Les évènements du week-end et surtout de lundi confirment l’intérêt et l’urgence d’un Plan Jeunesse proposé par trois associations et repris...
Les évènements du week-end et surtout de lundi confirment l’intérêt et l’urgence d’un Plan Jeunesse proposé par trois associations et repris par le président de la République.
Les tensions que connaît le nord de
Mayotte mettent en relief les difficultés de l’île : des jeunes livrés à
eux-mêmes, sur lesquels les parents ou les adultes référents n’ont plus
d’ascendant. Il s’agissait même souvent de jeunes adultes qui trouvent
dans l’affrontement entre villages le sentiment d’exister.
Après avoir passé quelques jours sur
l’île en juin lors d’une mission institutionnelle, les représentants
nationaux du Secours Catholique-Caritas France, d’Apprentis d’Auteuil et
de Médecins du Monde, ont été marqués par la gravité de la situation :
54% de la population a moins de 20 ans et peu d’espoir d’avenir
constructif. Beaucoup de jeunes sont déscolarisés, d’autres sont en
échec scolaire ne maitrisant pas assez la langue française pour suivre
correctement, quant aux étrangers en situation irrégulière, l’Education
nationale n’est plus tenue de les scolariser dès qu’ils ont atteint
leurs 16 ans.
Les trois associations ont alors proposé
un Plan Jeunesse, qui reste encore à co-construire, repris par le
président de la République lorsqu’il a annoncé ses 38 mesures pour
Mayotte. Il faut désormais le mettre en place.
L’action de médiation des maires de
Mamoudzou et de Koungou ce lundi est un tournant dans la prise de
conscience du phénomène. Leur implication aux côtés des cadis aura sans
aucun doute contribué à apaiser la situation en montrant à ces jeunes
qu’existait un cadre. Une action qu’il faut saisir pour travailler avec
l’ensemble des maires de l’île sans quoi le phénomène se reproduira.
« Associer les jeunes eux-mêmes »
Les trois associations Secours
Catholique-Caritas France, Apprentis d’Auteuil et Médecins du Monde,
demande que soit lancé sur le plan local un dialogue avec l’ensemble de
ces acteurs, et avec les jeunes et les familles, « pour que les uns et
les autres puissent assumer pleinement leurs responsabilités à l’égard
de la population de ce département ».
Pour Christophe Vénien, délégué du
Secours Catholique-Caritas France, le plan doit être l’aboutissement
d’une réflexion menée par les acteurs institutionnels et associatifs
oeuvrant en faveur de la jeunesse, « mais nous devons surtout associer
les principaux concernés, les jeunes eux-mêmes ».
Réflexion et proposition d’actions
concrètes ne se feront pas en marge de l’action sociale déjà mise en
place sur le département, « Nous ne sommes pas là pour nous substituer
aux prérogatives des uns et des autres dans leurs champs de compétences
respectifs mais bien d’être complémentaires sur un sujet qui nous
concerne tous, à savoir l’avenir de la jeunesse, qui est l’une des plus
grandes richesses de Mayotte », précise Christophe Vénien.
La Conférence de lutte contre la
pauvreté et pour l’inclusion dont les départements d’Outremer ont été
exclus, a donné une méthode d’action dont veut s’inspirer ce Plan
Jeunesse voulu par Hollande : l’identification des thématiques
prioritaires dans un premier temps, puis la mise en place d’ateliers
sous le regard des services de l’Etat mais avec les jeunes issus des
Conseils des communes, du secteur associatif. « Les propositions seront
actées dans un plan porté par un membre du gouvernement et animé par un
coordinateur national », souhaitent les trois associations.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte