Problèmes de date, d’archivage, de prises de position et de positionnement. Il est sûr et certain que si j’avais su dès le départ de ...
Problèmes de date, d’archivage, de prises de position et de positionnement.
Il est sûr et certain que si j’avais su dès le départ de quoi il s’agissait, je n’aurais pas donné mon accord pour traiter le sujet. De quoi s’agit-il? Vendredi 11 avril 2014, le frère Saïd Mohamed, qui me fait l’honneur de ses remarques judicieuses après lecture de certains articles, me suggère de m’intéresser à la conférence de presse animée par Maître Fahmi Saïd Ibrahim à Bruxelles sur Mayotte. Ne pouvant consulter la vidéo de la conférence de presse sur le site Internet qu’il m’a indiqué, je me suis rabattu sur le blog Mbadakome.Skyrock.com, que certains Comoriens attribuent au Président du Parti de l’Entente comorienne (PEC) et ministre des Relations extérieures de l’Union des Comores de juin 2010 à juin 2011. Je dis que si j’avais su de quoi il s’agissait j’aurais refusé de traiter le sujet parce que si un blog qui se définit comme le «Premier blog d’actualité économique et sociale des Comores» met en ligne une vidéo de 2011 sans préciser qu’il s’agit d’archives et sans indiquer la date exacte de la tenue de la conférence de presse, cela pose un énorme problème, pour ne pas dire plus. De fait, cette vidéo sème la confusion parce qu’en plus, on y voit le titre suivant: «Fahmi Saïd Ibrahim. Ministre des Affaires étrangères», ce qu’il n’est plus depuis juin 2011.
Dès lors, pour savoir qu’il s’agit d’une conférence de presse organisée en 2011, il faut entendre l’ex-chef de la diplomatie comorienne dire que l’ancien Premier ministre français Michel Rocard a reconnu 22 ans après l’assassinat du Président Ahmed Abdallah en 1989 que «le corsaire de la République» Robert «Bob» Denard agissait sous les ordres de la Direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE). Procédons par un petit calcul: 1989 + 22 = 2011. En plus, quelque part et plus tard, quand l’ancien ministre des Relations extérieures parle du chef de l’Église catholique, il n’évoque pas le nom du Pape François, élu le 13 mars 2013 et toujours au Vatican, mais le Pape Benoît XVI, qui a démissionné de ses fonctions pontificales le 28 février 2013. Pourquoi donc le blog Mbadakome.Skyrock.com n’a pas pris la précaution élémentaire et déontologique de mentionner la date de la conférence de presse ou du moins l’expression «Archives», faisant ainsi croire qu’il s’agit d’une conférence de presse qui vient juste d’avoir lieu? C’est un problème grave car la vidéo a été mise en ligne jeudi 10 avril 2014, pour des raisons qui n’ont pas été précisées. Or, il doit bien y avoir une cause.
Passons. Par la suite, Maître Fahmi Saïd Ibrahim parle de la libération d’un bateau des mains de pirates somaliens au cours de laquelle un Comorien a trouvé la mort, de l’exigence d’une pièce d’identité pour les Comoriens qui voyagent entre les îles de l’Archipel des Comores et de l’interdiction faite aux autorités comoriennes de voyager sur le territoire de l’Union européenne à la demande de la France. C’est la première fois que j’entends parler de cette «interdiction». En réalité, en raison de certaines positions complètement stériles, démagogiques et contreproductives de la diplomatie comorienne sous Ahmed Sambi, la France avait arrêté pendant quelques jours, en mars 2011, de délivrer des visas ordinaires et officiels aux Comores. Ce qui n’avait affecté que les citoyens ordinaires puisqu’à l’époque, hormis le Président Ahmed Sambi, presque toutes les autorités comoriennes de haut niveau (ministre des Relations extérieures, ministre de la Défense, chef d’état-major de l’Armée nationale de l’Armée nationale de Développement…) voyageaient sans gêne, ni remords avec leurs passeports français en bonne et due forme. Donc, il faudra qu’on nous montre la décision d’interdiction de l’espace européen aux autorités comoriennes à cette époque. Or, quand l’ancien ministre évoque cette situation, il exprime son «indignation», alors que les termes diplomatiques appropriés sont ceux d’«étonnement» et de «surprise». La diplomatie est ainsi. Elle a sa subtilité et ses subtilités. Tout en diplomatie repose sur une subtilité et sur des subtilités, notamment sémantiques.
