A quelques jours du début de la campagne présidentielle, l’ex-Président algérien Liamine Zéroual est sorti de la réserve qu’il s’était impo...
A quelques jours du début de
la campagne présidentielle, l’ex-Président algérien Liamine Zéroual est sorti
de la réserve qu’il s’était imposée depuis son départ de la magistrature
suprême.
Une sortie fracassante de
Zéroual qui fait suite aux insultes proférées par le tout fraichement nommé
directeur de campagne du candidat-Président Bouteflika, Abdelmalek Sellal, à
l’encontre des Chaouis, une population Amazigh des Aures.
Des insultes qui ont
provoqué des manifestations le 16 mars 2014, dans plusieurs villes de cette
région,à l’instar de Batna ou Oum El Bouaghi, mais aussi indignations en raison
de leurs caratères offensants, racistes et régionalistes.
Face à cette levée de
bouclier, Monsieur Sellal a tenté de calmer les esprits en présentant, dans un
point de presse improvisé le 18 mars 2014, ses excuses aux Chaouis pour ses
insultes.
Des excuses rejetées par les
Chaouis qui exigent que le Directeur de campagne de Bouteflika soit relevé de
ses fonctions et traduit en justice.
Jugeant la situation
catastrophique, le Premier Ministre par intérim, Youcef Yousfi est venu à la
rescousse de son ancien patron en effectuant une visite urgente à Batna afin
d’apaiser les tensions.
Au cours de cette visite, il
a mis garde les citoyens de la région contre toute campagne tendancieuse visant
à déstabiliser l’unité du pays et affirmé que Sellal n’avait pas «cherché à
offenser les Chaouis car il a beaucoup de respect pour la région et ses
habitants».
Il est à souligner que les
propos injurieux de Sellal continuent de défrayer la chronique à travers tout
le pays et même à l’étranger car ils représentent tant un acte irresponsable
qu’indélicat. Ils dénotent également d’un défaut flagrant du sens de l’Etat et
participent d’un esprit négatif qui marque cette campagne dominée par le mépris
et le manque de considération pour le peuple et les valeurs de la région des
Aures qui a donné de nombreux hommes intègres et des Chouhadas.
Quant aux Kabyles, peuple fier
et multi-religieux d’une région historique de l’Algérie et totalement abandonné
par les différents Présidents et gouvernements qui se sont succédés depuis
l’indépendance, ils s’opposent à cette mascarade présidentielle et réclament
une reconnaisance de leur spécifité linguistique, culturelle et cultuelle mais
aussi le droit de cette région à des projets de développement socio-économiques.
C’est ainsi, que de
nombreuses manifestations se sont déroulées dans cette région, notamment à
Béjaïa et Tizi Ouzou, que les historiens appellent «la petite Suisse», appelant
à la chute du régime colonial d’Alger.
Pour compléter ce tableau
peu reluisant pour les dirigeants algériens, le député du Front des Forces
Socialistes (FFS) et défenseur des Droits de l’Homme, Mostefa Bouchachi, a
présenté, le 19 mars 2014, sa démission en accusant l’Assemblée Nationale
d’être un «outil docile» du pouvoir.
Et, enfin, cerise sur le
gâteau pour les responsables algériens, la lettre de l’ex-Président Liamine
Zéroual, publié le 20 mars 2014 par trois quotidiens algériens, dont Al Watan,
dans laquelle il attaque Bouteflika, défend l’Armée et réclame une alternance
du pouvoir.
Une réponse cinglante aux
insultes de Sellal à l’encontre des Amazighs des Aures qui présage une
annulation des présidentielles et l’instauration d’une institution de
transition afin d’éviter que l’Algérie ne sombre dans le chaos d’une guerre
civile.
Farid Mnebhi.