Célébration du débarquement d’Anjouan à Djahadjou, le 9 avril 2014

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L'État oublie le Général Salimou Mohamed Amiri, le peuple s'en souvient. Le 25 mars 2008, l'Armée nationale de Développement (A...

L'État oublie le Général Salimou Mohamed Amiri, le peuple s'en souvient.

Le 25 mars 2008, l'Armée nationale de Développement (AND), sous les ordres de son chef d'état-major de l'époque, le futur Général Salimou Mohamed Amiri, mettait fin à Anjouan à une aventure séparatiste qui défiait l'intelligence des politiciens et des diplomates depuis février 1997. Le 25 mars 2008, l'AND débarquait à Anjouan avec l'appui logistique des troupes de l'Union africaine, et son opération a été une réussite totale, à tous points de vue. L'AND avait réussi parce qu'elle avait à sa tête un vrai chef et non un fuyard qui se cache sous les tables de l'Ambassade de France aux Comores en cas de tentative de coup d'État.


Le 9 avril 2008, les Comores entières se retrouvèrent à Dzahadjou, Hambou, sur les terres du Général Salimou Mohamed Amiri, dans une grande communion nationale, et le peuple réclama et obtint du Président Ahmed Sambi la reconnaissance et l'attribution du grade de Général à l'enfant de la ville, pour ses hauts faits d'armes à Anjouan. Ahmed Sambi avait manifesté toute sa mauvaise humeur, avait tempêté «Salimou? Il a fait quoi, Salimou?», mais avait compris qu'on ne pouvait pas ne pas tenir compte de la célébrité de cet homme simple mais efficace, qui venait de retirer une grosse épine du pied du peuple et de l'État comoriens.
     
Mais, Ahmed Sambi n'a jamais pardonné l'existence de deux coqs dans le même poulailler. Il n'a jamais accepté l'existence aux Comores d'un homme qui pouvait lui faire de l'ombre. L'assassinat, le 10 juin 2010, du Lieutenant-colonel Combo Ayouba par les mercenaires empruntés par Mouammar Kaddafi à Ahmed Sambi et qui ont fui par la suite grâce à la complicité du crypto-sambiste Abou Achirafi Ali Bacar, alors chef mafieux de la Direction nationale de la Sûreté du Territoire (DNST), était une manœuvre destinée à faire tomber le Général Salimou Mohamed Amiri, qui se trouva placé dans des conditions humiliantes, dégradantes et sous les menaces quotidiennes des armées, en «contrôle judiciaire surveillé», selon le mot inédit du Juge Rachadi Mchangama. Mais, le 2 novembre 2012, le Tribunal de Moroni a rendu au Général Salimou Mohamed Amiri son honneur et sa liberté, le lavant de tout soupçon dans cette affaire qui ne le regardait pas et qui était montée de toutes pièces par Ahmed Sambi, le vrai coupable.
Personnellement, je n'ai pas crié victoire quand le Général Salimou Mohamed Amiri fut rendu à la liberté, et quand son innocence totale et définitive fut reconnue, malgré les tentatives faites par certains pour donner à cette affaire dramatique une connotation insulaire, opposant Grands-Comoriens aux Anjouanais. Et les autres Comoriens, ne sont-ils pas concernés par ce drame national? En réalité, j'aurais crié victoire si le Général Salimou Mohamed Amiri avait été rétabli dans ses droits, en retrouvant ses activités au sein de l'AND, puisqu'il est innocenté et innocent. Or, les autorités ont organisé sa mort, sa diète noire, en refusant sa réintégration au sein de l'AND, et en lui refusant une pension, alors que Hamada Madi Boléro l'a placé de force à la retraite, alors qu'un officier général ne subit pas ce genre de traitement. Le même Hamada Madi Boléro refusa de transmettre son dossier à la Brigade est-africaine, qui l'attendait, préférant un diplomate pour diriger des militaires.

