La fraternité insulaire doit prévaloir sur une polémique inutile et stérile. Alain Deschamps, qui a été Ambassadeur de France aux Co...
La fraternité insulaire doit prévaloir sur une polémique inutile et stérile.
Alain Deschamps, qui a été Ambassadeur de France aux Comores de 1983 à 1987, est un fin connaisseur des mœurs et acteurs politiques comoriens. Justement, il est dans le vrai quand il affirme, s’agissant des acteurs politiques comoriens que «ces porphyrogénètes se retrouvent dans les gouvernements successifs, collaborent, s’opposent, s’anathémisent, complotent, dans les cas extrêmes s’exilent, voire s’emprisonnent un temps, se réconcilient, se trahissent de nouveau. […]. Les acteurs, gens bien élevés, appartenaient au même monde et le peuple comorien n’est point féroce. Du reste, le pardon des offenses est sans doute une des beautés d’une éthique politique dont le maître mot est chouara (compromis, arrangement) et admet avec indulgence les retournements de veste les plus éhontés. D’aucuns pourraient juger un tel comportement sage. D’autres le qualifieraient sans doute de cynique» (Alain Deschamps: Les Comores d’Ahmed Abdallah. Mercenaires, révolutionnaires et cœlacanthe, Éditions Karthala, Collection «Tropiques», Paris, 2005, p. 52). Aujourd’hui, à l’heure où la notabilité de la Grande-Comore est partie en guerre contre Hamada Madi Boléro, le «chouara» doit prévaloir et permettre aux Comoriens de faire preuve de leur indulgence légendaire et de leur capacité à se projeter sur l’avenir au lieu de s’appesantir sur le passé...
En effet, aujourd’hui, nous devons avoir le courage de nous regarder dans le blanc des yeux et nous dire que les propos malheureux tenus par certains dirigeants comoriens envers les îles autres que celle de leur naissance et origine ont souvent divisé les Comoriens. La liste est très longue sur les mots douloureux et malheureux que les dirigeants comoriens lancent souvent contre les habitants des autres îles. Pas plus tard que le 6 juillet 2013, j’ai entendu de la bouche d’un grand intellectuel et cadre des Comores, devant un public de plus de 150 personnes, parler de «Coran de Mohéli», avant de demander s’il y avait un Mohélien dans les parages. Je lui faisais comprendre que j’étais un Comorien originaire de Mohéli mais qu’en même temps, je n’étais pas choqué qu’on parle en public de «Coran de Mohéli».
À la suite de la publication de l’article intitulé «Victimisation et “victimisme” de Hamada Madi Boléro et des“beaufs”», samedi 22 mars 2014, cet ancien ministre mohélien de Saïd Mohamed Djohar nous disait: «Pas d’indignation sélective. Nous devons nous insurger contre toutes les injures venant des autorités comoriennes envers une partie quelconque du peuple comorien. N’oublions pas que quand Saïd Mohamed Cheikh disait que “M-Moili, mdzima tréndé, mdzima poumbou”,“Le Mohélien, pour un qui a l’éléphantiasis, l’autre a de l’hydrocèle”, aucun Mohélien ne protestait en public. Alors, arrêtons l’indignation sélective et pensons aux méchancetés des autres politiciens comoriens envers d’autres Comoriens».
Candidat à l’élection présidentielle de 2016, Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed tient un discours différent, mais très nuancé: «Les notables grands-comoriens ont des prétentions que je trouve excessives. Ils n’ont pas été élus, mais s’arrogent le droit d’interpeler le chef de l’État et d’exiger le limogeage de son Directeur de Cabinet chargé de la Défense. Or, Hamada Madi Boléro a des relations extérieures qui ne vont pas accepter que leur ami aux Comores soit mis dans une voie de garage. Il faudra donc lui confier la diplomatie comorienne ou la présidence de l’Assemblée de l’Union des Comores. Mais, sera-t-il élu un jour Député, alors que les Mohéliens prétendent qu’ils ont demandé à Dieu de ne jamais permettre à Hamada Madi Boléro de bénéficier d’un mandat électif? Au surplus, si Ikililou Dhoinine limoge Hamada Madi Boléro parce que les notables grands-comoriens le lui ont demandé, ce sera un arrêt de mort politique car cet acte fera de lui un Président en carton pâte. Il sera fragilisé à jamais, et il perdra toute forme de crédibilité aux yeux du peuple comorien et du monde extérieur».
