Le vendredi 6 juin 2014, la Première Dame était invitée par la mère de la mariée au mariage qui avait lieu à Djoiezi. On sait que ce maria...
Le vendredi 6 juin 2014, la Première Dame était invitée par la mère de la mariée au mariage qui avait lieu à Djoiezi. On sait que ce mariage avait été à l’origine de la transformation de la ville de Djoiezi en forteresse par toute la soldatesque, puisque Saïd Bacar, le demi-frère du Président de la République, a décrété l’embargo contre la Première Dame à Djoiezi. Mais, pour prouver qu’elle n’a peur de rien, ni de personne, et encore moins de la convenance sociale, elle arriva à Djoiezi sous haute protection de l’Armée nationale de Développement (AND), de la Gendarmerie et de la Police. Dès lors, l’occasion était trop belle pour certaines femmes de Djoiezi d’aller lui demander la relaxe des jeunes Djoieziens embastillés suite à la rédaction et à la diffusion du tract du 1er mai 2014. Après avoir déclaré qu’Ikililou Dhoinine et elle-même n’étaient pas magistrats et que, de toute façon, les jeunes «tracteurs» allaient purger leur peine de prison, elle prononça la phrase de trop: «Je ne savais pas qu’Ikililou Dhoinine était une putain de village, sans famille, ni maison». La phrase provoqua l’effet du courant électrique chez ces femmes qui s’étaient cachées pour aller voir la Première Dame et solliciter sa compréhension sur le dossier du tract, puisque les mères des intéressés ont dit ne jamais se rabaisser pour demander la clémence de celle qu’elles considèrent comme leur pire ennemie, la véritable Procureure et la vraie Juge ayant emprisonné les jeunes contestataires de Djoiezi sortant à peine de l’adolescence.
Mais, quand la Première Dame prononça sa phrase malheureuse, notre sœur Rahamatou Mkandra, qui vient de commencer une belle retraite après 36 ans passés dans l’enseignement, nullement intimidée, prit son courage et assuma ses responsabilités, lançant à la Première Dame: «Ah bon? Pour toi, Ikililou Dhoinine est une putain de village, sans famille, ni maison? C’est ce que tu découvres et que tu nous dis aujourd’hui? Alors, nous te demandons la restitution immédiate de notre putain de village, sans famille, ni maison». Cette sortie de notre sœur Rahamatou Mkandra provoqua la stupeur dans le salon où toutes ces femmes s’étaient retrouvées pour essayer de trouver une accalmie dans la guerre entre les Djoieziens et la Première Dame. Compte tenu du fait que les femmes parties en ambassade auprès de la Première Dame n’étaient pas mandatées par la ville de Djoiezi mais avaient cru bien faire en allant voir de leur propre initiative la cheffe de Beït-Salam et essayer de trouver des solutions face à une crise aux effets destructeurs, elles avaient dû se taire dans un premier temps. De ce fait, durant des jours, elles n’ont même pas osé avouer à Djoiezi avoir été en mission non autorisée auprès de la Première Dame, et à plus forte raison rapporter les propos infamants de la cheffe de Beït-Salam. Mais, dans sa belle chanson en l’honneur du Gouverneur Ahmed Mattoir, notre tante Mme Zalifa Kassim dit «Mahé-Tsira» avait bien dit: «On voulait que ça soit un secret, mais à Djoiezi, c’est impossible», autrement dit, «à Djoiezi, il n’y a pas de secrets». En effet, tout secret tend à devenir un secret de Polichinelle à Djoiezi.
Dès que la petite phrase a été connue, elle a fait le tour non seulement de Djoiezi, mais du tout-Mohéli, où les gens se posent deux questions: quelle mouche a piqué la Première Dame? Où veut-elle en venir avec toutes ses provocations, elle qui veut se faire élire pour rester dans les ors de la République? En tout état de cause, cette fois, on considère qu’elle est allée trop loin. Il est vrai que les femmes de Djoiezi son connues pour leur hostilité viscérale et proverbiale envers presque toutes les épouses non-djoieziennes de Djoieziens, mais dans le cas de la Première Dame, l’affaire est beaucoup plus grave car les Djoieziennes campent dans leurs positions, et la Première Dame veut affirmer son autorité face à des femmes qui s’en moquent et affichent un mépris impérial envers elle, sans même chercher à s’en cacher. Pour la petite histoire, on constatera que certaines épouses non-djoieziennes de Djoieziens ont pu se faire accepter dans le bastion de l’endogamie et de la consanguinité qu’est Djoiezi, mais soit en adoptant un profil bas que la Première Dame, de Fomboni, ne veut pas adopter, soit en se comportant convenablement, sans provoquer les gens, et sans avoir à se rabaisser devant des Djoieziennes connues pour leur jalousie. Ce sont nos mères et nos sœurs: nous connaissons très bien leur réaction face à toute femme qui n’est pas de Djoiezi.
Pourtant, à l’automne 2010, au moment de la campagne pour l’élection présidentielle, le patriarche de la famille d’Ikililou Dhoinine avait demandé à la future Première Dame de se tenir loin de la ville de Djoiezi, où elle n’est pas aimée, et où elle ne doit pas diviser la communauté pour tenter de s’imposer. Face à son refus obstiné, le patriarche alla voir la meilleure amie de la future Première Dame à Djoiezi pour faire passer le message, mais là encore, tintin. Elle opposa une fin de non-recevoir à tous ces conseils de prudence et de modération. Aujourd’hui, à Djoiezi, elle compte trois alliées sûres, mais à l’influence politique et communautaire nulle, et dont l’une se distingue par la détestation et le mépris des Djoieziens à son égard, et dont les deux autres ne mobilisent personne en dehors d’elles-mêmes.
Il va sans dire que les répercussions de la petite phrase assassine de la Première Dame sont attendues dans les jours à venir, à un moment où cette Djoiezienne proche du chef de l’État et vivant en Région parisienne répète à ses visiteurs du soir et du week-end: «Il ne faut pas que les gens de Djoiezi aillent voir Anziza pour faire libérer nos neveux, dont je condamne le tract de manière énergique. Il ne faut rien demander à cette femme insolente et prétentieuse, qui finira bien par tomber un jour».
Par ARM