Rififi et confusions dans un processus électoral vicié par les coups bas et la menace Taratata! Alors que, ce mercredi 19 novembre 2014...
Rififi et confusions dans un processus électoral vicié par les coups bas et la menace
Taratata! Alors que, ce mercredi 19 novembre 2014, nous annoncions dans l’article «Le Président Ikililou Dhoinine enrichit de l’uranium électoral en eaux troubles», article sous-intitulé «Pour sauver son Abdoulkarim Mohamed dans le Mbadjini-Ouest, il mobilise sa CRC» que le chef de l’État avait conclu un marché des dupes avec le Colonel Azali Assoumani de la CRC pour faire élire son ministre Abdoulkarim Mohamed, Houmed Msaïdié, Président du Parti RADHI, sonne la fin de la récréation en déclarant devant les micros d’Irchad Abdallah, «le Pape de Facebook», que le marché des dupes en question a été conclu avec son Parti RADHI. Quand Irchad Abdallah évoque «l’alliance de l’improbable, l’alliance contre-nature», très zen, Houmed Msaïdié déclare qu’«une alliance électorale obéit généralement à une vision, à un programme et des objectifs plus ou moins partagés ou bien elle est la résultante d’une stratégie ou d’une tactique.
L’alliance UPDC-RADHI dans le Ngongwé répond pour RADHI à des impératifs de stratégie et de tactique, et nous constatons que nous ne sommes pas les seuls dans ce domaine. Et il faut souligner ici que nous nous opposons avec force au gouvernement actuel dans sa manière de conduire les affaires de l’État, mais en même temps, sur le plan politique, nous poursuivons un objectif commun, celui de voir la tournante se dérouler telle qu’elle a débuté pour renforcer la stabilité retrouvée». Un peu trop fort tout de même, le frère Houmed Msaïdié, parce que l’acceptation de la présidence tournante ne justifie pas une alliance incongrue entre un parti qui se réclame de «l’opposition» et l’emblématique «parti cocotte-minute» du Président Ikililou Dhoinine. Cette affaire n’a aucun sens logique et rationnel. C’est du bidonnage.
D’ailleurs, en dehors du Parti de la Consanguinité politique d’Ahmed Sambi, les Comoriens ne connaissent pas d’autres partis politiques qui sont ouvertement hostiles à la présidence tournante. Pour autant, le RADHI n’a pas conclu des alliances électorales et électoralistes avec toutes les formations partisanes qui sont pour le maintien de la présidence tournante. Quand on pose la question à Hamada Madi Boléro, ami de Houmed Msaïdié, sur les raisons pour lesquelles ce dernier ne s’allie pas ouvertement à l’alliance de l’opposition constituée par le Prince Saïd-Ali Kemal, Maître Saïd Larifou, Abdou Soulé Elbak et d’autres, l’homme de Beït-Salam répond, énigmatique, que le Président du RADHI n’est pas homme à porter un sombrero comme les autres opposants. La formule est belle et séduisante, mais il en faut plus pour donner toute l’explication sur les zigzags électoraux du frère Houmed Msaïdié.
Au moment où l’homme de Mawéni, dans le Mboudé, essaie d’expliquer l’inexplicable, La Gazette des Comoresenfonce le clou en apprenant aux lecteurs que «sur place, les formations politiques font tout pour avoir des candidats et reconquérir les électeurs. Des manœuvres de “détournements de candidats” sont déjà enclenchées à la Grande-Comore. La semaine dernière, un suppléant du parti RADHI a été détourné pour un contrat d’embauche dans une entreprise publique. D’autres dirigeants de sociétés d’État menacent de licencier leurs agents qui ne feraient pas campagne pour les candidats du pouvoir, selon un employé d’un établissement public qui a requis l’anonymat par peur de représailles». C’est tout simplement très grave, voire gravissime.
Le dévoiement du service public est inadmissible. Et puis, comme on sait, quand il y a trop de coïncidences, on ne parle plus de coïncidences, mais de complots. Cela est d’autant plus vrai qu’Irchad Abdallah, «le Pape de Facebook», n’a pas été démenti par Houmed Msaïdié quand il a déclaré urbi et orbi,et sous forme d’accusation à peine voilée: «Le RADHI est-il dans la mouvance au pouvoir ou dans l’opposition? Je vous pose cette question à la suite d’un entretien qui aurait eu lieu entre le Président Ikililou Dhoinine et M. Abdou Souefou, lequel aurait abouti à ce qu’on appelle “l’alliance de l’improbable”, “l’alliance contre-nature”. J’entends par cette lecture la liste commune entre le dénommé Abdou Souefou membre éminent de votre parti et le ministre Abdoulkarim» Mohamed.
Ces contorsions politiciennes enlèvent toute lisibilité politique à l’action des partis, et sèment la confusion dans les esprits, à un moment où la méfiance et le mépris de la population envers les acteurs politiques sont devenus la règle générale. Comment le peuple comorien peut-il valablement comprendre l’argument d’un chef de parti politique disant: «Nous nous opposons avec force au gouvernement actuel dans sa manière de conduire les affaires de l’État, mais en même temps, sur le plan politique, nous poursuivons un objectif commun»? C’est illisible sur le plan politique. C’est illisible.
Mais, dans l’affaire, il y a autre chose: Houmed Msaïdié et Maître Ibrahim Ali Mzimba sont «amis». Alors, pourquoi le Président du RADHI a-t-il conclu une alliance électoraliste pour faire de l’ombre à son «ami» d’on ne sait plus combien d’années, un «ami» lancé dans une campagne électorale pour sa réélection? C’est quand même incongru. Et quand Irchad Abdallah lui demande, «stratégie ou alliance tactique pour faire battre l’avocat et Député sortant Maître Mzimba?», le Président du RADHI reste imperturbable: «Pas forcément pour faire battre qui que ce soit, mais surtout pour faire gagner nos candidats, compte tenu de notre analyse et de notre compréhension du terrain». C’est du serbo-croate mélangé à du chinois dans la langue des pygmées de la forêt tropicale africaine. C’est ahurissant, saugrenu, hallucinant et hallucinogène.
En tout état de cause, la transformation du service public en lieu de pressions et menaces sur les fonctionnaires et agents de l’État est indigne d’un État de Droit. Ça ne fait pas sérieux car le service public relève du bien commun et non du patrimoine d’un individu ou d’un parti destiné à disparaître au soir du 26 mai 2016. Cela étant, les pouvoirs publics doivent garder leur sang-froid pour éviter certaines confusions malsaines. Leurs ministres sont déjà donnés perdants, et c’est le cas d’El-Anrif Saïd Hassane dans le Mitsamiouli, et d’Abdoulkarim Mohamed dans le Mbadjini-Ouest, alliances politiques ou pas. Il y aura un déculottage de l’État quand on verra que les sommes faramineuses investies dans leurs campagnes électorales respectives le seront à fonds perdus. Pour l’instant, ils sont au pouvoir et ne connaissent rien des réalités sociologiques et politiques du terrain, à un moment où on apprend que la ministre Bahia Massounde est candidate à Mutsamudu. Si au moins dans ce pays on pouvait soutenir et promouvoir les candidatures féminines, pour changer un peu avec celles masculines, qui n’ont rien apporté de bien à ce pays!
Par ARM
© lemohelien – Jeudi 20 novembre 2014.