La candidature du Mauricien au poste de secrétaire général de l'OIF illustre une volonté d'engagement plus fort de l'océan Indie...
La candidature du Mauricien au poste de secrétaire général de l'OIF illustre une volonté d'engagement plus fort de l'océan Indien.
L'ancien président du Sénégal, qui termine en novembre prochain son troisième mandat à la direction de l'OIF, a exprimé le souhait de ne pas être reconduit dans ses fonctions. Ainsi, les chefs d'État et de gouvernement qui se retrouveront au XVe Sommet de la francophonie à Dakar en novembre prochain seront appelés à lui trouver un successeur.
La course est donc ouverte. Les candidats se déclarent et les soutiens s'officialisent. Le Mauricien Jean-Claude de L'Estrac a été parmi les premiers à se porter candidat. Dans une lettre adressée au secrétaire général de l'OIF pour présenter la candidature de son compatriote, le Premier ministre mauricien, Navin Ramgoolam, plaide pour que l'océan Indien puisse apporter à la francophonie "son regard indianocéanien, celui d'une francophonie originale et vivante, décomplexée, heureuse d'exister et capable d'apporter un message universel".
Dans un discours prononcé à l'occasion de la Journée internationale de la francophonie, le 30 mars dernier, le chef du gouvernement mauricien estimant que la région océan Indien est "un carrefour qui préfigure le monde de demain", souhaite qu'elle soit partie prenante d'une francophonie "capable de porter un message d'entente, de concorde, de prospérité, basé sur le respect des droits humains et de la nature, sur la promotion de l'éducation, de la solidarité et du partage".
Le candidat mauricien, Jean-Claude de l'Estrac, est actuellement le secrétaire général de la Commission de l'océan Indien (COI). Il y a pris ses fonctions en 2012. L'action qu'il a menée à la tête de l'organisation régionale a été suffisamment appréciée pour que les pays membres, à l'unanimité, soutiennent sa candidature au poste de secrétaire général de l'OIF. "Le voeu que nous formulons est qu'il soit donné à Jean-Claude de L'Estrac l'occasion de porter les valeurs de notre sous-région au-delà des frontières de l'océan Indien", déclare El-Anrif Saïd Hassane, ministre comorien des Relations extérieures, et président du Conseil de la COI. Le ministre mauricien des Affaires étrangères, pour sa part, souligne "qu'à travers cette candidature, c'est tout l'océan Indien qui est mis à l'honneur". Nassimah Dindar, la présidente du Conseil régional de la Réunion partage cet avis.
Pour leur part, Jean Paul Adam, ministre des Affaires étrangères des Seychelles et Henry Rabary-Njaka, directeur de cabinet du président de la République de Madagascar, disent que leurs pays soutiennent la candidature de Jean-Claude de L'Estrac, surtout pour ses qualités de diplomate et de médiateur, référence au rôle joué par le secrétaire-général de la COI dans le dénouement de la crise politique à Madagascar. L'un rappelle "le rôle actif du Mauricien dans le processus de sortie de crise à Madagascar" et l'autre souligne "le grand mérite qui revient à notre grand frère qui a cru en Madagascar et son peuple".
À ces soutiens de la sous-région viennent s'ajouter ceux des ensembles plus grands et qui, dans certains cas, regroupent des pays non francophones. Ainsi, Mahboub Maalim, président du Comité interrégional de coordination qui réunit l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), la COI, la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) et le marché commun d'Afrique orientale et australe (Comesa), voit dans cette initiative une opportunité de dialogue entre les aires francophones et anglophones. "La candidature de Jean-Claude de L'Estrac à l'OIF offre une opportunité inédite d'établir un pont entre des zones économiques et culturelles africaines variées, pleinement impliquées dans la mondialisation", estime-t-il.
Fort de ces appuis, le candidat mauricien s'active et a d'ores et déjà créé son site. On y apprend que l'homme est un journaliste qui a fait une carrière de gestionnaire. Il a été pendant plus de quinze ans aux commandes de La Sentinelle Ltée, le plus important groupe de presse de l'océan Indien. Après avoir débuté dans l'entreprise comme journaliste, il y a été éditorialiste, rédacteur en chef, directeur général et président du conseil d'administration.
Quelques années après l'indépendance de Maurice, de L'Estrac se jette dans l'arène politique. Il y restera 19 ans. Il sera député et ministre dans plusieurs gouvernements. En 1982, il est le chef de la diplomatie mauricienne quand il porte la COI sur les fonts baptismaux. Les acteurs économiques de son pays lui reconnaissent une compétence indiscutable. Alors qu'il détient le portefeuille du Développement économique et, plus tard, celui de l'Industrie, il est l'initiateur des réformes qui aujourd'hui encore contribuent à la prospérité du pays.
