Le gouvernement comorien ruiné par une gabegie incontrôlée et par son irresponsabilité
Emporté par de dépenses ruineuses, l'État comorien veut sauter plus haut que lui-même.
Plaçant ostensiblement ses lunettes de vue au bout du nez pour voir ses interlocuteurs au-dessus d'elles, et surtout affichant sa tête des mauvais jours, le Vice-président Mohamed Ali Soilihi, également ministère des Finances, de l'Économie, du Budget de l'Investissement et du Commerce extérieur chargé des privatisations, regardait un à un ses plus proches collaborateurs. Après avoir eu l'assurance que chacun a compris la gravité du moment et la solennité du discours qu'il s'apprêtait à prononcer, il prit son ton le plus docte pour que chacun comprenne que l'heure était grave: «Si Dieu le veut, et avec Son aide, le vendredi 7 novembre 2014, je vais présenter la loi des Finances de l'année 2015 devant les Députés. En même temps, là dehors, il y a des gens qui, le couteau entre les dents, cherchent à me couper la tête, en me rendant responsable de la situation difficile que traverse le pays en matière économique et financière, surtout sur le volet du paiement des salaires. Pour ces gens-là, à partir du moment où il y a des problèmes de paiement des salaires, il ne peut y avoir qu'un seul responsable: moi. Naturellement, il y a de la malveillance et une volonté de nuire.
Il y a également une ignorance manifeste des réalités économiques et financières du pays parce que les responsables sont ailleurs. En effet, les dépenses liées au paiement des salaires des fonctionnaires et agents de l'État se chiffrent 22.427.000.000 de francs comoriens en 2015 contre une estimation de 20.126.000.000 de francs comoriens en 2014. Nous notons donc une hausse de 2.301.000.000 francs comoriens, qui n'est pas due à moi, mais à des faits connus de ceux qui veulent comprendre les implications financières des avancements, des intégrations professionnelles, des titularisations du personnel du ministère de l'Éducation nationale, des surcharges humaines, et de la nomination à de nouveaux postes diplomatiques à l'étranger d'une pléthore de personnes, et aux recrutements par remplacement et hors-cadre organique par les Îles autonomes de leur clientèle politique. Cela fausse toutes les données, et on veut me rendre responsable de ces gaspillages. Ce n'est pas intelligent».
Il n'y a aucun mensonge dans le discours du Vice-président Mohamed Ali Soilihi, connu pour détenir le record comorien des nominations ministérielles et de la nomination à la tête du ministère stratégique de l'Économie et des Finances (6 nominations). D'ailleurs, le mardi 4 novembre 2014, à l'issue d'une mission de la plus haute importance effectuée à Moroni du 20 octobre au 4 novembre, une équipe d'experts du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par Harry Trines, chef de mission pour les Comores, a fait un constat très sévère sur l'économie et les finances des Comores. Les faits constatés par les fonctionnaires du FMI sont accablants et en appellent à une plus grande responsabilisation des autorités comoriennes
En effet, selon Harry Trines, «sur le front budgétaire, une quantité considérable des recettes du Programme de citoyenneté économique perçues en 2012 a été utilisée en 2013. Le solde global (base encaissements-décaissements, net de l'allégement de la dette) est passé d'un excédent de 1,6% du PIB en 2012 à un déficit de 1,3% en 2013. Les Comores font face à de nombreux problèmes. À court terme, le gouvernement doit chercher à trouver un meilleur équilibre entre les ressources disponibles et les dépenses afin d'éviter l'apparition d'arriérés, en particulier sur les salaires et la dette extérieure, et d'allouer des crédits à des initiatives importantes. Par ailleurs, la fiabilité dans l'approvisionnement énergétique doit être améliorée d'urgence, car elle représente un important frein à la croissance.
À moyen terme, il s'agit principalement: (i) de créer un espace budgétaire pour l'investissement dans les infrastructures et les dépenses sociales, en accroissant considérablement les recettes, (ii) d'accélérer une croissance solidaire et la création d'emplois, et (iii) de réduire la pauvreté, tout en accroissant aussi la résilience aux chocs extérieurs, y compris aux catastrophes naturelles. L'exécution du budget 2014 a été difficile, en particulier à compter du second semestre. Les ressources n'ont pas été suffisantes pour faire face à l'augmentation de la masse salariale résultant de la hausse des traitements des enseignants approuvée en mars et à des dépenses non prévues dans le budget, notamment pour les élections. Lors des entretiens, la mission a encouragé les autorités à établir un ordre de priorités parmi les dépenses pour le reste de l'année, de manière à ce que les arriérés sur les traitements et salaires et les prêts extérieurs puissent être résorbés d'ici la fin de l'année».