Une haine sourde plane sur le dossier du Général Salimou Mohamed Amiri. La plupart des candidats à l'élection présidentielle de 2016 sont disposés à le réhabiliter totalement, sans avoir négocié avec lui, puisque, jusqu'à la preuve du contraire, il pourra présenter sa propre candidature. Et en plus, son sens de l'honneur et de la discipline lui interdit les marchandages. Donc, l'élection présidentielle de 2016 nous apportera cette lumière, que nous attendons depuis la commission de l'injustice que tout le monde connaît à l'égard du plus prestigieux et du plus méritant des officiers comoriens.

 En attendant, la ville de Dzahadjou, Hambou, a décidé de célébrer, sur ses terres, ce 9 avril 2014, le débarquement d'Anjouan, pour signifier aux autorités comoriennes que le Général Salimou Mohamed Amiri n'est pas un chien isolé qu'on peut abattre et jeter dans une fosse anonyme. Le message transmis récemment à Beït-Salam en dit long sur ceux qui se reconnaissent en la personne attachante du Général Salimou Mohamed Amiri et qui refusent de le laisser mourir dans l'indifférence.

     Pour faire revivre l'injustice qu'il a subie, du fait de la hargne haineuse d'Ahmed Sambi et d'Ikililou Dhoinine, il est nécessaire de rappeler le discours historique que le Général Salimou Mohamed Amiri prononça à Marseille le 23 février 2013, devant 3.000 personnes, pour remercier tous ceux qui avaient refusé de l'oublier quand il était en «contrôle judiciaire surveillé».

Discours prononcé par le Général Salimou Mohamed Amiri,

Samedi 23 février 2013, lors de la cérémonie organisée à Marseille

Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les Députés, 
Mesdames et Messieurs les Conseillers régionaux, départementaux et municipaux, 
Honorables invités, Mesdames et Messieurs,

Permettez moi de revenir sur les versets du Saint Coran psalmodiés ici et qui nous disent, je cite: «Dieu vous commande en vérité, de rendre aux gens leurs dépôts, et quand vous jugez entre des gens, de juger avec équité»; voilà qui nous plonge au cœur de l'évènement, nous rappelant la problématique de l'impartialité face à la Justice et la force des décisions de Justice.

Honorables invités, Mesdames et Messieurs,

S'il est des moments particulièrement heureux et émouvants dans ma vie, celui-ci en est un assurément. Me voici en effet libre aujourd'hui avec vous et devant vous, après deux années et quelques mois de «contrôle judiciaire surveillé», pour reprendre les termes inédits du juge Rachadi Mchangama; deux années au cours desquelles j'ai été accusé des pires maux et des pires ignominies; deux années pendant lesquelles des esprits malfaisants ont recouru contre moi aux mensonges les plus éhontés, aux calomnies et aux affabulations les plus grotesques du genre; ma joie est que, durant tout ce temps, la diaspora comorienne de France n'a ménagé aucun effort pour me soutenir et dénoncer l'injustice dont je faisais l'objet; de Paris à Marseille en passant par Lyon, Toulon et bien d'autres villes, la diaspora comorienne a parlé et agi. Vous avez, ici même à Marseille, organisé des manifestations publiques pour dénoncer la parodie de Justice qui s'acharnait contre moi; vous avez conscientisé les autorités de ce pays, dont certaines sont ici ce jour avec nous, et je les en remercie très chaleureusement, au sujet des menaces et des tortures morales de toutes sortes auxquelles j'étais soumis et du danger de mort qui planait sur ma tête telle l'épée de Damoclès; en un mot, vous vous êtes mobilisés et vous avez aussi mobilisé diplomates, intellectuels, élus, politiciens, société civile, citoyens ordinaires des Comores et de France en faveur de ma modeste personne. Et dans votre dévouement, qui est en même temps une bonne leçon de civisme, vous m'avez conforté dans l'idée qu'il ne faut jamais désespérer devant l'adversité et le mal, qu'il faut plutôt les affronter. J'ai jugé naturellement indispensable de venir vous dire de vive voix et à vous tous, c'est-à-dire à vous qui êtes là mais aussi à ceux qui n'ont pu venir ici, que vos efforts n'ont pas été vains. Soyez-en véritablement remerciés.