En abordant le sujet central de sa conférence de presse, Maître Fahmi Saïd Ibrahim rappelle que Mayotte, Anjouan, Mohéli et la Grande-Comore ont en commun une culture et une civilisation. C’est vrai. Mais, il faudra ajouter que ces éléments devraient être consolidés par une communauté de destin dont la base devra être la volonté de vivre ensemble, alors que Mayotte a choisi de rester française dès le référendum d’autodétermination du 22 décembre 1974, référendum qui sera suivi d’autres, qui conduiront à la départementalisation de l’île le 31 mars 2011, quand Maître Fahmi Saïd Ibrahim dirigeait la diplomatie comorienne sous la présidence d’Ahmed Sambi, un Ahmed Sambi qui se lançait dans des envolées lyriques tropicales à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU le 24 septembre 2010, dans le cadre d’un discours que ses partisans considèrent comme la base de la politique mahoraise des Comores, mais que Maître Ibrahim Ali Mzimba avait joliment et à juste titre qualifié d’«escroquerie de bout en bout»! Naturellement, cette formule heureuse résume parfaitement la situation.
Maître Fahmi Saïd Ibrahim, s’appuyant sur des résolutions internationales, s’insurge contre la formule «populations comoriennes» au pluriel, estimant que l’Archipel des Comores a une seule et même population. Mais, un journaliste présent verse de l’acide sulfurique sur la plaie quand il rappela une réalité que les autorités comoriennes s’acharnent à ignorer avec un entêtement d’âne et de mule depuis les années 1960: l’opinion des Mahorais. Les Mahorais sont concernés par le devenir de leur île, mais l’ancien ministre se contente de dire que ses demi-sœurs nées à Mayotte sont contre le statut français de l’île. Les dirigeants comoriens ont toujours dit: «Nous n’avons pas de problème avec Mayotte, mais avec la France». Or, si elles étaient honnêtes, elles devraient dire: «Nous avons un problème avant tout avec Mayotte» car, même si la communauté internationale mettait fin à la présence française à Mayotte, cette île, qui n’a aucun mouvement de libération nationale (MLN), ni Armée d’occupation, n’aurait pas accepté de se placer sous le giron des Comores, en qui elle n’a aucune confiance, vu ce qui s’y passe.
Il est impossible de comprendre pourquoi Maître Fahmi Saïd Ibrahim s’oppose toujours aux investissements que la France et l’Union européenne font à Mayotte, une île qui a été très marginalisée par les autorités comoriennes sous l’autonomie interne et qui ne recevait presque rien de celles-ci: «À la veille de l’indépendance, Anjouan percevait 50% des crédits alloués par la France, la Grande-Comore 43%, Mayotte 6% et Mohéli 0,5%» (Abdou Djabir: Les Comores. Un État en construction, L’Harmattan, Paris, 1993, p. 127). Or, il n’est nécessaire de prendre en compte la réalité selon laquelle «le problème majeur dont les hommes au pouvoir durant l’autonomie ont systématiquement sous-estimé l’importance est bien le particularisme mahorais. Celui-ci est né du sentiment de dépossession qu’ont ressenti les habitants de Mayotte lorsque la capitale a été transférée de Dzaoudzi à Moroni. L’opération décidée en mai 1958 s’échelonna jusqu’en 1966. Le déplacement de la capitale fut une catastrophe pour Dzaoudzi qui ne disposait d’aucune autre ressource. Plusieurs centaines d’emplois occupés par des Mahorais disparurent à la suite de ce départ. Le Président Saïd Mohamed Cheikh fut fort mal accueilli, le 2 août 1966, par des manifestants qui déchirèrent le drapeau comorien en lui retranchant une de ses quatre étoiles; ce fut la dernière visite d’un Président du Conseil à l’île contestataire qui devint l’oubliée des budgets territoriaux» (Pierre Vérin: Les Comores, Éditions Karthala, Collection «Méridiens», Paris, 1994, p. 145).
