Je suis profondément préoccupé par l'état de délabrement progressif du tissu économique de notre pays. Certes, le contexte mondial ne s...
Je suis profondément préoccupé par l'état de délabrement progressif du tissu économique de notre pays. Certes, le contexte mondial ne se prête pas aux conditions d'une relance et d'une croissance, et de ce fait, l'optimisme n'est pas pour l'instant de mise. Les conséquences sur le plan socio-économique du commun des Comoriens se font sérieusement sentir dans son quotidien et au niveau du panier de la ménagère. La descente aux enfers va en s'accélérant de jour en jour.
Le seuil de la pauvreté se creuse de plus en plus pour le Comorien, toutes couches sociales confondues. Personne n'est épargné par la violence du marasme économique au niveau du portefeuille du citoyen comorien. La conjoncture touche tous les secteurs de l'activité économique; les secteurs primaire, secondaire et tertiaire. L'embellie pourrait éventuellement venir de la vente de nos produits de rente (vanille, essence d'ylang, clou de girofle…) à l'extérieur pour espérer équilibrer notre balance commerciale, mais la loi des marchés mondiaux tellement fluctuants n'est pas pour nous redonner espoir à priori. L'apport en devises étrangères dans le budget national et dont le principal pourvoyeur est la diaspora comorienne s'amenuise inexorablement. Le financement de notre budget est tellement hypothétique; d'où la tendance depuis peu à l'accumulation des impayés des salaires des fonctionnaires ou encore le défaut d'investissements des infrastructures de base et autres ouvrages publics. La fourniture très aléatoire de certains services publics stratégiques comme l'eau, l'énergie, la santé et l'éducation oblige certaines unités de productions, de petites et moyennes entreprises à mettre la clé sous la porte. Et la chute aux enfers reste notre pire cauchemar.
Il est une évidence qui crève les yeux que les efforts de recouvrement ne sont pas consentis avec toute la rigueur requise dans les services financiers de l'État, et on note ici et là du laxisme, du népotisme et une corruption endémique inégalée, l'évasion fiscale étant au cœur de toute la problématique. Outre cela, jamais les Comores n'ont été assistées en monnaie sonnante et trébuchante depuis leur accession à la souveraineté nationale que sous la mandature de l'ex-Président Ahmed Sambi. Ses apports financiers provenant essentiellement des pays amis tantôt en nature ou en numéraire se sont volatilisés et les projets faramineux qu'on nous a tant vantés et qui se sont fondus comme neige au soleil, et les Comores sombrent dans une léthargie continue.
La conjugaison de tous ces indices fait de notre pays l'un des terreaux de la misère au monde. Pour rappel, les Comores après 39 ans d'indépendance pointent au 101èmerang mondial des pays les moins avancés… La question aujourd'hui est qu'avec ce schéma morose, les Comoriens auront le cœur d'aller toujours aux urnes? Je me la pose cette question tout en appréhendant le risque du phénomène du taux d'abstention record à ces suffrages très essentiels du nouveau paysage politique comorien car il est admis aujourd'hui que l'architecture politico-institutionnelle issue de la réforme de mai 2009 est un goulot d'étranglement de plus et participe insolemment à la gabegie organisée, une élection à forte dose de fraudes électorales et d'achat de conscience.
À méditer
Mutsamudu le 4 septembre 2014
Par Djaanfar Salim Allaoui
Ancien vice-premier ministre des Comores (2002)
Ancien ministre de l'intérieur de l'Ile autonome d'Anjouan (2002 – 2008)
© www.lemohelien.com – Jeudi 4 septembre 2014.
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