Au mois de juillet prochain, le Président de la République, François Hollande doit se rendre aux Comores où doit se tenir le prochain Somme...
Au mois de juillet prochain, le Président de la République, François Hollande doit se rendre aux Comores où doit se tenir le prochain Sommet de la Commission de l'Océan Indien prévu à Moroni. Une organisation intergouvernementale créée en 1982 et qui réunit les cinq pays de la zone : Union des Comores, France/Réunion, Madagascar, Maurice et les Seychelles. Mission, resserrer les liens d'amitié et de solidarité entre les populations en bâtissant des projets régionaux de développement durable.
La particularité de ce sommet sera sans doute la question du statut et de l'appartenance de Mayotte au sein de la COI. Un sujet qui, sans aucun doute, sera évoqué sur les terres comoriennes.
Mayotte qui est devenue le 31 mars 2011 un département d'outre-mer et une région d'outre-mer, fait toujours l'objet de revendication forte de l'Union des Comores. D'ailleurs, François Hollande ne pourra éviter cette grande pancarte installée à l'entrée du palais présidentiel « Mayotte est comorienne et le restera à jamais ». Un visuel qui en dit long sur le sentiment des Comoriens de la séparation d'une partie de leur territoire au profit de la France mais aussi sur l'état d'esprit qui régnera durant ce prochain sommet de la COI au mois de juillet.
Le délicat dossier de Mayotte aurait déjà été abordé par l'actuel Secrétaire général de la COI, Jean Claude de l'Estrac le 4 février dernier avec l'ambassadeur de France basé à l'île Maurice, Laurent Garnier. Pour l'heure, Mayotte ne figure pas parmi les membres de la COI, mais il est évident qu'on ne pourra encore longtemps ignorer son existence dans cette zone de l'Indianocéanie. D'autant que le positionnement géographique de Mayotte est extrêmement stratégique pour la France pour deux raisons. La première parce que grâce à Mayotte, la France occupe la deuxième place en terme d'occupation d'espace maritime, après les États-Unis. La seconde raison et pas des moindres, elle est militaire, avec l'évacuation des forces françaises à Djibouti prévue dans les prochaines années, Mayotte permettra à la France d'être présente, à toutes fins utiles, aux portes du Golfe persique au même titre que les autres puissances. Ce qui lui permettra aussi d'abriter sa force de frappe dissuasive, son second sous-marin nucléaire.
De son côté, l'actuel Président des Comores, le docteur Ikililou Dhoinine, proche de Téhéran, a, dans son discours du 23 septembre 2011 à la tribune de la 66e session de l'Assemblée générale de l'ONU, souligné que "la départementalisation française de l'île comorienne de Mayotte est pour nous, comme pour la communauté internationale, nulle et non avenue, et ne pourrait, en aucun cas, être considérée comme un fait accompli". Et le président de l'Union des Comores de condamner le visa imposé par les autorités françaises aux Comoriens des trois autres îles et qui selon lui, "continue à briser de nombreuses familles en faisant du bras de mer qui sépare Mayotte de l'île d'Anjouan un immense cimetière dans lequel reposent les restes de milliers de compatriotes qui voulaient tout simplement se rendre dans une partie de leur territoire". Sauf que derrière cette dramatique immigration se cachent souvent d'autres motivations de mieux vivre. L'un des conseillers du docteur Ikililou Dhoinine affirme que lors de ce sommet de la COI de juillet, celui-ci a bien l'intention d'aborder fermement la question de la réintégration de Mayotte à l'Union des Comores avec François Hollande. Mais il semblerait qu'au Ministère des Affaires étrangères on ait commencé à préparer le terrain diplomatique en multipliant les actions d'aides économiques et environnementales en faveur de Moroni. Le plus récent c'est l'octroi d'un financement de 3 millions d'euros pour l'étude de création d'un parc marin entre Moheli et Anjouan.
Est-ce que cela sera suffisant… Rien n'est moins sûr. D'autant que pour les prochains Jeux des Iles qui se dérouleront à Moroni en 2019, c'est la population comorienne qui risque de manifester sa colère. En effet, dans les rues de la capitale, mais aussi dans le milieu sportif, on affiche clairement son opposition de voir défiler la délégation mahoraise aux couleurs françaises. Et on imagine mal des tournois de football, de handball… entre deux équipes mahoraise et comorienne. À moins qu'on fasse défiler les Mahorais avec les Réunionnais ou qu'on compose des équipes sportives mixtes Mayotte/Réunion, mais là aussi c'est pas gagné…
Lilian Reilhac | clicanoo.re
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