Donc, est-ce que Maître Fahmi Saïd Ibrahim voudrait que Mayotte continue à vivre dans son statut d’«oubliée des budgets territoriaux»? L’ex-ministre s’insurge contre les investissements de 1 milliard d’euros effectués à Mayotte chaque année par la France et l’Union européenne. Pour lui, le fait que le PIB de Mayotte soit 30 fois plus élevé que celui de l’Union des Comores est un facteur de déstabilisation de ce dernier pays. C’est faux. Le facteur de déstabilisation de notre pays se trouve dans la corruption et dans l’incompétence criminelle des dirigeants comoriens. Pour preuve, Mme Maliza Saïd Youssouf, Doctorante en Droit public, spécialiste des institutions comoriennes et désormais Conseillère municipale à Marseille, a fait des études très pointues qui démontrent par 1 + 1 = 2 que le dédouanement des conteneurs aux ports de Mutsamudu et de Moroni est à même de procurer 93 milliards de francs comoriens chaque année aux Comores, pour un budget de 29 milliards de francs comoriens. Or, tout le monde sait ce qui advient des fonds de la Douane comorienne. Nous avons créé la République des dirigeants voleurs et nous voulons empêcher une île de se développer. Je ne comprendrais jamais comment on peut dire aimer Mayotte et ne pas aimer son développement. Le développement de Mayotte est une bonne chose, et hormis la bêtise, rien ne s’oppose à ce que les autorités comoriennes développent leur propre pays. Qui les en empêche? Qui? Quel pays ennemi nous dit: «Ne vous développez pas!»?
Au cours de sa conférence de presse, Maître Fahmi Saïd Ibrahim parle de la constitution d’un «pôle d’avocats», dont le chef était déjà désigné, pour faire chasser la France de Mayotte. Il réitéra son propos sur l’ORTC-TNC, la Télévision comorienne. À ce jour, les Comoriens attendent toujours pour connaître les membres de ce «pôle d’avocats». À l’époque, j’avais répondu à la proposition du ministre, qui voulait même porter plainte contre France pour «occupation illégale de l’île comorienne de Mayotte», en signalant que l’Union des Comores était dans une très mauvaise situation dans l’affaire car 3 solutions seulement s’offraient à elle: une procédure contentieuse et une procédure consultative devant la Cour internationale de Justice (CIJ) de la Haye et une procédure arbitrale. Or, dans les trois cas, une mission d’enquête devrait se rendre à Mayotte pour connaître l’avis de la population locale, avis que même les bébés connaissent.
Maître Fahmi Saïd Ibrahim évoque aux Comores une «culture orale», qu’on retrouve même dans la campagne en Angleterre, et selon laquelle certains Anglais n’ont pas de besoin de papiers pour prouver qu’ils sont Anglais. C’est vrai. Mais, quand il évoque le «Visa Balladur» comme cause de la mort de milliers de Comoriens dans les eaux de l’océan Indien, il confond la cause et les effets. Ce n’est pas le visa qui tue les Comoriens en haute mer, mais ce qui fait fuir ces gens de leur pays. Il y a juste quelques jours, Saïd, une grande personnalité comorienne, me confiait sa gêne sur le sujet: «Je ressens quand même de la honte quand des diplomates africains et arabes m’interrogent sur ce qui fait fuir de notre pays des milliers de Comoriens, alors que les Comores ne sont pas en guerre et ne font pas l’objet d’une famine ou d’une pauvreté aggravée». On ne peut mieux poser le problème: pourquoi ces gens fuient l’un des plus beaux pays du monde?
Dans la pure tradition des «bons et vrais Comoriens», notamment ceux du Comité Maoré, Maître Fahmi Saïd Ibrahim charge la «Françafrique» et ses «officines de Paris» (dans d’autres occasions, il désigne l’Ambassade de France aux Comores par le terme «officine»), qu’il rend responsable de beaucoup de malheurs aux Comores. Pour lui, il ne fait pas de doute que «la France n’a pas de politique comorienne» et s’en remet à la «Françafrique». Là aussi, la position de l’homme d’État Saïd est dépourvue de toute ambiguïté: «La France s’accroche au Gabon car ce pays a un sous-sol très riche. Elle s’accroche à l’Algérie, qui est un pays riche en pétrole et gaz. Mais, que va-t-elle chercher et obtenir aux Comores? Nous avons quoi dans notre pays?».
Pour Maître Fahmi Saïd Ibrahim, il ne fait pas de doute que la France veut faire du «chiffre» d’expulsions de Comoriens à Mayotte et il se demande pourquoi la France n’organise pas un référendum sur l’ensemble de son territoire au sujet de Mayotte. Un journaliste présent à la conférence de presse lui rétorqua qu’elle n’en a pas organisé non plus sur la Nouvelle Calédonie. Ce que regrette l’ancien ministre, qui dit que si la France quitte Mayotte, les Comores lui accorderont les possibilités de créer des bases militaires sur toutes les autres îles. Il dénonce le bon accueil réservé même à des criminels de guerre rwandais à Mayotte, où on ne veut pas voir les Comoriens. Il signale qu’un Tribunal mahorais condamna le mauvais traitement réservé aux Comoriens à Mayotte.
