5 ans après le crash (152 morts), la compagnie d'aviation revient à Marseille. Les vieux démons de la communauté comorienne...
5 ans après le crash (152 morts), la compagnie d'aviation revient à Marseille.
Les vieux démons de la communauté comorienne de Marseille sont décidément tenaces. Cinq ans après le crash de son Airbus A310, dans lequel 152 personnes avaient trouvé la mort, la compagnie Yemenia s'apprête à rouvrir une ligne depuis l'aéroport Marseille-Provence, après avoir reçu le feu vert de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC).
Un retour qui intervient alors que son principal concurrent sur ce créneau, Air Madagascar, connaît toutes les peines du monde à assurer le direct Marseille-Moroni, capitale des Comores, dont elle a pour le moment l'exclusivité commerciale. "Nous avons rencontré des responsables de la compagnie Yemenia il y a quinze jours, lors d'une réunion qui a duré une heure. Ils ont effectivement eu l'accord de la DGAC, et nous ont indiqué qu'ils s'implanteraient à nouveau chez nous à partir de décembre . Nous ne pouvons nous opposer à une décision de la DGAC", confirme Julien Boulay, directeur marketing de l'aéroport Marseille-Provence.
Il faut dire que la Yemenia a mis les bouchées doubles pour convaincre les instances, à la base assez perplexes sur son cas. Selon une source interne à la société yéménite, un recrutement a été lancé pour la réouverture du bureau marseillais, avec un critère majeur : que les agents parlent un français parfait, un détail qui leur a souvent fait défaut par le passé.
La compagnie va également renforcer sa flotte (actuellement 10 appareils), et attendrait la livraison de dix autres avions de type A350-800 pour l'année 2015. Contactée hier, la direction de la Yemenia à Paris a simplement indiqué "que la ligne ouvre le 8 décembre, elle fera Paris-Marseille-Sanaa (Yémen)-Moroni. Il n'y a aucune raison d'être inquiet". Une déclaration courte, dans un anglais approximatif, prononcée par le responsable marketing de leur bureau parisien qui "ne parle pas du tout français".
Le consul honoraire "assez partagé"
À Marseille, la confirmation du retour de la Yemenia a provoqué une colère forte de la communauté comorienne, estimée à plusieurs dizaines de milliers de personnes, dont de nombreux représentants ont élevé la voix hier. L'association de défense des victimes du crash de 2009, "Ushababi", a fait hier le tour des agences de voyages susceptibles de travailler avec la Yemenia.
"Nous leur avons clairement signifié qu'on mènerait des actions contre la Yemenia et ceux qui collaborent avec elle. Ces actions s'étaleront jusqu'en septembre, nous n'allons pas relâcher la pression, clame Mohamed Itrisso, président d'Ushababi. Nous allons également taper aux portes des élus, et demander un entretien avec Jean-Claude Gaudin."
Jean-Victor Cordonnier, consul honoraire des Comores (ancien premier adjoint de Gaston Defferre) à Marseille, s'est dit "assez partagé sur la question". "S'ils ont fait des efforts en matière de sécurité et d'accueil des passagers, je dis oui, car ce sera une alternative de plus pour des milliers de familles désireuses de se rendre au pays. Sauf que la douleur est toujours présente, et je la partage avec elles. Les Comoriens de Marseille méritent un traitement exemplaire de la part des compagnies aériennes", affirme-t-il.
La direction de l'aéroport Marseille-Provence indique avoir suggéré à la Yemenia de "s'assurer que les Comoriens de Marseille accueillent son retour de manière positive". L'hiver risque d'être chaud.
Lionel Modrzyk/ laprovence.com
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