Publié chez Fayard ces jours-ci, le dernier livre de Pierre Péan fourmille de révélations et déclenche les foudres d'Ali Bongo, le prési...
Publié chez Fayard ces jours-ci, le dernier livre de Pierre Péan fourmille de révélations et déclenche les foudres d'Ali Bongo, le président gabonais.
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Nouvelles Affaires africaines (Fayard) n'est en librairie que depuis quelques jours, mais il fait déjà scandale. En tout cas au Gabon, où il n'est pourtant pas en vente. Pas tellement parce qu'il raconte que la campagne présidentielle de 2007 en France a été en partie alimentée par les caisses de Libreville à hauteur de plusieurs millions d'euros, mais parce que son auteur, Pierre Péan, s'en prend directement à Ali Bongo. Selon le journaliste, qui connaît depuis toujours tous les secrets de ce pays dans lequel il a travaillé et sur lequel il a écrit de nombreux livres depuis quatre décennies, Ali Bongo a notamment fait fabriquer de faux diplômes, il a commandité l'assassinat d'opposants.
Mais le président gabonais serait surtout, et à double titre, un usurpateur. Il aurait largement triché lors de la dernière présidentielle. Il aurait surtout menti sur sa nationalité, ce qui, selon la Constitution, aurait dû l'empêcher d'être candidat à la magistrature suprême et donc de succéder à Omar Bongo.
Pierre Péan raconte ainsi qu'Ali Bongo est le fils adoptif d'Omar Bongo (il serait un enfant du Biafra) et que, selon la Constitution adoptée par son père, il n'aurait donc pas pu être candidat (celle-ci impose d'être né sur le sol gabonais pour prétendre à la présidence). Des accusations gravissimes qui ne sont pas restées sans réponse de Libreville. Outre deux plaintes en diffamation déposées par le cabinet de Patrick Maisonneuve pour le compte d'Ali Bongo, la riposte est violente. Depuis quelques jours, les émissaires du président gabonais font tout pour décrédibiliser Pierre Péan et son livre. Alors qu'elle ne s'exprime publiquement que très rarement et qu'elle a souvent pris ses distances avec son frère, Pascaline Bongo Ondimba, la fille aînée et l'ancienne directrice de cabinet d'Omar Bongo, son père, affiche désormais son entière solidarité avec Ali Bongo face aux attaques de Péan.
"C'est insultant, mais surtout idiot"
Ce n'est pas tout. Depuis quelques jours, les émissaires d'Ali Bongo font circuler un étonnant document. Un "contrat" établi il y a quelques mois dans lequel Ziad Takieddine, le sulfureux intermédiaire, s'engage à empêcher la parution du livre du Péan en échange de la somme de 10 millions d'euros. Takieddine prétend en effet avoir le bras suffisamment long pour convaincre le journaliste de renoncer à son projet. À l'époque du prétendu "contrat", en 2013, il est de notoriété publique que Péan et Takieddine sont en bons termes. Ce dernier était une source de Péan pour son livre La République des mallettes (Fayard). Mis en examen dans le volet financier de l'affaire Karachi, Ziad Takieddine a donc mis en avant ses bonnes relations avec le journaliste auprès des officiels gabonais qui voulaient faire capoter les projets de Péan sur le Gabon (qui, à l'époque, étaient pourtant embryonnaires). Takieddine a ainsi organisé des rendez-vous avec des officiels gabonais pour Péan en l'appâtant avec de prétendues révélations sur le financement libyen de la campagne électorale de 2007.
À ce détail près que Takieddine négociait aussi en parallèle avec ses interlocuteurs un contrat pour éviter que celui-ci ne sorte son ouvrage... Pas de chance pour Takieddine, ce contrat, publié par Mediapart, n'a été signé ni par les représentants d'Ali Bongo ni par Pierre Péan, aujourd'hui furieux. "Tout cela est alimenté par ceux que Bongo a mandatés pour me décrédibiliser", raconte au Pointle journaliste. "Imaginer que j'aurais pu accepter des enveloppes en échange de mon silence, c'est insultant. Mais c'est surtout idiot : si j'avais été corruptible, je m'y serais pris autrement qu'en passant par Takieddine et en faisant signer des contrats qui laissent une trace..." Quant à Ziad Takieddine, joint par Le Point, il ne souhaite plus s'exprimer sur le sujet.
Par Romain Gubert / lepoint.frMais le président gabonais serait surtout, et à double titre, un usurpateur. Il aurait largement triché lors de la dernière présidentielle. Il aurait surtout menti sur sa nationalité, ce qui, selon la Constitution, aurait dû l'empêcher d'être candidat à la magistrature suprême et donc de succéder à Omar Bongo.
Pierre Péan raconte ainsi qu'Ali Bongo est le fils adoptif d'Omar Bongo (il serait un enfant du Biafra) et que, selon la Constitution adoptée par son père, il n'aurait donc pas pu être candidat (celle-ci impose d'être né sur le sol gabonais pour prétendre à la présidence). Des accusations gravissimes qui ne sont pas restées sans réponse de Libreville. Outre deux plaintes en diffamation déposées par le cabinet de Patrick Maisonneuve pour le compte d'Ali Bongo, la riposte est violente. Depuis quelques jours, les émissaires du président gabonais font tout pour décrédibiliser Pierre Péan et son livre. Alors qu'elle ne s'exprime publiquement que très rarement et qu'elle a souvent pris ses distances avec son frère, Pascaline Bongo Ondimba, la fille aînée et l'ancienne directrice de cabinet d'Omar Bongo, son père, affiche désormais son entière solidarité avec Ali Bongo face aux attaques de Péan.
"C'est insultant, mais surtout idiot"
Ce n'est pas tout. Depuis quelques jours, les émissaires d'Ali Bongo font circuler un étonnant document. Un "contrat" établi il y a quelques mois dans lequel Ziad Takieddine, le sulfureux intermédiaire, s'engage à empêcher la parution du livre du Péan en échange de la somme de 10 millions d'euros. Takieddine prétend en effet avoir le bras suffisamment long pour convaincre le journaliste de renoncer à son projet. À l'époque du prétendu "contrat", en 2013, il est de notoriété publique que Péan et Takieddine sont en bons termes. Ce dernier était une source de Péan pour son livre La République des mallettes (Fayard). Mis en examen dans le volet financier de l'affaire Karachi, Ziad Takieddine a donc mis en avant ses bonnes relations avec le journaliste auprès des officiels gabonais qui voulaient faire capoter les projets de Péan sur le Gabon (qui, à l'époque, étaient pourtant embryonnaires). Takieddine a ainsi organisé des rendez-vous avec des officiels gabonais pour Péan en l'appâtant avec de prétendues révélations sur le financement libyen de la campagne électorale de 2007.
À ce détail près que Takieddine négociait aussi en parallèle avec ses interlocuteurs un contrat pour éviter que celui-ci ne sorte son ouvrage... Pas de chance pour Takieddine, ce contrat, publié par Mediapart, n'a été signé ni par les représentants d'Ali Bongo ni par Pierre Péan, aujourd'hui furieux. "Tout cela est alimenté par ceux que Bongo a mandatés pour me décrédibiliser", raconte au Pointle journaliste. "Imaginer que j'aurais pu accepter des enveloppes en échange de mon silence, c'est insultant. Mais c'est surtout idiot : si j'avais été corruptible, je m'y serais pris autrement qu'en passant par Takieddine et en faisant signer des contrats qui laissent une trace..." Quant à Ziad Takieddine, joint par Le Point, il ne souhaite plus s'exprimer sur le sujet.
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