En tout cas, cette conférence a coûté très cher à en juger par le cadre choisi et par la beauté «physique» des plats servis aux participants. Qui a payé? On peut juger que c’est «Monsieur Albert», l’inévitable et poétique Albert Karaziwan, le Dieu des passeports comoriens, qui trônait sur une table comme un Roi et qui a toujours été très «généreux» envers les autorités comoriennes, surtout sous Ahmed Sambi, autorités comoriennes qui faisaient tout pour aller lui rendre une «gentille visite de courtoisie» à Bruxelles chaque fois, c’est-à-dire souvent et même très souvent, qu’elles étaient de passage à Paris, où elles n’avaient rien à faire.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Samedi 12 avril 2014.
Dès lors, pour savoir qu’il s’agit d’une conférence de presse organisée en 2011, il faut entendre l’ex-chef de la diplomatie comorienne dire que l’ancien Premier ministre français Michel Rocard a reconnu 22 ans après l’assassinat du Président Ahmed Abdallah en 1989 que «le corsaire de la République» Robert «Bob» Denard agissait sous les ordres de la Direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE). Procédons par un petit calcul: 1989 + 22 = 2011. En plus, quelque part et plus tard, quand l’ancien ministre des Relations extérieures parle du chef de l’Église catholique, il n’évoque pas le nom du Pape François, élu le 13 mars 2013 et toujours au Vatican, mais le Pape Benoît XVI, qui a démissionné de ses fonctions pontificales le 28 février 2013. Pourquoi donc le blog Mbadakome.Skyrock.com n’a pas pris la précaution élémentaire et déontologique de mentionner la date de la conférence de presse ou du moins l’expression «Archives», faisant ainsi croire qu’il s’agit d’une conférence de presse qui vient juste d’avoir lieu? C’est un problème grave car la vidéo a été mise en ligne jeudi 10 avril 2014, pour des raisons qui n’ont pas été précisées. Or, il doit bien y avoir une cause.
Passons. Par la suite, Maître Fahmi Saïd Ibrahim parle de la libération d’un bateau des mains de pirates somaliens au cours de laquelle un Comorien a trouvé la mort, de l’exigence d’une pièce d’identité pour les Comoriens qui voyagent entre les îles de l’Archipel des Comores et de l’interdiction faite aux autorités comoriennes de voyager sur le territoire de l’Union européenne à la demande de la France. C’est la première fois que j’entends parler de cette «interdiction». En réalité, en raison de certaines positions complètement stériles, démagogiques et contreproductives de la diplomatie comorienne sous Ahmed Sambi, la France avait arrêté pendant quelques jours, en mars 2011, de délivrer des visas ordinaires et officiels aux Comores. Ce qui n’avait affecté que les citoyens ordinaires puisqu’à l’époque, hormis le Président Ahmed Sambi, presque toutes les autorités comoriennes de haut niveau (ministre des Relations extérieures, ministre de la Défense, chef d’état-major de l’Armée nationale de l’Armée nationale de Développement…) voyageaient sans gêne, ni remords avec leurs passeports français en bonne et due forme. Donc, il faudra qu’on nous montre la décision d’interdiction de l’espace européen aux autorités comoriennes à cette époque. Or, quand l’ancien ministre évoque cette situation, il exprime son «indignation», alors que les termes diplomatiques appropriés sont ceux d’«étonnement» et de «surprise». La diplomatie est ainsi. Elle a sa subtilité et ses subtilités. Tout en diplomatie repose sur une subtilité et sur des subtilités, notamment sémantiques.
En abordant le sujet central de sa conférence de presse, Maître Fahmi Saïd Ibrahim rappelle que Mayotte, Anjouan, Mohéli et la Grande-Comore ont en commun une culture et une civilisation. C’est vrai. Mais, il faudra ajouter que ces éléments devraient être consolidés par une communauté de destin dont la base devra être la volonté de vivre ensemble, alors que Mayotte a choisi de rester française dès le référendum d’autodétermination du 22 décembre 1974, référendum qui sera suivi d’autres, qui conduiront à la départementalisation de l’île le 31 mars 2011, quand Maître Fahmi Saïd Ibrahim dirigeait la diplomatie comorienne sous la présidence d’Ahmed Sambi, un Ahmed Sambi qui se lançait dans des envolées lyriques tropicales à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU le 24 septembre 2010, dans le cadre d’un discours que ses partisans considèrent comme la base de la politique mahoraise des Comores, mais que Maître Ibrahim Ali Mzimba avait joliment et à juste titre qualifié d’«escroquerie de bout en bout»! Naturellement, cette formule heureuse résume parfaitement la situation.
