(Agence Ecofin) - En pleine offensive à Madagascar, dans le cadre du passage à la TNT, prévu pour juin 2015, le chinois Startimes vient de ...
(Agence Ecofin) - En pleine offensive à Madagascar, dans le cadre du passage à la TNT, prévu pour juin 2015, le chinois Startimes vient de subir un revers. Les patrons de presse malgaches se sont organisés pour s'opposer au projet de l'opérateur chinois. Après plusieurs semaines de négociations, le président Hery Rajaonarimampianina (photo) les a finalement reçus le 2 octobre et a dénoncé l'accord signé avec Startimes. Il a en outre promis de donner des instructions au ministre de la Communication de se concerter avec les médias privés dans l'élaboration du cadre juridique sur le TNT. Même si rien de neuf n'a filtré à ce jour, c'est une première victoire pour les patrons de presse malgaches.
StarTimes proposait un prêt de 150 millions de dollars pour le déploiement de la TNT sur l'ensemble du territoire malgache. Une offre qui comprenait notamment le déploiement de pylônes, d'émetteurs et de décodeurs. Le prêt était assorti d'intérêts s'élevant à 39 millions de dollars, soit un total de 189 millions de dollars. Or, entre 90 000 et 100 000 foyers seulement sont équipés d'une télévision sur 4 millions de foyers. Le taux d'électrification varie entre 15 et 20%, et 92% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour.
Les opérateurs locaux se sont fermement opposés à ce projet. Ils dénoncent notamment le manque de transparence dans les négociations entre les Chinois et le gouvernement malgache. Selon eux, le coût réel de reconversion de la diffusion analogique vers le numérique pourrait être plus de dix fois inférieur en aidant les opérateurs locaux. Pour Hajo Andrianainarivelo, patron de Kolo TV, « le coût s'élèverait de 3 à 5 millions de dollars pour les plus grands opérateurs et à environ 1 M$ pour les plus petits, soit un total compris entre 10 et 15 millions de dollars ». Pour ce dernier, qui souligne l'absence de législation ou de code de la communication, « il y a un vide juridique autour de la TNT et de l'audiovisuel ». Les patrons regrettent enfin que les sommes engagées pour aider StarTimes ne profitent pas aux locaux.
L'argument de l'urgence ne tient pas, se scandalise quant à lui Freddy Andriambelo, actionnaire principal du groupe MaTv : « Dire qu'il faut le faire avant juin 2015 parce qu'il y a un accord avec l'Union internationale des télécoms n'est pas raisonnable. Harmoniser les plans de fréquence n'est pas un sujet pour Madagascar. Le pays le plus proche, les Comores, est séparé par 500 kilomètres de mer ». Selon lui, cette enveloppe de 150 millions de dollars pourrait être utilisée de manière plus profitable au développement malgache, que ce soit dans la santé, l'éducation ou les infrastructures.
« Il convient en effet d'être mesuré dans l'approche budgétaire du passage à la TNT en Afrique. Premièrement parce que c'est bon pour les finances publiques des pays. Deuxièmement, dans une dizaine d'années, la plupart des téléspectateurs recevront la TV par des moyens télécoms avec la fibre optique, l'ADSL et le haut débit. D'ici là, le passage à la TNT peut se financer en mettant notamment à contribution les opérateurs TV et télécoms qui profitent de cette technologie pour diffuser leur contenu. Cela n'exige pas des investissements faramineux », analyse David Mignot, le DG de Canal + Afrique.
La décision du président malgache constitue un sérieux revers pour StarTimes, déjà en conflit à Kinshasa avec le gouvernement congolais. Actif sur le terrain depuis quelques mois, l'opérateur chinois avait commencé à diffuser des offres de recrutement dans la presse malgache. Il avait aussi commencé à installer des pylônes sur les hauteurs de la capitale Antananarivo.
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