation doctorale de 4 jours» est «bénéfique généralement, et spécialement en période électorale», avant d’ajouter: «Heureusement que nous ne connaissons pas de violence électorale aux Comores. Mais, c’est l’occasion pour nous de renforcer la prévention des conflits et s’apprêter à se parer à l’éventualité». Ce que l’homme de Salimani-Hambou (qui se fait très discret ces derniers temps) ne dit pas, c’est que, s’il n’y a pas de «violence électorale aux Comores», ce n’est pas parce qu’il n’existe pas de motifs légitimes pour les Comoriens de s’énerver, mais parce qu’il n’y a pas de vrais leaders pouvant conduire des frondes populaires en cas de fraudes électorale, dans un pays sans véritable opposition.
Pour les besoins de «la cause sacrée», Mme Zaharia Saïd Ahmed de l’ONG Réseau Femmes et Développement fait dans la langue de bois, estimant que «les bénéficiaires étaient très réceptifs et ont apporté le soutien qui se doit pour permettre aux formateurs de travailler dans de bonnes conditions et ont été satisfaits de leurs prestations». Les «bénéficiaires» ont «bénéficié» de quoi? D’argent oui, puisqu’il y a le fameux «Tahlil». Mais, pour le reste, il faut s’empêcher de sombrer dans le ridicule. Excessivement optimiste et fermant un peu trop facilement les yeux sur les magouilles électorales comoriennes, la même Zaharia Saïd Ahmed estime que les nouveaux Docteurs en Droit électoral sont «bien outillés de manière à pouvoir toucher du doigt la réalité de notre pays pendant tout le long du processus». Ce n’est pas sûr mais il ne faut pas gâcher la fête.
On l’aura compris: pendant que la Cour constitutionnelle et la CÉNI amusent le tapis dans des séminaires ridicules et deviennent de la crème Chantilly, les vraies décisions se prennent ailleurs, là où on pourra dire qui devra être élu frauduleusement et qui doit être recalé frauduleusement. À partir du moment où ces gens-là ont reçu leur «Tahlil», ils se moquent de tout. Le jour des élections, ils se laissent tous corrompre, préférant regarder ailleurs quand les gens du pouvoir procèdent aux tripatouillages des listes électorales et des procès-verbaux des élections. En 2002 et en 2010, l’infamie avait atteint des sommets, et les pouvoirs publics avaient fait comme si de rien n’était dans la souriante Union des Comores.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Dimanche 23 novembre 2014.