Maître Fahmi Saïd Ibrahim, s’appuyant sur des résolutions internationales, s’insurge contre la formule «populations comoriennes» au pluriel, estimant que l’Archipel des Comores a une seule et même population. Mais, un journaliste présent verse de l’acide sulfurique sur la plaie quand il rappela une réalité que les autorités comoriennes s’acharnent à ignorer avec un entêtement d’âne et de mule depuis les années 1960: l’opinion des Mahorais. Les Mahorais sont concernés par le devenir de leur île, mais l’ancien ministre se contente de dire que ses demi-sœurs nées à Mayotte sont contre le statut français de l’île. Les dirigeants comoriens ont toujours dit: «Nous n’avons pas de problème avec Mayotte, mais avec la France». Or, si elles étaient honnêtes, elles devraient dire: «Nous avons un problème avant tout avec Mayotte» car, même si la communauté internationale mettait fin à la présence française à Mayotte, cette île, qui n’a aucun mouvement de libération nationale (MLN), ni Armée d’occupation, n’aurait pas accepté de se placer sous le giron des Comores, en qui elle n’a aucune confiance, vu ce qui s’y passe.
Il est impossible de comprendre pourquoi Maître Fahmi Saïd Ibrahim s’oppose toujours aux investissements que la France et l’Union européenne font à Mayotte, une île qui a été très marginalisée par les autorités comoriennes sous l’autonomie interne et qui ne recevait presque rien de celles-ci: «À la veille de l’indépendance, Anjouan percevait 50% des crédits alloués par la France, la Grande-Comore 43%, Mayotte 6% et Mohéli 0,5%» (Abdou Djabir: Les Comores. Un État en construction, L’Harmattan, Paris, 1993, p. 127). Or, il n’est nécessaire de prendre en compte la réalité selon laquelle «le problème majeur dont les hommes au pouvoir durant l’autonomie ont systématiquement sous-estimé l’importance est bien le particularisme mahorais. Celui-ci est né du sentiment de dépossession qu’ont ressenti les habitants de Mayotte lorsque la capitale a été transférée de Dzaoudzi à Moroni. L’opération décidée en mai 1958 s’échelonna jusqu’en 1966. Le déplacement de la capitale fut une catastrophe pour Dzaoudzi qui ne disposait d’aucune autre ressource. Plusieurs centaines d’emplois occupés par des Mahorais disparurent à la suite de ce départ. Le Président Saïd Mohamed Cheikh fut fort mal accueilli, le 2 août 1966, par des manifestants qui déchirèrent le drapeau comorien en lui retranchant une de ses quatre étoiles; ce fut la dernière visite d’un Président du Conseil à l’île contestataire qui devint l’oubliée des budgets territoriaux» (Pierre Vérin: Les Comores, Éditions Karthala, Collection «Méridiens», Paris, 1994, p. 145).
Donc, est-ce que Maître Fahmi Saïd Ibrahim voudrait que Mayotte continue à vivre dans son statut d’«oubliée des budgets territoriaux»? L’ex-ministre s’insurge contre les investissements de 1 milliard d’euros effectués à Mayotte chaque année par la France et l’Union européenne. Pour lui, le fait que le PIB de Mayotte soit 30 fois plus élevé que celui de l’Union des Comores est un facteur de déstabilisation de ce dernier pays. C’est faux. Le facteur de déstabilisation de notre pays se trouve dans la corruption et dans l’incompétence criminelle des dirigeants comoriens. Pour preuve, Mme Maliza Saïd Youssouf, Doctorante en Droit public, spécialiste des institutions comoriennes et désormais Conseillère municipale à Marseille, a fait des études très pointues qui démontrent par 1 + 1 = 2 que le dédouanement des conteneurs aux ports de Mutsamudu et de Moroni est à même de procurer 93 milliards de francs comoriens chaque année aux Comores, pour un budget de 29 milliards de francs comoriens. Or, tout le monde sait ce qui advient des fonds de la Douane comorienne. Nous avons créé la République des dirigeants voleurs et nous voulons empêcher une île de se développer. Je ne comprendrais jamais comment on peut dire aimer Mayotte et ne pas aimer son développement. Le développement de Mayotte est une bonne chose, et hormis la bêtise, rien ne s’oppose à ce que les autorités comoriennes développent leur propre pays. Qui les en empêche? Qui? Quel pays ennemi nous dit: «Ne vous développez pas!»?
