«Tata, Tatie, je n'ai qu'un slip troué et rapiécé et je veux être Président en 2016». Il y a une question très lancinante se po...
«Tata, Tatie, je n'ai qu'un slip troué et rapiécé et je veux être Président en 2016».
Il y a une question très lancinante se posent de nombreux Comoriens en ce moment: quelle est la raison qui peut pousser un homme apparemment sain de corps et d'esprit, qui n'a même pas un clou rouillé pour suspendre son slip troué et rapiécé à croire qu'il disposera de 150 millions de francs comoriens pour financer sa campagne présidentielle en 2016? Dès à présent, nous devons nous regarder dans le blanc des yeux et nous dire la vérité: pour 2016, on nous annonce un nombre très important de candidatures à l'élection présidentielle. Aurons-nous plus de 20 candidats? Pour l'instant, il faut tout envisager, y compris la banalisation de l'élection présidentielle par ceux qui n'ont même pas une épingle et qui se piquent de pouvoir lever des fonds d'une valeur de plus de 150 millions de francs comoriens pour tenter de convaincre les Comoriens qu'ils seront chacun le meilleur pour diriger un État en lambeaux. Mais, peut-il y avoir une extravagance politique qui étonnera les Comoriens aujourd'hui, quand, en 2010, on a vu à Mohéli, sur une île de 41.000 habitants et moins de 23.000 électeurs, 10 candidats se présenter à l'élection présidentielle? Alors, quand on sait que la population de la Grande-Comore est de 480.000 habitants, il y a de quoi s'inquiéter. Mais, pourquoi le chiffre de 150 millions de francs? C'est très simple: pour faire une bonne campagne électorale aux Comores actuellement, c'est le montant qu'il faut. Une bonne campagne électorale se caractérise par son dynamisme et l'intelligence de ses concepteurs, loin de tout étalage malsain et indécent d'argent sale, qu'envisagent Ahmed Sambi et ses crypto-sambistes. Ce chiffre de 150 millions est ridicule aux yeux d'un Ahmed Sambi, qui a les moyens de lancer plus de 20 milliards de francs comoriens dans une élection afin de se faire éviter une mort violente s'il n'est pas aux commandes de l'État pour remettre aux étrangers à qui il a pris de l'argent «leurs» deux blocs de «pétrole» au large des Comores.
Quand on veut connaître le sérieux d'un candidat à l'élection présidentielle, il suffit de lui annoncer les 150 millions de francs. Dès qu'il dit qu'il compte lever des fonds d'une valeur de 600 millions de francs comoriens, c'est qu'il s'agit d'un escroc de haut vol. C'est le premier signe de l'appartenance de ce candidat à la Congrégation mondiale des Escrocs. D'ailleurs, en dépit de tout ce qu'on pense, l'argent aide mais ne fait pas l'élection présidentielle. Ceci est d'autant plus vrai qu'en décembre 2010, Mohamed Saïd Fazul était arrivé à inverser le cours de l'élection présidentielle avec seulement 22 millions de francs, alors qu'en face, Ikililou Dhoinine disposait de moyens financiers énormes, ceux de l'État. En décembre 2010, quand Mohamed Saïd Fazul, ses colistiers et soutiens arrivèrent à la Grande-Comore, on sentit que l'élection avait basculé en leur faveur. Mais, le clou du spectacle a été à Anjouan, où ils eurent droit à un accueil impérial et à une ferveur populaire inédite. À la mi-décembre 2010, à deux semaines du second tour de l'élection, Mohamed Saïd Fazul avait effectué le plus bizarre des voyages à Paris, et était rentré aux Comores avec seulement 45.000 euros, mais 45.000 euros qui avaient été utilisés de manière très efficace et très intelligente.
À l'opposé, et toujours en 2010, on avait vu Mohamed Larif Oucacha et son colistier grand-comorien Idi Nadhoim inonder Mohéli de 75 millions de francs à 48 heures du premier tour de l'élection présidentielle, après avoir commencé la campagne avec les 150 millions de francs évoqués. Mais, le message de Mohamed Larif Oucacha était inaudible parce que les Mohéliens n'avaient pas oublié que le candidat avait soutenu Ahmed Sambi dans son projet de ne pas organiser l'élection de 2010 devant porter un Mohélien à la tête de l'État comorien. C'est ainsi qu'il se retrouva en 7èmeposition, une position très humiliante, qui tranche avec les moyens qu'il avait déployés, alors que Hamada Madi Boléro, qui ne disposait en tout et pour tout que de 2 millions, était classé 5ème. Il faut dire que Mohamed Larif Oucacha s'était fait voler par certains de ses partisans qui, au lieu d'utiliser les millions pour tenter de persuader les électeurs, avaient gardé l'argent, ne distribuant que quelques malheureux billets. Toujours est-il que, nonobstant tout ce qu'on peut penser, les Comoriens ne voteront jamais pour un candidat uniquement parce qu'il dispose de plus d'argent. Quelle est l'origine de cet argent? D'ailleurs, la fraude électorale est beaucoup plus efficace que le tout-argent, et les Comoriens ne pourront se résoudre à dire que, puisque l'ancien satrape Ahmed Sambi est le plus riche, c'est son candidat qui sera élu. Il n'en sera rien, de toute façon.
