GUANGZHOU (Chine) - Le Professeur Li Guoqiao, scientifique en chef de la compagnie pharmaceutique chinoise Artepharm, a découvert un « médic...
GUANGZHOU (Chine) - Le Professeur Li Guoqiao, scientifique en chef de la compagnie pharmaceutique chinoise Artepharm, a découvert un « médicament révolutionnaire » contre le paludisme dénommé Artequick. Aux Comores, le produit a permis de guérir la maladie à 97%. Cependant, le médicament n'a toujours pas reçu l'aval de l'Organisation mondiale de la santé (Oms).
A l'Université de la médecine chinoise de Guangzhou, dans le Sud de la Chine, des chercheurs ont mis au point l'Artequick, un « médicament révolutionnaire » contre le paludisme. Il a été découvert par le professeur Li Guoqiao, scientifique en chef de la compagnie pharmaceutique chinoise Artepharm dont le siège est à Guangzhou. M. Guoqiao est également l'un des inventeurs de l'artémisinine et de la combinaison thérapeutique à base d'artémisinine (Act). « Il travaille depuis trois décennies dans la recherche et le développement des médicaments antipaludiques et antivirales», expliquent ses collaborateurs.
Un de ses collègues, le professeur Pan Longhua, directeur général d'Artepharm, nous a reçus il y a quelques jours lors de notre visite au parc scientifique et technique l'Université de médecine chinoise de Guangzhou. Depuis des années, cet homme parcourt l'Afrique et a visité de nombreux pays du continent. Il est tout joyeux d'expliquer à un journaliste africain les vertus de ce « médicament miracle » qu'est l'Artequick qui est présenté dans une boîte de quatre comprimés.
Le principe de ce médicament repose sur la formule dite « Femse » ou Fast elimination of malaria by source eradication (élimination rapide du paludisme par l'éradication de la source). « Artequick est une combinaison thérapeutique à base d'artémisinine et en association fixe avec le pipéraquine. Il constitue le médicament idéal pour le traitement de la maladie, notamment les plasmodiums falciparum résistant aux autres antipaludiques », explique le Pr Pan Longhua.
Des informations fournies par la compagnie Artepharm détaillent les performances du médicament. Selon des études cliniques menées en Chine, au Vietnam, en Thaïlande et aux Comores, l'Artequick contrôle assez rapidement les symptômes du paludisme. « Le temps de disparition de la fièvre est de 16 à 30 heures et le temps de disparition des parasites est de 36 à 60 heures », expliquent les responsables de la compagnie.
Selon les chercheurs chinois, le médicament stoppe le développement des parasites dans les deux heures qui suivent sa prise. Plus de 95% des parasites sont ainsi éliminés 24 heures après son administration. « Cela confère à l'Artequick l'avantage de diminuer l'apparition des accès palustres sévères et de réduire fortement le taux de mortalité lié au paludisme », affirme le Pr Pan Longhua. L'autre avantage du médicament est la durée de traitement qui est relativement courte, car s'étalant seulement sur deux jours, avec deux comprimés pour la prise initiale et deux autres 24 heures plus tard. « Les études ont montré que l'Artequick a un taux de guérison assez élevé chez les souches résistantes des plasmodiums falciparum dans les régions endémiques. Par ailleurs, le taux de guérison démontré par l'étude de suivi de 28 jours est de 97%, avec un taux de recrudescence de 3% », expliquent les responsables d'Artepharm. Les effets secondaires sont rares, selon les spécialistes chinois. Ils ont relevé des cas de nausées, de vomissements, de vertiges, de douleurs abdominales légères et de diarrhées qui peuvent apparaître occasionnellement, avec un taux variant entre 0% et 3%. « Les analyses hématologiques et biochimiques, ainsi que l'électrocardiogramme n'ont pas détecté d'effets toxiques sur le dosage utilisé », précisent-ils.