Dans ce combat pour la Justice, vous, Comoriens de Marseille, avez toujours joué un rôle de premier plan; j'ai en tête, croyez moi, les souvenirs de ces jours où vous avez, à maintes occasions, par des manifestations publiques, bravé la pluie et le froid de Marseille pour me défendre et pour défendre la Justice et le Droit; de la même manière, je me souviendrai toujours de vos nombreux écrits, de vos émissions radio et/ou télévisées, de vos dénonciations sur la toile mondiale, de vos nombreuses réunions de concertation; et je n'oublierai jamais bien sûr les fortunes que vous avez dépensées, non seulement pendant la période de ma détention mais également pour la présente cérémonie; autant de démarches et d'actions qui n'étaient pas dépourvues de risques et qui vous ont certainement privé de pas mal de votre temps et de votre liberté; vous avez, en effet, compris ces mots de Lord Kagan qui disait: «Il suffit que les bons hommes ne fassent rien pour que le mal triomphe». Je n'ai, bien sûr, jamais douté de votre bonté; je dois tout de même souligner que votre engagement est allé au-delà de toute espérance, et pour tout vous dire, de monespérance. Je voudrais que vous sachiez que vos actions multiples et de toutes sortes se sont avérées un bel exemple dans la conscientisation et la mobilisation des autres Comoriens de France et je veux vous saluer ici et maintenant.

Honorables invités, mesdames et messieurs,

Je tiens à vous dire à quel point je me sens humble devant vous, pour tous vos efforts et sacrifices à mon endroit; et en même temps, je tiens à exprimer la fierté que j'éprouve envers vous, mes chers compatriotes, mes frères et sœurs, jeunes et moins jeunes.

Ma fierté est confortée par l'accueil chaleureux dont vous me gratifiez, depuis mon arrivée à la Gare de Saint-Charles jusqu'à la cérémonie de ce jour, qui en est, sans doute, le couronnement. Un accueil digne de la Cité phocéenne, ville cosmopolite, actuellement Capitale européenne de la Culture, et qui est en fête pour une année; un accueil marqué aussi par le climat clément de Marseille et la «tropicalité» envoutante des îles, de nos îles.

Lorsque je fus libéré le 2 novembre 2012, répondant à la question d'un journaliste, j'ai déclaré: «Je me sens l'homme le plus heureux sur cette terre». Aujourd'hui, je voudrais ajouter en ces instants solennels où je vous parle, qu'avec vous et grâce à vous,je me sens très fier d'être Comorien. Je me sens fier d'être citoyen d'un pays où la solidarité et la compassion ne sont pas de vains mots, où l'hospitalité et le sens du partage sont des alliés sûrs, comme l'atteste cette grandiose cérémonie qui nous réunit ici.

Cérémonie que je dédie aussi, si vous me le permettez, à tous ceux qui, dans notre chère patrie, ont souffert de l'injustice et de l'intolérance; cérémonie qui restera à jamais gravée dans ma mémoire, car l'honneur que vous me faites ce jour me donne des raisons de vivre et d'espérer; cérémonie qui résume et symbolise des pages entières de notre vie, de notre culture, je devrais dire de notre Histoire; cérémonie, enfin, à la mesure de la dignité et de la fierté comoriennes.

Honorables invités, Mesdames et Messieurs,

La victoire judiciaire que nous avons remportée le 2 novembre 2012 est celle de tous les Comoriens, en l'occurrence ceux épris de paix et de justice; mais elle n'en est pas moins, vous le savez bien, la victoire des Comoriens de France, et sans doute aussi votre victoire, vous, Comoriens de Marseille. La mobilisation massive des Comoriens autour de ma modeste personne est un acte historique; elle est une première dans l'Histoire de notre pays et j'en suis infiniment reconnaissant. Quel grand plaisir, en effet, que celui d'un homme dont on disait qu'il était détruit, fini, et qui, finalement, recouvre sa liberté et sa dignité! Il y a loin, de la vérité à la manipulation. J'ose dire que quelque chose de décisif a changé le 2 novembre dans l'Histoire de notre société. La Justice comorienne nous a montré de réels espoirs d'indépendance et d'impartialité, nous devons la soutenir et l'encourager; le peuple comorien a fait preuve de maturité, d'audace et d'abnégation, nous devons lui en savoir gré. Sachez mes chers compatriotes, mes amis, mes frères et sœurs, que je vous dois la vie grâce à votre mobilisation.