À moyen terme, il s'agit principalement: (i) de créer un espace budgétaire pour l'investissement dans les infrastructures et les dépenses sociales, en accroissant considérablement les recettes, (ii) d'accélérer une croissance solidaire et la création d'emplois, et (iii) de réduire la pauvreté, tout en accroissant aussi la résilience aux chocs extérieurs, y compris aux catastrophes naturelles. L'exécution du budget 2014 a été difficile, en particulier à compter du second semestre. Les ressources n'ont pas été suffisantes pour faire face à l'augmentation de la masse salariale résultant de la hausse des traitements des enseignants approuvée en mars et à des dépenses non prévues dans le budget, notamment pour les élections. Lors des entretiens, la mission a encouragé les autorités à établir un ordre de priorités parmi les dépenses pour le reste de l'année, de manière à ce que les arriérés sur les traitements et salaires et les prêts extérieurs puissent être résorbés d'ici la fin de l'année».
Autrement dit, compter sur la «citoyenneté économique» comme si celle-ci est éternelle est la plus irresponsable des attitudes puisque les Comores ne peuvent vendre leurs passeports à des inconnus de manière continue. Dès lors, les arriérés de salaires ont refait leur apparition, alors que la grande fierté du régime politique du Président Ikililou Dhoinine a été le paiement régulier des salaires.
En d'autres termes, le gouvernement comorien a négligé la plus importante des missions, à savoir la mobilisation des ressources internes du pays, par une politique intelligente et rationnelle: «[…] La raison principale des difficultés actuelles réside dans le faible niveau des recettes intérieures, à l'instar des difficultés à entreprendre davantage de projets d'investissement public. La tâche la plus urgente pour les autorités consiste donc à mobiliser davantage de recettes intérieures. À cet égard, la mission a encouragé les autorités à consacrer leurs efforts sur le renforcement des administrations de recettes, notamment en gelant les exonérations nouvelles, en assurant une meilleure maîtrise du fichier des grands contribuables et en améliorant le respect des obligations fiscales de manière plus générale.
La mission a noté aussi qu'il importe de renforcer la gestion des finances publiques, notamment en mettant en œuvre une gestion de trésorerie efficace et en accroissant la transparence. Toutes les transactions effectuées au nom de l'État, qu'il s'agisse des recettes ou des dépenses, doivent apparaître dans le budget. Une meilleure gestion de trésorerie devrait limiter les arriérés, y compris pour les traitements et salaires, tandis qu'une meilleure transparence devrait contribuer à réduire la méfiance des parties prenantes, y compris celle des gouvernements autonomes des îles. En ce qui concerne le budget 2015, la mission a souligné la nécessité d'assoir les plans de dépenses sur la base des ressources disponibles. Les efforts déployés pour mobiliser davantage de recettes prendront du temps pour faire sentir leurs effets. Les possibilités de financement étant limitées, il convient de bien maîtriser à court terme les dépenses courantes, en particulier celles consacrées aux traitements et salaires, la composante la plus importante des dépenses financées sur ressources intérieures».
La mission a noté aussi qu'il importe de renforcer la gestion des finances publiques, notamment en mettant en œuvre une gestion de trésorerie efficace et en accroissant la transparence. Toutes les transactions effectuées au nom de l'État, qu'il s'agisse des recettes ou des dépenses, doivent apparaître dans le budget. Une meilleure gestion de trésorerie devrait limiter les arriérés, y compris pour les traitements et salaires, tandis qu'une meilleure transparence devrait contribuer à réduire la méfiance des parties prenantes, y compris celle des gouvernements autonomes des îles. En ce qui concerne le budget 2015, la mission a souligné la nécessité d'assoir les plans de dépenses sur la base des ressources disponibles. Les efforts déployés pour mobiliser davantage de recettes prendront du temps pour faire sentir leurs effets. Les possibilités de financement étant limitées, il convient de bien maîtriser à court terme les dépenses courantes, en particulier celles consacrées aux traitements et salaires, la composante la plus importante des dépenses financées sur ressources intérieures».
Comme à son habitude donc, le FMI prêche dans le désert. Il prône des mesures qui ne sont pas une priorité pour les autorités comoriennes. Il insiste sur une rationalisation qui n'est pas à l'ordre du jour aux Comores, où on est habitué à dépenser d'abord, et à penser ensuite à des recettes devenues impossibles à mobiliser. Enfin, Harry Trines parle d'or quand il souligne: «La mission a encouragé les autorités à ajouter à la stratégie une composante relative au développement du secteur privé. Par ailleurs, il convient de poursuivre résolument les réformes déjà engagées dans le secteur de l'électricité avec l'aide de la Banque mondiale et de la Banque africaine de Développement, et de les approfondir afin de réduire les pénuries d'électricité qui touchent aujourd'hui le pays et constituent un obstacle important à la croissance économique». Les pénuries d'électricité ne sont pas «un obstacle important à la croissance économique», mais la mort de celle-ci.
Malheureusement, rien n'indique que les Comores vont respecter les consignes de leur partenaire qu'est le FMI. Et un raccourci permettra de mettre tous les dysfonctionnements sur le dos du Vice-président Mohamed Ali Soilihi, alors que c'est tout le gouvernement entier qui en est responsable. En plus, les appels à l'orthodoxie et à la rationalisation des choix lancés par le Vice-président ne sont jamais compris et pris au sérieux.
ARM
© lemohelien – Jeudi 6 novembre 2014.
Image ©HabarizaComores.com | أخبار من جزر القمر.