Aux Comores où il a été expérimenté, l'Artequick a donné de bons résultats. Il y a été introduit en 2007 après la signature d'un accord avec l'Université de la médecine traditionnelle chinoise de Guangzhou dans le cadre d'un projet de lutte contre le paludisme. Dans les îles d'Anjouan et de Mohéli, près de 400.000 personnes ont été ciblées. Avant le démarrage du projet, 90% des habitants de certains villages contractaient le paludisme chaque année. A Mohéli, le nombre de cas a diminué de 95% en 2007. Cinq ans plus tard, en 2012, le taux de diminution a atteint 97% à Anjouan. « Après la mise en œuvre des deux premières phases du projet, les deux îles sont devenues des zones de faible endémicité. Le taux de mortalité due au paludisme y a chuté à zéro et la prévalence a été fortement contrôlée. Le succès du projet a été salué par le gouvernement comorien et a attiré l'attention de la communauté internationale », notent avec fierté les chercheurs chinois. En août 2013, le Dr Fouad Mohadji, ministre de la Santé des Comores, était venu à Guangzhou pour décerner des médailles aux chercheurs chinois, notamment au Pr Li Guoqiao, inventeur de l'Artequick.
GUANGZHOU (Chine) - Même si l'Artequick revendique des performances dans le traitement du paludisme, ce médicament n'a pas encore reçu l'aval de l'Organisation mondiale de la santé (Oms). Les chercheurs chinois ne comprennent toujours pas ce qu'attend cette instance pour donner un quitus à leur « découverte révolutionnaire » qui peut sauver des millions de vies, surtout en Afrique où le paludisme fait des ravages et fait perdre à l'économie 12 milliards de dollars chaque année. Selon des spécialistes de la médecine, cette non-reconnaissance de l'Artequick est tout simplement le résultat de la « rivalité » commerciale entre les firmes pharmaceutiques occidentales et celles de la Chine. Ces experts estiment que l'enjeu financier est tellement important que certaines firmes de l'Ouest ne souhaiteraient pas voir une si belle manne financière tomber dans l'escarcelle des Chinois. D'autres mettent l'accent sur le « danger » que représenterait le médicament, car s'il est combiné avec la primaquine il pourrait entraîner des désordres chez les globules rouges (pour les personnes qui ont un déficit en enzyme G6PD) et, parfois, entraîner la mort. Cette thèse est rejetée par les chercheurs chinois qui affirment que l'Artequick est un produit sûr ayant une faible toxicité. Ils mettent également l'accent sur son prix abordable pour des populations à faibles revenus comme celles d'Afrique et des autres régions du Sud. Le médicament est ainsi disponible dans des pays du continent africain comme le Nigeria qui représente un gros marché. D'autres Etats tels que le Burundi, le Soudan ou le Ghana n'ont pas autorisé sa vente, suivant ainsi les recommandations de l'Oms.
Modou Mamoune FAYE / lesoleil.sn
A l'Université de la médecine chinoise de Guangzhou, dans le Sud de la Chine, des chercheurs ont mis au point l'Artequick, un « médicament révolutionnaire » contre le paludisme. Il a été découvert par le professeur Li Guoqiao, scientifique en chef de la compagnie pharmaceutique chinoise Artepharm dont le siège est à Guangzhou. M. Guoqiao est également l'un des inventeurs de l'artémisinine et de la combinaison thérapeutique à base d'artémisinine (Act). « Il travaille depuis trois décennies dans la recherche et le développement des médicaments antipaludiques et antivirales», expliquent ses collaborateurs.
Un de ses collègues, le professeur Pan Longhua, directeur général d'Artepharm, nous a reçus il y a quelques jours lors de notre visite au parc scientifique et technique l'Université de médecine chinoise de Guangzhou. Depuis des années, cet homme parcourt l'Afrique et a visité de nombreux pays du continent. Il est tout joyeux d'expliquer à un journaliste africain les vertus de ce « médicament miracle » qu'est l'Artequick qui est présenté dans une boîte de quatre comprimés.
Le principe de ce médicament repose sur la formule dite « Femse » ou Fast elimination of malaria by source eradication (élimination rapide du paludisme par l'éradication de la source). « Artequick est une combinaison thérapeutique à base d'artémisinine et en association fixe avec le pipéraquine. Il constitue le médicament idéal pour le traitement de la maladie, notamment les plasmodiums falciparum résistant aux autres antipaludiques », explique le Pr Pan Longhua.
Des informations fournies par la compagnie Artepharm détaillent les performances du médicament. Selon des études cliniques menées en Chine, au Vietnam, en Thaïlande et aux Comores, l'Artequick contrôle assez rapidement les symptômes du paludisme. « Le temps de disparition de la fièvre est de 16 à 30 heures et le temps de disparition des parasites est de 36 à 60 heures », expliquent les responsables de la compagnie.
