El Fardou Ben Nabouhane a réussi son pari : se faire remarquer dans le championnat grec. Parti de Vannes (France) l’été dernier, l’attaquant...
El Fardou Ben Nabouhane a réussi son pari : se faire remarquer dans le championnat grec. Parti de Vannes (France) l’été dernier, l’attaquant de 24 ans a inscrit 15 buts en 33 matches de «Superleague». Sa cote étant montée en flèche, le Mahorais veut désormais jouer dans un club plus huppé et participer à une Coupe d’Afrique avec les Comores.
La révélation de l’année en championnat grec de football s’appelle El
Fardou Ben Nabouhane. Et le footballeur vient de loin : de l’île de
Mayotte, département français situé dans l’océan Indien, entre le
Mozambique et Madagascar. Auteur de 15 buts en 33 matches, le Mahorais a
crevé l’écran avec le Veria FC, cette saison. Un bilan exceptionnel
pour cet attaquant de 24 ans qui évoluait encore en troisième division
française, en 2013. « L’été dernier, j’étais en fin de contrat à Vannes (ouest de la France), explique l’intéressé.
J’avais des sollicitations en deuxième et en troisième division
(française). Mais Veria me voulait. J’ai pris la décision d’aller en
Grèce pour changer d’horizon et pour voir quel était le niveau du
championnat grec ».
Malgré le choc cuturel, El Fardou Ben Nabouhane a vite trouvé ses marques en Macédoine-Centrale (nord de la Grèce). « Mon objectif était de marquer de 10 à 12 buts. C’est vrai que j’ai tout fait pour atteindre cet objectif. Et j’ai aussi eu de la réussite. C’est donc un très bon résultat individuel. Mais le plus important pour moi était de sauver Véria, parce qu’on jouait le maintien en première division cette saison. »
Stéphane Le Mignan, qui a dirigé El Fardou Ben Nabouhane pendant deux ans à Vannes, est admiratif des performances de son ancien protégé : « Le championnat grec est quand même de très grande qualité. En plus, El Fardou n’a pas connu d’étape intermédiaire entre Vannes et ce très très bon championnat. La suite logique aurait plutôt été qu’il passe par la Ligue 2 française (2e division), par exemple. » L’entraîneur de Boulogne-sur-Mer est à moitié surpris : « A Vannes, c’était déjà un joueur relativement habile avec le ballon et dans la finition. Un attaquant qui était capable de réussir beaucoup de bonnes choses. Et puis, lorsqu’on est entouré de meilleurs joueurs, ça aide à franchir des paliers. »
Emmener son père à des matches de Ligue des champions
S’il reste une année de contrat à El Fardou Ben Nabouhane, sa carrière va se poursuivre dans un club beaucoup plus huppé que Veria. A priori en Grèce, en Russie, ou en Angleterre. L’ancien Vannetais aimerait par-dessus tout trouver une équipe qui participe à une coupe d’Europe.
« Quand j’étais petit, mon père regardait beaucoup de matches à la télévision, raconte-t-il.
Je voyais sa joie lorsqu’il regardait du foot. Je repense souvent à ces
moments-là. C’est d’ailleurs devenu un de mes objectifs : faire venir
mon père au stade, pour qu’il assiste à des matches de Ligue des
champions ou de Ligue Europa auxquels je participerais ».
Emu, El Fardou Ben Nabouhane se montre pourtant pudique sur son enfance à Mayotte et sur son adolescence passée à la Réunion, un autre département d’Outre-mer situé dans l’Océan Indien. « Quand on grandit dans une famille à Mayotte, le plus important, ce n’est sûrement pas le football, souligne-t-il. Le plus important, c’est de trouver un travail pour pouvoir aider ses proches ».
Ces derniers l’ont pourtant encouragé à persévérer dans le football. « Je remercie ma famille qui a fait beaucoup de sacrifices pour moi. Notamment ma grand-mère, et mes tantes et oncles à la Réunion. Ils ont parfois tout laissé pour moi, alors qu’ils n’avaient pas de travail. Ils prenaient le temps de m’emmener au centre d’entraînement de Saint-Pierre. Parfois, ils devaient même laisser leur famille pour me ramener… »
Disputer une Coupe d’Afrique avec les Comores
Les footballeurs professionnels mahorais sont très rares. Et El Fardou Ben Nabouhane reste attaché à ses racines. Le joueur formé au Havre (ouest de la France) a cependant décidé de défendre les couleurs de l’équipe nationale des Comores, un autre Etat de l’archipel devenu indépendant de la France en 1975. « Pour moi, c’était un choix naturel, assure-t-il. Avant, Mayotte faisait partie des Comores. […] C’est à côté, on y parle la même langue (le shikomori notamment, Ndlr). Après, les histoires politiques, je ne vais pas trop rentrer dedans ».
L’ancien pensionnaire du RC Barakani (Mayotte) a été séduit à l’idée de relancer une équipe comorienne en désuétude. « Le sélectionneur m’a contacté directement, raconte El Fardou Ben Nabouhane. Il m’a présenté le projet. Il m’a expliqué qu’il voulait bâtir quelque chose de grand pour les Comores. Il m’a dit qu’il avait confiance en moi et qu’il voulait que je vienne absolument ».
