Participation réelle à la survie du pays, méconnaissance par les pouvoirs publics. Les chiffres de la Banque centrale des Comores (BCC...
Participation réelle à la survie du pays, méconnaissance par les pouvoirs publics.
Les chiffres de la Banque centrale des Comores (BCC) viennent de tomber, et ils sont très parlants en ce qui concerne les apports financiers de la communauté comorienne à l'étranger, essentiellement installée en France. Selon ce Rapport, les Comoriens vivant en France ont transféré vers leur pays d'origine, en 2013, quelque 58,8 milliards de francs comoriens, un chiffre qui tranche singulièrement avec les 14,8 milliards de francs comptabilisés en 2000 et qui indique qu'il y a eu une augmentation de 294% entre 2000 et 2013. Les transferts ainsi effectués par la diaspora comorienne sont d'autant plus importants qu'ils sont devenus un facteur de financement du déficit de la balance des paiements du pays à hauteur de 80% (un chiffre record, comparé à celui constaté dans d'autres pays), correspondant à 6 mois d'importation de biens et services par les Comores. Il va sans dire que ces transferts dépassent de loin le budget de l'État comorien (29 milliards de francs comoriens) et l'aide publique au développement. Il s'agit d'une importante soupape de survie sans laquelle la consommation intérieure aux Comores serait encore plus rachitique, la croissance économique plus rabougrie, le commerce plus squelettique, les travaux en matière de bâtiment de plus en plus difficiles et ouverts aux seuls voleurs d'argent public, les citoyens honnêtes devant s'accrocher aux «fausses ruines» (Jean Fasquel) des maisons qui se construisent sur 20 ans, faute d'argent. C'est également cet argent de la diaspora comorienne qui permet d'équilibrer les comptes de la balance des paiements et, pour tout dire, sans les transferts des Comoriens vivant à l'étranger, il y a longtemps que les Comores auraient fermé boutique, en faisant banqueroute.
Pour autant, le chiffre de 58,8 milliards de francs comoriens est bien en-deçà de la vérité car il ne prend pas toujours en considération des sommes faramineuses transférées aux Comores sans passer par les circuits officiels, puisque des milliers d'euros sont envoyés chaque semaine aux Comores dans des enveloppes et ne font l'objet d'aucune comptabilisation. De même, les Comoriens vivant en France n'envoient pas que de l'argent vers leur pays d'origine puisqu'ils effectuent des achats de matériels pour des projets communautaires destinés à permettre aux leurs de vivre dans des conditions plus dignes. En 2013, chiffres à l'appui, Darchari Mikidache, Président du Cercle des Économistes comoriens, signalait que dans l'ensemble, les transferts effectués par les Comoriens vivant en France sont de l'ordre de 93 milliards de francs.
Pourtant, malgré les promesses répétées des autorités comoriennes, rien n'a été fait pour aider les Comoriens installés à l'étranger à être encore plus productifs. Sous la présidence de Saïd Mohamed Djohar, son gendre Saïd Abdallah Mchangama avait été le premier à faire des promesses envers les Comoriens installés en France, mais on n'a rien vu venir. Du 12 au 13 février 2011, le Président élu Ikililou Dhoinine a répété à Nice, Marseille et La Courneuve qu'en tant qu'ancien ministre de l'Économie et des Finances, il connaissait la valeur des Comoriens vivant en France et que, une fois installé à Beït-Salam, il allait tout faire pour aider ceux-ci à mieux vivre à la fois en France et aux Comores, et à mieux aider leur pays d'origine. À ce jour, il n'a aidé que son courtisan El Anrif Saïd Hassane à quitter son poste de Conseiller à l'Ambassade des Comores à Paris pour devenir ministre des Relations extérieures. C'est ce qu'il appelle aider les Comoriens. Merci…
Rien n'a été fait pour trouver une compagnie de transports aériens digne de ce nom et pouvant relier Paris à Hahaya sans que les passagers ne passent la nuit dans des endroits incroyables et dans des conditions inhumaines. Aux temps d'Air France, le voyage durait 12 à 15 heures. Aujourd'hui, il faut compter 30 heures, et parfois 48 heures. Les Comoriens sont parqués dans des avions-poubelles, dans des conditions indignes car les autorités n'ont rien négocié. Chaque été, des Comoriens sont bloqués à Hahaya car la petite compagnie de charter qui les a déposés à Moroni au début des vacances n'existe plus à la fin des mêmes vacances. Les autorités s'en moquent comme de leur premier vol d'argent public. Les formalités d'obtention d'un passeport comorien telles qu'elles sont définies à Moroni sont plus faciles pour un terroriste et un trafiquant de drogue du Moyen-Orient sans attaches avec les Comores que pour un enfant né de parents comoriens. Saïd-Omar Allaoui avait provoqué un gros scandale à l'Ambassade des Comores à Paris le jour où il avait dénoncé cette mascarade criminelle.
Les Comoriens vivant en France n'ont toujours pas le droit de participer à l'élection du chef de l'État comorien, et rien n'a été fait pour utiliser le fichier biométrique les concernant pour les inscrire automatiquement sur les listes électorales. Le Comorien vivant en France et produisant de l'argent pour lui, sa famille et son pays doit quitter son travail 6 mois avant une élection pour en être candidat aux Comores comme si c'est sa présence de vagabond dans les rues du pays qui en fera un vrai Comorien. D'autres pays ont supprimé cette aberration juridique.
Rien n'a été fait pour soulager le dédouanement du matériel servant à des projets communautaires aux Comores, alors que si ces projets voient le jour, c'est parce que l'État est défaillant, ne fait pas son travail et se fait substituer par les citoyens. Le Comorien ne fait même pas confiance à la structure bancaire comorienne installée en France car il ne veut pas que son argent soit volé par des voyous.
Alors, nous voudrions qu'on nous dise ce que ça signifie une reconnaissance du bout des lèvres de la grande contribution des Comoriens expatriés à la survie de leur pays si eux-mêmes sont traités en épouses morganatiques. Par décence, si les choses restent en l'état, il serait souhaitable que la rubrique relative aux transferts de fonds aux Comores par les Comoriens expatriés soit supprimée du Rapport annuel de la Banque centrale des Comores. Et les vaches seront mieux gardées.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Mardi 3 juin 2014.