«Quand les Français parlent d'"immigration clandestine", c'est une aberration». Dans la soirée de ce mardi 15 juillet 2014...
«Quand les Français parlent d'"immigration clandestine", c'est une aberration».
Dans la soirée de ce mardi 15 juillet 2014, plus précisément à 21 heures 45 (heure de Paris), Hamada Madi Boléro, Directeur du Cabinet du Président chargé de la Défense, était l'invité de Mme Pauline Simonet, dans le cadre du «Journal Afrique» sur la chaîne de télévision France 24. Naturellement, compte tenu de l'actualité diplomatique liée à la tenue de la conférence des chefs d'État et de gouvernement des pays membres de la Commission de l'océan Indien (COI) à Moroni, le 26 juillet 2014, l'interview a porté sur les relations entre les Comores et la France, surtout au regard du statut juridique et politique de Mayotte. Quand Mme Pauline Simonet évoque la revendication comorienne sur l'île de Mayotte, Hamada Madi Boléro, pourtant fervent partisan des négociations entre les Comores et la France, s'interroge sur l'idée même de négocier sur Mayotte quand le Droit international public reconnaît que Mayotte n'a jamais cessé d'appartenir à l'État des Comores. Pour lui, on négocie pour essayer d'éviter un «drame humain» qui n'épargne «aucune famille comorienne», et qui se joue dans le bras de mer séparant Anjouan de Mayotte. Pour lui, depuis la rencontre du 13 octobre 2012 entre les Présidents comorien et français, Ikililou Dhoinine et François Hollande, à Kinshasa, en marge de la Conférence «au sommet» de la Francophonie, le principe d'un accord sur la circulation des personnes au sein de l'Archipel des Comores a été acquis entre deux chefs d'État. Et, en juin 2013, lors de leur rencontre à l'Élysée, a été paraphé un important accord bilatéral sur ce sujet crucial.
Pour Hamada Madi Boléro, il ne fait pas de doute que «quand les Français parlent d'"immigration clandestine" [entre la partie indépendante des Comores et Mayotte], c'est une aberration» car il n'y a pas d'immigration clandestine pour les Français voyageant «entre Paris et Marseille». Donc, pour lui, et contrairement aux accusations mensongères du décédé Front démocratique (FD) et de sa moribonde succursale de la propagande qu'est le Comité Maoré, Mayotte fait partie des Comores et n'a jamais cessé de l'être, nonobstant son statut juridique de Département français d'Outre-mer. Il défend avec acharnement l'appartenance de Mayotte à l'État comorien. Cependant, contrairement à ceux que répugne l'idée même d'une négociation entre les Comores et la France, il croit en la négociation et en ses vertus. On ne va tout de même pas dire à un spécialiste diplômé en Relations internationales que la négociation est synonyme de «capitulation» et de «braderie» des intérêts des Comores au sujet de l'île de Mayotte. Le FD et son Comité Maoré, qui s'accrochent à cette logomachie surannée, n'ont rien proposé et ne proposeront rien puisqu'ils n'ont rien à proposer.
Hamada Madi Boléro va au cœur du problème quand il explique qu'il ne comprend pas pourquoi, sur le plan territorial, la France a accordé une souveraineté totale et complète à toutes ses autres anciennes colonies d'Afrique, alors qu'elle ne veut pour les Comores qu'une indépendance inachevée, incomplète et au rabais, en voulant garder Mayotte dans son giron, nolens volens. Cette réflexion rejoint celle de l'homme d'État comorien aujourd'hui bien «mondialisé» qu'est Saïd Hilali, qui dit comprendre l'attachement stratégique de la France à certaines de ses anciennes colonies d'Afrique dont le sous-sol est riche en matières premières stratégiques, mais qu'on ne retrouve pas à Mayotte.
Pour Hamada Madi Boléro, la coopération stratégique entre les Comores et la France est nécessaire, notamment pour lutter contre une piraterie maritime remise au goût du jour par des Somaliens qui profitent de l'absence d'État chez eux pour sévir dans tout l'océan Indien occidental à la recherche de proies à capturer pour en tirer une rançon. Dans un passé récent, les Comores ont fait les frais de la piraterie maritime somalienne, et sans l'aide de la France, cette activité crapuleuse aurait continué dans les eaux territoriales comoriennes. Naturellement, l'occasion était très belle pour le plus actif des collaborateurs du Président Ikililou Dhoinine pour parler de l'une de ses plus belles réalisations: la création d'une unité de garde-côtes pour sécuriser les eaux territoriales des Comores. L'homme de Beït-Salam rappelle que cette unité des garde-côtes se met en place grâce à l'aide du Sultanat d'Oman. Plus intéressant encore, il rappela une réalité qu'on tend à faire passer sous silence, même entre Comoriens: l'insécurité totale qui règne dans les eaux territoriales comoriennes, même «entre la Grande-Comore et Mohéli ou entre Mohéli et Anjouan», loin de Mayotte. Ce qui est tout à fait vrai. En d'autres termes, aux Comores, ce n'est pas seulement un visa instauré par la France à Mayotte qui tue en haute mer.
L'intérêt de cette interview, c'est qu'elle ne comporte aucun soupçon de complaisance et de langue de bois. C'est une interview très intense, très professionnelle, au cours de laquelle le russophone Hamada Madi Boléro s'est exprimé dans un français impeccable et flamboyant, sans fioritures inutiles, et sans faux-fuyants. On aimerait attendre une telle merveille médiatique de la part des autres hommes d'État comoriens, souvent soporifiques, insipides et falots, dont personnellement j'évite de suivre les interventions à la télévision, tant elles sont ennuyeuses, ces «francophones purs» s'exprimant dans un «français de manioc», sans queue, ni tête, ni panache.
Mais, ce n'est pas parce que Hamada Madi Boléro a entièrement réussi sa prestation télévisée que ses ennemis institutionnels ne vont pas trouver matière à redire. Comme il a l'habitude de dire, «le propre de la haine est de faire perdre la raison à ceux qui sont possédés par elle». Donc, il est attendu du défunt FD et du moribond Comité Maoré qu'ils trouvent dans l'excellente intervention télévision de Hamada Madi Boléro matière à l'accuser, une fois de plus, de «vendu» et d'«agent de la France». S'ils ne le font pas, c'est qu'ils ont cessé d'être eux-mêmes.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Mercredi 16 juillet 2014.
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