Mais, que faut-il dire de ceux qui n'ont que leur slip troué et qui veulent accéder à Beït-Salam, pour trôner au Centre de l'Univers? Là, on entre au cœur de la plus sinistre des farces. En effet, il est des candidats qui ne peuvent même pas s'acheter un ticket de métro à Paris et qui sont convaincus que le Soudan et l'Iran vont leur donner des valises d'argent pour diriger les Comores et les Comoriens. Exagération? Rien du tout. Je connais mon petit monde de politiciens comoriens sans le sous et prétendant s'installer à Beït-Salam. Comment un homme qui ment à tout le monde en prétendant qu'il va aux Comores et qui n'arrive pas aux Comores parce qu'il s'est caché pour récolter le raisin à Bordeaux peut-il disposer de 150 millions de francs et mener une bonne campagne électorale? Comment un homme qui n'a rien à manger chez lui peut-il se constituer un trésor de guerre et partir à la conquête des Comores et des Comoriens? Qu'on ne raconte pas des mensonges aux Comoriens car ce n'est pas un travailleur saisonnier de la région de Bordeaux qui fera l'affaire. Les gens doivent cesser de croire qu'ils pourront sauter au-dessus de leur ceinture lombaire. On peut dire pire…
Hélas! Dans l'affaire, il n'y a pas que les rêveurs saisonniers de Bordeaux. Il y a aussi ceux qui ont placé tous leurs espoirs sur «Papa Ahmed Sambi» qui, à coup sûr, sera obligé de placer ses millions sur plus d'un candidat tant la danse du ventre chez lui donne lieu au plus humiliant des spectacles de la part de gens sans dignité, ni fierté personnelle. Certains sont convaincus qu'à défaut de devenir lui-même Roi, Ahmed Sambi sera le faiseur de Rois. Il a beaucoup d'argent, et on le sait. Le problème, c'est qu'il n'a autour de lui que des rigolos, qu'aucun Comorien sérieux ne prendra au sérieux. N'oublions pas que les Comores sont un petit pays, où tout le monde connaît tout le monde. Les reptiles politiques sont clairement identifiés, mais ne pourront jamais avoir les faveurs des suffrages parce que leur personne est repoussante. Comment le Comorien peut-il élire un candidat envers qui il n'a que du mépris?
En 2009, ce politicien mohélien me dit: «Je suis candidat à l'élection présidentielle de 2010. Je compte sur ton aide car je veux un programme qui persuadera les Comoriens que je suis le meilleur». Réponse: «Ah bon? Parce que tu disposes de 300.000 euros pour aller faire ton beurre aux Comores? Si tu n'as pas cette somme, il ne faut même pas tenter d'aller te faire ridiculiser car les Mohéliens sont des gens moqueurs et sont impitoyables même envers ceux qu'ils ont élus. Avec des amis comoriens et français, nous avons fait des calculs très précis et avons conclu qu'une bonne campagne présidentielle aux Comores doit s'appuyer sur 300.000 euros, en dehors de toute idée de corrompre les électeurs, qui peuvent choisir qui ils veulent d'ailleurs quand ils sont dans l'isoloir. Fais donc vraiment attention». Réaction indignée de notre «Président en herbe»: «Tsss! 300.000 euros? Ce n'est rien, ça. Moi, je table sur 1.200.000 euros. Il y a même quelqu'un qui a pris l'engagement de parrainer ma candidature». Attention: cette histoire est authentique et, par la suite, notre homme regarda de loin les autres faire campagne pendant qu'il n'avait même pas un tire-bouchon en poche.
Donc, en 2016, il se passera beaucoup de choses, et beaucoup de coqs qui chantent dans les poulaillers aujourd'hui devront adopter le profil le plus bas au moment des choses sérieuses. Rien que pour verser la caution électorale, certains devront se rabattre sur les bijoux de Madame, en croyant «vendre» par la suite les 15 voix qu'ils obtiendront dans leurs villages. D'autres pourront ne même pas bouger de Bordeaux, où ils devront continuer à vendanger. Mais, comme pour exister, la plupart des Comoriens croient qu'il faut être Président de la République ou ministre, en 2016, il y aura du sport aux Comores.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Mardi 15 juillet 2014.