La Banque mondiale a rendu public, mercredi 30 avril, son nouvel état des lieux de l’économie mondiale. Certains médias en déduisent que la...
La Banque mondiale a rendu public, mercredi 30 avril, son nouvel état des lieux de l’économie mondiale. Certains médias en déduisent que la Chine va dépasser les États-Unis dès cette année.
L’ère de la domination économique mondiale des États-Unis est en passe de s’achever au profit de la Chine. Et bien plus vite que prévu, d’après une analyse des journaux britanniques “Financial Times” et “The Economist” basée sur les nouvelles estimations rendues publiques par la Banque mondiale, mercredi 30 avril. La passation de témoin pourrait avoir lieu dès cette année, et non plus en 2019 comme anticipé par la plupart des analystes.
2014 risque donc de marquer un tournant historique dans le rapport de force économique mondial puisque les États-Unis occupaient la première place depuis 1872, date à laquelle Washington a dépassé la Grande-Bretagne.
La Banque mondiale n’avait pas mis à jour son état des lieux économique depuis 2005 et cette nouvelle donne démontre l’accélération des changements économiques en dix ans, notamment suite à la crise financière de 2008. En 2011, date retenue par la Banque mondiale dans son rapport, le poids économique de la Chine représentait 87 % de celui des États-Unis. Comme, d’après le FMI, la croissance chinoise a été de 24 % entre 2011 et 2014, contre 8 % pour les États-Unis, Pékin devrait pouvoir réclamer la première place dès cette année, conclut le “Financial Times”.
Pour parvenir à ce nouveau rapport de force économique, la Banque mondiale ne se base pas sur la traditionnelle comparaison des PIB. Cette approche laisserait les États-Unis (15 680 milliards de dollars) loin devant la Chine (8 227 milliards de dollars). Mais de l’avis général des économistes, le PIB “ne reflète pas le vrai coût des biens et services dans un pays”, rappelle “The Economist”.
Les statisticiens de la Banque mondiale ont préféré se fonder sur le pouvoir d’achat réel (PPA : parité du pouvoir d’achat) “qui est beaucoup plus pertinent pour comparer les pays”, souligne à FRANCE 24 Mary-Françoise Renard, responsable de l'Idrec (Institut de Recherche sur l'Economie de la Chine). Cette mesure prend en compte le fait que certains biens et services, comme une bière ou une coupe de cheveux, sont bien moins chers pour des consommateurs chinois qu’américains.
Les bonnes performances économiques chinoises ne sont pas les seules raisons de ce mouvement de balancier sino-américain. La crise financière de 2008 a frappé les États-Unis de plein fouet et l’activité économique du pays a connu un sérieux ralentissement, surtout comparé à la Chine.
Mais le président chinois Xi Jinping aurait tort de crier victoire trop tôt. D’abord, parce que, de l’avis même de la Banque mondiale, le PPA n’est pas une donnée très fiable pour les prévisions. “Cet indicateur a une dimension subjective qui le rend peu adapté aux projections”, affirme Mary-Françoise Renard. Pour le calculer, on prend un panier “normalisé” de biens et services, c’est-à-dire le même pour tous les pays. Mais un Chinois, un Indien, un Américain ou un Français n’achète pas forcément les mêmes produits, et il faut donc faire un compromis qui peut déformer la réalité. D’autant plus que les habitudes de consommation évoluent et que le panier “idéal” de 2011 peut avoir changer depuis.
Le PPA présente une autre limite, souligne le “Financial Times”. Cet indicateur retient des catégories de biens et services, ce qui peut fausser les comparaisons. “Nul doute qu’un lecteur DVD sera moins cher en Chine qu’aux États-Unis, mais ce n’est pas non plus la même qualité et si un consommateur chinois veut acquérir un appareil aussi solide que ceux vendus aux États-Unis il devra payer beaucoup plus cher”, note le quotidien économique britannique.
Au-delà des difficultés de l’analyse des statistiques, la croissance chinoise n’est pas, non plus, un long fleuve tranquille. “Le secteur bancaire chinois rencontre actuellement des difficultés qui pourraient se traduire par une crise financière”, rappelle Mary-Françoise Renard. Pour cette économiste il est, donc, encore un peu tôt pour faire de 2014 l’année zéro du règne économique mondial de la Chine, même si elle juge que cette prise de pouvoir demeure inéluctable.
