CARNET DE JUSTICE DU JDM . Le drame avait fait la Une de l’actualité le 10 février dernier , sept personnes avaient perdu la vie dans le ...
CARNET DE JUSTICE DU JDM. Le drame avait fait la Une de l’actualité le 10 février dernier, sept personnes avaient perdu la vie dans le naufrage d’un kwassa au sud de Mayotte. Parmi les victimes, se trouvaient trois femmes, trois enfants âgés de 3, 4 et 10 ans ainsi qu’un nourrisson de deux mois. Un appel à témoin avait été lancé pour identifier les victimes et ainsi pouvoir prévenir les familles.
Six mois après, le pilote de l’embarcation était jugé ce mercredi matin à l’audience correctionnelle du tribunal de Mamoudzou. Il était poursuivi pour «homicide involontaire par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence». Le kwassa ne disposait d’aucun équipement, ni gilets de sauvetage, ni bouées, fusées ou GPS. L’homme devait également répondre «d’aide à l’entrée et au séjour d’étrangers en situation irrégulière aggravée par la mise en danger (kwassa)», car si le naufrage a fait 7 morts, 15 personnes ont également survécu au drame.
Ce 10 février 2014, c’est la brigade nautique de la police aux frontières qui découvre le drame. Un écho radar avait signalé la présence d’un probable kwassa au niveau de la passe de Bouéni. Mais lorsque le zodiac des forces de l’ordre arrive sur place, les hommes entendent des cris et aperçoivent une personne debout sur le platier qui agite un chiffon pour signaler la catastrophe.
Sept corps sont alors retirés de l’eau et quinze survivants dénombrés, sans que l’on connaisse le nombre exact de personnes qui ont réellement effectué la traversée depuis Anjouan.
«Sept morts parce que les autres passagers ont réussi à arriver sur le platier et qu’ils avaient pied ! Vous placez l’accident un mille plus au large et vous auriez eu 22 morts», s’emportera la procureure Hélène Bigot.
Au départ d’Anjouan, deux bateaux ont commencé le voyage, on ne sait pas à quel moment les passagers ont été transbordés sur un seul kwassa, une barque unique dont le moteur de 15CV ne permettait pas de faire face à des conditions de mer difficiles. Arrivé au petit matin au large de Bouéni, le kwassa est submergé par une vague.
Le prévenu ne serait pas le pilote principal mais c’est bien lui qui était aux commandes quand l’embarcation s’est renversée, plusieurs survivants l’ont identifié. L’un des passagers, qui en était à sa 26e traversée, l’a même formellement reconnu. Intercepté avec le pilote quelques semaines plus tôt, il s’était retrouvé au centre de rétention administrative (CRA) de Mayotte avec lui.
Le pilote n’en était effectivement pas à sa première traversée, il a déjà été interpellé au moins 13 fois, comme pilote ou passager, sous différentes identités, comme l’attestent ses empreintes digitales. Il a même été condamné en 2011 à un an de prison avec sursis.
La procureure, Hélène Bigot, dénonce ses mensonges. «Je ne peux pas croire, avec le nombre de morts causés par ces kwassas depuis des années, qu’il ne connaissait pas le danger qu’il faisait courir à ses passagers et qu’il courrait lui-même. C’est un mensonge de dire le contraire.» Un mensonge comme lorsqu’il affirme être mineur au cours de son interpellation pour échapper à la prison, il est en réalité âgé de 20 ans. Mensonge encore sur le nombre de traversées qu’il reconnait avoir faites.
Me Hassan, l’avocate du prévenu, sait qu’elle aura beaucoup de mal à assurer la défense de son client que tout accable. Elle choisit de pointer la responsabilité de la France qui a bougé les frontières au moment de l’indépendance des Comores en 1975. La France, qui avec le «visa Balladur», est responsable d’avoir «fait de l’océan Indien un immense cimetière marin.» «L’Etat français ne cesse de se défausser alors qu’il est le grand responsable de cette situation. Je demande une retenue nécessaire dans la peine que vous allez prononcer», conclut Me Hassan.
