«Les gens de la région de Mitsamiouli étaient pour la destruction du Galawa Beach»

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Une interview exclusive d’Idi Nadhoim,  Ancien Vice-président de la République, Président du Parti ADD Zam Zam . www.lemohelien.com...

Une interview exclusive d’Idi Nadhoim,  Ancien Vice-président de la République, Président du Parti ADD Zam Zam.


www.lemohelien.com: En décembre 2013, il a beaucoup été question de votre rencontre avec Maître Saïd Larifou, Président du Parti RIDJA, en vue de l’élection présidentielle de 2016. On avait même laissé entendre que vous étiez dans une logique de rapprochement pour que la ville de Foumbouni ne présente qu’un seul candidat. Avez-vous trouvé un accord?
      
 Idi Nadhoim: En réalité, nous avions organisé un déjeuner au cours duquel nous avons beaucoup échangé sur la situation générale qui prévaut aux Comores. J’ai annoncé à Saïd Larifou ma candidature pour 2016, et il m’a annoncé la sienne pour la même élection. Je n’ai ni l’intention, ni le pouvoir de demander à quelqu’un de ne pas se présenter à une élection présidentielle. Mais, comme toujours en politique, nous avions décidé de ne fermer aucune porte s’ouvrant sur l’avenir. Nous avions donc pris la décision de laisser les choses se faire, sans exercer la moindre pression sur l’un ou sur l’autre.
        
www.lemohelien.com: Les observateurs et la vox populi ne peuvent pas s’empêcher de donner à votre séjour actuel en France une forte connotation politique et électorale. Ont-ils raison?
       
Idi Nadhoim: Je suis en France pour prendre le pouls politique de la diaspora comorienne installée sur le territoire de la France métropolitaine. Je suis en France pour mesurer le poids économique de notre diaspora, pour constater l’évolution des mentalités, pour sentir toute la réalité de cette diaspora qui m’est très chère. Je ne peux pas être candidat à l’élection présidentielle de 2016 sans souhaiter et rechercher le soutien de cette diaspora, dont on connaît l’importance de la contribution à la vie quotidienne et au mieux-vivre des Comoriens restés aux Comores.
       
www.lemohelien.com: Et comment réagit la Communauté comorienne par rapport à votre candidature pour l’élection présidentielle de 2016?
       
Idi Nadhoim: Quand un acteur politique comorien est candidat à une élection dans notre pays, il effectue un voyage en France. C’est une nécessité politique vitale qui va au-delà du simple rituel politique. Au départ, et sans esprit de chauvinisme, l’acteur politique comorien doit commencer son numéro de charme au sein des personnes originaires de son village, ville et région, au sein des gens de sa famille et de ses amitiés et relations personnelles. C’est par la suite qu’il doit élargir son périmètre stratégique. Celui qui n’arrive pas à mobiliser les gens de son village, ville et région, et qui ne suscite aucun engouement au sein du cercle de sa famille et de ses amis a une candidature qui ne repose sur aucune base solide. Au départ et seulement au départ, je cherche à galvaniser des membres de ma famille, des amis de toutes les îles et des personnalités originaires du Mbadjini, en Grande-Comore, afin qu’ils mobilisent au-delà de ma région d’origine. Une élection présidentielle est une affaire nationale. Toute élection est nationale par définition. La mobilisation se fait aux Comores, mais également en France. Le 15 mars 2014, des Comoriens venus de plusieurs horizons sociaux, professionnels et géographiques vont annoncer officiellement ma candidature en Région parisienne. Cette annonce de candidature aura une dimension nationale, compte tenu des enjeux en présence. Je suis très optimiste car, même au stade actuel des choses, je sens l’expression d’un fort soutien populaire à ma candidature. Ce qui m’encourage et me donne de l’espoir pour la suite.
      
 www.lemohelien.com: Vous avez été Vice-président dans le même gouvernement que l’actuel Président Ikililou Dhoinine, sous la présidence d’Ahmed Sambi. Maintenant que les deux politiciens ne sont plus en bons termes, quelles sont vos relations avec eux?
      
 Idi Nadhoim: Je n’ai pas beaucoup de relations avec les deux hommes. De temps à autre, je vois le Président Ikililou Dhoinine, avec qui je parle de perspectives pétrolières, d’énergies et d’autres questions d’importance nationale, qui relèvent de sa compétence. Le Président de la République a même demandé une session extraordinaire de l’Assemblée de l’Union des Comores pour statuer notamment sur le partenariat pétrolier. Nous avançons dans les discussions. Je suis toujours content de le revoir, après avoir été Vice-président comme lui dans le même gouvernement, du 26 mai 2006 au 26 mai 2011. Pour ce qui est de l’ancien Président Ahmed Sambi, nous avons de relations de personne à personne, malgré nos divergences politiques. Aujourd’hui, chacun à son parti politique et suit sa voie.
      
 www.lemohelien.com: Comme vous savez, Ahmed Sambi dit qu’il sera candidat à l’élection présidentielle de 2016, et ce, non pas pour briguer la vice-présidence à Anjouan, en devenant le colistier d’un Grand-Comorien, mais veut être élu chef d’État. Vous qui avez pratiqué l’homme pendant 5 ans et qui connaissez bien les textes juridiques et la mentalité politique comorienne, comment jugez-vous cette candidature?
       
Idi Nadhoim: Selon la Constitution comorienne, je vois Ahmed Sambi candidat à l’élection présidentielle de 2016, s’il le désire, à condition qu’on supprime la présidence tournante. Mais, si on maintient celle-ci en l’état, je ne vois ni Mohélien, ni Anjouanais déposer une candidature pour la présidence de la République en 2016, car il s’agit d’un scrutin majeur, dont l’élection primaire aura lieu à la Grande-Comore et dont tous les candidats à la présidence de la République devront être Grands-Comoriens. Ici, ce n’est pas la lettre de la Constitution qu’il faut voir, mais son esprit.
       
www.lemohelien.com: Comment envisagez-vous la situation économique des Comores aujourd’hui?
       