Honorables invités, Mesdames et Messieurs,

Lorsque j'étais chef d'état-major de l'Armée comorienne, j'ai un jour déclaré: «J'ai atteint le sommet de la montagne ; j'en descendrai certainement un jour mais je ne sais pas comment se fera la descente»; quelques mois après ces mots prémonitoires, arriva ce que vous savez tous. Mais, pour moi, en vérité, peu m'importe car telle est la vie: elle est faite de hauts et de bas, et les défis constituent le charme de la vie; peu m'importe, dis-je, car quoi qu'il m'en coûte, je resterai toujours fidèle à mes principes et idéaux, et à avoir cette tension permanente, ce besoin d'ascèse individuelle qui passe par le don de soi; peu m'importe car j'ai fait miennes ces paroles d'un combattant américain qui disait : «Vous ne pouvez jamais réaliser vos rêves; mais n'est-ce pas déjà assez si vous donnez le meilleur de vous-mêmes et si vous sentez dans votre cœur, que cela a été fait avec noblesse?».J'ai donné le meilleur de moi-même pour mon pays et cela me suffit; et je continuerai, où que je me trouverai, à être à son service avec la même abnégation.

Il me reste un devoir de remerciements. J'ai eu l'occasion aux Comores de remercier mes avocats, le Comité de Soutien aux Comores, ma région, mon village, les notables, Mwanamshe Mgazidja, les internautes, les artistes, et toutes les bonnes volontés, individuelles ou collectives, qui m'ont soutenu.

Je voudrais aujourd'hui m'appesantir sur les Comoriens de France. Je remercie d'abord les autorités de Marseille à tous les niveaux, pour nous avoir accompagnés et aidés pour cette cérémonie. Je félicite en votre nom à tous le Comité de Soutien de France pour son engagement et son exemplarité. Je remercie toute la diaspora comorienne. Quant à vous, Comoriens de Marseille, comme dirait l'autre, je vous laisse tout simplement mon cœur. Je remercie la région de Hambou pour les sacrifices particuliers qu'ils ont faits pour la réussite de cette cérémonie; mes remerciements vont aussi à ceux de Dzahadjou Hambou, mon village. Je les salue très fraternellement. J'ai une mention particulière pour ma famille dans son ensemble, pour mes frères, sœurs, beaux-frères, cousins et proches, et bien sûr pour ma femme, Sitina, ici présente, qui a dans cette affaire, fait preuve d'un courage et d'un dévouement exemplaires.

Je n'oublie pas, bien sûr, les volontés françaises, ainsi que les autorités qui nous honorent de leur présence ici: pour Marseille je mentionnerai Madame la Députée Sylvie Andrieux, qui n'arrêtait pas de plaider pour la tenue d'un procès rapide et équitable; Monsieur le Député Henri Jibrayel, pour son soutien au Comité de Soutien de France; Monsieur le Député Zeribi Karim, qui appuie l'idée d'un Observatoire des Droits de l'Homme aux Comores. J'ai certainement oublié des personnes et je leur demande de m'en excuser.

Pour le reste, laissons-le au Tout-Puissant. En effet, qui parmi nous sait si sa vie est déterminée par des choix ou de la chance, si ce n'est tout simplement par la Providence?

Honorables invités, Mesdames et Messieurs,

Dieu seul peut vous récompenser et j'appelle pour vous et de tous mes souhaits, la descente des meilleures bénédictions divines. Je vous redis mon admiration et ma fierté et je veux vous rendre gloire, pour votre présence ici et maintenant.
Je vous remercie.

Discours du Général Salimou Mohamed Amiri

Par ARM
© www.lemohelien.com – Mardi 25 mars 2014.
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HabarizaComores.com | Toute l'actualité des Comores: Célébration du débarquement d’Anjouan à Djahadjou, le 9 avril 2014
Célébration du débarquement d’Anjouan à Djahadjou, le 9 avril 2014
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