Féru d'histoire, de L'Estrac trouve le temps d'écrire plusieurs ouvrages sur l'histoire de l'île Maurice. Sans doute est-ce en reconnaissance de cette oeuvre rédigée en français qu'il a été fait officier de la Légion d'honneur de la République française et chevalier de l'Ordre du mérite de Madagascar.
Les milieux diplomatiques dans la région océan Indien, eux, affichent un optimisme prudent par rapport à la désignation du prochain secrétaire général de l'OIF. "Il faut attendre que tous les candidats se déclarent avant de se prononcer", disent des voix autorisées. Entre-temps, de L'Estrac ne rate pas les occasions de rencontrer des décideurs francophones. Après avoir été à Bruxelles, récemment, pour le sommet Europe-Afrique, il sera à New York, le 14 mai.
En effet, le secrétaire général de la COI interviendra aux côtés de Catherine Ashton, le haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, et de Jeffrey Feltman, le secrétaire général adjoint aux Affaires politiques de l'Organisation des Nations unies, lors de la 16e session plénière du "Groupe international de contact sur la piraterie au large des côtes somaliennes". Il est question que de L'Estrac fasse, par la suite, un crochet par Ottawa, Montréal, Paris et certaines capitales africaines pour expliquer le sens de sa candidature.
À ce jour, Henri Lopès, ambassadeur de la République du Congo à Paris, et Pierre Buyoya, l'ancien président burundais aujourd'hui haut représentant de l'Union africaine pour le Mali et le Sahel, ont déjà officialisé leurs candidatures. Il se chuchote que Dioncounda Traoré, l'ancien président malien, pourrait aussi se présenter. De son côté, Michaelle Jean, l'ex-gouverneur général du Canada, aujourd'hui chancelière de l'Université d'Ottawa, a déclaré son intention de briguer les suffrages. Cependant, elle n'a pas encore officialisé sa candidature. Elle serait en attente du parrainage du gouvernement canadien. Sans aucun doute, les choses vont se préciser dans les mois à venir en attendant l'élection, qui aura lieu en novembre à Dakar.
Par Jérôme Boulle, de Port-Louis /lepoint.fr
L'ancien président du Sénégal, qui termine en novembre prochain son troisième mandat à la direction de l'OIF, a exprimé le souhait de ne pas être reconduit dans ses fonctions. Ainsi, les chefs d'État et de gouvernement qui se retrouveront au XVe Sommet de la francophonie à Dakar en novembre prochain seront appelés à lui trouver un successeur.
Jean-Claude de L'Estrac est parmi les premiers à se porter candidat
La course est donc ouverte. Les candidats se déclarent et les soutiens s'officialisent. Le Mauricien Jean-Claude de L'Estrac a été parmi les premiers à se porter candidat. Dans une lettre adressée au secrétaire général de l'OIF pour présenter la candidature de son compatriote, le Premier ministre mauricien, Navin Ramgoolam, plaide pour que l'océan Indien puisse apporter à la francophonie "son regard indianocéanien, celui d'une francophonie originale et vivante, décomplexée, heureuse d'exister et capable d'apporter un message universel".
Dans un discours prononcé à l'occasion de la Journée internationale de la francophonie, le 30 mars dernier, le chef du gouvernement mauricien estimant que la région océan Indien est "un carrefour qui préfigure le monde de demain", souhaite qu'elle soit partie prenante d'une francophonie "capable de porter un message d'entente, de concorde, de prospérité, basé sur le respect des droits humains et de la nature, sur la promotion de l'éducation, de la solidarité et du partage".
Président de la Commission de l'océan Indien (COI), il a le soutien de toute la région
Le candidat mauricien, Jean-Claude de l'Estrac, est actuellement le secrétaire général de la Commission de l'océan Indien (COI). Il y a pris ses fonctions en 2012. L'action qu'il a menée à la tête de l'organisation régionale a été suffisamment appréciée pour que les pays membres, à l'unanimité, soutiennent sa candidature au poste de secrétaire général de l'OIF. "Le voeu que nous formulons est qu'il soit donné à Jean-Claude de L'Estrac l'occasion de porter les valeurs de notre sous-région au-delà des frontières de l'océan Indien", déclare El-Anrif Saïd Hassane, ministre comorien des Relations extérieures, et président du Conseil de la COI. Le ministre mauricien des Affaires étrangères, pour sa part, souligne "qu'à travers cette candidature, c'est tout l'océan Indien qui est mis à l'honneur". Nassimah Dindar, la présidente du Conseil régional de la Réunion partage cet avis.
