Cette question m’a été posée un jour par un étranger résidant aux Comores : « X, pourquoi les comoriens et en particulier les Wangaz...
Cette question m’a été posée un jour par un étranger résidant aux Comores : « X,
pourquoi les comoriens et en particulier les Wangazidja veulent-ils tous devenir Président ? ». J’ai été
évasif : « Non pas tous. Je sais pas». Mais la question revêt une part
de vérité. Aux Comores, une telle question a une portée
significative. Car, l’obsession du pouvoir est pathologique. Cette
pathologie s’est plusieurs fois manifestée par des coups d’État et par la prolifération des partis
politiques. En effet, l’unique « fauteuil présidentiel» est devenu un «
banc» où il y a de la place pour tout le monde et chacun peut venir
s’asseoir pour prendre un verre. Chacun se veut
être président et pour cela, il se fabrique une passerelle sur mesure
pour y parvenir. La fonction présidentielle est devenue vulgaire, dénuée
de toutes ses caractéristiques qualitatives. On veut seulement être
président et s’y accrocher par tous les moyens au détriment du peuple.
La constitution a ouvert le bal des
postulants à la candidature pour 2016. Depuis cette annonce, malgré que
les comoriens manifestent tous les jours pour réclamer l'électricité,l'eau ou la baisse des denrées alimentaires ,
certains politiques cyniques et pervers, dans une indifférence absolue,
occultent la souffrance du peuple comorien en pensant uniquement à
être élu en 2016. Aucun d’eux n’ose lever le petit doigt pour dénoncer
avec la toute dernière vigueur les problèmes qui frappent l'Archipel.
Au regard de tout cela, il t’appartient aujourd’hui, toi comorien
lambda, de dire que tu n’es pas dupe. Tu dois te poser une question qui
exige une réponse idoine : est-ce que tous ces ambitieux qui aspirent à
devenir Chef d’Etat, sont-ils vraiment aptes à incarner l’autorité
inhérente à la fonction présidentielle ? Car, tel que déjà constaté, sur plusieurs présidents qui se sont succédé au pouvoir aux Comores, la
plupart ont donné de la fonction présidentielle une image ubuesque, prédatrice et autocratique. L’érosion de la fonction
présidentielle a atteint son paroxysme avec l’arrivée d'Ikililou DHOININE qui,
réduit à un grand commis de Boléro, a complètement désacralisé la
fonction présidentielle, c’est-à-dire dépouillé de son caractère
respectable. Pourtant, une telle fonction doit être sacralisée.
Sacraliser la fonction présidentielle, c’est voir le Chef de l’Etat
incarner une nation, une autorité transcendante à toutes les forces
négatives et à toutes les passions triviales du corps social.
Malheureusement, aujourd’hui, il n’y a plus aucun respect pour la
fonction présidentielle. Pourtant, être président, sous d’autres cieux,
c’est d’abord s’imprégner de l’envie des citoyens : l’envie de faire
enfin respirer à pleins poumons un pays qui s’étouffe sous le poids des
privilèges de la caste au pouvoir. L’ambition du prétendant est ainsi
nourrie par l’élan des forces les plus créatives et les plus ardentes et
par la vaillance de son patriotisme.
En fait, on pensait toujours que la gravité des responsabilités du
Président de la République découragerait les ambitieux, ou dissiperait
leur désir d’en assumer la charge. Erreur. Les faits ne paraissent guère
nous donner raison : à chaque élection, les candidatures se multiplient
et les marchands de rêve écument le paysage politique comorien.
Alors pourquoi y a – t-l tant d’ambitieux à vouloir être Président dans
un pays dont le tissu socio-économique est complètement en lambeaux ?
Une question ouverte.
Article de Passi KERUMA adapté à la situation comorienne.
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