Abdallah Hassane «Agwa», consolateur des Totos du Cabinet présidentiel Il y a, dans la manière dont Ikililou Dhoinine a à renvoyer ses ...
Abdallah Hassane «Agwa», consolateur des Totos du Cabinet présidentiel
Il y a, dans la manière dont Ikililou Dhoinine a à renvoyer ses collaborateurs, une forte dose de sadisme et de cruauté, un manque total d’humanité. Cela ne signifie pas que les ministres et les membres du Cabinet présidentiel à qui est signifié abruptement qu’ils devront se préparer à aller pointer au chômage sont à plaindre, bien au contraire, mais que le Président de la République se comporte en tortionnaire qui traumatise ses gens avant de les renvoyer auprès de leurs respectables mamans. Ce dimanche 15 juin 2014, on a même entendu Mohamed Larif Oucacha, le cousin et Conseiller souffre-douleur du Président, demander un taxi à la porte de Beït-Salam. Et quand on lui demande pourquoi un Conseiller du Grand Homme du Centre de l’Univers doit-il se résoudre à prendre un taxi alors qu’il est censé avoir une voiture de fonctions, il rit avant de répondre d’une voix caverneuse: «Ah! On nous a tout pris. Nous n’avons rien. Nous sommes de simples et ridicules images». Chacun pleurera donc le limogeage de son parent le jour de son renvoi, mais il est exclu de voir les Comoriens pleurer collectivement sur le sort funeste réservé ce jour-là aux membres du Cabinet présidentiel. Toujours est-il que les collaborateurs du Président de la République ont le moral dans le talon depuis le jour où ils ont été réunis par leur chef, qui leur annonça leur renvoi dans quelques jours. Du coup, avant même d’avoir quitté Beït-Salam, un des bambochards du Président appela de la Présidence de la République le sulfureux et corrosif journaliste Abdallah Hassan dit «Agwa» et pleura toutes les larmes de son corps. Après les jérémiades au téléphone, il demanda à son ami d’être un plus virulent que d’habitude quand il annoncera la nouvelle. Bon Prince, Abdallah Hassane dit «Agwa» compatit aux malheurs à venir de son ami et annonça la nouvelle à sa manière.
Il est vrai que Hamada Madi Boléro n’a pas assisté à la réunion d’adieux à Beït-Salam. Mais, nous devons nous poser la question de savoir où il était et pourquoi il a raté la séance des «condoléances politiques». En réalité, si le Directeur du Cabinet du Président de la République a «séché» cette séance de mouchoirs mouillés de larmes, c’est tout simplement parce qu’il était à Mohéli, où il assistait à une cérémonie religieuse qui avait été organisée pour le repos de l’âme de notre oncle, l’homme d’État Aboubacar Ahmed Kassim, qui se trouve être son beau-frère. En d’autres termes, ce n’est pas parce qu’il était au courant d’un limogeage le concernant qu’il boudait. Il était à Mohéli. C’est tout. Pourtant, dans tous les milieux politiques des Comores, on ne parle que de son limogeage. Pourquoi? Parce que ses détracteurs ont répandu le bruit sur un Président Ikililou Dhoinine cédant, enfin, aux pressions des notables de la Grande-Comore et qui aurait pris la décision de renvoyer le plus insulté, critiqué et calomnié de ses collaborateurs: Hamada Madi Boléro. Cela s’appelle prendre ses désirs pour de la réalité, mais attendons la suite des événements politiques. Ikililou Dhoinine est imprévisible. Trop imprévisible.
Il est, enfin, un problème important à signaler: le renvoi d’un Cabinet. D’habitude, c’est un homme travaillant au sein du Cabinet qu’on renvoie et non tout le Cabinet. De manière générale, on parle de «remaniement du gouvernement», et quand on parle de «remaniement du Cabinet», cela touche une personne ou deux, généralement ayant commis une faute. Mais, là, le Président de la République va inventer, comme à son habitude. Il va réinventer la pratique gouvernementale. Si on met de côté les petites et grandes magouilles, l’arrogance, le narcissisme, l’incompétence criminelle, la corruption, la prévarication et toutes sortes de bêtises et une montagne d’actes illicites, le Président n’a rien à reprocher à son entourage. On dit que quand il lui arrive de penser aux affaires de l’État, il comprend que son Cabinet est un immense gâchis devenu la risée des Comoriens et l’objet de leur haine. Mais, il n’y a pas que le Cabinet et le gouvernement. S’il pouvait connaître la haine des Comoriens envers son entourage, une haine qui ne l’épargne plus! S’il pouvait comprendre cela…
De toute manière, tout connaisseur sérieux des mœurs politiques comoriennes sous Ikililou Dhoinine comprend aujourd’hui que le Cabinet du Président correspond à un ensemble de zéro qu’on additionne à un ensemble de zéro pour arriver à zéro. Le manque de lucidité dans la conduite des affaires de l’État a conduit le Président à commettre la même erreur lors de la composition du gouvernement le 13 juillet 2013, additionnant plusieurs zéros à d’autres zéros pour arriver toujours à zéro. Mais, qui, dans les Comores d’aujourd’hui n’aime pas le Président de la République? Nous l’aimons tous et sommes tous prêts à mourir pour lui. Pure vérité. Mais, après avoir renvoyé le gouvernement en 2013 et alors qu’il s’apprête à renvoyer son Cabinet en 2014, il est temps pour Ikililou Dhoinine de comprendre que le problème des Comores et des Comoriens, aujourd’hui, c’est lui et lui seul. Son goût pour la médiocrité de ceux qui l’entourent et son mépris légendaire envers les cadres honnêtes et compétents y sont pour beaucoup. Quand on change d’hommes et que cela ne donne pas de résultats, c’est soi-même qu’on doit changer. Ikililou Dhoinine devra changer, mais il ne changera pas. Il surestime son intelligence et son intelligence politique. Pour preuve, à Djoiezi, pour lutter contre l’érosion du sol menaçant le pauvre et pitoyable dispensaire qu’il a construit et fermé le jour de son inauguration faute de moyens techniques et humains, un agronome avait proposé la solution la plus réaliste: le reboisement en face du dispensaire, dans un endroit exposé aux coulées de boues. Et on vit le Président de la République contester la suggestion de l’agronome. Saïd-Omar Charif, l’agronome en question, n’en revient toujours pas, lui qui croyait avoir tout vu, tout entendu.
Par ARM