Pour Houmed Msaïdié, j’accuse Hamada Madi Boléro d’être pour Azali Assoumani Les Comoriens sont des gens très corrects. Mais, en politi...
Pour Houmed Msaïdié, j’accuse Hamada Madi Boléro d’être pour Azali Assoumani
Les Comoriens sont des gens très corrects. Mais, en politique, ils ont un grand défaut, et celui-ci est clairement identifié et a pour nom «la paranoïa aiguë». Ils voient des complots partout: de méchants espions français aux budgets illimités, munis de gros pistolets et qui n’ont rien d’autre à faire que comploter contre les Comores, un mercenaire en chaque Blanc arrivant aux Comores, des intrigues en veux-tu en voilà, la main de la France dans chaque nomination de planton et chaouch dans chaque administration comorienne, etc. Certains de nos compatriotes font tout pour ne jamais avoir la même lecture des événements politiques que le reste de l’humanité. Hamada Madi Boléro en prend pour son grade, lui qui est accusé d’avoir vendu Mayotte à la France alors que quand le sort français de cette île était scellé, il n’était même pas né! Justement, comme il s’agit de paranoïa aiguë en politique, parlons de Hamada Madi Boléro, que j’accuse ouvertement d’avoir un parti pris pour le Colonel Azali Assoumani. En effet, en juin 2012, Hamada Madi Boléro a publié le premier Tome de Mémoires dans lesquels il parle notamment de ses premières expériences d’homme d’État. C’était une première de la part d’un acteur politique comorien.
Le deuxième Tome de ces Mémoires était attendu en décembre 2012, mais l’entrée de Hamada Madi Boléro au Cabinet du Président de la République a retardé sa sortie. Ce n’est pas grave. Seulement, par une indiscrétion résultant d’un acte d’espionnage, la version numérique du livre m’est parvenue et je l’ai lue en entier: belle plume, mise au goût du jour et exploitation d’archives d’un grand intérêt, rappel d’événements et de faits oubliés et inconnus, très belle et agréable promenade dans les arcanes du pouvoir politique comorien, etc. Tout ça est bien. Seulement, je constate que l’homme de Beït-Salam est trop indulgent et trop magnanime envers le Colonel Azali Assoumani, juste à un moment où son ami, le Député Abdallah Saïd Sarouma dit «Baguiri», «Gris-gris» ou «Chabhane» vient d’affirmer publiquement à Mohéli, devant les Azali Assoumani, Hamidou Karihila et autres caciques de la CRC version putschistes, son appartenance à ce mouvement politique. Du coup, le Tout-Mohéli murmure et chuchote que la chose n’aurait jamais pu avoir eu lieu sans l’aval et l’assentiment de Hamada Madi Boléro, car nous sommes à quelques semaines d’improbables élections législatives. Et, en politique, il n’y a ni coïncidences, ni hasard. Ceux qui croient au hasard et aux coïncidences en politique partent prématurément au cimetière.
Évitons de tomber dans le piège de la complotite aiguë et de la paranoïa, surtout quand il s’agit de notre «usual suspect» national, Hamada Madi Boléro. Critiquer, haïr, insulter et surtout détester publiquement Hamada Madi Boléro est un sport national aux Comores et dans la communauté comorienne de l’étranger. À Paris, il est au centre de toutes les discussions, et on lui attribue ce qu’il ignore et ne lui revient pas et on lui renie ce qui lui revient. Nous évitons donc de tomber dans le piège de la haine, de la complotite et de la paranoïa. Pour autant, au-delà de sa reconnaissance envers le Colonel Azali Assoumani, qui lui a fait confiance sans vraiment le connaître au départ, on est obligé de reconnaître que le Mohélien me semble trop favorable envers l’ancien Président, et cela est tout à son honneur car les gens qui passent leur temps à cracher dans la soupe, ça fait toujours mauvais genre. Ce n’est jamais un acte honorable. Mais, il en fait quand même trop envers le Colonel Azali Assoumani. Qu’on se le dise!
