«La plupart des Jeunes qui critiquent les anciens, font pire »
Dr.Mahmoud Ibrahime est formé en Histoire à l'Université Paris 1 et Jussieu Paris 7 (où il a obtenu un doctorat Mention Très Honorable avec les félicitations du jury) et en parallèle il a poursuivi des études de Lettres Modernes à Paris 3 (Licence). Après le service militaire à Colmar, il est entré à l'IUFM de Créteil en 1995 et a passé un concours qui lui permet aujourd'hui d'enseigner le français et l'histoire. Il a écrit de nombreux livres et articles sur l'histoire des Comores dont la fameuse biographie de Saïd Mohamed Cheikh. Il est le fondateur de la revue Tarehi et des Éditions Coelacanthe.
«La plupart des Jeunes qui critiquent les anciens, font pire »
1 –Monsieur, vous êtes depuis trop longtemps un homme de terrain très engagé dans plusieurs axes; quels sont les moments les plus marquants de votre parcours militant?
Votre question ressemble à un appel à un bilan. Or j'ai encore beaucoup à vivre dans le domaine du militantisme. Je pense que pour l'instant les moments les plus marquants que j'ai pu vivre en tant que militant c'est la période du séparatisme. C'est une période pendant laquelle j'ai opéré un retour dans la communauté car je sentais que le destin de l'archipel se jouait sur les caprices de quelques-uns qui pensaient représenter la majorité. Je me suis retrouvé aux côtés de Chamanga, Abdallah Mirghane et d'autres dans le cadre de Fraternité anjouanaise (devenue Fraternité comorienne) dans un combat que nous menions d'abord contre l'association franco-anjouanaise qui faisait le lien entre l'extrême droite française (notamment les royalistes de l'Action française) et la direction des séparatistes à Anjouan. Il s'agissait d'abord par nos écrits de répondre aux bêtises que ces gens répandaient. Ensuite, il fallait convaincre certains cadres anjouanais hésitants à se prononcer clairement contre le séparatisme. Et enfin, il fallait dénoncer les manoeuvres menées par les officines françaises à partir de la France ou à partir de Mayotte et de la Réunion (sous couvert de missions humanitaires à Anjouan). Je pense que nous pouvons être fiers de ce que nous avons pu faire en peu de temps, même si la suite nous a montré à quel point l'action militante est limitée.
2 – Vous animez également une maison d'Edition : ''Cœlacanthe''. Quelles étaient vos motivations et quelle est la portée actuelle de votre institution ?
Les Editions Coelacanthe sont la continuité de l'association INYA créée 2000 dont un des objectifs était d'éditer la revue Tarehi qui traitait de l'histoire des Comores et de l'Océan Indien.
En 2005, nous avons changé le nom de l'association en "Cœlacanthe" pour une meilleure lisibilité et dans le but de renforcer l'édition de la revue.
À partir de 2010, nous avons décidé de sortir des livres car nous avons senti que de nombreux Comoriens avaient des manuscrits et qu'ils voulaient les publier sans avoir d'autres solutions que la publication à compte d'auteur.
Aujourd'hui, l'association Coelacanthe s'est développée au-delà de nos espérances. Nous avons reçu cette année plus de 40 manuscrits, et seulement une quinzaine seront publiés car nous ne sommes qu'une petite structure associative et le travail est énorme.
Depuis deux ans nous avions une représentante et un collaborateur aux Comores. En France, nous étions tous des bénévoles, mais nous venons d'embaucher une personne en emploi-aidé pour l'administration et nous négocions pour embaucher une relectrice-correctrice.
Les Editions Coelacanthe ont un statut d'association loi 1901 donc le plus gros du travail est accompli par des bénévoles et il n'y a pas de profit distribué.
3 – On parle de vous en Politique ces derniers temps. Quelles sont les orientations de votre formation; comment évoluez-vous dans ce domaine et avez-vous des ambitions pour 2014, 2016 aux Comores ?
Je n'ai pas de formation politique pour le moment. Avec quelques amis, nous avions lancé depuis deux ans une réflexion pour mettre en place un parti politique moderne, sans dirigeant-dominant comme dans tous les partis qui sont sur la scène politique comorienne (à une ou deux exceptions près), avec une nouvelle génération sensée être plus démocratique et plus active. Mais ce fut une grande déception pour moi de constater que la plupart des jeunes qui passent leur temps à critiquer les anciennes générations ne font pas mieux et parfois pire. Ils refusent le travail et attendent un messie qui viendrait tout faire à leur place. Je ne veux pas entrer dans les détails car je pourrais écrire un livre sur ce thème, mais ce fut pour moi une grande déception. Donc pour le moment, je ne suis dans aucune formation politique.
Propos recueillis par Ali M. Said
COMORES - KARIDJAPVENDZA
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