La stèle aux morts en kwassas L'affaire a fait grand bruit cette semaine à Moroni. Certains artistes et activistes ont voulu éri...
La stèle aux morts en kwassas
L'affaire a fait grand bruit cette semaine à Moroni. Certains artistes et activistes ont voulu ériger une stèle en hommage aux "morts Balladur". Ceux qui ont fini au fond de l'océan en tentant d'aller à Mayotte à bord de ces petites vedettes .
Il est à rappeler que depuis l'instauration par le premier ministre Balladur d'un visa à l'entrée de Mayotte pour les ressortissants des trois autres îles (Ndzuani, Mwali, Ngazidja) de l'archipel des Comores , un nombre incalculable de gens utilisent des embarcations de fortune pour aller vers ce qu'elles considèrent - à tort ou à raison - comme un Eldorado .
De nombreux kwassas chavirent entrainant le trépas des passagers. Un nombre incalculable de passagers, depuis les années 90, vu que ces voyages se font de nuit à l'abri des regards des différentes autorités.
Le préfet a interdit la pose de la stèle en plein milieu de la Place de France à Moroni. Les uns ont crié au scandale, à la traitrise voire à la "collaboration" et l'Etat Comorien n'a pas jugé utile de défendre sa position laissant planer à son encontre des suspicions de pression de Paris.
Notre pays a du mal à faire sérieusement oeuvre de mémoire de façon générale, que ce soit pour l'histoire ou pour des faits contemporains. Il suffit de voir l'état du cimetière commun des morts du Yéménia pour s'en persuader. Il suffit de voir la façon cavalière dont on donne des noms de rue chez nous . A la hâte, à la veille d'un sommet, en faisant vite, en orthographiant au mieux mieux. (voir photos). Après 40 ans d'indépendance, nos places, nos rues, nos batiments attendent un signe d'appropriation de notre histoire.
A cette cécité mémorielle de notre Etat vient se superposer une mémoire portée par des associations et des intellectuels qui tentent de passer en force, d'imposer et les formes de l'hommage, du rappel historique , et le lieu où cet hommage est rendu. Tout le monde a en tête le panneau posé par le Comité Maoré parlant de Mayotte "comoriennne à jamais". Et si nous trouvions un juste milieu chers amis?
Et si nous faisions appel au Ministère de l'Education , au CNDRS, aux chercheurs de l'Université, aux Historiens et à la société civile pour déterminer une première vague de noms de rue qui fabriquent notre mémoire collective et nationale? et si nous consultions les mêmes gens à propos de faits contemporains comme les morts en kwassas pour savoir sous quelle forme, à quel endroit, à quelle date rendre hommage? A quel artiste confier la réalisation de l'ouvrage?
C'est ainsi qu'on fabrique une mémoire commune, une mémoire qui nous unit. Cela va au delà de nos égos. Cela fait sérieux. Le sérieux qu'on doit à l'Histoire , à ses héros comme à ses victimes , le sérieux que l'on doit aux morts !
En attendant la fameuse stèle aux morts en kwassas, rien ne nous interdit de faire une prière commune, de leur dédier un fatiha commun dans toutes les mosquées lors d'une prière du vendredi à l'approche du 12 novembre . Ca fait moins buzz ? Assurément. Mais au moins on les met EUX (les morts) au coeur de l'évènement . On nous associe TOUS (la nation) à l'empathie envers les familles. On est loin des selfies? Assurément.
C'est ainsi qu'on fabrique une mémoire commune qui ancre les gens dans un Un. Les causes cesseront d'être prisonnières de ceux qui croient les porter. Elles nous appartiendront à nous tous. Procédant ainsi , nous emprunterons comme la plupart des pays le difficile et long chemin de la cohésion sociale et nationale.
PS: Ces quelques idées ont été soumises aux autorités par le projet sur la cohésion sociale auquel j'ai participé. Cela ne vous étonnera pas qu'à leur cécité mémorielle s'est ajoutée une surdité par rapport à tout ce qui ne génère pas des tahombas et des dessous de table lors de la réalisation des projets. Ici pas de grands batiments à construire, pas d'ordinateurs et de photocopieurs à acheter. Rien que des idées pour paver la route qui mène à la cohésion nationale.
WA SALAM
les seules places ayant un nom aux comores font une référence à une réalité "autre" stèle de rue posée à la hâte à l'occasion d'un "sommet". Faute d'orthographe en prime rue de la COI. Nom donné à cette artère la veille du sommet de la Commission de l'Océan Indien kwassa Kwassa (nom donné aux embarcations qui font la traversée. Nom emprunté à une danse saccadée congolaise.