France24.fr - Première publication : 30/04/2014
L’ère de la domination économique mondiale des États-Unis est en passe de s’achever au profit de la Chine. Et bien plus vite que prévu, d’après une analyse des journaux britanniques “Financial Times” et “The Economist” basée sur les nouvelles estimations rendues publiques par la Banque mondiale, mercredi 30 avril. La passation de témoin pourrait avoir lieu dès cette année, et non plus en 2019 comme anticipé par la plupart des analystes.
2014 risque donc de marquer un tournant historique dans le rapport de force économique mondial puisque les États-Unis occupaient la première place depuis 1872, date à laquelle Washington a dépassé la Grande-Bretagne.
La Banque mondiale n’avait pas mis à jour son état des lieux économique depuis 2005 et cette nouvelle donne démontre l’accélération des changements économiques en dix ans, notamment suite à la crise financière de 2008. En 2011, date retenue par la Banque mondiale dans son rapport, le poids économique de la Chine représentait 87 % de celui des États-Unis. Comme, d’après le FMI, la croissance chinoise a été de 24 % entre 2011 et 2014, contre 8 % pour les États-Unis, Pékin devrait pouvoir réclamer la première place dès cette année, conclut le “Financial Times”.
La force du pouvoir d’achat chinois
Pour parvenir à ce nouveau rapport de force économique, la Banque mondiale ne se base pas sur la traditionnelle comparaison des PIB. Cette approche laisserait les États-Unis (15 680 milliards de dollars) loin devant la Chine (8 227 milliards de dollars). Mais de l’avis général des économistes, le PIB “ne reflète pas le vrai coût des biens et services dans un pays”, rappelle “The Economist”.
Les statisticiens de la Banque mondiale ont préféré se fonder sur le pouvoir d’achat réel (PPA : parité du pouvoir d’achat) “qui est beaucoup plus pertinent pour comparer les pays”, souligne à FRANCE 24 Mary-Françoise Renard, responsable de l'Idrec (Institut de Recherche sur l'Economie de la Chine). Cette mesure prend en compte le fait que certains biens et services, comme une bière ou une coupe de cheveux, sont bien moins chers pour des consommateurs chinois qu’américains.
Les bonnes performances économiques chinoises ne sont pas les seules raisons de ce mouvement de balancier sino-américain. La crise financière de 2008 a frappé les États-Unis de plein fouet et l’activité économique du pays a connu un sérieux ralentissement, surtout comparé à la Chine.
Un panier percé ?
Mais le président chinois Xi Jinping aurait tort de crier victoire trop tôt. D’abord, parce que, de l’avis même de la Banque mondiale, le PPA n’est pas une donnée très fiable pour les prévisions. “Cet indicateur a une dimension subjective qui le rend peu adapté aux projections”, affirme Mary-Françoise Renard. Pour le calculer, on prend un panier “normalisé” de biens et services, c’est-à-dire le même pour tous les pays. Mais un Chinois, un Indien, un Américain ou un Français n’achète pas forcément les mêmes produits, et il faut donc faire un compromis qui peut déformer la réalité. D’autant plus que les habitudes de consommation évoluent et que le panier “idéal” de 2011 peut avoir changer depuis.
Le PPA présente une autre limite, souligne le “Financial Times”. Cet indicateur retient des catégories de biens et services, ce qui peut fausser les comparaisons. “Nul doute qu’un lecteur DVD sera moins cher en Chine qu’aux États-Unis, mais ce n’est pas non plus la même qualité et si un consommateur chinois veut acquérir un appareil aussi solide que ceux vendus aux États-Unis il devra payer beaucoup plus cher”, note le quotidien économique britannique.
Au-delà des difficultés de l’analyse des statistiques, la croissance chinoise n’est pas, non plus, un long fleuve tranquille. “Le secteur bancaire chinois rencontre actuellement des difficultés qui pourraient se traduire par une crise financière”, rappelle Mary-Françoise Renard. Pour cette économiste il est, donc, encore un peu tôt pour faire de 2014 l’année zéro du règne économique mondial de la Chine, même si elle juge que cette prise de pouvoir demeure inéluctable.
France24.fr - Première publication : 30/04/2014