Taux de guérison de 97%
Selon les chercheurs chinois, le médicament stoppe le développement des parasites dans les deux heures qui suivent sa prise. Plus de 95% des parasites sont ainsi éliminés 24 heures après son administration. « Cela confère à l'Artequick l'avantage de diminuer l'apparition des accès palustres sévères et de réduire fortement le taux de mortalité lié au paludisme », affirme le Pr Pan Longhua. L'autre avantage du médicament est la durée de traitement qui est relativement courte, car s'étalant seulement sur deux jours, avec deux comprimés pour la prise initiale et deux autres 24 heures plus tard. « Les études ont montré que l'Artequick a un taux de guérison assez élevé chez les souches résistantes des plasmodiums falciparum dans les régions endémiques. Par ailleurs, le taux de guérison démontré par l'étude de suivi de 28 jours est de 97%, avec un taux de recrudescence de 3% », expliquent les responsables d'Artepharm. Les effets secondaires sont rares, selon les spécialistes chinois. Ils ont relevé des cas de nausées, de vomissements, de vertiges, de douleurs abdominales légères et de diarrhées qui peuvent apparaître occasionnellement, avec un taux variant entre 0% et 3%. « Les analyses hématologiques et biochimiques, ainsi que l'électrocardiogramme n'ont pas détecté d'effets toxiques sur le dosage utilisé », précisent-ils.
Aux Comores où il a été expérimenté, l'Artequick a donné de bons résultats. Il y a été introduit en 2007 après la signature d'un accord avec l'Université de la médecine traditionnelle chinoise de Guangzhou dans le cadre d'un projet de lutte contre le paludisme. Dans les îles d'Anjouan et de Mohéli, près de 400.000 personnes ont été ciblées. Avant le démarrage du projet, 90% des habitants de certains villages contractaient le paludisme chaque année. A Mohéli, le nombre de cas a diminué de 95% en 2007. Cinq ans plus tard, en 2012, le taux de diminution a atteint 97% à Anjouan. « Après la mise en œuvre des deux premières phases du projet, les deux îles sont devenues des zones de faible endémicité. Le taux de mortalité due au paludisme y a chuté à zéro et la prévalence a été fortement contrôlée. Le succès du projet a été salué par le gouvernement comorien et a attiré l'attention de la communauté internationale », notent avec fierté les chercheurs chinois. En août 2013, le Dr Fouad Mohadji, ministre de la Santé des Comores, était venu à Guangzhou pour décerner des médailles aux chercheurs chinois, notamment au Pr Li Guoqiao, inventeur de l'Artequick.
L'Artequick vendu dans des pays africains…, mais non reconnu par l'Oms
GUANGZHOU (Chine) - Même si l'Artequick revendique des performances dans le traitement du paludisme, ce médicament n'a pas encore reçu l'aval de l'Organisation mondiale de la santé (Oms). Les chercheurs chinois ne comprennent toujours pas ce qu'attend cette instance pour donner un quitus à leur « découverte révolutionnaire » qui peut sauver des millions de vies, surtout en Afrique où le paludisme fait des ravages et fait perdre à l'économie 12 milliards de dollars chaque année. Selon des spécialistes de la médecine, cette non-reconnaissance de l'Artequick est tout simplement le résultat de la « rivalité » commerciale entre les firmes pharmaceutiques occidentales et celles de la Chine. Ces experts estiment que l'enjeu financier est tellement important que certaines firmes de l'Ouest ne souhaiteraient pas voir une si belle manne financière tomber dans l'escarcelle des Chinois. D'autres mettent l'accent sur le « danger » que représenterait le médicament, car s'il est combiné avec la primaquine il pourrait entraîner des désordres chez les globules rouges (pour les personnes qui ont un déficit en enzyme G6PD) et, parfois, entraîner la mort. Cette thèse est rejetée par les chercheurs chinois qui affirment que l'Artequick est un produit sûr ayant une faible toxicité. Ils mettent également l'accent sur son prix abordable pour des populations à faibles revenus comme celles d'Afrique et des autres régions du Sud. Le médicament est ainsi disponible dans des pays du continent africain comme le Nigeria qui représente un gros marché. D'autres Etats tels que le Burundi, le Soudan ou le Ghana n'ont pas autorisé sa vente, suivant ainsi les recommandations de l'Oms.
Modou Mamoune FAYE / lesoleil.sn