« Si j'étais un Colonel sur un champ de bataille, à qui devrais-je rendre mon pistolet? » Je veux sortir ici des clichés qui ne ...
«Si j'étais un Colonel sur un champ de bataille, à qui devrais-je rendre mon pistolet?»
Je veux sortir ici des clichés qui ne sont pas lus dans les journaux, ni sur les réseaux sociaux et vous apporter une contradiction respectueuse et une solide information, étant donné que j'étais un des proches collaborateurs du président Mohamed Saïd Fazul. Je faisais partie du patrimoine personnel, de la vie publique et politique du Président Mohamed Saïd Fazul, comme Conseiller, et tout le monde avait noué une relation émotionnelle avec moi.
Au terme de cinq années de travail (2002 à 2007) aux côtés du Président Fazul, je parle aujourd'hui des derniers mots du moment fort d'un homme brave, qui avait été le premier Président de l'Ile autonome de Mohéli. C'est un homme exceptionnel, courageux, courtois et très reconnaissant. Pourquoi le Président Fazul misa d'abord l'Autonomie de l'Ile? Parce qu'il était élu défendre les intérêts de l'Ile. Il ne voulait pas que Mohéli reste dépendante d'Anjouan ou la Grande-Comore. l va faire le choix qui portait ensuite de l'autonomie sur le partage du pouvoir avec ses adversaires. Il ne voulait pas faire un faux pas dans la gestion de l'autonomie. Il va intégrer ses adversaires même les plus farouches dans son gouvernement, tout en gardent ses fidèles amis et Conseillers: Ahmed Walad, Mohamed Rama, Martial et bien d'autres acteurs politiques moins connus de cette histoire fazuliste.
Par contre, a eu lieu la bataille frontale pouvoir contre pouvoir, face au chef de l'État, le Colonel Azali Assoumani, une personne très attentive qui écoute, mais ayant un comportement que le Président Fazul considérait comme ambigu, compte tenu de la personnalité particulière de Hamada Madi Boléro, dans un climat qui démontrait que ces trois personnalités œuvraient chacune pour une réussite individuelle, pour un succès personnel.
Pourtant, c'était le chef de l'État, Azali Assoumani, qui a nommé Mohamed Saïd Fazul Gouverneur à Mohéli en 1999 et qui a encore soutenu sa candidature à l'élection du Président de l'Ile autonome de Mohéli en 2002. Par ce soutien, l'ex-chef d'État, le Colonel Azali Assoumani voulait toujours avoir Mohamed Saïd Fazul comme son premier interlocuteur sur l'Ile. Malheureusement, ses collaborateurs, notamment Hamada Madi Boléro, qui est aussi un Mohélien qui s'est beaucoup investi dans la réussite de l'ex-chef d'État, ne voulaient pas se priver d'un droit de regard sur le pouvoir dans l'Ile. Mohéli devenait alors un enjeu stratégique qu'il ne fallait pas perdre. Pourquoi? Parce que l'élection à la présidence tournante après Ngazidja devait échoir à Mohéli. C'était inscrit comme une logique. Le Président Azali Assoumani était d'accord et Mohamed Saïd Fazul voulait tout de suite de se porter candidat aux élections présidentielles de l'Union en 2006: «Ce qu'on avait conclu secrètement était un projet de décret déjà rédigé».
On entendit des alertes pour que le Président Mohamed Saïd Fazul soit être écarté de l'élection. La mouvance directe du chef de l'État était rentrée par la force dans toutes les batailles, allant jusqu'à menacer de destituer Mohamed Saïd Fazul et à prendre le contrôle des directions de sociétés d'État sur l'Ile, et à procéder au retrait de son giron du pouvoir de l'Armée et de la Police sur le commandement de Fazul, uniquement pour l'affaiblir. Bien naturellement, cela changea beaucoup de choses. Or, il fallait exister politiquement. Nous avions proposé de former un nouveau Cabinet, un nouveau gouvernement, soit un Cabinet et un gouvernement qui allaient partir en incendie. En raison de toutes les manœuvres qui étaient entreprises, Mohéli a perdu la tournante en 2006, et celle-ci échut à Anjouan.
En effet, après la Grande-Comore, la tournante échut à Anjouan, suite à une stratégie du Cabinet et du gouvernement du Président Azali Assoumani, et surtout de son présumé candidat potentiel à Mohéli, Hamada Madi Boléro, alors que la situation politique à Mohéli était intenable, alors que le Président n'avait pas de candidat à Anjouan. Ce fut la défaite pour la famille politique d'Azali Assoumani.
Au début, Mohamed Saïd Fazul pensait se positionner aux côtés d'un candidat anjouanais, pour des raisons de stabilité politique. Il lui était même proposé de soutenir le candidat Ahmed Sambi. Je suis alors chargé d'organiser un rencontre secrète à Boingoma entre le Président Mohamed Saïd Fazul et le candidat Ahmed Sambi, rencontre qui avait eu lieu. Mohamed Saïd Fazul avait accepté de soutenir la candidature d'Ahmed Sambi, allant jusqu'à avancer le nom d'Ikililou Dhoinine, l'actuel chef d'État, comme colistier d'Ahmed Sambi à Mohéli. Mais, le Président Mohamed Saïd Fazul fit défection, et apporta officiellement son soutien au candidat Kambi Elyachouroutu. Il nous expliqua lors d'un conseil restreint que le candidat Kambi Elyachouroutu était celui soutenu par la communauté internationale! Immédiatement, une division apparut dans les rangs de ses lieutenants.
