En 2014, une actrice, Olivia Wilde, qui n'a pas perdu ses kilos de grossesse est jugée «décevante» et «peut faire peur». Que se pass...
En 2014, une actrice, Olivia Wilde, qui n'a pas perdu ses kilos de grossesse est jugée «décevante» et «peut faire peur».
Que se passe-t-il dans la tête d'une personne capable d'écrire, à propos d'une femme qui vient à peine d'accoucher qu'alors «qu'on l'avait connue si bien foutue», qu'elle a aujourd'hui «des gros poteaux plein de cellulite» et que le fait qu'elle ait «ait gonflé autant enceinte» et «n'a pas fondu rapidement» est «vraiment décevant»?
Qu'est-ce qui peut pousser à tenir de tels propos? L'ignorance? La malveillance? Ou l'idée visiblement bien ancrée qu'une mère ne doit «pas se laisser aller» après une grossesse?
Par «ne pas se laisser aller», il faut comprendre: redevenir exactement comme avant. Comme avant une grossesse, comme avant ces neuf mois où le corps change, où le corps DOIT changer. Ne pas se laisser aller, c'est faire un régime, faire du Pilates, faire Dukan, bref faire pénitence pour tous ces kilos amassés, pour la bonne cause certes, mais dont il faut se débarrasser au plus vite. Hop hop hop. La gym post-natale, c'est pas fait pour les chiens.
L'article publié sur Première.fr avant d'être supprimé et cet autre article épuré, mais dont voici la version initiale ci-dessous, montrent à quel point les femmes en général, et les mères en particulier, sont soumises à l'injonction du corps parfait. Et quiconque aurait l'outrecuidance de ne pas s'y soumettre sera taxé de paresse, d'irresponsabilité.
Une étude australienne avait révélé que 41% des femmes enceintes, qui n'avaient pourtant pas de troubles du comportement alimentaires, déploraient le fait de ne pas avoir «réussi à contrôler leur poids pendant leur grossesse». 20% des femmes n'ont jamais fait autant attention à leur poids que pendant la grossesse.
Avec des articles comme ceux de Première, et tous ceux qui ne manqueront pas d'être encore publiés, la pression qui pèse sur ces femmes a encore de beaux jours devant elle.
Les plus impitoyables peuvent être les mères elles-mêmes. On se souvient de l'horripilante Maria Kang, aka «Fit Mum», et son atroce «Quelle est votre excuse?».
Cette mère de trois enfants au corps galbé et très musclé affirmait ne pas comprendre pourquoi la plupart des femmes ne retrouvaient pas leur corps d'avant, alors qu'elle y est parvenue si facilement et avec force abdos.
Heureusement, il existe aussi des personnes qui mettent leur énergie à déculpabiliser les mères et leurs supposés corps «imparfaits», comme la photographe Ashlee Wells Jackson et son «4th trimester Body project», que nous avons choisi de mettre en avant.
Ou Taryn Brumfitt, qui essaie aussi de démonter le propos de «Fit Mom». Ex-body-buildeuse, elle montre son corps post-bébé et prépare un documentaire sur la manière dont tout est fait pour que les femmes aient un rapport douloureux avec leur corps.
En France, enfin, le blog participatif Le corps des femmes recense (entre autres) photos et témoignages de femmes dont le corps a été accidenté par une grossesse, des vergetures, des poils, des cicatrices de césarienne.
Ce genre d'images ne figurera sans doute jamais sur le site de Première ou dans les pages des magazines féminins. A nous de leur donner autant, sinon plus, de visibilité.
N.D.
Que se passe-t-il dans la tête d'une personne capable d'écrire, à propos d'une femme qui vient à peine d'accoucher qu'alors «qu'on l'avait connue si bien foutue», qu'elle a aujourd'hui «des gros poteaux plein de cellulite» et que le fait qu'elle ait «ait gonflé autant enceinte» et «n'a pas fondu rapidement» est «vraiment décevant»?
Qu'est-ce qui peut pousser à tenir de tels propos? L'ignorance? La malveillance? Ou l'idée visiblement bien ancrée qu'une mère ne doit «pas se laisser aller» après une grossesse?
Par «ne pas se laisser aller», il faut comprendre: redevenir exactement comme avant. Comme avant une grossesse, comme avant ces neuf mois où le corps change, où le corps DOIT changer. Ne pas se laisser aller, c'est faire un régime, faire du Pilates, faire Dukan, bref faire pénitence pour tous ces kilos amassés, pour la bonne cause certes, mais dont il faut se débarrasser au plus vite. Hop hop hop. La gym post-natale, c'est pas fait pour les chiens.
L'article publié sur Première.fr avant d'être supprimé et cet autre article épuré, mais dont voici la version initiale ci-dessous, montrent à quel point les femmes en général, et les mères en particulier, sont soumises à l'injonction du corps parfait. Et quiconque aurait l'outrecuidance de ne pas s'y soumettre sera taxé de paresse, d'irresponsabilité.
Une étude australienne avait révélé que 41% des femmes enceintes, qui n'avaient pourtant pas de troubles du comportement alimentaires, déploraient le fait de ne pas avoir «réussi à contrôler leur poids pendant leur grossesse». 20% des femmes n'ont jamais fait autant attention à leur poids que pendant la grossesse.
Avec des articles comme ceux de Première, et tous ceux qui ne manqueront pas d'être encore publiés, la pression qui pèse sur ces femmes a encore de beaux jours devant elle.
Les plus impitoyables peuvent être les mères elles-mêmes. On se souvient de l'horripilante Maria Kang, aka «Fit Mum», et son atroce «Quelle est votre excuse?».
Cette mère de trois enfants au corps galbé et très musclé affirmait ne pas comprendre pourquoi la plupart des femmes ne retrouvaient pas leur corps d'avant, alors qu'elle y est parvenue si facilement et avec force abdos.
Heureusement, il existe aussi des personnes qui mettent leur énergie à déculpabiliser les mères et leurs supposés corps «imparfaits», comme la photographe Ashlee Wells Jackson et son «4th trimester Body project», que nous avons choisi de mettre en avant.
Ou Taryn Brumfitt, qui essaie aussi de démonter le propos de «Fit Mom». Ex-body-buildeuse, elle montre son corps post-bébé et prépare un documentaire sur la manière dont tout est fait pour que les femmes aient un rapport douloureux avec leur corps.
En France, enfin, le blog participatif Le corps des femmes recense (entre autres) photos et témoignages de femmes dont le corps a été accidenté par une grossesse, des vergetures, des poils, des cicatrices de césarienne.
Ce genre d'images ne figurera sans doute jamais sur le site de Première ou dans les pages des magazines féminins. A nous de leur donner autant, sinon plus, de visibilité.
N.D.