Mais, où est passé Hakim Ali Saïd, candidat à l’élection présidentielle de 2016?
Il suscite un vif débat autour de sa candidature «mahoraise», et se fait très discret après
Hakim Ali Saïd est un garçon très correct. Un peu provocateur sur les bords, mais très correct. En février 2013, il a allumé un feu politique que les autorités comoriennes n’ont même pas feint de regarder et à plus forte raison de tenter d’éteindre, alors qu’il a soulevé un problème d’un grand intérêt, celui de l’organisation d’une élection présidentielle comorienne dont tous les candidats seraient natifs ou originaires de Mayotte. Il fallait y penser. Hakim Ali Saïd y a pensé. Il a lancé sa petite bombe politique, en réclamant la présidence tournante pour Mayotte. Or, comment organiser l’élection présidentielle comorienne à Mayotte alors qu’il n’y a pas de liberté de circulation totale entre les îles indépendantes et cette île restée sous administration française?
L’analyste politique Saïd-Omar Allaoui s’emporte chaque fois que le sujet est évoqué devant lui: «Je n’ai jamais compris l’intérêt d’un débat sur une élection qui est impossible à organiser. Il ne faut pas perdre son temps et son énergie pour parler d’un sujet sans importance. Ça n’a pas de sens. Il faut carrément oublier ce projet chimérique d’organisation d’une élection impossible à envisager et à tenter d’organiser à Mayotte. Personnellement, je ne m’intéresse pas à ce genre de feu de paille. C’est un “trucˮsans importance, qui sert juste à animer des discussions de salon et de places publiques». Pour Hamada Madi Boléro, lors de l’interview qu’il accorda à Patrick Millan du JournalFrance Mayotte à la mi-juin 2014, la candidature de Hakim Ali Saïd présente un intérêt certain et est «la bienvenue», et ce, «d’autant que c’est un vrai Comorien, de mère mahoraise, de père grand-comorien, de femme mohélienne, d’amis anjouanais. Il peut être donc candidat partout où il veut».
Hakim Ali Saïd n’est pas un idiot, tant s’en faut. Et malheur à celui qui le prendra pour un utopiste, un illuminé ou un bougre. Il connaît bien les failles de la Constitution comorienne et joue merveilleusement avec. Normalement, interdire sa candidature serait improductif pour les Comores. Les Comores veulent Mayotte? Elles doivent commencer par faire la bise aux Mahorais sur les deux joues, accepter de compromis avec eux pour les attirer vers elles. Aujourd’hui, Hakim Ali Saïd sait bien que l’organisation de la présidence tournante à Mayotte est du domaine de l’impossible. Mais, il a surtout eu l’intelligence de dire que si l’élection primaire n’a pas lieu à Mayotte et pour cette île, il serait toujours candidat à l’élection présidentielle comorienne de 2016.
Il a donc envisagé l’impossibilité que représente l’organisation de l’élection de 2016 à Mayotte, dans les conditions juridiques et institutionnelles actuelles. Il s’est ouvert une deuxième porte, et il sera impossible de lui refuser le dépôt de sa candidature, pour peu qu’il prenne la précaution de se faire inscrire sur les listes électorales. Mais, l’a-t-il fait? Les Comoriens veulent le savoir tout de suite pour éviter d’interminables polémiques en 2016. Hakim Ali Saïd s’est-il inscrit sur les listes électorales comoriennes? Si non, qu’attend-il? Si oui, pourquoi l’événement n’a-t-il pas reçu la couverture médiatique qu’il mérite?
Au surplus, ce que les gens ne comprennent pas aujourd’hui, c’est l’étrange discrétion dans laquelle s’est calfeutré le bouillant, bruyant, bouillonnant, énergique, médiatique et atomique Hakim Ali Saïd. Au fait, où est-il en ce moment et où en est-il avec sa candidature à l’élection présidentielle comorienne de 2016? Pour la beauté de la chose, il aurait fallu que de temps à autre, il donne des signes de vie pour qu’il fasse comprendre aux uns et aux autres qu’il est toujours en lice pour la fameuse élection présidentielle. Il est quand même un homme des médias, et il doit savoir ce que c’est que l’occupation de l’espace médiatique.
Donc, je réitère ma question: où est Hakim Ali Saïd en ce moment et où en est-il avec son projet de candidature à l’élection présidentielle comorienne de 2016? Sait-il que son silence actuel, comparé à l’annonce de sa candidature tambour battant, inquiète? Ce silence confine à un effacement politique et médiatique qui pousse les gens à se poser des questions. Il faudra donc que le frère Hakim Ali Saïd nous en dise plus sur ses intentions politiques du moment car, là, en se cachant derrière ce silence inquiétant, il joue avec nos nerfs et ce n’est pas bien. Nous attendons de lui des réponses précises. Il sait ce qu’il a à faire pour nous tranquilliser.
Par ARM
© lemohelien – Mercredi 6 août 2014.
