Un flot de paroles inutiles, des autorités comoriennes complaisantes et des malheurs Des avions qui se crashent, il y en a chaque anné...
Un flot de paroles inutiles, des autorités comoriennes complaisantes et des malheurs
Dans ce dossier, il y a des choses qui donnent la nausée, à commencer par l’indifférence de la Compagnie Yemenia, qui peut toujours compter sur la complaisance des pouvoirs publics comoriens, à qui elle remet des billets d’avion gratuits chaque mois pour les maintenir dans leur état habituel et permanent de corruption endémique. Ce que les Comoriens ne savent toujours pas, c’est que les autorités de leur pays ont poussé la complaisance démagogique et criminelle jusqu’à attribuer à la Yemenia tous les droits reconnus à une compagnie nationale. Ce qui signifie que quand une compagnie étrangère veut exploiter la ligne aérienne reliant les Comores au reste du monde, elle doit s’adresser à la Yemenia, «la compagnie nationale des Comores». Cela a été fait lors de la présidence d’Ahmed Sambi et pourrait s’appeler «la citoyenneté aérienne», après «la citoyenneté économique». Plus grave encore, tout le monde sait que dans le pays des «Blancs» qu’est la France, les avions sont soumis à des contrôles très rigoureux afin d’éviter les avions-poubelles. Alors, la Yemenia utilise des avions normaux pour desservir la ligne Sanaa-Paris, mais un avion-morgue pour la ligne qui relie Sanaa à Hahaya. Tout le monde le savait. Tout le monde le sait. Il arrive même que des Comoriens voyagent sans s’asseoir sur tout le trajet Sanaa-Moroni ou Moroni-Sanaa, et personne n’a entendu les autorités comoriennes élever la moindre protestation auprès de la Compagnie de la Mort. Pourquoi le feraient-elles alors qu’elles sont «arrosées» et disposent de billets d’avion gratuits, faisant ce que bon leur semble?
Une compensation financière ne ramènera aucun mort de l’au-delà, mais elle aiderait sans aucun doute les familles à faire face aux dures réalités d’une vie dans laquelle un être cher manque à jamais. Mais, où est la compensation financière? Elle est devenue introuvable, et on n’a pas vu les autorités comoriennes exercer des pressions sur la Compagnie de la Mort pour que les familles des victimes soient indemnisées le plus vite possible. Tout est fait comme si on voulait que les familles des victimes subissent une double peine, celle d’avoir perdu des êtres chers et celle de ne même pas bénéficier d’une indemnisation. Cinq ans après le drame, les Comoriens sont restés dans une situation dans laquelle elles ne peuvent même pas faire leur deuil puisque la désinvolture de la Yemenia et l’indifférence des autorités comoriennes ne leur donnent aucun espoir. Les Comoriens se sentent affreusement seuls dans leur douleur d’avoir perdu des personnes qui leur étaient chères. Mais, il ne faut pas oublier le manque total de compassion des autorités comoriennes, toujours à la recherche du gain facile et jamais préoccupées par les malheurs du peuple. On sent même qu’il y a un désengagement de l’État comorien du dossier. Les autorités comoriennes ne s’expriment plus sur le sujet.
Toujours sur le même registre sinistre, les autorités comoriennes n’ont rien fait pour doter les Comores d’une ligne aérienne sécurisée et digne. Au fait, où est l’avion pompeusement baptisé «Air Mohéli International»? Les Comoriens continuent à voyager au petit bonheur la chance, passant la nuit dans des hangars d’aéroports en attendant d’arriver chez eux 24 à 48 heures après leur départ, contre 12 heures quand la ligne était desservie par Air France. Rien n’a été fait pour aider les Comoriens vivant en France à voyager dans des conditions plus dignes et plus sûres. On continue le massacre et on commémore le 5ème anniversaire du crash de l’avion de la Yemenia dans l’indifférence totale, pendant que certains esprits mal tournés continuent à alimenter une polémique stupide en prétendant que c’est un missile qui a détruit l’avion-morgue dans le but de donner la mort à Ahmed Sambi, comme si les services de renseignement ne sont pas capables de savoir qui prend tel avion, et comme si pour tuer un individu, on a besoin de tuer tout le monde. Quand allons-nous cesser les affabulations et les mystifications?
Par ARM