Il y a du vrai dans le discours de Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed car si Ikililou Dhoinine prend la décision de se débarrasser de son plus proche collaborateur sous la pression de la notabilité grande-comorienne, il sera considéré par tout le monde comme un Président entre les mains de la toute-puissante notabilité insulaire. Or, après des révélations de tous genres sur les maux qui minent son régime politique, Ikililou Dhoinine a besoin de toute son autorité pour au moins pouvoir organiser l’avènement du régime politique qui prendra sa succession aux Comores. En effet, la notabilité grande-comorienne est sympathique, mais doit se contenter d’exprimer toute son indignation au Président de la République, sans exiger de lui le renvoi d’un collaborateur ou la nomination de son remplaçant.
Hamada Madi Boléro a tenu des propos qui n’étaient pas attendus de lui. Ce sont des propos inacceptables qu’avait tenus Hamada Madi Boléro. Les critiques à son égard sont venues de partout et pas seulement des rangs grands-comoriens des Comores et de France. Il est vrai que Hamada Madi Boléro a le chic d’énerver ceux qui lui trouvent une attitude magistrale faite de cours magistraux. Du fait de la réprobation qu’il soulève, il énerve et agace même quand il dit la vérité. Ceci est d’autant plus vrai que critiquer Hamada Madi Boléro est considéré comme un acte de bravoure et salutaire. On aime critiquer Hamada Madi Boléro, et on le critique parfois pour rien, juste par routine. Mais, malgré ses défauts et dérapages verbaux, personne ne peut l’accuser de tenir un discours systématique contre les Grands-Comoriens et les Anjouanais. Il a fait un dérapage limité dans son objet et dans le temps. Donc, après la condamnation de ce dérapage, nous devons nous montrer dignes de notre réputation de bons Musulmans, capables d’arracher une page douloureuse et de pardonner. Hamada Madi Boléro a «fauté», et a été dénoncé par tout le monde. Cela doit suffire. Aller plus loin serait contreproductif, surtout pour un Président qui doit raffermir son autorité largement défaillante.
Il n’est pas utile de rallumer le feu comme le font ceux qui disent que Hamada Madi Boléro n’a pas à parler de Saïd Mohamed Cheikh car celui-ci lui serait «supérieur». Ce type de langage n’aide pas à la réconciliation nationale car, à Mohéli, il y a des gens qui n’aiment pas Hamada Madi Boléro et qui estiment qu’il faut appliquer à son égard la sagesse de Félix Houphouët-Boigny: «Quand le couteau blesse, vous ne le jetez pas. Vous essuyez le sang et vous le remettez à la maison».
Par ARM
© www.lemohelien.com – Jeudi 27 mars 2014.
En effet, aujourd’hui, nous devons avoir le courage de nous regarder dans le blanc des yeux et nous dire que les propos malheureux tenus par certains dirigeants comoriens envers les îles autres que celle de leur naissance et origine ont souvent divisé les Comoriens. La liste est très longue sur les mots douloureux et malheureux que les dirigeants comoriens lancent souvent contre les habitants des autres îles. Pas plus tard que le 6 juillet 2013, j’ai entendu de la bouche d’un grand intellectuel et cadre des Comores, devant un public de plus de 150 personnes, parler de «Coran de Mohéli», avant de demander s’il y avait un Mohélien dans les parages. Je lui faisais comprendre que j’étais un Comorien originaire de Mohéli mais qu’en même temps, je n’étais pas choqué qu’on parle en public de «Coran de Mohéli».
À la suite de la publication de l’article intitulé «Victimisation et “victimisme” de Hamada Madi Boléro et des“beaufs”», samedi 22 mars 2014, cet ancien ministre mohélien de Saïd Mohamed Djohar nous disait: «Pas d’indignation sélective. Nous devons nous insurger contre toutes les injures venant des autorités comoriennes envers une partie quelconque du peuple comorien. N’oublions pas que quand Saïd Mohamed Cheikh disait que “M-Moili, mdzima tréndé, mdzima poumbou”,“Le Mohélien, pour un qui a l’éléphantiasis, l’autre a de l’hydrocèle”, aucun Mohélien ne protestait en public. Alors, arrêtons l’indignation sélective et pensons aux méchancetés des autres politiciens comoriens envers d’autres Comoriens».
