Dans Appels sur l’actualité , des auditeurs s’interrogent sur le retour de l'ancien président malgache Marc Ravalomanana, en exil en ...
Dans Appels sur l’actualité, des
auditeurs s’interrogent sur le retour de l'ancien président malgache
Marc Ravalomanana, en exil en Afrique du Sud depuis qu'il avait été
renversé en 2009.
Il est rentré lundi 13 octobre dans son pays, prenant apparemment de court les autorités qui ont immédiatement ordonné son arrestation. M. Ravalomanana a été arrêté par des forces spéciales de la gendarmerie, après avoir eu le temps d'improviser un bref meeting et un point presse sur le perron de son domicile d'Antananarivo, la capitale. Dans un communiqué, le chef de gouvernement Roger Kolo a tenu à rassurer la famille de M. Ravalomanana, qui accuse les autorités d'avoir kidnappé l'ancien président, en affirmant qu'il « est en bonne santé et un médecin l'accompagne ».
Il est rentré lundi 13 octobre dans son pays, prenant apparemment de court les autorités qui ont immédiatement ordonné son arrestation. M. Ravalomanana a été arrêté par des forces spéciales de la gendarmerie, après avoir eu le temps d'improviser un bref meeting et un point presse sur le perron de son domicile d'Antananarivo, la capitale. Dans un communiqué, le chef de gouvernement Roger Kolo a tenu à rassurer la famille de M. Ravalomanana, qui accuse les autorités d'avoir kidnappé l'ancien président, en affirmant qu'il « est en bonne santé et un médecin l'accompagne ».
Pourquoi l’ancien président malgache a-t-il décidé de rentrer maintenant à Madagascar ? Quel est son intérêt à rentrer ?
Les conditions de son retour sont floues, il est difficile de savoir pourquoi il est rentré maintenant et pas avant ou après. Est-ce parce qu’il y a eu un accord avec les autorités malgaches pour le laisser rentrer ? C’est d’abord ce qu’on était tenté de croire, d’autant qu’il y avait des discussions depuis plusieurs mois sous l’égide de la SADC, la communauté de développement d’Afrique australe. Mais le président de la République Hery Rajaonarimampianina a aussitôt nié, il a affirmé qu’il n’était pas au courant de ce projet de retour.
La communauté internationale, logiquement, lui a emboîté le pas et a critiqué un retour fait « sans concertation ». Lui-même, Marc Ravalomanana, quand il est arrivé, n’a pas voulu donner de détails sur son retour, il a affirmé qu’il était rentré tout seul. Et que s’il était rentré c’était pour participer au développement de Madagascar.
Il rentre au pays à un moment où le président Hery Rajaonarimampianina est en difficulté. Cela va bientôt faire un an qu’il a été élu et la situation économique et sociale est encore très critique. L’économie ne redémarre pas, il y a de gros problèmes de délestages dans tout le pays. On peut penser que Ravalomanana ait choisi ce moment pour jouer les hommes providentiels.
Son intérêt, c’est de retrouver une place sur l’échiquier politique. Car même s’il tirait les ficelles depuis l’Afrique du Sud, il était forcément en retrait et dépendait de ses représentants sur place. Il a aussi son empire agro-alimentaire Tiko, ses entreprises laissées à l’abandon depuis 2009 et qu’il voudra sans doute redémarrer. Il est rentré maintenant parce qu’il y a eu une brèche dans le système qui l’empêchait de rentrer, mais il voulait rentrer depuis longtemps. Depuis qu’il est parti en exil en Afrique du Sud en 2009, il a passé son temps à réclamer et à annoncer son retour. Il s’est entouré de conseillers et d’avocats qui ont fait un lobbying intense auprès des organisations internationales et sud-africaines pour qu’elles l’aident à rentrer.
Sous le régime de transition, en 2011 puis en 2012, il a essayé par deux fois de prendre un avion pour Antananarivo. La première fois il n’a pas eu l’autorisation d’embarquer suite à une note des autorités malgaches, et la deuxième fois l’avion de ligne a du faire demi-tour alors qu’il était déjà dans l’espace aérien malgache. Les autorités lui avaient interdit d’atterrir.
Cette fois, il a changé de stratégie, il a choisi la discrétion en rentrant par un avion privé.
Donc effectivement, s’il est rentré maintenant, c’est qu’une brèche s’est ouverte et qu’il a pu s’y engouffrer.
Quelles sont les raisons de l’arrestation de Ravalomanana ?
Officiellement, il a été placé en résidence surveillée pour la protection de sa sécurité et de la sécurité publique. C’est la raison invoquée depuis une semaine par les autorités. La présidence a expliqué que Marc Ravalomanana a de nombreux ennemis qui en veulent à sa vie, et que sa présence à Antananarivo risquerait de troubler l’ordre public : l’ex-président dès son arrivée a donné une conférence de presse et a critiqué sévèrement le pouvoir. Il a mis en doute sa légitimité, il a affirmé qu’il n’attendrait pas les prochaines élections en 2018 pour agir, et que le peuple savait ce qu’il avait à faire. Pour la présidence, il s’agissait de provocations. Les partisans de Ravalomanana, eux, affirment qu’il n’est pas rentré pour renverser le pouvoir et ils dénoncent une arrestation arbitraire.
Il faut dire que les autorités tiennent toujours à préciser qu’il ne s’agit pas d’une arrestation mais d’une mise en sécurité -elle fait sans doute cette précision pour justifier la durée extrêmement longue de cette privation de liberté. Ca ne peut être une garde à vue qui dure une semaine. Par ailleurs, Marc Ravalomanana a été condamné plusieurs fois par contumace par la justice malgache, mais ça n’est pas aujourd’hui la raison de son arrestation. Ca n’est pas non plus son retour illégal. Les autorités l’accusent d’être entré dans le pays à bord d’un avion privé sans autorisation, à l’insu de tous les radars.
Quelles conséquences son retour pourrait-il avoir sur la vie politique malgache ?
La première conséquence a été la scission entre le pouvoir et la mouvance Ravalomanana. L’ancien président soutenait le régime, et ses 21 députés faisaient partie d’une grande coalition à l’Assemblée nationale pour constituer la majorité présidentielle. La semaine dernière ils ont quitté cette majorité pour basculer dans l’opposition, cela affaiblit donc le gouvernement qui fait déjà l’objet de beaucoup de critiques dans ses rangs. Et cela rend la situation politique encore un peu plus instable. Les conséquences ultérieures dépendront de ce que le régime va faire de l’ancien président. Combien de temps vont-ils le garder en résidence surveillée ? Vont-ils l’autoriser à reprendre sa carrière politique, vont-ils sceller un accord ? C’est ce que nous verrons dans les prochains jours. Par RFI