ALGER, SAMEDI 15 MARS. Trois cortèges différents ont manifesté, dont le plus important a rassemblé quelque 600 personnes du mouvement B...
Partisans et adversaires d'un 4e mandat du président Abdelaziz Bouteflika se sont rassemblés nombreux samedi en Algérie, où des affrontements intercommunautaires, qui ont éclaté il y a cinq jours, ont fait au moins trois morts et de nombreux blessés à Ghardaïa.
Aux portes du Sahara, dans la ville multicentenaire de Ghardaïa, à 600 km au sud d'Alger, les affrontements entre Mozabites (Berbères) et Chaâmbas (Arabes), qui ont commencé mardi, se poursuivaient samedi et s'amplifiaient, selon plusieurs témoignages. Trois personnes d'une trentaine d'années ont été tuées samedi au cours de ces affrontements, a annoncé le directeur de la santé de la préfecture locale cité par l'agence algérienne APS. Les victimes «ont été atteintes par des objets contondants», a précisé l'APS. Une quatrième était dans un état critique.
Contrairement aux manifestations de la semaine précédente, les forces de l'ordre ne sont pas intervenues à Alger. Elles ont toutefois encerclé les manifestants pour les empêcher de couper la circulation de la rue Didouche-Mourad, principale artère d'Alger-centre. Selon le journaliste et écrivain Moustapha Benfodil, membre fondateur de Barakat, cette nouvelle tolérance s'explique car «le pouvoir a été gêné par les images des interpellations qui ont fait le tour du monde (...) J'espère qu'ils ont compris que ces gens-là (les manifestants, Ndlr) sont tout sauf des casseurs», a-t-il ajouté.
VIDEO. Algérie : des centaines d'Algériens manifestent contre Bouteflika
«Comment Bouteflika peut-il encore diriger le pays ?» , s'interrogeait un autre manifestant, le Dr. Tayeb Daifallah, affirmant qu' «en tant que médecin, [il était] très bien placé pour dire que l'état de quelqu'un qui a passé deux mois au Val-de-Grâce ne peut être que très grave». M. Bouteflika, 77 ans, est très amoindri par un AVC qui l'a maintenu hospitalisé 80 jours à Paris l'an dernier.
Au même moment, deux autres manifestations de quelques dizaines de personnes avaient lieu, dont l'une à l'initiative du «Front de refus de la corruption». Ce nouveau mouvement, qui regroupe les familles des disparus de la guerre civile des années 90 et le Comité de défense des chômeurs, était venu «réclamer les droits des victimes de l'injustice». Non loin de là, un troisième cortège d'une quarantaine d'anciens réservistes rappelés par l'armée durant la guerre civile réclamait des indemnités.
Les partisans du président-candidat aussi mobilisés
A l'autre bout de la capitale, dans l'enceinte du stade du 5 juillet, quelque 3 000 partisans de M. Bouteflika assistaient à une «rencontre nationale pour la sensibilisation des jeunes au vote». Des organisations estudiantines pro-Bouteflika ont pris la parole, en présence notamment de l'ex-Premier ministre tout juste promu directeur de campagne, Abdelmalek Sellal, après la diffusion d'un long documentaire sur les réalisations du président-candidat.
M. Sellal a ensuite salué le bilan du président et promis de nouvelles mesures en faveur des étudiants, tout en louant la stabilité de l'Algérie face au Printemps arabe. «Le printemps arabe est un moustique. Nous avons pu fermer la porte pour qu'il n'entre pas et si jamais il essayait de rentrer, nous le combattrons au Fly Tox», une bombe aérosol anti-moustique utilisée localement, a clamé le directeur de campagne.
A Ghardaïa, «depuis quatre jours, nous soignons jour et nuit»
A Ghardaïa, où trois personnes ont été tuées lors de violents heurts, le Conseil des notables mozabites avait lancé dès vendredi un SOS à Bouteflika via une lettre, rapporte le site «Maghreb émergent». Certaines des 200 familles mozabites (Berbères) chassées récemment par les violences étaient revenues chez elles mardi. C'est apparemment ce qui a relancé les incidents avec l'autre communauté, les Chaâmbas (Arabes).
Samedi en début de soirée, trois personnes d'une trentaine d'années ont été tuées au cours de ces affrontements. S'il était difficile dans l'immédiat d'obtenir un bilan précis, des témoins évoquaient en début de soirée plus de 100 blessés tandis que l'agence algérienne APS avait fait état vendredi d'une soixantaine de blessés en 24 heures, dont huit dans un état «très grave» brûlés à l'acide.
«Des centaines de personnes continuent de s'affronter dans le quartier mixte de Hadj Messaoud», déclarait à la mi-journée à l'AFP un notable, Mohamed Tounsi, joint par téléphone.
Des propos confirmés par le Dr Brahim Baamara. «C'est le chaos. Il est très difficile de se déplacer (...), le quartier de Melika est pratiquement encerclé par des jeunes», a raconté cet interne en médecine, également joint par téléphone. «Depuis quatre jours, nous soignons jour et nuit», poursuit-il, dénombrant «une centaine de blessés dont cinq graves» qui ont été «évacués à Alger par nos propres moyens».
Le principal challenger du président sortant, Ali Benflis, avait dénoncé vendredi soir dans un communiqué «l'absence de canaux de dialogue et de concertation entre l'Etat et la population» et regretté que «les pouvoirs publics n'aient pas pris les mesures appropriées pour apporter les vraies solutions à un problème qui risque de prendre des dimensions imprévisibles». «La nuit risque d'être longue, même si des renforts impressionnants de gendarmes sont arrivés dans la vallée», indiquait samedi le quotidien «El Watan».
Par Leparisien.fr
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