Candidat à l’élection présidentielle de 2016, Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed tient un discours différent, mais très nuancé: «Les notables grands-comoriens ont des prétentions que je trouve excessives. Ils n’ont pas été élus, mais s’arrogent le droit d’interpeler le chef de l’État et d’exiger le limogeage de son Directeur de Cabinet chargé de la Défense. Or, Hamada Madi Boléro a des relations extérieures qui ne vont pas accepter que leur ami aux Comores soit mis dans une voie de garage. Il faudra donc lui confier la diplomatie comorienne ou la présidence de l’Assemblée de l’Union des Comores. Mais, sera-t-il élu un jour Député, alors que les Mohéliens prétendent qu’ils ont demandé à Dieu de ne jamais permettre à Hamada Madi Boléro de bénéficier d’un mandat électif? Au surplus, si Ikililou Dhoinine limoge Hamada Madi Boléro parce que les notables grands-comoriens le lui ont demandé, ce sera un arrêt de mort politique car cet acte fera de lui un Président en carton pâte. Il sera fragilisé à jamais, et il perdra toute forme de crédibilité aux yeux du peuple comorien et du monde extérieur».
Il y a du vrai dans le discours de Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed car si Ikililou Dhoinine prend la décision de se débarrasser de son plus proche collaborateur sous la pression de la notabilité grande-comorienne, il sera considéré par tout le monde comme un Président entre les mains de la toute-puissante notabilité insulaire. Or, après des révélations de tous genres sur les maux qui minent son régime politique, Ikililou Dhoinine a besoin de toute son autorité pour au moins pouvoir organiser l’avènement du régime politique qui prendra sa succession aux Comores. En effet, la notabilité grande-comorienne est sympathique, mais doit se contenter d’exprimer toute son indignation au Président de la République, sans exiger de lui le renvoi d’un collaborateur ou la nomination de son remplaçant.
Hamada Madi Boléro a tenu des propos qui n’étaient pas attendus de lui. Ce sont des propos inacceptables qu’avait tenus Hamada Madi Boléro. Les critiques à son égard sont venues de partout et pas seulement des rangs grands-comoriens des Comores et de France. Il est vrai que Hamada Madi Boléro a le chic d’énerver ceux qui lui trouvent une attitude magistrale faite de cours magistraux. Du fait de la réprobation qu’il soulève, il énerve et agace même quand il dit la vérité. Ceci est d’autant plus vrai que critiquer Hamada Madi Boléro est considéré comme un acte de bravoure et salutaire. On aime critiquer Hamada Madi Boléro, et on le critique parfois pour rien, juste par routine. Mais, malgré ses défauts et dérapages verbaux, personne ne peut l’accuser de tenir un discours systématique contre les Grands-Comoriens et les Anjouanais. Il a fait un dérapage limité dans son objet et dans le temps. Donc, après la condamnation de ce dérapage, nous devons nous montrer dignes de notre réputation de bons Musulmans, capables d’arracher une page douloureuse et de pardonner. Hamada Madi Boléro a «fauté», et a été dénoncé par tout le monde. Cela doit suffire. Aller plus loin serait contreproductif, surtout pour un Président qui doit raffermir son autorité largement défaillante.
Il n’est pas utile de rallumer le feu comme le font ceux qui disent que Hamada Madi Boléro n’a pas à parler de Saïd Mohamed Cheikh car celui-ci lui serait «supérieur». Ce type de langage n’aide pas à la réconciliation nationale car, à Mohéli, il y a des gens qui n’aiment pas Hamada Madi Boléro et qui estiment qu’il faut appliquer à son égard la sagesse de Félix Houphouët-Boigny: «Quand le couteau blesse, vous ne le jetez pas. Vous essuyez le sang et vous le remettez à la maison».
Par ARM
© www.lemohelien.com – Jeudi 27 mars 2014.