Mohamed Saïd Fazul tenta d'apaiser le climat, et prononça un discours de réunification: «Ahmed Sambi a bien choisi son colistier de Mohéli, le Docteur Ikililou Dhoinine, un colistier méconnu dans le monde politique». Mohamed Saïd Fazul me confia que si Kambi Elyachouroutu n'est pas élu, nous aurions le Docteur Ikililou Dhoinine comme Vice-président et comme interlocuteur car il ne faisait pas confiance à Ahmed Sambi. Pourtant, Mohamed Saïd Fazul savait qu'Ahmed Sambi allait être élu. Et Ahmed Sambi fut élu Président. Il allait organiser sa vengeance et écarter le Président Mohamed Saïd Fazul du pouvoir insulaire en 2007. Ahmed Sambi alla loin: il s'acharna sur les partisans de Mohamed Saïd Fazul, même ceux qui l'avaient soutenu au second tour! Ce fut une grande trahison de la part d'Ahmed Sambi qui allait pousser tout le monde à rejoindre son clan d'origine, celui de Mohamed Saïd Fazul.
Est-ce que Fazul voulait réellement se présenter aux élections présidentielles de l'Union des Comores de 2010?
La réponse est NON. Les trahisons d'Ahmed Sambi envers ses partisans de Mohéli ont apporté une forte popularité et un grand capital de sympathie à Mohamed Saïd Fazul, et c'est alors que ce dernier eut l'idée de se présenter aux élections présidentielles de 2010. Je me rappelle que lorsque Mohamed Saïd Fazul fut battu aux élections de Gouverneur à Mohéli en 2007, il m'avait personnellement dit que personne ne pouvait le pousser à se présenter à une élection, quelle qu'elle soit, tant qu'il n'aurait pas beaucoup d'argent dans son compte, car le manque d'argent lui a été fatal en 2007. Ce fut pareil lors de l'élection présidentielle comorienne en 2010.
Quand tout le monde se désolait de voir Ahmed Sambi chercher à se pérenniser au pouvoir de manière indue, Mohamed Saïd Fazul se lança dans l'arène politique. Il savait que la tournante allait avoir lieu, même avec retard. Il a eu une longueur d'avance pratiquement de six ans de campagne. Il avait pu mobiliser tout le monde autour de lui. La mobilisation d'hommes et de femmes autour de Mohamed Saïd Fazul allait l'encourager davantage. Cela a influencé Ahmed Sambi dans son projet de reforme de la tournante. Mohamed Saïd Fazul était favorable à la révision de la Constitution, mais sans toucher la présidence tournante.
Sa candidature, bien que manquant de financement, allait recevoir le soutien d'hommes et de femmes d'horizons sociaux et professionnels divers, pendant qu'Ahmed Sambi multipliait les restrictions salariales sur eux, poussant Mohamed Saïd Fazul à vivre grâce à l'aide de sa famille et ses proches amis. Mais, ces restrictions accrurent le soutien de la population à sa candidature, surtout qu'il est un homme très honnête, qui ne vit que par ses moyens propres.
La candidature de Mohamed Saïd Fazul pour l'élection présidentielle devient officielle
Des formations politiques et de grandes figures politiques craignaient l'annulation de sa candidature présidentielle. Il y avait une décision de Justice malintentionnée qui invalidait sa candidature, mais, nous avions déployé tous les efforts pour son annulation. L'affaire est donc résolue en notre faveur.
Et comment Mohamed Saïd Fazul a fait le choix de ses colistiers?
Le choix à Mohéli n'était pas compliqué: tout le monde était d'accord pour Loutfi Attoumani, l'enfant de Ndrondroni. Mais, des causeries de dernière minute provoquèrent l'éviction de Loutfi Attoumane au profit de Chambane Bacar. Loutfi Attoumane organisa alors une forte délégation de Ndrondroni, soit plus de 100 personnes pour intimider notre staff. Peine perdue: notre staff maintint son éviction. Auparavant, alors, je me trouvais en France pour négocier des contrats d'investissement avec 2 sociétés, INOG pour le traitement des hydrocarbures, et Orange pour les télécommunications, Chambane Bacar m'avait appelé pour m'avertir qu'il pouvait aussi brandir de menaces et qu'il voulait rester colistier.
Je m'étais entretenu au téléphone avec Loutfi Attoumane pour son retrait en faveur de Chambane Bacar. En contrepartie, le poste de ministre des Affaires étrangères lui reviendrait en cas de victoire de notre candidat. Cette proposition était vite acceptée même par le candidat Mohamed Saïd Fazul.
Par Mohamed Bacar
Ancien Conseiller du Président Mohamed Saïd Fazul
Boingoma, Mohéli
© www.lemohelien.com – Jeudi 8 mai 2014.