Jusqu’où ira la révolte des Comoriens contre le Président Ikililou Dhoinine? On sait quand commence une révolte populaire – et pas to...
Jusqu’où ira la révolte des Comoriens contre le Président Ikililou Dhoinine?
On sait quand commence une révolte populaire – et pas toujours, d’ailleurs – mais on ne peut pas toujours en prévoir la fin et l’ampleur. Les autorités comoriennes sont en train d’en faire l’amère expérience. Quand le rappeur Cheikh MC a été arrêté le jeudi 5 juin 2014 pour être relâché le lendemain avec ses compagnons, avec qui il avait exprimé par des tags rageurs le ras-le-bol des Comores envers le Président Ikililou Dhoinine et ses gens, les pouvoirs publics n’avaient pas eu l’intelligence de chercher à calmer la situation et n’avaient surtout fourni aucun effort pour essayer de comprendre que le peuple comorien est à bout, à cause de tous les maux qu’il doit affronter au quotidien pour survivre: une École paresseuse et jouant à l’école buissonnière, une santé malade, un chômage devenu endémique et qui ne chôme pas, une corruption galopante et gangrenant les hautes sphères du pouvoir, une confusion monumentale entre les affaires de l’État et les affaires domestiques du Président de la République, un entourage présidentiel aveuglé et corrompu par le pouvoir et ne connaissant que l’injure, l’arrogance et le mépris envers les Comoriens, une électricité dans les ténèbres, de l’eau qui a soif, des routes défoncées, ne menant nulle part et ne faisant voyager personne, un régime politique corrompu, incompétent et ne se souciant que de ses propres affaires, de préférence des affaires mafieuses aux relents d’ylang-ylang du Sud de Mohéli, des sommes colossales volées aux Comoriens et cachées à Mayotte ou servant à acheter des villas de luxe sur l’île Bourbon, en espérant que le Président Ikililou Dhoinine, lui aussi gagné par la «gendrocratie», n’y sera pas exilé comme son illustre prédécesseur, Saïd Mohamed Djohar.
De fait, quand les Comoriens sont descendus dans la rue depuis le vendredi 6 juin 2014 pour crier leur colère, ils n’ont pas fait que défiler et scander des slogans; ils ont également répondu aux provocations des forces de l’ordre, et cela s’est soldé par des échauffourées qui ont occasionné d’importants et incommensurables dégâts matériels, dont 6 voitures vandalisées. Parmi ces véhicules, on compte la voiture 4X4 de notre cher cousin Ibrahim Attoumane Kassim. Mais, le dommage le plus symbolique est celui qui a affecté un véhicule de l’Ambassade de Libye à Moroni, un véhicule portant des plaques diplomatiques. C’est très inquiétant pour l’image des Comores dans les chancelleries. En effet, il s’agit d’une affaire très grave car l’article 22 alinéa 3 de la Convention de Vienne du 18 avril 1961 sur les Relations diplomatiques pose le principe suivant: «Les locaux de la mission, leur ameublement et les autres objets qui s’y trouvent, ainsi que les moyens de transport de la mission, ne peuvent faire l’objet d’aucune perquisition, réquisition, saisie ou mesure d’exécution».
Aujourd’hui, si les Comores ne peuvent plus assurer la sécurité des véhicules appartenant aux missions diplomatiques étrangères, elles sont dans une infraction internationale très grave car il pèse sur elles une obligation de protection des personnels et des moyens des Ambassades étrangères. Il va sans dire que l’incident diplomatique relatif à la destruction du véhicule de l’Ambassade de Libye aux Comores est digne de figurer dans la «Chronique des faits internationaux» du regretté Charles Rousseau (1902-1993), le grand juriste français, Chronique qu’il tenait sur la prestigieuse Revue générale de Droit international public (RGDIP). Aujourd’hui, on voudrait connaître l’avis du Docteur El-Anrif Saïd Hassan, le «ministre comorien de la diplomatie», sur cette affaire très grave. Car, si on détruit les biens des missions diplomatiques étrangères, à Moroni, c’est tout simplement parce que les Comores n’assument leurs responsabilités ni à l’égard de leur propre peuple, ni à l’égard d’un État accréditant. Ce qui est encore plus grave, c’est que la rue comorienne gronde pendant que le chef de l’État s’arcboute sur sa phrase fétiche quand on lui signale un événement important et grave: «Yayo tsi mafitsi vaho», «Ne s’agit-il pas de foutaises?».
Comme un malheur arrive rarement seul, c’est avec indignation, effarement et stupéfaction que les spécialistes de la diplomatie et les chancelleries ont appris le refoulement dans la précipitation et l’improvisation de fonctionnaires kenyans des Comores, après que ces derniers aient été accusés injustement de terrorisme par les autorités comoriennes. Un roman d’espionnage. Comme on peut le constater donc, de l’État comorien, il ne reste plus que le drapeau et l’hymne national.
Par ARM