Les Comores broient du noir dans le noir et les autorités s’enrichissent dans le fuel lourd Humainement, faut-il appeler son amie aux...
Les Comores broient du noir dans le noir et les autorités s’enrichissent dans le fuel lourd
Humainement, faut-il appeler son amie aux Comores quand on la sait incapable d’envoyer par Internet ou par fax un dossier scolaire très important, du fait de l’inexistence de courant électrique au pays? N’y a-t-il pas quelque chose de poignant à entendre cette amie, de nature optimiste, répéter: «Mais, je ne peux rien t’envoyer! Comment puis-je scanner ou faxer le dossier dans une téléboutique non alimentée en courant électrique? C’est le Mato Grosso ici, car même dans la savane et dans la forêt tropicale africaine, on fait mieux». Du coup, ne pas appeler cette amie est très difficile, et l’appeler pour apprendre les merveilles d’un pays sans électricité fend le cœur chaque fois. Or, depuis des années, on raconte des mensonges éhontés aux Comoriens sur le fuel lourd indien qui va régler tous les problèmes d’électricité dans leur pays. Un débat passionnant est même engagé sur le sujet à propos de l’emplacement de la centrale électrique, et de nouveau, les Comoriens s’étripent sur les «réseaux sociaux et asociaux». Pour autant, quand on étudie le dossier, on y décèle un gros scandale parce que les Comores y ont impliqué de très mauvais garçons. D’ailleurs, deux noms y reviennent tout le temps: Abou Oubeidi Mzé Cheihi (Photos) et Saïd Mohamed Nassur. Il s’agit d’un scandale dans lequel le gouvernement comorien s’est vu ouvrir une ligne de crédit d’un montant de 41,6 millions de dollars des États-Unis (15.284.222.223 francs comoriens) pour un projet de centrale électrique de 18 MW à la Grande-Comore. Nos deux lascars ont tellement bénéficié d’argent de «frais de dossier» qu’ils sont devenus deux banques ambulantes. Que s’est-il passé? Pour comprendre cette immense escroquerie, il faut commencer par le commencement, quand le gouvernement comorien sollicita de l’Inde une assistance destinée à l’installation de cette centrale électrique de 18 MW à la Grande-Comore. L’Inde accepta, mais sous réserve de deux conditions: d’une part, la réalisation du projet doit être confiée à une entreprise indienne, qui doit détenir au moins 51% des parts de la structure devant gérer ledit projet. D’autre part, le projet doit être réalisé sur la base de matériel et de technologie «Made in India». Pour qu’une entreprise indienne soit sélectionnée, il lui fallait remplir au moins 80% des conditions qui étaient posées, aussi bien sur le plan technique que commercial. Par la suite, il appartenait aux Comores de sélectionner, par appel d’offres, l’entreprise remplissant le mieux les conditions et en communiquer le nom au gouvernement de l’Inde. C’est alors que commença la magouille.
Quatre entreprises indiennes soumissionnèrent, mais seule la Société Kirloskar était capable de fabriquer l’équipement exigé, un équipement indien, comme cela a été demandé par les autorités de New Delhi. Cette Société avait déjà établi sa stratégie de travail aux Comores et avait la liste de ses partenaires. Les trois autres entreprises devaient importer le matériel et le ramener aux Comores, ce que ne voulait pas l’Inde. Le matériel importé allait poser de problèmes de transfert de technologie et de maintenance même pour les entrepreneurs indiens eux-mêmes. C’est alors que les Abou Oubeidi Mzé Chehi (fonctionnaire du ministère de l’Économie et des Finances) et autres Saïd Mohamed Nassur (fonctionnaire du ministère de la Production, de l’Environnement, de l’Énergie, de l’Industrie et de l’Artisanat) commencèrent à exiger des «frais de dossiers» exorbitants qui, en réalité, relèvent de la pure escroquerie de la part de hauts fonctionnaires. À New Delhi, c’est la consternation et la colère froide, car les autorités indiennes constatèrent avec dégoût et colère que la procédure a été bafouée. C’est alors qu’une note verbale (document diplomatique par excellence) a été envoyée par le gouvernement indien à celui des Comores. Il s’agit donc d’une protestation diplomatique, un acte grave dans les relations officielles entre États souverains. Plus grave encore, le gouvernement comorien ne s’est même pas donné la peine de répondre au gouvernement indien. L’Inde réitéra sa protestation diplomatique et les Comores s’enfermèrent dans leur silence de voleur mis en accusation qui sait qu’il ne peut pas assurer sa défense de manière crédible. Ce qui signifie que dans l’état actuel des choses, tout ce qui touche le fuel lourd aux Comores relève de l’arnaque organisée par les Abou Oubeidi Mzé Cheihi, candidat aux élections présidentielles de 2016, Saïd Mohamed Nassur et autres mauvais garçons. Si l’un de ces voyous s’amuse à protester, il aura la honte de sa vie parce que nous publierons des documents qu’ils sont signés et qui les accusent nommément. Nous gardons ces documents sous le coude. Alors, qu’ils n’ouvrent pas la bouche.