La cour suivra finalement les réquisitions de la procureure. L’homme est condamné à quatre ans de prison ferme. Incarcéré depuis le 12 février dernier, il est maintenu en détention et a donc encore trois ans et demi à purger. Mais il est en état de récidive après sa condamnation de 2011. La peine d’un an de sursis prononcée à l’époque pourrait être révoquée. Le condamné pourrait donc avoir une année supplémentaire de prison à effectuer.
RR
Le Journal de Mayotte
Six mois après, le pilote de l’embarcation était jugé ce mercredi matin à l’audience correctionnelle du tribunal de Mamoudzou. Il était poursuivi pour «homicide involontaire par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence». Le kwassa ne disposait d’aucun équipement, ni gilets de sauvetage, ni bouées, fusées ou GPS. L’homme devait également répondre «d’aide à l’entrée et au séjour d’étrangers en situation irrégulière aggravée par la mise en danger (kwassa)», car si le naufrage a fait 7 morts, 15 personnes ont également survécu au drame.
Une catastrophe au petit matin
Ce 10 février 2014, c’est la brigade nautique de la police aux frontières qui découvre le drame. Un écho radar avait signalé la présence d’un probable kwassa au niveau de la passe de Bouéni. Mais lorsque le zodiac des forces de l’ordre arrive sur place, les hommes entendent des cris et aperçoivent une personne debout sur le platier qui agite un chiffon pour signaler la catastrophe.
Sept corps sont alors retirés de l’eau et quinze survivants dénombrés, sans que l’on connaisse le nombre exact de personnes qui ont réellement effectué la traversée depuis Anjouan.
«Sept morts parce que les autres passagers ont réussi à arriver sur le platier et qu’ils avaient pied ! Vous placez l’accident un mille plus au large et vous auriez eu 22 morts», s’emportera la procureure Hélène Bigot.
Un pilote déjà interpellé 13 fois
Au départ d’Anjouan, deux bateaux ont commencé le voyage, on ne sait pas à quel moment les passagers ont été transbordés sur un seul kwassa, une barque unique dont le moteur de 15CV ne permettait pas de faire face à des conditions de mer difficiles. Arrivé au petit matin au large de Bouéni, le kwassa est submergé par une vague.
Le prévenu ne serait pas le pilote principal mais c’est bien lui qui était aux commandes quand l’embarcation s’est renversée, plusieurs survivants l’ont identifié. L’un des passagers, qui en était à sa 26e traversée, l’a même formellement reconnu. Intercepté avec le pilote quelques semaines plus tôt, il s’était retrouvé au centre de rétention administrative (CRA) de Mayotte avec lui.
Le pilote n’en était effectivement pas à sa première traversée, il a déjà été interpellé au moins 13 fois, comme pilote ou passager, sous différentes identités, comme l’attestent ses empreintes digitales. Il a même été condamné en 2011 à un an de prison avec sursis.
La procureure, Hélène Bigot, dénonce ses mensonges. «Je ne peux pas croire, avec le nombre de morts causés par ces kwassas depuis des années, qu’il ne connaissait pas le danger qu’il faisait courir à ses passagers et qu’il courrait lui-même. C’est un mensonge de dire le contraire.» Un mensonge comme lorsqu’il affirme être mineur au cours de son interpellation pour échapper à la prison, il est en réalité âgé de 20 ans. Mensonge encore sur le nombre de traversées qu’il reconnait avoir faites.
La responsabilité de la France
Me Hassan, l’avocate du prévenu, sait qu’elle aura beaucoup de mal à assurer la défense de son client que tout accable. Elle choisit de pointer la responsabilité de la France qui a bougé les frontières au moment de l’indépendance des Comores en 1975. La France, qui avec le «visa Balladur», est responsable d’avoir «fait de l’océan Indien un immense cimetière marin.» «L’Etat français ne cesse de se défausser alors qu’il est le grand responsable de cette situation. Je demande une retenue nécessaire dans la peine que vous allez prononcer», conclut Me Hassan.
La cour suivra finalement les réquisitions de la procureure. L’homme est condamné à quatre ans de prison ferme. Incarcéré depuis le 12 février dernier, il est maintenu en détention et a donc encore trois ans et demi à purger. Mais il est en état de récidive après sa condamnation de 2011. La peine d’un an de sursis prononcée à l’époque pourrait être révoquée. Le condamné pourrait donc avoir une année supplémentaire de prison à effectuer.
RR
Le Journal de Mayotte