Ahmed Sambi peut encore sauver la face et les meubles, si et seulement si… La galaxie crypro-sambiste a perdu sa sérénité de démocrat...
Ahmed Sambi peut encore sauver la face et les meubles, si et seulement si…
La galaxie crypro-sambiste a perdu sa sérénité de démocratie scandinave et sa léthargie de dictature bananière. À l’heure qu’il est, elle ne repose que sur une seule certitude: quand aura lieu le scrutin présidentiel de 2016 aux Comores, son colistier à Mohéli sera inévitablement le Docteur Fouad Mohadji, aujourd’hui Vice-président de la République aux côtés d’un méprisant et dédaigneux Ikililou Dhoinine, qui n’a jamais cherché à lui cacher le peu de considération qu’il a à son égard. De fait, le Vice-président Fouad Mohadji a su préserver ses relations humaines avec l’ancien chef d’État. «Relations humaines» parce que, même si le monde politique comorien est une forêt sauvage dans laquelle pullule une bien étrange faune, une faune parfois sauvage, le Vice-président est resté fidèle à une certaine éthique des relations qu’un homme d’État ou un homme tout court peut entretenir avec un autre, bien au-delà de certaines contingences politiques. Il le dit souvent: «Que l’ancien chef d’État Ahmed Abdallah Sambi ne soit plus Président depuis le 26 mai 2011 et qu’il redevienne Président ou non, ce n’est pas sur ça que je vais baser mes relations avec lui. Il doit y avoir de l’humanité avant la politique. Je ne suis pas homme à tourner le dos à un autre parce qu’il a cessé d’être chef d’État. Mes relations avec lui sont humaines avant d’être politiques».
Donc, pendant que l’équation mohélienne d’Ahmed Sambi pour l’élection présidentielle de 2016 est définitivement résolue, dans le cas d’Anjouan et de la Grande-Comore, tout est basé sur des aléas, vicissitudes et incertitudes à donner des maux de dents parce que, de ce côté-là, on nage dans un flou entier et total. En ce moment même, un certain nombre de dispositions constitutionnelles et légales sont en cours d’adoption pour barrer la route à l’homme qui veut absolument redevenir chef d’État en 2016 et qui ne peut pas laisser refroidir le rôti, en attendant sagement 2021, quand viendra le tour d’Anjouan de proposer à la Grande-Comore et à Mohéli les trois personnalités que l’île jugera plus à même d’assumer les fonctions de chef d’État. Naturellement, en 2016, Ahmed Sambi sera candidat à l’élection présidentielle, et cela, non pas pour le poste de Vice-président, mais pour celui de Président de la République.
Il est de notoriété publique que les meilleurs juristes comoriens ne siègent pas à la Cour constitutionnelle, qui devra valider ou invalider sa candidature. Mais si les membres de la Cour constitutionnelle décident, pour une fois, de dire le Droit, rien que le Droit, il va sans dire qu’ils n’auront même pas besoin de recourir à des normes juridiques en gestation pour plomber les ambitions présidentielles d’Ahmed Sambi, puisque l’article 13 de la Constitution comorienne est dénuée de toute amphibologie et interdit une candidature anjouanaise à la fonction présidentielle quand c’est l’île de la Grande-Comore qui organise l’élection primaire: «La présidence est tournante entre les îles». Tout le monde sait cela, sauf Ahmed Sambi.
Mais, dans cette fuite en avant qui ne dit pas son nom, il est deux choses qu’Ahmed Sambi ne dit pas ouvertement à sa galaxie: il a fini par comprendre qu’il n’a pas de candidat crédible et sérieux à la Grande-Comore parce que, jusqu’alors, il s’est obstinément barricadé dans la courtisanerie et a ignoré l’intelligentzia comorienne. On n’a pas encore vu Ahmed Sambi faire un effort pour approcher les intellectuels et les cadres comoriens et leur faire part de ses idées sur les Comores, afin de les inciter à le rejoindre. Tout ce qu’on a vu, c’est sa propension à s’arcbouter sur des acteurs politiques dont certains sont des opportunistes notoires et décomplexés, en refusant de s’ouvrir à un environnement intellectuel et politique comorien qui pourrait lui être d’une utilité insoupçonnée.