Comme on le sait, quand, le 12 octobre 2012, Hamada Madi Boléro a été nommé Directeur de Cabinet du chef de l’État chargé de la Défense, Houmed Msaïdié, bon Prince et dans un geste de grand seigneur, avait dit que son ami était «en congé» de la CRC. Mais, les années 2013 et 2014 ont été celles de l’implosion de la CRC, et depuis, Azali Assoumani occupe la carcasse fumante de ce qui reste de ce mouvement politique, pendant que Houmed Msaïdié a créé son nouveau parti le 24 mai 2014: le RADHI, «Bénédiction», en comorien. En juillet 2014, Hamada Madi Boléro effectuait une visite très remarquée en France, à coups de déclarations fracassantes et iconoclastes dans les conférences, de rencontres avec les hautes autorités françaises, de rappel de la mémoire des Comoriens morts pour la France au cours de la Première Guerre mondiale. Partout, quand on lui demandait s’il allait soutenir le Colonel Azali Assoumani aux cours des élections à venir, sa réponse était invariable: «Je ne répondrai pas à cette question». Le sourire qu’il affichait aux lèvres quand il disait ça était des plus énigmatiques, un peu comme quand Blaise Compaoré, le Président du Burkina Faso, affiche son sourire éclatant et mystérieux pour éviter de répondre à une question gênante. Partout, Hamada Madi Boléro a été asticoté, mais il a tenu bon: «Je ne répondrai pas à cette question». En partant de la prise de position publique et assumée de son ami Saïd Abdallah Sarouma et de ses beaux mots sur Azali Assoumani, et toujours sans verser dans la complotite aiguë et dans la paranoïa, force est de constater que l’homme de Beït-Salam pointe un doigt en or sur son ami. Cela fait rire d’ailleurs parce que, quand les élections législatives ont été truquées par notre ami commun Mohamed Saïd Fazul, alors Président de l’île autonome de Mohéli, pour les faire perdre à Hamada Madi Boléro, on susurrait sous les manteaux que c’était le Colonel Azali Assoumani qui avait tout fait pour faire perdre l’élection législative à son ministre de la Défense et de la Sécurité d’alors. Comment donc Hamada Madi Boléro aurait-il présenté sous une si belle lumière un homme qui aurait comploté sur son dos?
Ce n’est un secret pour personne: le Colonel Azali Assoumani s’est sensiblement rapproché du Président Ikililou Dhoinine. À qui attribue-t-on ce rapprochement? À l’inévitable Hamada Madi Boléro, bien sûr. À l’inévitable Hamada Madi Boléro, Mesdames et Messieurs. Quand il a fallu donner une interprétation politique à ce rapprochement, on nous dit doctement que Hamada Madi Boléro préparait la composition d’une liste de candidats pour l’élection présidentielle de 2016 sous l’égide du Colonel Azali Assoumani et dans laquelle on retrouvera la Première Dame comme colistière à Mohéli. Celle-ci finit par faire dévoiler ses ambitions pour le Gouvernorat de Mohéli en 2016. On avait dit que le financement de la campagne électorale du Colonel Azali Assoumani serait assuré par Beït-Salam à condition que l’ancien Président attire dans ses filets Mohamed Saïd Fazul afin qu’il libère la voie à la Première Dame à Mohéli. Depuis, Mohamed Saïd Fazul est parti se ranger dans le crypto-sambisme.
En tout état de cause, une chose est certaine: quand on lira le livre de l’homme de Beït-Salam, on sera obligé de poser sur notre Azali Assoumani national bien-aimé un autre regard, un regard plus chaleureux et humain. Attention! Hamada Madi Boléro n’est pas homme à faire des phrases de type «Le Colonel Azali Assoumani est le meilleur, un grand homme d’État, un visionnaire, un patriote sincère, le premier sportif des Comores, le premier musicien des Comores, etc.». Non. Le Directeur du Cabinet du Président chargé de la Défense est un homme très subtil et nuancé, qui sait dire des choses qu’il ne dit pas, qui sait écrire des choses qu’il n’écrit pas, le tout dans un français flamboyant et dans un style qui ne fâche pas les amateurs de bons mots. Des fois, il faut savoir lire entre les lignes, entre les mots, en passant même par le trou de l’aiguille. La sortie prochaine de ce livre permettra de découvrir un pan entier de l’Histoire contemporaine des Comores et quand on est objectif, on découvrira également un Hamada Madi Boléro homme des dossiers sensibles, qu’il gère avec volonté, professionnalisme et détermination, et défendant avec courage et patriotisme les intérêts des Comores, notamment face à la France.
Par ARM
© lemohelien – Lundi 22 septembre 2014.