Depuis, El Fardou Ben Nabouhane a pu se rassurer sur le potentiel de la sélection comorienne. Le 5 mars dernier, les « Cœlacanthes » ont bousculé l’équipe du Burkina Faso (1-1), pourtant vice-championne d’Afrique, lors d’un match amical à Martigues. « Tout ça, c’est une aventure, lance-t-il. Le coach aime le rappeler : on est des bâtisseurs. Que l’équipe nationale grandisse, ça dépend de nous. Tout partira d’un très bon parcours en éliminatoires de la CAN. »
Ben Nabouhane pourrait jouer son premiers match international officiel, face au Kenya en premier tour aller des éliminatoires de la CAN 2015, le 16, 17 ou 18 mai. Il aura ensuite l’opportunité de disputer le match retour (30, 31 mai au 1er juin) à domicile. Avec l’ambition, à terme, de se qualifier pour une phase finale de Coupe d’Afrique. « Tout le peuple comorien rêve de ça », sourit-il.
Par David Kalfa | RFI
Malgré le choc cuturel, El Fardou Ben Nabouhane a vite trouvé ses marques en Macédoine-Centrale (nord de la Grèce). « Mon objectif était de marquer de 10 à 12 buts. C’est vrai que j’ai tout fait pour atteindre cet objectif. Et j’ai aussi eu de la réussite. C’est donc un très bon résultat individuel. Mais le plus important pour moi était de sauver Véria, parce qu’on jouait le maintien en première division cette saison. »
Stéphane Le Mignan, qui a dirigé El Fardou Ben Nabouhane pendant deux ans à Vannes, est admiratif des performances de son ancien protégé : « Le championnat grec est quand même de très grande qualité. En plus, El Fardou n’a pas connu d’étape intermédiaire entre Vannes et ce très très bon championnat. La suite logique aurait plutôt été qu’il passe par la Ligue 2 française (2e division), par exemple. » L’entraîneur de Boulogne-sur-Mer est à moitié surpris : « A Vannes, c’était déjà un joueur relativement habile avec le ballon et dans la finition. Un attaquant qui était capable de réussir beaucoup de bonnes choses. Et puis, lorsqu’on est entouré de meilleurs joueurs, ça aide à franchir des paliers. »
Emmener son père à des matches de Ligue des champions
S’il reste une année de contrat à El Fardou Ben Nabouhane, sa carrière va se poursuivre dans un club beaucoup plus huppé que Veria. A priori en Grèce, en Russie, ou en Angleterre. L’ancien Vannetais aimerait par-dessus tout trouver une équipe qui participe à une coupe d’Europe.
Le footballeur comorien El Fardou Ben Nabouhane.
Veria FC
Emu, El Fardou Ben Nabouhane se montre pourtant pudique sur son enfance à Mayotte et sur son adolescence passée à la Réunion, un autre département d’Outre-mer situé dans l’Océan Indien. « Quand on grandit dans une famille à Mayotte, le plus important, ce n’est sûrement pas le football, souligne-t-il. Le plus important, c’est de trouver un travail pour pouvoir aider ses proches ».
Ces derniers l’ont pourtant encouragé à persévérer dans le football. « Je remercie ma famille qui a fait beaucoup de sacrifices pour moi. Notamment ma grand-mère, et mes tantes et oncles à la Réunion. Ils ont parfois tout laissé pour moi, alors qu’ils n’avaient pas de travail. Ils prenaient le temps de m’emmener au centre d’entraînement de Saint-Pierre. Parfois, ils devaient même laisser leur famille pour me ramener… »
Disputer une Coupe d’Afrique avec les Comores
Les footballeurs professionnels mahorais sont très rares. Et El Fardou Ben Nabouhane reste attaché à ses racines. Le joueur formé au Havre (ouest de la France) a cependant décidé de défendre les couleurs de l’équipe nationale des Comores, un autre Etat de l’archipel devenu indépendant de la France en 1975. « Pour moi, c’était un choix naturel, assure-t-il. Avant, Mayotte faisait partie des Comores. […] C’est à côté, on y parle la même langue (le shikomori notamment, Ndlr). Après, les histoires politiques, je ne vais pas trop rentrer dedans ».
L’ancien pensionnaire du RC Barakani (Mayotte) a été séduit à l’idée de relancer une équipe comorienne en désuétude. « Le sélectionneur m’a contacté directement, raconte El Fardou Ben Nabouhane. Il m’a présenté le projet. Il m’a expliqué qu’il voulait bâtir quelque chose de grand pour les Comores. Il m’a dit qu’il avait confiance en moi et qu’il voulait que je vienne absolument ».
Depuis, El Fardou Ben Nabouhane a pu se rassurer sur le potentiel de la sélection comorienne. Le 5 mars dernier, les « Cœlacanthes » ont bousculé l’équipe du Burkina Faso (1-1), pourtant vice-championne d’Afrique, lors d’un match amical à Martigues. « Tout ça, c’est une aventure, lance-t-il. Le coach aime le rappeler : on est des bâtisseurs. Que l’équipe nationale grandisse, ça dépend de nous. Tout partira d’un très bon parcours en éliminatoires de la CAN. »
Ben Nabouhane pourrait jouer son premiers match international officiel, face au Kenya en premier tour aller des éliminatoires de la CAN 2015, le 16, 17 ou 18 mai. Il aura ensuite l’opportunité de disputer le match retour (30, 31 mai au 1er juin) à domicile. Avec l’ambition, à terme, de se qualifier pour une phase finale de Coupe d’Afrique. « Tout le peuple comorien rêve de ça », sourit-il.
Par David Kalfa | RFI