Admettons qu’en 2016, la Cour constitutionnelle rejette la candidature présidentielle d’Ahmed Sambi, qui ne peut toujours pas attendre 2021 et qui ne peut pas continuer à baser ses espoirs sur ses traîtres chéris. Juridiquement et techniquement, il n’aura pas le temps de constituer une liste de rechange sur laquelle il sera colistier, sauf s’il dépose deux listes, se désignant comme candidat à la présidence sur l’une, et comme candidat à la vice-présidence sur l’autre. Dès lors, il lui reste une seule solution et une seule: tout de suite, il doit chercher à la Grande-Comore, et en dehors du cercle très restreint constitué du Caporal Bourhane Hamidou, Maître Fahmi Saïd Ibrahim, Hassan Ahmed El Barwane et Ahmed Abdallah Salim, un cadre grand-comorien qui présente à la fois un bon profil intellectuel et une expérience professionnelle irréprochable, et cela, pour lui permettre de sauver la face et les meubles. Il n’en manque pas. S’il s’éloigne de ce schéma, il s’expose à une mort politique certaine. C’est la seule alternative politique qu’Ahmed Sambi a aujourd’hui, à un moment où ses prétentions présidentielles pour 2016 sont considérées comme une injure sur la face de la Grande-Comore. Les Grands-Comoriens ne décolèrent pas à ce sujet.
D’ailleurs, ce mercredi 28 mai 2014, un ancien ministre grand-comorien me cria sa rage au téléphone: «La candidature présidentielle d’Ahmed Abdallah Mohamed Sambi en 2016 relève de la forfaiture, de la traîtrise et de la trahison. Ce ne sont pas les Grands-Comoriens, grands perdants dans l’affaire, qui ont demandé la mise en place de cette présidence tournante, mais les Anjouanais, s’appuyant sur les Mohéliens qui, eux, n’y pensaient jamais, se limitant à des revendications d’une juste représentativité au sein des institutions de l’État et d’une répartition équitable des ressources du pays. Comment eux, Anjouanais, vivraient-ils la candidature d’un Grand-Comorien chez eux? Ils sont toujours en position de demandeurs qui exigent et qui doivent tout obtenir, mais on ne voit pas pourquoi nous devons continuer à céder à leurs caprices. Dans les administrations à Moroni, ils sont partout. À Mohéli, ils sont partout, et ils continuent à jouer au parent pauvre, en crachant sur la soupe. Il faudra briser l’omerta sur le sujet, car si Anjouan ne peut pas vivre seule, la Grande-Comore peut le faire. Donc, il faudra arrêter tout de suite cet homme parce que le jour où la colère des Grands-Comoriens éclatera, il y aura des dégâts que personne ne pourra juguler. De ce fait, chacun doit assumer ses responsabilités tout de suite. Regardez comment ces gens-là ont créé des problèmes à Mayotte. Sur cette île, ce ne sont pas les Grands-Comoriens et les Mohéliens qui sont rejetés depuis le XIXème siècle, au moment de l’accession des Comores à l’indépendance et à l’ère des embarcations de fortune quittant Anjouan pour Mayotte, mais eux, toujours à cause des mêmes problèmes. Pourquoi faudra-t-il encore qu’Ahmed Sambi vienne jusque dans nos salons et sur nos places publiques nous dire qu’à lui seul, il est capable de changer toutes les règles de la République et se faire investir Roi? Et croit-il que nous allons ravaler notre fierté pour lui donner des motifs de nous prendre pour des gens sans honneur, ni fierté? Nous l’attendons donc au tournant. N’a-t-il pas compris qu’au-delà de tout ce qu’on peut dire sur les dépenses somptuaires de notre “Anda”, celui-ci a un rôle de régulation sociale, destiné à définir la place que chacun doit occuper au sein de notre société grande-comorienne?».
Ces propos sont absolument authentiques et sont enregistrés sur téléphone. Quand ils ont été tenus, se trouvait à mes côtés un candidat comorien à la députation en 2014, qui n’a pas raté une virgule. Ce faisant, dans l’état actuel des choses, si Ahmed Sambi veut sauver la face et les meubles, il sait ce qu’il doit faire. S’il s’entête dans ses fantasmagories présidentielles nourries par des seconds couteaux intéressés, le moment venu, nous lui ressortirons cet article et aurons le plaisir de lui dire, même en effectuant le déplacement à Mutsamudu: «Nous te l’avions dit, mais tu n’as pas voulu nous prendre en considération».
Par ARM