Le 14 juillet 2014, Saïd Mohamed Nassur a adressé une note à la Société Kirloskar pour rejeter son offre technique, alors que celle-ci ne présente aucune faille. Or, Kirloskar est la seule des 4 firmes indiennes ayant soumissionné qui a la capacité de fabriquer des générateurs de la puissance électrique et de la qualité exigées. Son matériel répond parfaitement à tous les standards internationaux exigés en la matière. En lisant la note «Construction d’une centrale thermique au fuel lourd en Grande-Comore de 18 MW à Moroni (Grande Comores)» en date du 14 juillet 2014 signée de la main de Saïd Mohamed Nassur, qui agissait en sa qualité de «Président de la Commission d’Évaluation», on est littéralement scandalisé. Sa note est des plus laconiques et pue la gêne du voleur qui en dit moins pour éviter de parler: «Suite à votre dossier de soumission, relatif au sujet relaté en objet, j’ai le regret de vous informer qu’après examen approfondi des offres techniques, votre dossier n’a pas été retenu. Nous vous remercions de l’intérêt que vous accordez à notre projet». Quel goujat! Quand on lit le libellé exact de cette note du 14 juillet 2014, on se rend compte que Saïd Mohamed Nassur n’est ni une lumière, ni le meilleur fils engendré par les Comores et qu’il n’est pas à son poste par mérite. Relisons ensemble le libellé de la note: «Construction d’une centrale thermique au fuel lourd en Grande-Comore de 18 MW à Moroni (Grande Comores)». Ce n’est pas du français, ça. C’est un scandale dans le scandale.
Alors, il faudra expliquer aux Comoriens comment ça se fait que le pays soit resté dans le noir pendant que la grande entreprise indienne qui est en mesure de trouver une solution au problème a été empêchée d’aller travailler pour sortir le pays des ténèbres. En plus, ces gens-là ont escroqué la Société indienne en «frais de dossier», avant de reporter leur choix sur une entreprise qui ne remplit pas les conditions techniques relatives à l’installation d’une centrale thermique au fuel lourd aux Comores. Donc, l’attribution à l’entreprise en question est liée à la circulation de pots-de-vin, donc à la corruption. Donc, demain, les Comores vont se retrouver dans les mêmes problèmes, et mes amies seront toujours dans l’incapacité de scanner et de faxer des dossiers de famille d’une grande importance. Voilà ce qu’il arrive quand on nomme des fonctionnaires corrompus à des postes stratégiques. Car, quand on voit Abou Oubeidi Mzé Cheihi chaque matin, on constate que ses doigts sont tellement boudinés que bientôt il ne pourra plus les manier, tant il prend du poids et du volume chaque jour. C’est inquiétant, quand on sait que cet homme-là est le Conseiller du Vice-président Mohamed Ali Soilihi en charge des institutions financières internationales et qu’il rêve de devenir le prochain Président des Comores. En même temps, il serait temps que le Vice-président Mohamed Ali Soilihi ouvre ses yeux pour se rendre compte qu’il a des loups dans sa bergerie. Ne perdons pas de vue la réalité selon laquelle la ligne de crédit accordée par l’Inde aux Comores d’un montant de 41,6 millions de dollars des États-Unis correspond à 15.284.222.223 francs comoriens. 15 milliards de francs comoriens. Ce n’est pas une petite somme.
Par ARM