Idi Nadhoim: Le gouvernement manque d’imagination en matière économique. On ne voit ni projets d’avenir, ni initiatives sérieuses et crédibles. Rien n’est fait dans le domaine des investissements publics et étrangers. Rien n’est fait pour soutenir le secteur privé. L’État ne fait rien pour attirer les investissements et capitaux étrangers. Or, les pouvoirs publics ont intérêt à faire preuve de plus d’imagination et de volontarisme parce que les Comores sont confrontées à un problème de chômage aigu des jeunes qui rentrent de l’Université. Mais, on ne voit pas ce que fait le gouvernement actuel pour résorber le chômage des jeunes. Pourtant, il s’agit bien d’un sujet d’une très grande importance. Quand nous étions aux affaires en 2006-2011, nous avons essayé beaucoup de choses, avec des fortunes diverses, réussissant dans certains cas, échouant dans d’autres. En tout cas, nous avions essayé. Ce qui n’est pas le cas actuellement. Ça fait toute la différence.
       
www.lemohelien.com: Pourtant, c’est sous la présidence d’Ahmed Sambi qu’a été détruit l’Hôtel Galawa Beach, et certains n’hésitent pas à associer votre nom à celui d’Ahmed Sambi dans cette grande controverse, dans cet acte de destruction.
      
 Idi Nadhoim: Je n’ai pas à répondre à ça. J’ai suffisamment répondu aux questions sur le Galawa Beach. La question m’a été posée 1.000 et 1.000 fois. Pourtant, les choses sont très simples. Les Comoriens refusent d’admettre que l’avènement du Président Nelson Mandela en Afrique du Sud en 1994 a rendu le Galawa Beach un projet sans objet. Le Galawa Beach ne doit pas se limiter à des murs. L’Hôtel Maloudja est bien là, et n’a pas été touché. On refuse de comprendre que le groupe Sun International, qui a construit le Galawa Beach, avait vendu cet hôtel. Pourquoi? Parce que le Galawa Beach servait au tourisme de l’apartheid, à un moment où les ressortissants sud-africains ne pouvaient aller nulle part. La plupart des pays du monde refusaient de leur délivrer des visas. Il faut comprendre que les clients du Galawa Beach étaient à 90% originaires d’Afrique du Sud du temps de l’apartheid. Dès la fin de l’apartheid, les Sud-Africains peuvent aller partout dans le monde. Dès lors, la chute de la clientèle a été vertigineuse. Les clients du Galawa Beach sont partis ailleurs, car les Comores ont perdu leur attrait. En réalité, les malheurs du Galawa Beach ne sont imputables ni au Président Ahmed Sambi, ni à ma personne. Depuis la présidence de Mohamed Taki (1996-1998), le Galawa Beach était à l’abandon. Il était fermé. Nous avons tout essayé. Nous n’avons pas eu de pot. Nous n’avons pas eu de chance. Un Prince de Dubaï nous a demandé de le lui vendre, et nous avons accédé à sa demande. Tout le gouvernement avait accepté. L’Assemblée de l’Union des Comores, qui est tout de même la représentation nationale, a même voté une loi pour la vente de cet hôtel. Les gens de la région de Mitsamiouli étaient pour la destruction du Galawa Beach. Ils étaient d’accord. Ils étaient là au moment de la destruction, pour ramasser des portes, des sanitaires et bien d’autres choses. On raconte trop d’histoires sur cette affaire. Le Groupe Dubaï World avait repris le projet. Puis, survint la crise des «subprimes», une crise qui ravagea l’économie des pays industrialisés de 2007 à 2011, et qui ravagea tout sur son passage même sur l’hémisphère Sud. Les Émirats Arabes Unis, bien intégrés dans l’économie mondiale, n’échappèrent pas à cette crise. L’Émirat de Dubaï entra en récession. Le Groupe Dubaï World entra en crise et perdit beaucoup d’argent. C’est alors que tout ce qui touchait le Galawa Beach, projet repris par Dubaï World, tomba. Tout a coulé. Mais, l’Hôtel Maloudja n’a pas été détruit. Il est encore là.
       
www.lemohelien.com: Nonobstant la présentation de crise que vous faites, il n’était pas nécessaire de détruire le Galawa Beach pour construire un autre hôtel. On aurait pu construire un nouvel hôtel sans détruire celui qui existait déjà.
      
 Idi Nadhoim: Les gens sortent de la brousse et disent qu’il fallait construire un hôtel avant de détruire le Galawa Beach. Dubaï World ne voulait ni d’un replâtrage, ni d’une réfection, encore moins d’un ravalement de façade, mais de la construction d’un nouvel hôtel, correspondant au standing très élevé de sa clientèle. Il voulait un hôtel 5 étoiles.
       
www.lemohelien.com: Pourtant, le Galawa Beach était un hôtel 5 étoiles.
      
 Idi Nadhoim: Justement, non! C’était un hôtel 3 étoiles. On ne peut jamais faire du tourisme de masse dans un hôtel 5 étoiles. Les gens doivent regarder et connaître les choses avant de dire n’importe quoi. Le Galawa Beach n’était pas et n’a jamais été un hôtel 5 étoiles. C’est clair. Pour passer une seule nuit dans un hôtel 5 étoiles, il faut débourser 1.000 dollars. Or, au Galawa Beach, on payait 1.200 dollars les 6 jours.

Propos recueillis par ARM
© www.lemohelien.com –Vendredi 7 mars 2014.
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