Au cours de sa conférence de presse, Maître Fahmi Saïd Ibrahim parle de la constitution d’un «pôle d’avocats», dont le chef était déjà désigné, pour faire chasser la France de Mayotte. Il réitéra son propos sur l’ORTC-TNC, la Télévision comorienne. À ce jour, les Comoriens attendent toujours pour connaître les membres de ce «pôle d’avocats». À l’époque, j’avais répondu à la proposition du ministre, qui voulait même porter plainte contre France pour «occupation illégale de l’île comorienne de Mayotte», en signalant que l’Union des Comores était dans une très mauvaise situation dans l’affaire car 3 solutions seulement s’offraient à elle: une procédure contentieuse et une procédure consultative devant la Cour internationale de Justice (CIJ) de la Haye et une procédure arbitrale. Or, dans les trois cas, une mission d’enquête devrait se rendre à Mayotte pour connaître l’avis de la population locale, avis que même les bébés connaissent.
Maître Fahmi Saïd Ibrahim évoque aux Comores une «culture orale», qu’on retrouve même dans la campagne en Angleterre, et selon laquelle certains Anglais n’ont pas de besoin de papiers pour prouver qu’ils sont Anglais. C’est vrai. Mais, quand il évoque le «Visa Balladur» comme cause de la mort de milliers de Comoriens dans les eaux de l’océan Indien, il confond la cause et les effets. Ce n’est pas le visa qui tue les Comoriens en haute mer, mais ce qui fait fuir ces gens de leur pays. Il y a juste quelques jours, Saïd, une grande personnalité comorienne, me confiait sa gêne sur le sujet: «Je ressens quand même de la honte quand des diplomates africains et arabes m’interrogent sur ce qui fait fuir de notre pays des milliers de Comoriens, alors que les Comores ne sont pas en guerre et ne font pas l’objet d’une famine ou d’une pauvreté aggravée». On ne peut mieux poser le problème: pourquoi ces gens fuient l’un des plus beaux pays du monde?
Dans la pure tradition des «bons et vrais Comoriens», notamment ceux du Comité Maoré, Maître Fahmi Saïd Ibrahim charge la «Françafrique» et ses «officines de Paris» (dans d’autres occasions, il désigne l’Ambassade de France aux Comores par le terme «officine»), qu’il rend responsable de beaucoup de malheurs aux Comores. Pour lui, il ne fait pas de doute que «la France n’a pas de politique comorienne» et s’en remet à la «Françafrique». Là aussi, la position de l’homme d’État Saïd est dépourvue de toute ambiguïté: «La France s’accroche au Gabon car ce pays a un sous-sol très riche. Elle s’accroche à l’Algérie, qui est un pays riche en pétrole et gaz. Mais, que va-t-elle chercher et obtenir aux Comores? Nous avons quoi dans notre pays?».
Pour Maître Fahmi Saïd Ibrahim, il ne fait pas de doute que la France veut faire du «chiffre» d’expulsions de Comoriens à Mayotte et il se demande pourquoi la France n’organise pas un référendum sur l’ensemble de son territoire au sujet de Mayotte. Un journaliste présent à la conférence de presse lui rétorqua qu’elle n’en a pas organisé non plus sur la Nouvelle Calédonie. Ce que regrette l’ancien ministre, qui dit que si la France quitte Mayotte, les Comores lui accorderont les possibilités de créer des bases militaires sur toutes les autres îles. Il dénonce le bon accueil réservé même à des criminels de guerre rwandais à Mayotte, où on ne veut pas voir les Comoriens. Il signale qu’un Tribunal mahorais condamna le mauvais traitement réservé aux Comoriens à Mayotte.
En tout cas, cette conférence a coûté très cher à en juger par le cadre choisi et par la beauté «physique» des plats servis aux participants. Qui a payé? On peut juger que c’est «Monsieur Albert», l’inévitable et poétique Albert Karaziwan, le Dieu des passeports comoriens, qui trônait sur une table comme un Roi et qui a toujours été très «généreux» envers les autorités comoriennes, surtout sous Ahmed Sambi, autorités comoriennes qui faisaient tout pour aller lui rendre une «gentille visite de courtoisie» à Bruxelles chaque fois, c’est-à-dire souvent et même très souvent, qu’elles étaient de passage à Paris, où elles n’avaient rien à faire.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Samedi 12 avril 2014.