Kwassa arrêté par la Police aux Frontières française au large de Mayotte.
Il est à rappeler que depuis l'instauration par le premier ministre Balladur d'un visa à l'entrée de Mayotte pour les ressortissants des trois autres îles (Ndzuani, Mwali, Ngazidja) de l'archipel des Comores , un nombre incalculable de gens utilisent des embarcations de fortune pour aller vers ce qu'elles considèrent - à tort ou à raison - comme un Eldorado .
De nombreux kwassas chavirent entrainant le trépas des passagers. Un nombre incalculable de passagers, depuis les années 90, vu que ces voyages se font de nuit à l'abri des regards des différentes autorités.
Le préfet a interdit la pose de la stèle en plein milieu de la Place de France à Moroni. Les uns ont crié au scandale, à la traitrise voire à la "collaboration" et l'Etat Comorien n'a pas jugé utile de défendre sa position laissant planer à son encontre des suspicions de pression de Paris.
Au delà des gesticulations...
Notre pays a du mal à faire sérieusement oeuvre de mémoire de façon générale, que ce soit pour l'histoire ou pour des faits contemporains. Il suffit de voir l'état du cimetière commun des morts du Yéménia pour s'en persuader. Il suffit de voir la façon cavalière dont on donne des noms de rue chez nous . A la hâte, à la veille d'un sommet, en faisant vite, en orthographiant au mieux mieux. (voir photos). Après 40 ans d'indépendance, nos places, nos rues, nos batiments attendent un signe d'appropriation de notre histoire.
A cette cécité mémorielle de notre Etat vient se superposer une mémoire portée par des associations et des intellectuels qui tentent de passer en force, d'imposer et les formes de l'hommage, du rappel historique , et le lieu où cet hommage est rendu. Tout le monde a en tête le panneau posé par le Comité Maoré parlant de Mayotte "comoriennne à jamais". Et si nous trouvions un juste milieu chers amis?
Faire sérieusement et de façon apaisée oeuvre de mémoire commune
Et si nous faisions appel au Ministère de l'Education , au CNDRS, aux chercheurs de l'Université, aux Historiens et à la société civile pour déterminer une première vague de noms de rue qui fabriquent notre mémoire collective et nationale? et si nous consultions les mêmes gens à propos de faits contemporains comme les morts en kwassas pour savoir sous quelle forme, à quel endroit, à quelle date rendre hommage? A quel artiste confier la réalisation de l'ouvrage?
C'est ainsi qu'on fabrique une mémoire commune, une mémoire qui nous unit. Cela va au delà de nos égos. Cela fait sérieux. Le sérieux qu'on doit à l'Histoire , à ses héros comme à ses victimes , le sérieux que l'on doit aux morts !
En attendant la fameuse stèle aux morts en kwassas, rien ne nous interdit de faire une prière commune, de leur dédier un fatiha commun dans toutes les mosquées lors d'une prière du vendredi à l'approche du 12 novembre . Ca fait moins buzz ? Assurément. Mais au moins on les met EUX (les morts) au coeur de l'évènement . On nous associe TOUS (la nation) à l'empathie envers les familles. On est loin des selfies? Assurément.
C'est ainsi qu'on fabrique une mémoire commune qui ancre les gens dans un Un. Les causes cesseront d'être prisonnières de ceux qui croient les porter. Elles nous appartiendront à nous tous. Procédant ainsi , nous emprunterons comme la plupart des pays le difficile et long chemin de la cohésion sociale et nationale.
PS: Ces quelques idées ont été soumises aux autorités par le projet sur la cohésion sociale auquel j'ai participé. Cela ne vous étonnera pas qu'à leur cécité mémorielle s'est ajoutée une surdité par rapport à tout ce qui ne génère pas des tahombas et des dessous de table lors de la réalisation des projets. Ici pas de grands batiments à construire, pas d'ordinateurs et de photocopieurs à acheter. Rien que des idées pour paver la route qui mène à la cohésion nationale.
WA SALAM
les seules places ayant un nom aux comores font une référence à une réalité "autre" stèle de rue posée à la hâte à l'occasion d'un "sommet". Faute d'orthographe en prime rue de la COI. Nom donné à cette artère la veille du sommet de la Commission de l'Océan Indien kwassa Kwassa (nom donné aux embarcations qui font la traversée. Nom emprunté à une danse saccadée congolaise.
Kwassa arrêté par la Police aux Frontières française au large de Mayotte.