Pour leur part, Jean Paul Adam, ministre des Affaires étrangères des Seychelles et Henry Rabary-Njaka, directeur de cabinet du président de la République de Madagascar, disent que leurs pays soutiennent la candidature de Jean-Claude de L'Estrac, surtout pour ses qualités de diplomate et de médiateur, référence au rôle joué par le secrétaire-général de la COI dans le dénouement de la crise politique à Madagascar. L'un rappelle "le rôle actif du Mauricien dans le processus de sortie de crise à Madagascar" et l'autre souligne "le grand mérite qui revient à notre grand frère qui a cru en Madagascar et son peuple".
Ses soutiens vont au-delà de l'océan Indien
À ces soutiens de la sous-région viennent s'ajouter ceux des ensembles plus grands et qui, dans certains cas, regroupent des pays non francophones. Ainsi, Mahboub Maalim, président du Comité interrégional de coordination qui réunit l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), la COI, la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) et le marché commun d'Afrique orientale et australe (Comesa), voit dans cette initiative une opportunité de dialogue entre les aires francophones et anglophones. "La candidature de Jean-Claude de L'Estrac à l'OIF offre une opportunité inédite d'établir un pont entre des zones économiques et culturelles africaines variées, pleinement impliquées dans la mondialisation", estime-t-il.
Fort de ces appuis, le candidat mauricien s'active et a d'ores et déjà créé son site. On y apprend que l'homme est un journaliste qui a fait une carrière de gestionnaire. Il a été pendant plus de quinze ans aux commandes de La Sentinelle Ltée, le plus important groupe de presse de l'océan Indien. Après avoir débuté dans l'entreprise comme journaliste, il y a été éditorialiste, rédacteur en chef, directeur général et président du conseil d'administration.
Quelques années après l'indépendance de Maurice, de L'Estrac se jette dans l'arène politique. Il y restera 19 ans. Il sera député et ministre dans plusieurs gouvernements. En 1982, il est le chef de la diplomatie mauricienne quand il porte la COI sur les fonts baptismaux. Les acteurs économiques de son pays lui reconnaissent une compétence indiscutable. Alors qu'il détient le portefeuille du Développement économique et, plus tard, celui de l'Industrie, il est l'initiateur des réformes qui aujourd'hui encore contribuent à la prospérité du pays.
Féru d'histoire, de L'Estrac trouve le temps d'écrire plusieurs ouvrages sur l'histoire de l'île Maurice. Sans doute est-ce en reconnaissance de cette oeuvre rédigée en français qu'il a été fait officier de la Légion d'honneur de la République française et chevalier de l'Ordre du mérite de Madagascar.
Les milieux diplomatiques dans la région océan Indien, eux, affichent un optimisme prudent par rapport à la désignation du prochain secrétaire général de l'OIF. "Il faut attendre que tous les candidats se déclarent avant de se prononcer", disent des voix autorisées. Entre-temps, de L'Estrac ne rate pas les occasions de rencontrer des décideurs francophones. Après avoir été à Bruxelles, récemment, pour le sommet Europe-Afrique, il sera à New York, le 14 mai.
En effet, le secrétaire général de la COI interviendra aux côtés de Catherine Ashton, le haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, et de Jeffrey Feltman, le secrétaire général adjoint aux Affaires politiques de l'Organisation des Nations unies, lors de la 16e session plénière du "Groupe international de contact sur la piraterie au large des côtes somaliennes". Il est question que de L'Estrac fasse, par la suite, un crochet par Ottawa, Montréal, Paris et certaines capitales africaines pour expliquer le sens de sa candidature.
À ce jour, Henri Lopès, ambassadeur de la République du Congo à Paris, et Pierre Buyoya, l'ancien président burundais aujourd'hui haut représentant de l'Union africaine pour le Mali et le Sahel, ont déjà officialisé leurs candidatures. Il se chuchote que Dioncounda Traoré, l'ancien président malien, pourrait aussi se présenter. De son côté, Michaelle Jean, l'ex-gouverneur général du Canada, aujourd'hui chancelière de l'Université d'Ottawa, a déclaré son intention de briguer les suffrages. Cependant, elle n'a pas encore officialisé sa candidature. Elle serait en attente du parrainage du gouvernement canadien. Sans aucun doute, les choses vont se préciser dans les mois à venir en attendant l'élection, qui aura lieu en novembre à Dakar.
Par Jérôme Boulle, de Port-Louis /lepoint.fr